Les défenseurs du principe de la séparation des pouvoirs n’ont pas fini d’afficher le rictus. Ils étaient tourneboulés et rebutés face à l’immixtion du président de la République dans le fonctionnement de l’Assemblée nationale. Notamment quand il a invité Macky Sall à rendre le tablier. Ils seront horripilés quand ils apprendront les termes de l’accord entre Me Abdoulaye Wade et Macky Sall, lequel aura permis au second de rester au perchoir.
En effet, lors de l’audience qu’il a accordée à son ancien Premier ministre, le chef de l’Etat, confie une source proche du dossier, aura clairement signifié à Macky Sall que, ‘désormais, rien ne se fera plus à l’Assemblée nationale sans la validation du groupe parlementaire Libéral’. Avec moins d’emphase, cela signifie que le président de l’Assemblée nationale devra solliciter et obtenir le blanc-seing de la majorité parlementaire avant de poser un quelconque acte. Et, en amont, l’onction du chef de l’Etat. Puisque le groupe parlementaire n’est rien d’autre que le bras de Me Wade. Ce que lui autorise le mélange de genre qui découle de sa double casquette de secrétaire général national du Pds et de président de la République. D’ailleurs, le chef de l’Etat ne s’est pas fait prier pour le rappeler à Macky Sall lors de la fameuse audience. Il lui a clairement indiqué qu’il est en phase avec son groupe parlementaire, lequel est l’émanation de son parti, le Pds. ‘Quand le parti n’est pas en phase avec quelqu’un, j’en tirerai toutes les conséquences’, a averti Me Wade.
Voilà qui est clair : Si Macky Sall veut rester à la tête de l’Assemblée nationale, il doit se plier à la volonté du groupe Libéral. Alors qu’en sa qualité de président de l’institution parlementaire, il se doit d’être au-dessus des différentes sensibilités politiques qui composent la chambre basse. Mais, manifestement, Macky Sall était prêt à tout pour garder le perchoir. Non seulement, il est allé demander pardon à Me Wade - et ni lui ni aucun membre de son entourage n’a démenti la version des faits servis par Me Madické Niang et le porte-parole du président de la République, Me El Hadj Amadou Sall - mais il a aussi accepté toutes les conditions posées par celui-ci.
Cependant, Macky Sall n’est pas sorti de l’auberge. Il a échappé au purgatoire, mais n’a pas accédé au paradis, pour autant. Il garde certes le perchoir, mais il s’en trouve plus affaibli qu’avant. Il est à la merci du groupe Libéral, donc de Me Wade, qui a droit de vie et de mort sur lui.
Pourtant, son cas avait déchaîné un élan de sympathie extraordinaire. Les Sénégalais, visiblement, n’étaient pas prêts pour vivre un remake de l’affaire Idrissa Seck. La société civile, sous la férule d’Alioune Tine, avait entamé une médiation pour que l’Assemblée nationale ne soit pas la proie des querelles entre les membres du Pds. Mais, au moment où l’on s’y attendait le moins, Macky Sall dépose les armes, sans avoir même combattu. Et pour que nul n’en ignore et couper court à toute spéculation, sa reddition a été passée en boucle à la Rts.
Le président de l’Assemblée nationale s’est constitué prisonnier du groupe Libéral et de Me Wade alors qu’il tenait une belle occasion de s’affranchir de leur joug. D’ailleurs, Doudou Wade l’accompagne maintenant partout. Moins qu’un retour de la confiance, c’est plutôt la manifestation d’une méfiance chronique entre Macky Sall et le chef de l’Etat. Un proche du président de la République le résume bien : ‘Une confiance ne se construit pas deux fois’.
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