Des membres de la société civile, sous la férule d'Alioune Tine et du Pr Babacar Guèye, ont offert leurs bons offices pour renouer le fil du dialogue entre le président Abdoulaye Wade et la frange de l'opposition qui a boycotté les élections législatives. Une médiation qui, selon certaines informations, est recouverte du vernis du ‘dialogue politique’ pour cacher un objectif inavoué : le report des élections législatives. Mais, l'initiative pourrait buter sur le refus des partis ou coalitions de partis qui ont déposé leurs listes sur la table du ministre de l'Intérieur.Si le dialogue que des membres de la société civile, avec à leur tête Alioune Tine et le Pr Babacar Guèye, veulent instaurer entre le président Abdoulaye Wade et la frange de l'opposition qui a boycotté les élections législatives devait aboutir au report de ces joutes électorales, les partis ou coalitions de partis qui ont déposé leurs listes pourraient s'y opposer. Selon toute vraisemblance, ces derniers ne veulent pas être les dindons d'une farce à la mise en scène de laquelle ils n'ont pas pris part.
Pour le porte-parole d'Aj/Pads, Madièye Mbodji, le processus électoral doit se poursuivre. ‘Nous ne voyons pas pourquoi on doit reporter les élections législatives’, déclare-t-il avant d'ajouter : ‘Nous nous préparons à aller aux élections’. Quant à la démarche de certains membres de la société civile, Madièye Mbodji dit s'en tenir à l'objectif déclaré, c'est-à-dire renouer le fil du dialogue entre le pouvoir et l'opposition. Mais, avertit-il, le dialogue ne doit pas être exclusif. En effet, le porte-parole d'Aj/Pads est d'avis qu'un dialogue devrait impliquer l'ensemble des forces politiques et sociales en vue de trouver une solution consensuelle qui prendrait en compte les préoccupations des uns et des autres. Cependant, soutient Madièye Mbodji, même s'il devait y avoir report, la société civile commettrait une grave erreur en limitant les concertations entre le pouvoir et les partis qui ont décidé de boycotter les élections.
Pour sa part, le porte-parole du Jëf Jël, Benoît Sambou, se veut catégorique : ‘Il n'est pas question de reporter les élections législatives. Le corps électoral a été convoqué, on doit respecter le calendrier républicain’. C'est que la préoccupation de Benoît Sambou est ailleurs. Selon lui, on doit aller aux élections pour rendre à l'Assemblée nationale sa légitimité. ‘Depuis juin 2006, l'Assemblée nationale est prise en otage par des gens qui n'ont aucune légitimité et qui veulent s'appuyer sur un autre report pour garder leur fauteuil’, se désole le porte-parole du Jëf Jël qui révèle : ‘Ils ont tous reçu leurs salaires de députés de ce mois. Qu'ils quittent d'abord l'Assemblée nationale, avant de parler de report des législatives’. Selon Benoît Sambou, les partis qui ont boycotté les élections doivent tirer toutes les conséquences de leur décision et les assumer et non tenter d'embarquer les Sénégalais dans une aventure sans lendemain. A la vérité, croit savoir le porte-parole du Jëf Jël, ‘ils (Moustapha Niasse, Idrissa Seck, Abdoulaye Bathily, Ousmane Tanor Dieng et leurs alliés : Ndlr) ont peur d'être encore une fois laminés. Ils ont bombé le torse lors de l'élection présidentielle pensant qu'ils allaient l'emporter, d'ailleurs personne n'a voulu s'aligner derrière l'autre. Au finish, ils ont été battus à plate-couture’, ironise Benoît Sambou.
Mamour Cissé sera aussi caustique dans ses propos. ‘Nous sommes pour le respect du calendrier électoral’, affirme le secrétaire général du Psd/Jant-bi qui invite la classe politique à mettre un terme à cette campagne électorale permanente. Selon lui, ‘les partis politiques qui ont boycotté les élections législatives sont de mauvaise foi, ils incriminent le processus électoral, mais si celui-ci n'était pas fiable, Idrissa Seck n'aurait pas gagné à Thiès’. ‘Et puis, pourquoi n'ont-ils pas boycotté la présidentielle ?’, se demande-t-il avant d'ajouter : ‘Ils avaient tous envoyé des experts pour auditer le fichier et ils en avaient tiré la conclusion qu'ils pouvaient participer à l'élection présidentielle. Maintenant qu'ils sont battus, ils crient à la fraude’. Mamour Cissé est, en effet, d'avis que c'est ‘le peuple qui a voté et librement’. ‘Si cette opposition était aussi représentative qu'elle le prétend, c'est le peuple qui serait descendu spontanément dans la rue pour soutenir leur initiative. Mais, depuis qu'ils parlent du boycott, les Sénégalais ne les écoutent même pas’, souligne le secrétaire général du Psd/Jant-bi. ‘De grâce qu'on nous (les partis qui ont décidé d'aller aux élections législatives : Ndlr) respecte !, s'exclame-t-il.
Du côté de la coalition War wi, Madiop Bitèye soutient que ‘chaque parti doit prendre ses responsabilités parce que le calendrier électoral doit être respecté’. Exprimant son désaccord par rapport au boycott, il déclare que sa coalition est prête à participer aux élections législatives. Toutefois, Madiop Bitèye, qui se félicite de l'initiative de certains membres de la société civile, rappelle que les négociations ne doivent pas être bilatérales, c'est-à-dire entre le président Wade et les partis qui ont boycotté les législatives. ‘Autrement, le problème restera entier’, avertit-il.
Au Rassemblement pour le peuple (Rp) de Serigne Mamoune Niasse, Ousmar Khassimou Dia, le numéro 2 de cette formation politique, estime que le report des législatives n'est pas à l'ordre du jour. ‘Mais, quoi qu'il en soit, notre parti est prêt à aller aux élections’, indique-t-il.
Quant au Rassemblement des écologistes sénégalais (Res), Ousmane Sow Huchard se dit ouvert au dialogue, surtout qu'il est membre du Comité de suivi du pacte républicain, un mouvement très actif dans la recherche du dialogue entre le pouvoir et l'opposition. Mais, déplore-t-il, ‘on ne nous associe en rien, c'est comme si on n'avait pas voix au chapitre’. ‘Il faut que l'on prenne en compte l'avis des partis qui ont déposé leurs listes et leurs cautions’, suggère-t-il. Cependant, dit-il, ‘que les élections soient reportées ou maintenues à date due, le Res est prêt à aller à la conquête des suffrages des Sénégalais’.
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