Au Sénégal, l’opposition à la candidature du président Wade à un troisième mandat consécutif met la rue en ébullition. A la base de cette contestation, on retrouve le mouvement "Y en a marre". Entretien avec le coordinateur de cette structure inédite au potentiel de mobilisation immense.
L'élection présidentielle se tiendra ce dimanche 26 février au Sénégal. Et bien que la constitution interdise à un président d'enchaîner trois mandats, la candidature du président sortant, Abdoulaye Wade (qui finit son deuxième mandat), a bien été validée par le Conseil constitutionnel.
Le chef d'Etat, âgé de 85 ans dont douze au pouvoir, sera donc bien candidat à sa propre succession lors du scrutin de dimanche.
Cette situation a provoqué une vague de vive contestation dans la rue sénégalaise. Contestation qui a été réprimée avec violence comme en attestent les six morts et les nombreux blessés qu'ont faits les affrontements entre manifestants et forces de l'ordre dans le pays depuis la fin janvier.
Le collectif "Y en a marre" à la base de la contestation
A la base de cette contestation, on retrouve le collectif "Y en a marre". Cette structure citoyenne inédite, à l'origine de laquelle on trouve des rappeurs et des journalistes, est farouchement opposée à la candidature du président Abdoulaye Wade à un nouveau mandat de cinq ans.
Mais le combat de "Y en a marre" va bien au-delà de l'unique opposition à cette candidature, comme nous l'explique le coordinateur du mouvement, le journaliste Cheikh Fadel Barro.
Le mouvement est né dans l'écume des vagues du Printemps arabe, le 18 janvier 2011, soit quatre jours à peine après la fuite du président Ben Ali de Tunisie, chassé du pouvoir par la rue tunisienne.
Tout a commencé avec les coupures d'électricité récurrentes qui compliquent la vie des Dakarois. "Nous nous sommes dit qu'il fallait mettre quelque-chose en place pour y faire face", explique Cheikh Fadel Barro. "Nous" désignant un collectif de journalistes et de rappeurs (porteurs de la contestation sociale au Sénégal) originaires de Kaolack, à 200km au sud de Dakar.
"Nous voulions créer non pas un parti politique mais une structure populaire dans laquelle la jeunesse se reconnaîtrait et qui se ferait l’écho sonore des frustrations de toute une génération", poursuit le coordinateur du mouvement. "Mais nous voulions aussi que cette structure soit une structure de prise en charge où l’on assume ses responsabilités, où chaque jeune essaie de rompre avec le fatalisme et de s’engager pour la construction de son propre destin".
"Rien ne sert de changer de chef d’orchestre si on continue à jouer la même symphonie"
Très vite, les revendications dépassent de loin le simple problème des coupures électriques pour se porter sur la question de la mauvaise gouvernance en général. "Nous avons compris que pour faire quelque chose d’utile, il ne suffisait pas d’enlever une tête à la direction du pays pour la remplacer par une autre. Autrement dit changer de chef d’orchestre mais continuer à jouer la même symphonie", analyse notre interlocuteur.
"Si nous voulions fondamentalement un changement, il fallait faire respecter la loi et le peuple sénégalais. (...). Il fallait d’abord créer les conditions d’une démocratie participative pour intéresser la majorité des Sénégalais à la gestion du bien public. C’est pourquoi nous avons réalisé de vastes opérations d’inscription des jeunes sur les listes électorales", développe Cheikh Fadel Barro avec éloquence.
Dans un second temps, toujours soucieux de faire respecter la loi sénégalaise afin de baliser les agissements de l'élite politique, le collectif s'est opposé à une modification de la Constitution dans un sens clairement favorable au président Wade et à son fils Karim. La pression populaire aura finalement raison de ce projet qui sera abandonné le 23 juin 2011.
"Sentinelles de la démocratie"
"Nous nous sommes alors positionnés en sentinelles de la démocratie", explique poétiquement le journaliste. "Dès les 23 juin, nous nous sommes opposés énergiquement à toute modification de la constitution et nous avons obtenu gain de cause. Mais aujourd'hui, la candidature d’Abdoulaye Wade remet en cause l’acquis du 23 juin. C’est une régression démocratique", dénonce un Cheikh Fadel Barro soudain plus vindicatif.
"C’est pourquoi nous nous opposons énergiquement à sa candidature en maintenant une pression continue dans la rue, partout dans le pays", explique le militant.
Une opposition énergique qui n'est pas sans avoir un coût. Car, comme nous l'avons indiqué, la répression des manifestations a déjà fait sept morts et des dizaines de blessés dans le pays.
