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Politique: Niasse seul face à Wade

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Politique: Niasse seul face à Wade

Le leader de l’AFP a décidé de ne pas jouir de la prolongation de la législature. Une posture qui tranche avec la quasi-unanimité des parlementaires de l’opposition.
Il se donne ainsi les moyens d’être seul face à son principal adversaire pour la présidentielle de février 2007.Il l’avait annoncé, il l’a fait. Moustapha Niasse ne siègera plus à l’Assemblée nationale au-delà du 30 juin 2006. Dans une correspondance adressée au président de l’Assemblée nationale, il annonce à celui-ci qu’il «considère qu’à compter [du 30 juin 2006], [son] mandat de Député [prend] fin, pour la présente législature». En effet, la législature aurait dû s’achever à cette date-ci, si l’Assemblée nationale n’avait pas voté positivement le projet de loi gouvernemental de couplage des législatives avec la présidentielle de février 2007. Un projet de loi a donc permis de donner un rab de neuf mois aux députés, malgré les cris d’orfraie des partis de l’opposition.

Les députés de l’opposition qui avaient crié au scandale quand ce projet de loi a atterri sur le bureau de l’Assemblée nationale sont, aujourd’hui, doublement interpellés sur la posture à tenir. Soit siéger dans une assemblée pendant les neuf mois qui nous séparent de la convocation de la prochaine Assemblée par le prochain président élu qui va inaugurer son mandat le 1ier avril 2007, soit considérer la date du 30 juin comme le terme du mandat octroyé par les suffrages en 2001 et alors, partir.

La CPA, front unitaire de l’opposition pour les élections prochaines n’a pu proposer une position commune. Le Parti socialiste a choisi de rester à l’Assemblée nationale, l’AFP itou. Les deux grandes forces de l’opposition à l’Assemblée ont donc fini par accepter de respecter …la loi. Le PIT a aussi dit oui. On attend que la LD/MPT et l’Alliance Jëf Jël se prononcent. Seule formation à dire non à la prolongation de la législature, le RND.

Dans cette cacophonie, il y a une posture celle-là acrobatique, celle de Moustapha Niasse. Son parti a décidé de maintenir ses députés à l’Assemblée, mais lui va démissionner. De quoi susciter quelques interrogations sur le sens de cette contorsion politique. Évidemment, on a vite fait d’accuser Niasse de faire dans la politique politicienne. Mieux, le leader de l’AFP s’est vu accusé de ne pas vouloir se soumettre à une loi régulièrement votée. Bref, comme d’habitude, Niasse est éreinté. On lui cherche des poux. On doute de sa sincérité. On lui reproche d’être un politicien car, il reste dans l’hémicycle prestigieux à travers les autres députés de l’AFP tout en le quittant. Parce que, en outre, si Niasse ne siège plus à l’Assemblée, il ne fera pas perdre le mandat à son parti parce que Aly Dioum, dixième sur la liste nationale de l’AFP aux Législatives de 2001 va poursuivre le mandat abandonné par Niasse.

Ce qui autorise toutes les interprétations sur l’acte posé par le Secrétaire général de l’AFP à travers la lettre sibylline qu’il a déposée auprès du président de l’institution. La logique Niasse a été suivie jusqu’au bout. Au lieu de démissionner, le leader de l’AFP signifie au président de l’institution parlementaire la fin de son mandat. En commettant cet acte, il considère que la législature n’a pas été valablement prolongée et que pour lui, sa légitimité prend fin le 30 juin prochain. Le voilà désormais libéré d’un mandat dans une législature durant laquelle il a laissé à ses camarades l’arène parlementaire, ne choisissant que de marquer de sa présence certaines sessions prestigieuses.

Devant Niasse, aujourd’hui, il y a un large boulevard qui le mène à la présidentielle. Comme pour les cyclistes, c’est l’ultime col à franchir pour l’arrivée au sommet. En se déchargeant de son mandat qui n’a pas été un énorme fardeau pour lui, ni un avantage reluisant dans son CV, le voilà qui peut aujourd’hui préparer l’ascension. Et il va y aller seul car certains challenges, on ne les relève qu’en solitaire. Ses compagnons de peloton ont choisi tous d’aller à leur rythme. Personne n’a osé attaquer en solitaire. En restant à l’Assemblée nationale, les potentiels candidats donnent l’impression de vouloir user leur mandat jusqu’à la corde. Alors que Niasse qui verse ses indemnités de parlementaire à des étudiants, est à l’aise pour démontrer qu’il ne se bat point pour la jouissance d’une sinécure. Le nez dans le guidon, il va attaquer la présidentielle, c’est-à-dire la succession de Wade. Il ne s’embarrasse plus d’un mandat de député. Apparemment, il semble vouloir marquer la rupture. Si ses alliés de la CPA hésitent encore sur la conduite à tenir, lui a des certitudes : la présidentielle est le seul challenge valable. Évidemment, si Wade avait voulu à travers cette loi casser la dynamique unitaire née avec la création de la CPA, il y a réussi en partie. Mais il donne à Niasse la possibilité de s’affirmer comme le seul dirigeant politique de l’opposition logique avec lui-même et fidèle à ses convictions.

Dans sa posture actuelle, il semble vouloir démontrer aux électeurs que s’il y en a qu’un pour se mesurer à Wade en 2007, ce sera lui. Le message est clair. Reste à savoir si en s’isolant ainsi de ses alliés de la CPA, il ne permet pas à certains leaders de l’opposition, écartelés entre l’idée de rejoindre la majorité présidentielle et celle d’endurer encore les affres de la vie dans l’opposition, de prendre langue avec le pouvoir libéral. La question sera d’actualité dans l’opposition dans les prochaines semaines si l’on ne cimente pas davantage cette coalition qui tarde à atteindre sa vitesse de croisière dans la ligne droite vers les scrutins du 25 février 2007.

En face, le président Wade qui, depuis 2000, considère Moustapha Niasse comme son principal challenger et n’a pas ménagé ses efforts pour affaiblir son parti, l’AFP, ne manquera de mener une opération, une de plus pour casser toute alliance qui se formerait pour servir de rampe de lancement à Niasse. Tant que c’est l’alliance CODE 2000 ou ce qui en reste, qui avait soutenu Niasse au premier tour de la présidentielle de cette année-là, il n’y a pas, apparemment, péril en la demeure. Mais si c’est la CPA, telle que constituée actuellement, le danger Niasse reste menaçant. Et en sortant de l’Assemblée nationale, Niasse n’a plus d’autre objectif que le fauteuil présidentiel. Reste au leader de l’AFP de prendre congé de la diplomatie onusienne, et le voilà qui aura du temps pour attaquer l’année électorale. Un adversaire qui a du temps pour vous tailler des croupières est toujours un adversaire dangereux.



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