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Politique

Sanctions contre les vaincus des Locales : Logique de légitimité ou de compétence

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Sanctions contre les vaincus des Locales : Logique de légitimité ou de compétence

Au nom d’une prétendue élégance républicaine, les perdants du 29 juin n’ont que deux issues fatales : le harakiri (démission) ou la mise à mort (limogeage). Mimi Touré est partie avec son équipe, après Cheikh Bamba Dièye.

Mise en accusation
L’axiome vendu par les mathématiciens de la politique pose en règle générale : quand un responsable politique perd dans des élections locales, il doit être déchu de ses fonctions politiques. Les observateurs ont, depuis dimanche soir, fini de tirer les conséquences, improvisés en aide bourreau, charriant devant la guillotine de Macky Sall des têtes à couper. Lui-même, maître timonier avait cru bon de préciser, la menace aux lèvres : «Ceux qui perdront les élections dans leurs localités seront sanctionnés.» Ses affidés ont connu au soir du scrutin du 29 juin des fortunes diverses. Même si dans leur écrasante majorité, ils ont écopé d’une rouste monumentale, certains sont parvenus, après avoir fermement guerroyé, à tirer leur épingle du jeu. Les plus mal lotis et les moins heureux tremblotent, accrochés à d’éventuels décrets présidentiels. Aminata Touré a succombé à ses blessures causées par Khalifa Sall et Taxawu Dakar. Elle emporte avec elle tout un gouvernement. De vainqueurs et de vaincus. Mais sur cette liste noire, il y a une belle brochette de directeurs généraux, de présidents de conseil d’administration, etc. Cheikh Bamba Dièye, désormais ex-ministre de la Communi­cation et de l’Economie numérique, sentant le vent tourner, a préféré, lui, prendre les devants, court-circuiter l’éventuelle volonté présidentielle et sortir par la grande porte. Pourtant, ce mot d’ordre général appelle une question.

Légitimité ou compétence ?
Elle n’a rien d’une sinusoïdale. Elle est le juste corollaire d’une succession d’évènements majeurs dans la vie d’un parti politique. Elle rejaillit en gerbes et se pose en plein milieu du plat de rupture de jeûne d’un Macky Sall affamé par les résultats très mitigés de ses hommes. Doit-on, au nom d’une supposée décence républicaine, faire payer cash, par le prix fort, un responsable politique mis à mal par les mauvais résultats d’un scrutin ? Peut-on faire abstraction d’un contrat moral conclu intuitu personae, juste pour s’accommoder d’un schéma justifié par les exigences malsaines de la realpolitik ? Peut-on, à l’heure de «l’accélération de la cadence», se permettre volontairement une halte pour repenser sa conduite, remettre les compteurs à zéro ? Peut-on au nom d’un branlant principe cracher sur la méritocratie et la compétence ?
Même s’il est évident qu’un contexte de tension latente avec le chef de l’Etat soit évoqué depuis quelques mois, il demeure toujours constant que le bilan de Mimi Touré à la tête du ministère de la Justice, son zèle, son engagement et sa volonté infaillible devant ses charges avaient survitaminé son capital-sympathie auprès d’une bonne part des Sénégalais. Son limogeage ne peut avoir pour effet que de calmer le jeu, juste pour un moment. Tout en obligeant Macky Sall à repenser son équipe, reconsidérer ses urgences, rebâtir une nouvelle politique générale à seulement moins de trois ans des défis de la Présidentielle de 2017 ou 2019. Pour le cas Mimi Touré, on ne peut quand même pas manquer de s’interroger : qu’est-ce qui l’a poussée à loger dans son collimateur la mairie de Grand Yoff ? Sur ce coup-là, Mimi Touré a certes manqué de jugeote. Ça crevait les yeux que Khaf (diminutif affectif de Khalifa Sall) n’avait pas fait les choses à moitié à Dakar et qu’une œuvre balèze plaidait éloquemment en sa faveur.
Mais il y a mieux. Les partisans d’une logique de sanction contre les vaincus, brandissent à bout de bras la question d’une perte de légitimité. Il n’y a pas pire aberration ! Dans l’armature administrative de l’Etat, les fonctions sont électives ou nominatives. Or il est constant que la plupart des potentielles victimes du sabre présidentiel (Premier ministre, ministres, directeurs généraux) ont été nommées. Il ne peut se poser ici une question de légitimité. Il en serait le cas par exemple pour les parlementaires. Mais il n’est pas de légitimité qui tienne pour un ministre ou du directeur général parce qu’ils ont été nommés. Ils peuvent être des personnes en marge de la politique, de purs technocrates sollicités pour leurs compétences certaines dans un domaine bien défini. Comment, dès lors, tirer comme conséquence de la perte d’une élection municipale, la perte de la légitimité. Celle-ci n’opère qu’à l’égard de la personne du président de la République. Elle s’analyse plus exactement en une question de confiance. Cette même confiance devant reposer sur des aptitudes réelles se démarque de la légitimité comprise dans le sens de la dévolution de la confiance populaire.