"Mais quand nous avons commencé ce combat, nous l’avons dit: nous n’allons pas tirer une seule balle, parce que 'Y en a marre' est non violent mais nous sommes prêts à prendre une balle", expose Cheikh Fadel Barro sur un ton grave mais résolu.
Les membres de "Y en a marre" sont évidemment des cibles de choix des intimidations et de la répression.
Pas plus tard que ce mercredi, des membres en vue du collectif, dont deux célèbres rappeurs (Kilifeu et Simon) ont été déférés devant le tribunal des flagrants délits de Dakar pour "participation à l'organisation d'une manifestation interdite". Ils voulaient en fait organiser un sit-in permanent à partir du 16 février sur la Place de l'Obélisque à Dakar jusqu'au retrait de la candidature du chef de l'État. Or les manifestations à caractère politique ont été interdites dans le centre de la capitale depuis juillet dernier.
Le jugement a été mis en délibéré par le tribunal jusque lundi prochain, soit le lendemain du scrutin présidentiel. Le coordinateur du mouvement l'interprète comme une façon d'empêcher les accusés d'exercer leur droit à manifester d'ici à ce que l'élection ait lieu.
Si Abdoulaye Wade est élu, "nous serons là comme son œil de Caïn"
Mais rien ne semble pouvoir amenuiser la détermination du collectif à obtenir gain de cause et à faire respecter les droits des Sénégalais. "Que Wade force sa candidature, qu’il remporte même les élections ne va pas signifier la fin du combat que nous menons", confirme le journaliste opposant. "Nous menons un combat de fond, une bataille de principe, ce n’est donc pas la conjoncture politique actuelle qui va nous décourager. Nous avions inscrit dès le départ, l’action de 'Y en a marre' dans la durée".
Il en est convaincu, si d'aventures le président Wade devait se succéder à lui-même, "les Sénégalais ne l’accepteront pas". "Nous serons là comme son œil de Caïn, comme sa mauvaise conscience. On s’opposera énergiquement et catégoriquement à lui parce que même élu, il ne sera pas considéré comme le président du Sénégal, car il n’aurait pas dû être autorisé à se présenter", s'exclame avec force ce jeune homme déterminé.
Il est à noter que si "Y en a marre" s'oppose aussi farouchement au président sortant, il se refuse tout aussi catégoriquement à donner la moindre consigne de vote ou d'exprimer son soutien à un quelconque candidat. "Le seul soutien que l'on peut apporter c’est au peuple sénégalais. Nous allons continuer d’essayer de le réveiller pour qu'il puisse s’organiser et s'auto-gérer afin de s’ériger en contre-pouvoir contre une élite politique qui ne le respecte pas, tout simplement", conclut Cheikh Fadel Barro.
32 Commentaires
Bibi
En Février, 2012 (20:08 PM)Bien
En Février, 2012 (20:11 PM)Diotali !!!
En Février, 2012 (20:13 PM)Kaah
En Février, 2012 (20:13 PM)Lignenord
En Février, 2012 (20:15 PM)La desobeissance civile devient un droit lorsque le garant de la constitution la viole, et wade a viole le droit fondamental en corrompant la cour constitutionnelle malgres que dans ses moments de lucidite il avait lui meme avoue "JE VOUS DIT SERIEUSEMENT JE NE PEUX PAS ME PRESENTE, JE NE ME PRESENTERAI PAS"....QUE FAUT-IL FAIRE QUAND LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE VOLE, TUE ET MENT???
Sama Yobante
En Février, 2012 (20:16 PM)Sou
En Février, 2012 (20:16 PM)Talibement
En Février, 2012 (20:17 PM)Auditeur
En Février, 2012 (20:18 PM)ILS SONT ENTRAIN DE SUCER LE SANG DES SENEGALAIS AVEC UNE DETTE CROISSANTE QUE NOUS, NOS FILS ET NOTRE DESCENDANCE SOMMES ENTRAIN DE PAYER SUR LES DENREES ALIMENTAIRES ET FACTURES POUR LEUR PERMETTRE DE SE LA COULER DOUCE...DANS AUCUN PAYS DE LA SOUS REGION LES PRIX SONT AUSSI ELEVES....AU MALI AVEC 500FRS ON MANGE TRES BIEN...WADE ET SON GANG NOUS FONT PAYER LEUR ENRICHISSEMENT STRATOSPHERIQUE ET AVEC ARROGANCE.
SI LE FORCING DE WADE PASSE,, CE SERA LA MISERE POUR NOUS TOUS
Pesticide
En Février, 2012 (20:19 PM)-IBA DER THIAM DE ABDOO GNOU DOY/
-OUSMANE NGOM QUI L'AVAIT TRAHI ET INSULTE POUR DIOUF/
-AIDA MBODJI QUI LE SURNOMA FANTOMAS/
-DJIBO KA-SERIGNE MBACKE NDIAYE.ABDOULAYE MAKHTAR DIOP-ALASSANE DALY NDIAYE-ADAMA SALL-...ETC---ETC..
