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Politique

Moustapha Niasse : « Je suis formel : Wade pense sérieusement à organiser des élections anticipées»

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Moustapha Niasse : « Je suis formel : Wade pense sérieusement à organiser des élections anticipées»
Le secrétaire général de l’Afp, Moustapha Niasse croit fermement que le président Wade ‘pense et prépare sérieusement des élections anticipées’. Il l’a fait savoir dans l’entretien qu’il vient de nous accorder durant son escale à Paris, mercredi 18 novembre, après un périple qui l’a mené à New York, en Norvège et en Belgique. Pour Moustapha Niasse, le président Wade ne renoncera à organiser ces élections anticipées que ‘contraint et forcé par les évènements et par la vision qu'il se sera faite des conditions dans lesquelles il se soumettrait au suffrage des Sénégalais’. Mais le secrétaire de général de l’Alliance des forces de progrès martèle que Benno Siggil Sénégal est prête à toute éventualité. Il a, par ailleurs, abordé avec nous, beaucoup de sujets liés à l’actualité nationale.

Wal fadjri : Vous êtes de passage à Paris. Au Sénégal, les jeunes de la coalition Benno Siggil Senegaal dont vous faites partie ont organisé une marche dans les rues de Dakar. Pourquoi n'avez-vous pas pris part à cette marche ?

Moustapha NIASSE : J'étais à la session de l'Assemblée générale des Nations Unies à New-York pendant cette période où la marche a eu lieu. J'avais envisagé de faire un voyage aller-retour sur Dakar, mais les dossiers que je gérais avec un certain nombre de mes collègues à l'Onu ne me permettaient pas de quitter ce week-end-là, entre le 5 le 8 du mois de novembre. Ensuite, j'ai eu une mission au Canada. Je devais participer à une réunion de Conseil d'administration de l'une des sociétés du groupe Mc Industries internationales qui intervient au Congo-Brazzaville et dans certains pays africains. Enfin, j'ai dû aller en Norvège, en Belgique avant de me retrouver à Paris à la veille de mon retour à Dakar. Donc, je me serai absenté entre 4 et 5 semaines. Mais cela est normal parce que je travaille. Je ne suis pas à la retraite ; je travaille encore. Et j'ai des responsabilités publiques et privées. Donc je dois faire face à l'ensemble de ces responsabilités dans un équilibre harmonieux qui me permet de me mettre au service du peuple sénégalais à travers l'Afp, notre parti, à travers Benno Siggil Senegaal, notre coalition. Je dois aussi gérer les affaires qui me sont confiées, dont j'ai créé certaines avec des collègues. Cela est important parce que Dieu recommande la piété, premier pilier de la vie, et le travail, second pilier de la vie. C'est la raison pour laquelle je n'ai pas pu être à cette marche de ces jeunes. Mais l'Afp a contribué à la marche. D'abord par la présence massive de sa jeunesse, des femmes du parti et des membres du bureau politique. D'ailleurs, en mi-décembre prochain, je vais organiser une conférence de presse à Dakar pour parler de ces questions, mais surtout parler des questions de développement du Sénégal.

Wal fadjri : En attendant, de loin, comment avez-vous apprécié la manifestation ?

Moustapha NIASSE : Tout au long de la maturation de ce projet, il m'a été rendu compte quotidiennement de l'évolution de l'idée d'organiser cette marche. En fait, cette marche a voulu traduire le ras-le-bol non seulement des membres des partis politiques, des jeunesses, des organisations des femmes mais de l'ensemble du peuple sénégalais ou, tout au moins, de sa large majorité face aux dérives répétitives du régime de Me Abdoulaye Wade. Vous savez, il va devenir bientôt vain de parler du régime de Me Abdoulaye Wade parce que depuis une dizaine d'années, les Sénégalais ont eu le temps d'observer ce dont était capable le régime de Me Abdoulaye Wade en terme d'actes positifs et en termes d'actes négatifs. Quand on fait la moyenne de ces dix ans de son régime, je crois qu'on se fait facilement une raison : c'est que ce n'est pas le type de bonne gouvernance auquel pensaient les Sénégalais lorsqu'ils ont élu, dans leur majorité incontestable, Me Abdoulaye Wade au soir du 19 mars 2000. Tout recule dans ce pays (il insiste en se répétant, Ndlr). On essaie d'ailleurs, avec beaucoup d'efforts, de voir dans quels secteurs on peut créditer le régime de Me Abdoulaye Wade et de lui-même, d'avancées positives. C'est difficile de trouver ces secteurs-là. Dès que vous trouvez un élément qu’on peut considérer comme positif, juste en face, vous trouvez d'autres éléments nombreux et variés qui contestent la réalité même de ce que l'on pouvait considérer comme pouvant être crédité de positivité.

