Pour une histoire de procuration dont un notaire n’a perçu que 10.000 francs Cfa, des « faucons » tentent, vaille que vaille, d’intimider une dame respectueuse : Me Nafissatou Diop, notaire de Idrissa Seck qui fera face, encore une fois, au juge du sixième cabinet, Abdoulaye Bâ, le 9 mars prochain. Eclairage.
« Je m’attends à tout » ! Cette confidence que nous a fait hier une Me Nafissatou Diop sereine, jointe depuis le Nigeria où elle se trouve, témoigne de l’état d’esprit de ce notaire. Confidente de l’ancien Premier ministre Idrissa Seck, l’épouse de l’imam Assane Cissé, avait été sollicitée par le président de la République, via son ami Me Ousmane Sèye, afin de négocier avec le maire de Thiès. Depuis que cette histoire avait été révélée par la presse, la dame s’attendait chaque jour à ce que les « faucons » du Palais l’attaquent. Le jour de la révélation de son rôle dans le règlement de l’affaire Idy, elle n’est pas sortie de chez elle. Ses enfants lui demandaient pourquoi sa photo figurait à la « Une » des journaux. Chaque jour, elle s’empressait d’acheter les journaux proches de la Présidence, histoire de voir si les « attaques » n’avaient pas encore commencé. Très sereine, le notaire ne redoutait qu’une seule chose : que son image soit salie. Cette image qu’elle a réussie à façonner et qui lui vaut le respect de ses pairs. Voilà qu’un appel téléphonique du commissaire Assane Ndoye lui disant qu’il avait besoin d’elle pour affaire la concernant, réveille en ce notaire, cette suspicion selon laquelle les « faucons » allaient coûte que coûte l’attaquer. La raison ? Ces derniers ne lui ont jamais pardonné d’avoir été au centre des négociations ayant fait sortir Idy de prison. Surtout que le ministre d’Etat, ministre de la Justice Cheikh Tidiane Sy, au cœur des négociations, l’avait appelé pour savoir ce qu’elle faisait nuitamment à Rebeuss. « Ndèye Penda Tall veut divorcer avec Idy, j’essaie de recoller les morceaux » répondra le notaire. Quelques jours après la libération de Idrissa Seck, le Garde des sceaux appellera le notaire pour lui dire, en substance : « tu m’as ridiculisé, même la presse est en train de se moquer de moi ». Surtout que, rendant compte des négociations secrètes, Le Quotidien avait rapporté ces paroles du maire de Thiès qui a beaucoup fait mal à Cheikh Tidiane Sy et à Ousmane Ngom : « ce sont des médiocres ». Mais jusque-là, Me Nafissatou Diop croyait savoir qu’il ne s’agit que de petites histoires entre amis. Ainsi, elle blaguait parfois même avec le directeur du cabinet du Président, Souleymane Ndèné Ndiaye sur le cas Idy.
Le juge n’a pas saisi la Dic
Comme de nombreux notaires et des mois et des mois avant l’éclatement du dossier des chantiers de Thiès, Me Nafissatou Diop avait été citée dans un dossier pendant au niveau du sixième cabinet du juge Abdoulaye Bâ. Dans cette affaire, une procuration faite par le notaire dans une histoire d’héritage avait été contestée par une partie. C’est ainsi que pour une procuration dans laquelle elle n’a gagné que 10.000 Fcfa, Me Nafissatou Diop sera mis en examen par le juge Abdoulaye Bâ, connu pour sons sérieux et sa rigueur. Surtout que le juge avait été frustré par le fait que la dame ne réponde pas à une première convocation. Néanmoins, avant de rallier le Nigeria, Me Nafissatou Diop avait tenu à expliquer au juge que si elle ne s’était pas présenté, c’était tout simplement pour une histoire de famille qu’elle devait gérer. Le notaire a été convoqué à une seconde audition qui aura lieu le jeudi 9 mars prochain et son avocat n’est autre que...Me Ousmane Sèye. « J’ai été surprise d’entendre dire qu’on avait des problèmes, Ousmane est mon frère » clame Me Nafissatou Diop. « Frère » dans la mesure où après avoir raccroché avec le commissaire Assane Ndoye, le notaire a vite fait d’appeler l’avocat qui a activé ses réseaux de la Présidence. Au même moment, Cheikh Yérim Seck de « Jeune Afrique » et Madiambal Diagne du journal « Le Quotidien » appelaient le patron de la Dic pour vérification : ce dernier avoir parlé au téléphone avec le notaire. C’est la seule réponse qu’il pouvait leur donner puisque ceux qui l’avaient « briefé » s’étaient « calmés » après intervention du Président Wade. Pourquoi la Dic avait manifesté sa volonté de convoquer Me Nafissatou Diop ? Personne ne le sait. Surtout qu’à ses proches qui l’ont interpellé, le juge Abdoulaye Bâ a été formel : ce n’est pas lui qui a saisi la Division des investigations criminelles (Dic). Qui l’a saisi alors ? En tout cas, pour Me Nafissatou Diop : « on est en train de faire un dangereux amalgame ». « Amalgame » dans la mesure où une ou des mains étrangères essaient coûte que coûte de lier deux dossiers totalement différents. Mais ceux qui croient que tout ce remue-ménage infondé va « perturber » le notaire peuvent déchanter : « je m’étais préparée à tout cela. Et je le clame haut et fort ; jamais au plus grand jamais, je ne laisserai Idy ». Le message est clair et les destinataires se reconnaîtront. En attendant une deuxième offensive ?
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