PARCE QUE POUR VOLER ET FAIRE CE QUIL VEUT DU SENEGAL, WADE A BESOIN DE COMPLICES ET MALFRATS QUI AURONT PLUS A COEUR LEURS INTERETS PERSONNELS QU'AUTRES CHOSES......ET EN ATTENDANT ILS FONT LA FETE SUR LE DOS DU PEUPLE......SEUL UN SOULEVEMENT POURRA NOUS SAUVER DE SES RAPACES-CHAROGNARDS.
Bien
En Février, 2012 (20:21 PM)Mrrrrrrrr
En Février, 2012 (20:25 PM)Waahhhhhhhhhh
En Février, 2012 (20:39 PM)Bien
En Février, 2012 (20:40 PM)Ba
En Février, 2012 (20:46 PM)Alias 2
En Février, 2012 (20:51 PM)NOUS SAVONS TOUS QUE SA CANDITATURE N' EST PAS CONFORME A LA CONSTITUTION MAIS AU VU DES CHOSES NOUS DEVONS NOUS PREPARER EN CONSEQUENCE POUR LE FAIRE DEGARER QUAND MEME.
MAINTENANT DANS LE CAS OU IL TENTERAIT DE VOLER LES ELECTIONS SOYONS TOUS PRET A MOURRIR POUR LA LIBERATION DU PEUPLE.
MERCI
Parlons Y
En Février, 2012 (20:51 PM)Ibrahima Fall, Idy et Cheikh B. Dièye demandent sans vergogne qu'on repousse ces elections, en réalité c'est parce qu'ils ont aucune chance, c'est pas sérieux, disons nous la vérité. Nous disons non,on a est assez de ce Wade, mobilisons et soyons vigilents dans les lieux de vote, on peut foutre dehors Wade du palais par les urnes, en comptant bien sur ces candidats potentiels de l'opposition à l'occurence Niass, Maky ou Tanor;
Rappelons que c'est ce même fichier qui a donné la majorité à l'opposition dans les élections législatives.
Soyons tout simplement vigilants le jour J.
Karagne
En Février, 2012 (21:08 PM)Abdoulaye WADE à métamorphosé la physionomie de Dakar et du Sénégal. L'homme appartient à cette race qui a , comme une obsession, le désir de faire un legs à la postérité. La création des infrastructures rivalise avec celle des oeuvres architecturales , sans oublier la rénovation des merveilles du passé - héritage que nous devons entretenir - essor de l'industrie, modernisation de l'agriculture - n'est pas en reste. La culture, support de toute renaissance , thème cher à Maître WADE est en bonne place. Ce chantier gigantesque dote le pays de structures de dimension universelle, comme les "sept merveilles" ou la statue de la Renaissance . Il a aussi pour objectif d'améliorer la vie des sénégalais.
Chuiy
En Février, 2012 (21:11 PM)Bien
En Février, 2012 (21:17 PM)Lyns
En Février, 2012 (21:19 PM)Ndao
En Février, 2012 (21:24 PM)Quant à iboufal, CheikhBdiey, Idy, il devraient faire preuve e l'interet du pays pour aller aux elections;
NIass, tanor ou maky, pourront bien gagner wade; c'est ce meme fichier qui a fait gagner les législatives passées,
vive le sénégal et non à l'égoïsme
F
En Février, 2012 (21:37 PM)WADE EST COMME LE SOLEIL. IL BRILLE ET il BRILLERA TOUJOURS.
Prof
En Février, 2012 (21:41 PM)Clefducoeur
En Février, 2012 (21:46 PM)K
En Février, 2012 (21:56 PM)ABDOUILAYE WADE EST COMME LE SOLEIL. IL BRILLE ET IL BRILLERA TOUJOURS.
Lui
En Février, 2012 (22:42 PM)Voir les images du 21 février, le journaliste qui était là au moment ou cheick bamba dièye se faisait tiré des grenades avait préparé son coup et le deal s'était de prendre le maximum d'image insolite pour pouvoir avoir l'exclusivité. c'est le deal des journalistes et dire qu'ils font leur boulot. vraiment c'est honteux.
La CNRA doit revoir ses textes concernant le recrutement de journalistes ou l’accès à l'information.
Précision
En Février, 2012 (22:48 PM)Modou Ndiaye
En Février, 2012 (22:52 PM)Wax_deug
En Février, 2012 (23:23 PM)Bass
En Février, 2012 (02:21 AM)Avisé
En Février, 2012 (03:13 AM)Participer à la Discussion