‘On essaie, avec beaucoup d'efforts, de voir dans quels secteurs on peut créditer le régime de Me Abdoulaye Wade et de lui-même, d'avancées positives. C'est difficile de trouver ces secteurs-là.’

Wal fadjri : Mais le régime du président brandit les infrastructures récemment construites à Dakar

Moustapha NIASSE : Parlons-en ! Près de 500 milliards de francs Cfa ont été consacrés à ces infrastructures. Il n'y a pas plus de 30 km de réalisés effectivement en termes de réhabilitation d'infrastructures avec ces 500 milliards. Le Sénégal bat le record mondial, aujourd'hui, du coût du kilomètre de goudron sur certaines de ces artères. Qu'il s'agisse de la corniche Ouest ou de la Vdn. Cinq ou six milliards de francs Cfa au km, cela fait entre 5 et 6 millions le mètre de goudron. Cela n'existe nulle part au monde : aux Etats-Unis, au Canada, aux Emirats Arabes Unis ou en Arabie-Saoudite. Il y a quelque chose si bien qu'il aurait mieux valu consacrer ces fonds-là à réhabiliter les routes qui desservent Dakar, entre Diamniadio et la Patte d'Oie, et dans les quartiers périphériques de Guédiawaye, de Pikine, Arafat, Thiaroye, Gounasse, Mbao, etc. Ces infrastructures auraient pu être réhabilitées, réalisées ou construites dans les régions de l'intérieur. Quand vous regardez l'équipement du Sénégal en routes goudronnées aujourd'hui, à part l'axe Diamniadio-Fatick - puisque l'axe Fatick-Kaolack se détériore parce que mal fait sur un financement du Fonds européen de développement qui remonte à 1998-1999 (il ne termine pas la phrase). Quand Me Wade accédait au pouvoir, ce financement était déjà en place. Il fallut simplement que le gouvernement que je présidais pût trouver 9 milliards à la Boad de Lomé pour réaliser la route Diamniadio-Fatick-Kaolack. Et puis il y a eu des travaux de réhabilitation sur le reste, entre Diamniadio et Thiès. Il y a aussi en Casamance la route Ziguinchor-Cap-Skirring qui a été faite et une partie de la route de Carrefour-Ndiaye dans la région de Sédhiou. Mais sur dix ans, il faut dire que le bilan est plus que précaire. Allez un peu à l'intérieur du Sénégal et voyez ce qui s'y fait. Regardez même combien la route de Thiès-Bambey-Touba s'est détériorée. Donc, en matière d'infrastructures, on ne peut pas parler de bilan positif.

Wal fadjri : Mais il y a aussi l'autoroute à péage qui est en construction

Moustapha NIASSE : C'est vrai qu'un tronçon a été inauguré, il y a quelques mois. Mais le drame de cette autoroute à péage, c'est que, quand on quitte la Patte-d'Oie, on se croit sur une autoroute et qu'on roule. Mais au bout de cinq minutes, ce tronçon est parcouru et vous tombez sur le bouchon de Pikine. Et c'est la galère car entre le tronçon de Pikine, juste à l’entrée du pont sur le chemin de fer et Diamniadio, on fait facilement deux heures de temps. Alors, à quoi sert ce tronçon d'autoroute. Cette autoroute doit s'étendre en principe sur une distance de 75 km. Pour le moment, je ne pense pas que plus de 5 ou 6 km aient été réalisés. D'ailleurs, c'est pourquoi on ne paie pas parce qu'on ne paie pas sur 5 ou 6 km.

‘Si on se réfère à ce qui se fait depuis dix ans, et qui se faisait un peu avant l'arrivée de Me Wade, souvent l'improvisation domine les choix et les options économiques’

Wal fadjri : Ne pensez-vous pas que ces quelques infrastructures créées ont un impact positif sur l'économie sénégalaise ?