Quel sort pour les alliés perdants ?
Mais encore, pour être conséquent, Macky Sall devra, s’il s’engage dans la logique de sanction, en effectuer le parallélisme des formes avec ses alliés progressistes, obligé qu’il est de tirer totalement les enseignements des scores des municipales, de reconsidérer ses accointances. A la veille des élections locales, l’Alliance des forces de progrès avait, volontairement et consécutivement à la volonté de Moustapha Niasse, choisi de se lier à la cordée Benno bokk yaakaar. Un pacte qui était vu par plusieurs observateurs comme une façon pour le président de l’Assemblée nationale de renier ses ambitions politiques, d’emballer soigneusement l’Afp dans un joli paquet-cadeau, gracieusement offert à Macky Sall, juste rétribution d’un poste de perchoir à l’Assemblée. Macky Sall, fin politique, peu porté vers le sentimentalisme, est cependant obligé de trancher dans le vif. Un rapide survol des résultats renseigne sur le marasme progressiste. Mises à part les éclaircies de Mbaye Dione à Ngoundiane, et de Alioune Sarr, ministre du Com­mer­ce, les scores enregistrés par les ouailles de Niasse frisent le ridicule. Le Docteur Malick Diop défait par Taxawu Dakar n’a pas mis trop de temps à admettre sa déconvenue. Prima facie la question se pose : que gagne Macky Sall dans cette alliance ? Pourtant l’Afp avait cru bon de devoir ranger au placard ses ambitions, s’effaçant et préférant céder le pas sur plusieurs fronts aux membres de l’Apr. Malick Gackou et Pape Sagna Mbaye s’étaient volontiers alignés dans les rangs, négligeant par là une sacrée carte blottie par devers de leur manche. Pour autant, doit-on leur appliquer le singulier raisonnement qui conclut en leur sanction ?  Pour l’heure, des sorts sont scellés. En attendant de voir ceux qui seront admis – ou réadmis- au gouvernement post Mimi.


8 Commentaires

  1. Auteur

    Biboug

    En Juillet, 2014 (17:37 PM)
    Nous avons gagné le département et la commune de louga avec la manière plus de 9000 voix nous sépare du second sur le département. Ainsi le département de louga est marron beige. Le président leur doit des nominations et les cadres engagés comme moustapha diop et massourang sourang sont bien outillé s pour mériter la confiance du chef de l état. Cela fait 12 ans que louga est oublié
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  2. Auteur

    Macky Korr Mareme Faye

    En Juillet, 2014 (18:45 PM)
    L'INSTABILITE du poste de PM est une realite dangereuse au Senegal. Aucun PM n'a le temps de faire des resultats. Personnellement J'aime MACKY pour sa gentilesse sa bonne education son parcours, bref the whole persona. J'apprecie aussi MIMI pour son courage et son engagement , her commitment to the job. Elle a commis un suicide en defiant KHALIFFA SALL qui fait de la politique depuis son enfance. Mais au dela de MIMI , c'est le bilan de MACKY que les electeurs senegalais ont sanctione. Force est d'admettre que MACKY n'a pas encore delivre, n'a pas encore obtenu de resultats concrets dans la satisfaction des besoins des populations. Et le.temps presse and MACKY DOIT delivrer dans les 3ou 4 ans qui restent pour un second mandat.
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    Auteur

    Latdior2012

    En Juillet, 2014 (20:05 PM)
    Il est grand temps que les Africains, ici les Sénégalais, arrêtent d'imiter sans réfléchir des règles et pratiques venues d'ailleurs, et surtout, de France.



    La ''règle", ou plutôt une tradition politique qui veut que les ministres démissionnent de force en cas de perte lors d'une élection, n'a rien d'inéluctable, même dans un pays considéré comme démocratique. De plus, cette pratique n'est inscrite dans un aucun texte de loi, fondamental ou réglementaire. De plus, elle provoque inutilement le départ à des postes importants de cadres dont la compétence devrait encore servir à leur pays. L'argument de la "légitimité" démocratique ne convainc guère ici et il dépend des choix propres à chaque pays. Aux USA, pays "démocratique" s'il en est, la défaite de la majorité présidentielle lors d'une élection législative n'entraîne pas la démission du gouvernement fédéral. Au niveau des Etats fédérés, la perte de la majorité parlementaire du camp politique du Gouverneur (élu) n'entraîne ni sa démission, ni celle de son cabinet. Ce qui est attendu de ces gouvernements est la gestion de la chose publique d'une manière qui réponde à l'intérêt du pays ou de l'Etat local. Il y donc un minimum de déperdition d'énergie ou de perte de temps. Ceci se passe, en dépit des clivages politiques souvent patents. Je ne suggère pas d'adopter la tradition américaine en bloc; j'insiste pour que nous réfléchissions sur et définissions une tradition politique qui répond à nos besoins et réalités.  :sn:  :sn:  :sn: 
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    Auteur

    Sakheweur Fall

    En Juillet, 2014 (00:56 AM)
    Kouthia débarque Mimi
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    Auteur

    [email protected]

    En Juillet, 2014 (01:33 AM)
    Ni l'un ni l'autre .



    Après de longues , chères et dures études , je ne peux donc espérer trouver et conserver mon travail que si je milite à l'APR ?



    Notre pays sera bloqué à tout jamais par la politique et jamais de travail.



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    Auteur

    Xel

    En Juillet, 2014 (08:08 AM)
    Je ne peux m'empecher de dire que le limogeage de Mimi constitue une grosse erreur.
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    Auteur

    Pharoah

    En Juillet, 2014 (13:02 PM)
    Mimi comme 1er ministre avait autre chose à faire que de s'embourber dans une élection à Gtand Yoff , par la elle a montré qu"elle n'avait aucun sens politique, le Président à raison de la virée , elle ne sert plus à rien !

    Quand aux grands Directeurs de l'Administration , quand il y a le P S E à mettre en place on peut s'étonner qu'ils perdent leur temps dans des élections locales ou ils n'ont pas briller ! que Macky remplace tous ceux qui ont perdus , ça fera du sang neuf dans les administrations .....
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    Auteur

    Adad

    En Juillet, 2014 (13:14 PM)
    pourkoi se mesurer à plus fort k soi?
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