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Politique

Salam, la paix, rien que la paix !

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Salam, la paix, rien que la paix !

A Kolda, avons nous appris dans la journée du mercredi 7 février, un homme aurait délibérément foncé avec son véhicule dans la foule venue prendre part au meeting que tenait le candidat Moustapha Niasse. Les journalistes présents rapportent que l’auteur de ce forfait a avoué avoir été commis pour exécuter pareil acte de folie meurtrière. Un autre déséquilibré mental, nous dira-t-on comme dans cette autre affaire relative à Talla Sylla. Il aurait de nouveau échappé à une tentative d’assassinat, à en croire les informations données par les media. Celles-ci ont été confirmées par son entourage et par la police qui a annoncé que le suspect devrait être déféré au parquet. L’information est passée sur les ondes des stations de radios, sans faire trop de remous, ni soulevé l’indignation des politiques, sinon celles des partisans du jeune leader qui ont dénoncé avec une extrême vigueur le fait.

Le pire a été peut-être évité, même si les informations de police préfèrent se montrer prudentes, en faisant valoir que l’individu arrêté ne serait poursuivi que sous le seul chef d’inculpation de délit de port illégal d’arme. Il est étonnant qu’une telle annonce soit faite, juste après que l’individu a été arrêté dans des conditions et des circonstances suspectes (panne d’électricité, ambiance de foule chauffée à blanc, etc.) Semble-t-il, le suspect ne jouirait pas de toutes ses facultés mentales. Dans cette affaire, l’attitude de la police appelle quelques remarques. Cette dernière, nous en conviendrons tous, n’a certainement pas le droit de dire si la personne mise en cause est un déséquilibré. Une telle prérogative ne lui appartient pas. C’est à la justice de dire si c’est un déséquilibré mental qui a été pris dans une situation suspecte pouvant laisser croire qu’il s’apprêtait à commettre un crime.

Ces faits divers renseignent tout de même sur la fragilité ou plutôt sur la vacuité totale du système de sécurité organisé autour des candidats de l’opposition qui briguent le suffrage des citoyens. Que nul ne s’imagine que ce qui est arrivé à Talla Sylla et aux militants de Moustapha Niase ne se reproduira pas ailleurs. N’importe quel autre candidat engagé dans la course à l’élection présidentielle peut être la victime potentielle d’un tel acte. Sauf pour le cas du Président, dont la sécurité -on peut du moins l’espérer-, est assurée de façon optimale. Qui sait, si demain, un autre individu , comme celui qui aurait foncé sur Talla Sylla, ne mettra pas au point un autre stratagème pour liquider un autre candidat ou achever la besogne de l’autre sur le même Talla Sylla ? Les citoyens sont d’autant plus fondés à se poser une telle question que le chef de l’Etat, candidat à sa propre succession dans cette course à la présidentielle, a invité ses partisans de la région de Tambacounda à pourchasser et à empêcher la venue dans leur fief des candidats Moustapha Niasse et Ousmane Tanor Dieng.

Des cibles préférées du président qui sont aussi sûrement les candidats qu’il craint le plus dans cet ultime combat politique qu’il a imprudemment engagé. Même si cela semble l’amuser, le président de la République peut-il appeler au lynchage de ses adversaires, avec une telle désinvolture ? La question mérite d’être posée d’autant plus qu’il est sûr d’être hors de portée de la furie vengeresse des militants de Moustapha Niasse et d’Ousmane Tanor Dieng.

Barricadé derrière des chars de combat et les véhicules blindés des forces de sécurité nationale, Abdoulaye Wade est convaincu de sa puissance et de son invincibilité. S’il revient à la République de lui procurer de tels avantages pour le protéger, il doit en retour, en sa qualité de « Gardien » de la Constitution, s’assurer que ses adversaires le sont également.

Si lui est hors de portée des assauts de ses « ennemis », malheureusement, la nation, elle, est à portée des fanatiques et autres nervis dressés pour casser, voire tuer des opposants et leurs partisans, autrement que par la force des arguments. Opposants et adversaires dont les seuls torts auront été de ne pas être d’accord avec « Dieu » et de combattre sa candidature. Ces fanatiques et ses nervis pourraient croire avoir reçu l’autorisation de tuer, de commettre des actes violents par une simple interprétation, une lecture primaire des propos énoncés de façon aussi lapidaire que le fait Me Wade, mais non moins explicites dans leur signification. Aussi, de vives craintes sont-elles aujourd’hui nourries par beaucoup de nos compatriotes, quant à l’issue finale de la campagne en cours et du vote prévu le 25 février en pensant aux terribles violences qui pourraient en découler.