Moustapha NIASSE : Pas du tout ! Je suis désolé de le dire. La circulation sur la Corniche est facilitée malgré quelques imperfections. Mais ça facilite surtout les déplacements du Chef de l'État comme il voyage souvent. Entre le Palais et l'aéroport, il met beaucoup moins de temps et il n'y a aucun feu rouge. Je ne dis pas que c'est la raison pour laquelle il a fait privilégier la réfection de ce tronçon par rapport aux autres, mais la réalité est là : elle est incontestable. La Vdn semble être bien réalisée sur le tronçon Poste-Dakar-Fann à l'échangeur de la Foire. Mais au-delà, les travaux ont été suspendus. Tout le reste n'a pas été touché. Alors, quel est l'impact sur l'économie nationale ? Or il faudra un jour que les Sénégalais puissent accéder à l'information vraie pour savoir dans quelles conditions ces 500 milliards ont été contractés comme dettes, quels sont les échéanciers de paiements, quels sont les taux d'intérêts. Si l'on ne fait pas attention, ce sont les générations à venir qui vont payer cet endettement. En ce moment-là, il n'y aura ni Me Abdoulaye Wade ni aucun membre de son gouvernement parce qu'ils auront quitté définitivement le pouvoir. Voilà le problème de fond. Et les Sénégalais sont en droit de réclamer la bonne information sur les modes de financement, sur les montants engagés pour construire ces infrastructures. Parce que si le président Wade se limite seulement à mettre en avant ces infrastructures de 2005-2007, comme bilan, c'est qu'il n'aura pas fait de bilan.

Wal fadjri : D'après la Direction de la prévention des études économiques, citée par Sud Quotidien, l'économie sénégalaise a connu une perte de compétitivité durant le mois de septembre à hauteur de 1,4 %. Cela vous étonne-t-il ?

Moustapha NIASSE : Non, cela ne m'étonne pas parce que les résultats à venir vont être encore plus durs aux yeux des Sénégalais. (…) Si on se réfère à ce qui se fait depuis dix ans, et qui se faisait un peu avant l'arrivée de Me Wade, souvent l'improvisation domine les choix et les options économiques. Ensuite, les fonds qui sont rassemblés, qu'ils proviennent des ressources nationales ou de la coopération internationale publique ou privée en terme de subvention, de soutien financier, d'emprunts négociés, tout ceci ne cale pas avec les capacités du Sénégal pour produire et défendre des projets qui portent la réalité d'une croissance économique durable. Voilà ce qui se passe actuellement au Sénégal. Mais le plus grave, c'est que, indépendamment de ce dysfonctionnement, il y a celui de la corruption, du détournement des fonds publics à travers la manière dont sont négociés et signés les contrats, surtout dans certains secteurs où la surfacturation, la fausse facturation et les commissions sont élevées au point que - d'abord ces commissions sont illicites au départ et à la fin - le coulage des fonds publics et des crédits conduit l'État à une sorte de déroute financière. C'est la raison pour laquelle l'on a pu parler d'un dépassement budgétaire de près de 219 milliards de francs Cfa. Ce sont des dépenses qui ont été faites. Ce sont des engagements financiers qui ont été souscrits. Les décaissements ont eu lieu sans que cela ne corresponde à des prévisions budgétaires ou à un programme ou une planification de l'utilisation dans des objectifs précis. Alors ce cafouillage-là crée une grande confusion, et cette confusion a conduit l'État à continuer de s'endetter. Et c'est la raison pour laquelle, la dette intérieure du Sénégal qui se chiffrait à plus de 500 milliards, n'a pas pu, malgré les déclarations qui ont été faites, être payée que partiellement. Je ne mets pas en cause le ministère des Finances. Je mets en cause le président Wade lui-même, qui a fait des annonces qui ne correspondaient nullement aux réalités vécues sur le terrain par les entreprises privées sénégalaises et non sénégalaises qui interviennent dans l'économie du Sénégal.

Wal fadjri : Parlons de politique. On constate que le budget de la Ceni a été augmenté. N'entrevoyez-vous pas à travers cette augmentation des élections anticipées, même si le président de la République a dit qu'il n'y en aura pas ?

