Cela est d’autant plus nécessaire au regard des libéraux favorables à cette stratégie que « le Premier Ministre Cheikh Adjibou Soumaré a montré ses limites » car « depuis son arrivée, plusieurs fronts sont ouverts sur le plan social et qu’il a du mal à gérer. C’est un bon technocrate, il est sérieux mais il lui manque l’étoffe d’un politique qui sait faire une lecture politique des problèmes auxquels il est le plus souvent confronté » nous a confié un responsable libéral bien introduit dans le giron présidentiel. « Le Président voue un grand respect à Adjibou Soumaré mais il a besoin d’un homme qui sait aller au charbon à l’image de Farba Senghor » a-t-il ajouté avant de conclure sur un ton quelque peu prémonitoire : « ne soyez pas surpris si dans les semaines à venir, Farba Senghor est nommé Premier Ministre. En tout cas, il est toujours en phase avec le Président Wade et les résultats qu’il vient d’obtenir sur le plan social sont encore la preuve qu’il est l’homme de la situation ».
L’ascension fulgurante du Ministre de l’Artisanat et des Transports aériens dans les plus hautes sphères de l’Etat laisse penser évidemment qu’une telle hypothèse n’est pas à écarter. De Ministre délégué, chargé de la Solidarité nationale il est devenu en quatre années le ministre le plus courtisé de la République parce que considéré à tort et à raison comme « l’œil, l’oreille et la bouche de Me Wade ». Au plus fort de la crise dans le monde rural, c’est lui que le Président de la République a envoyé au front pour apprivoiser les paysans particulièrement furieux parce qu’estimant d’être les éternels laissés pour compte du régime libéral. Tant bien que mal, il a réussi à calmer les esprits. A ceux qui ricanaient et doutaient de ses capacités de juguler le mal d’un secteur aussi sensible et stratégique que l’Agriculture, le Président Wade a répondu solennellement lors d’une rencontre avec les acteurs que « Farba Senghor est un homme qui sait mettre en valeur mes idées. Il ne fait rien sans mon aval et il exécute parfaitement mes instructions. Je lui fais confiance entièrement et je sais qu’il me donnera satisfaction ». La sentence est ainsi dite de manière on ne peut plus pontifiante et majestueuse.
Les positions de Farba, à la fois déroutantes et pour la plupart jugées « inélégantes », exprimées de vive voix sur tous les sujets qui alimentent la vie politique nationale, n’ont pas pour autant altéré cette confiance. A chaque remaniement ministériel, il gagne en galons. Ministre de l’Artisanat et des Transports aériens, il s’est distingué dans la gestion des dossiers brûlants que constituent la remise en cause du partenariat Maroc-Sénégal à propos d’Air Sénégal et la rupture du contrat liant l’Etat du Sénégal et l’Asecna. En dépit des protestations de tous azimuts, il n’a pas reculé d’un iota, agissant comble du paradoxe sous l’aile protectrice de son mentor de panafricaniste Me Abdoulaye Wade. En plus de ses fonctions ministérielles, Farba a été gratifié d’un rôle de « Monsieur Casamance » par le Président de la République. Ses récentes interventions dans la crise scolaire alors décriées et jugées intempestives ont abouti aujourd’hui à des résultats inattendus puisque l’année blanche tant redoutée n’aura pas finalement lieu. Grâce aux bons offices de Farba. Un bon point pour « l’élément hors du commun », un bol d’oxygène soulageant pour ceux qui lui prédisent avec certitude un avenir si proche à la… primature. Bien loin de nous la sentence qu’Idrissa Seck avait prononcée contre Farba Senghor qui a valu d’ailleurs à l’ancien Premier ministre bien des problèmes. La Primature ayant connu une véritable dégradation de son image après avoir avoir vu cinq Premiers ministres se faire user par Wade.
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