Aucun candidat engagé dans la course à la présidentielle n’a le droit de se taire et de faire comme si ce qui est arrivé à Saint Louis ne le concerne pas. Sinon, il serait pris pour responsable, sinon comme caution de toutes les violences à venir. Violences qui pourraient saper la stabilité de l’Etat et la paix sociale. Et pour cause ! Salam, la paix, rien que la paix ! C’est le moment de le crier fort. Et très fort encore. Ce qui s’est passé à Saint-Louis pourrait inspirer d’autres agissements criminels, susceptibles d’avoir des conséquences graves sur le déroulement actuel de la campagne électorale et sur le vote final prévu le 25 février prochain. A-t-on voulu éliminer un candidat pour faire appliquer les dispositions de l’article 34 avant sa disparition totale de la Constitution ?

Cette démarche machiavélique n’est pas à exclure totalement du contexte politique actuel. Rappelons qu’avant sa réforme, ce même article 34 disposait, qu’en cas de décès d’un des candidats engagés dans la course présidentielle, le report des élections serait immédiatement ordonné, au regard de l’article 34 de la Constitution. Rappelons également qu’au moment des faits la réforme de ce texte n’avait pas été décidée par les députés. Sa promulgation comme son entrée en vigueur n’étaient pas non plus effectives. Cette promulgation ne l’est pas encore d’ailleurs, sa publication au journal officiel encore moins. Or, c’est cette publication dans le journal officiel qui décide de son entrée en vigueur. Jusqu’à date donc, nous sommes sous l’empire de l’article 34, dans sa formulation non réformée Compte tenu de tout cela, on ne peut comprendre, encore moins accepter le silence des autres candidats. Ceux-ci devraient pourtant exiger des comptes aux hauts fonctionnaires responsables de la sécurité de ce pays, mais surtout à l’autorité politique Au fond, ce qui est en cause, ici, c’est l’idée que les responsables de la police nationale et cette même autorité politique se font de leur mission. Tous ceux-là oublient trop souvent que cette mission a pour fondement la République et les principes qui justifient son existence et structurent son fonctionnement.

Cette République et les principes qui la guident interdisent à la police de réduire ses rapports avec les opposants politiques à des séries d’interpellations, d’auditions, de menaces de poursuites. Ces mêmes principes lui interdisent aussi de les faire écouter par des agents secrets, de les filer dans certains de leurs déplacements. Agissant ainsi, la police nationale, à l’image des polices politiques, dérègle la démocratie dans son fonctionnement quotidien. Comme si cela ne suffisait pas, cette police nationale, à en juger par cette nouvelle affaire Talla Sylla, semble vouloir renoncer à sa mission première de protection du citoyen. Comment renoncer à une mission qui est l’une, sinon l’unique garantie pour assurer à la nation une paix durable ? Aussi, de la part de l’ensemble de la communauté nationale, les uns et les autres ont un message spécial à délivrer aux fonctionnaires de la police nationale et à l’ensemble des forces de sécurité, par delà elles, à l’ensemble de tous les fonctionnaires de l’admiration impliqués dans l’organisation des élections : vous devez tous ériger un rempart, bâtir un sanctuaire qui s‘appellera : l’esprit républicain. C’est de ce sanctuaire que nous viendra la paix de Dieu.

C’est sur ce même sanctuaire que devront s’adosser tous les démocrates soucieux de préserver la paix sociale et la stabilité de la nation. De ce point de vue, un nimbus de tristesse et d’inquiétude assombrit -hélas- les cœurs des Sénégalais, dès lors qu’ils se mettent à penser à la désinvolture extrême avec laquelle le président de la République a invité ses partisans à s’attaquer à certains de ses adversaires.

C’est le moment de demander aux chefs religieux de se faire entendre. Loin de se contenter de rester des « inquiéteurs » de consciences ou de demeurer de simples courtiers de la politique, les chefs religieux, en particulier, ceux de confession musulmane doivent maintenant, comme l’ont déjà fait les évêques du Sénégal, interpeller tous les politiques, en particulier ceux chargés d’assurer la sécurité des citoyens, pour les amener à poser les actes attendus qui vont dans le sens de la consolidation de la paix. Ils devraient également les inviter à s’abstenir de commettre eux-mêmes ou de faire commettre des actes malheureux et aux conséquences désastreuses.

Pourquoi la télévision nationale a-t-elle eu besoin d’exhumer des ses archives un vieux prêche du défunt Imam Ratib de Dakar, feu Maodo Sylla, pour en appeler au sens des responsabilités des uns et des autres ? Ce dernier l’avait prononcé, un jour de tabaski- à deux jours du vote historique du 19 mars 2000- et dans lequel l’Imam appelait les politiques à se montrer responsables, en refusant de commettre des actes irréparables, en dépit de toutes les passions. Sommes-nous, à ce point, orphelins de guides spirituels sur terre, au point de faire appel à la sagesse des morts pour parler aux vivants ?

La paix, dans le contexte électoral actuel qui voit naître les passions les plus folles, apparaît comme un thème récurrent dans les discours de tous les candidats. Celle dont il s’agit n’a, heureusement, rien d’un gargarisme de mots. Les citoyens qui la réclament, fort justement, la fondent sur la vérité, la justice, la liberté, l’amour et la non violence.



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