Moustapha NIASSE : Vous savez, quand le président de la République actuel, Me Abdoulaye Wade, annonce qu'il n'y aura pas d'élections anticipées, la majorité des Sénégalais comprend, sans aucun effort, qu'il veut dire le contraire ou qu'il va faire le contraire. Le fait qu'il dise qu'il ne voit que l'échéance de 2012 et que c'est plutôt l'opposition qui prépare une élection anticipée, doit être compris, interprété et accepté comme l'expression d'une volonté de Me Wade d'envisager une élection anticipée. Il n'en a pas encore pris la décision, mais je suis formel : il y pense sérieusement et il prépare une élection anticipée. Cette élection anticipée peut ne pas avoir lieu car, une fois qu'il aura évalué ses chances ou ses non-chances face à cette échéance, il peut y renoncer définitivement et attendre 2012. Mais il n'attendra 2012 que contraint et forcé par les évènements et par la vision qu'il se sera faite des conditions dans lesquelles il se soumettrait au suffrage des Sénégalais, compte tenu de son bilan et compte tenu des trous noirs qu'il y a dans son bilan, aussi bien dans la gestion de l'État que dans son comportement intérieur et extérieur par rapport à nos partenaires au développement et par rapport à ses homologues africains et internationaux. Cela est important. Donc je continue de penser que Me Abdoulaye Wade, justement parce qu'il a dit qu'il n'y aura pas d'élection anticipée, pense sérieusement à organiser des élections anticipées. N'a-t-il pas habitué les Sénégalais à ce genre de contradiction entre le verbe et l'acte. Le président Wade n'a-t-il pas des centaines de fois dit une chose et fait son contraire, en oubliant dans une amnésie volontaire, mécanique et totale, ce qu'il avait dit par rapport à ce qu'il aura fait ? Je suis formel : il pense à organiser des élections anticipées. S'il ne les organise pas, c’est parce qu'il n'aura pas été prêt. Mais s'il est prêt, il les organiserait.

Wal fadjri : Et vous, êtes-vous prêt dans le cadre de Benno Siggil Senegaal au cas où il y aura élections anticipées ?

Moustapha NIASSE : Je crois que Benno Siggil Senegaal est prêt à faire face à toute éventualité. Benno Siggil Sénégal est prêt à agir, après avoir réfléchi, pour faire face à toute éventualité dès lors qu'il s'agit de défendre les intérêts du peuple sénégalais, malgré les problèmes internes qu'il y a dans Benno. Il ne faut pas les cacher ; il ne faut pas jouer à la politique de l'autruche. Benno est une variété qui se fonde sur une diversité. La variété, c'est ce que les options fondamentales sont connues pour aller vers la reconstruction du Sénégal, pour aller vers le rétablissement et la réhabilitation des valeurs cardinales que sont la vertu, le jom, la soutoura et surtout le sens de la parole donnée et le respect d'autrui. Nous partageons ces valeurs au sein de Benno Siggil Senegaal. Mais, ceci se fonde aussi sur une diversité et sur une variété. Variété des origines, variété des itinéraires. Diversités de composantes de Benno Siggil Senegaal. Si nous sommes capables de nous surpasser, de nous dépasser et d'oublier nos personnes et nos ambitions pour n'avoir comme objectif que de créer les conditions pour redresser le Sénégal et le reconstruire sur de nouvelles bases, nous aurons répondu à l'atteinte du peuple sénégalais. Mais, si nous nous cantonnons à ne concevoir que nos intérêts partisans au niveau de nos partis politiques, nos intérêts individuels en tant qu’êtres humains, et surtout des ambitions sectaires, alors nous aurons raté le coche et nous aurons déçu le peuple. En tout cas, moi, Moustapha Niasse, je m'interdis formellement de m'inscrire dans une dynamique de recherche des moyens pour préserver ma personne ou mes idées ou les idéaux auxquels je crois. Tout en étant dans Benno Siggil Senegaal, je préfère militer pour les idéaux de Benno Siggil Senegaal dont le premier idéal est de créer les conditions pour redresser ce pays. Mais, il y a une première condition, c'est le départ d'Abdoulaye Wade. Mais si nous nous cantonnons seulement au départ du président Wade, c'est que nous n'avons pas pensé aux Sénégalais. Abdoulaye Wade doit partir ; son régime doit s'effacer. Mais c'est un régime composé de ressources humaines, plurielles, provenant de divers horizons. C'est dans ces conditions qu'il y a lieu de faire partir Abdoulaye Wade parce que l'après-Abdoulaye Wade est plus important que le départ même d'Abdoulaye Wade.

’Wade n'attendra 2012 que contraint et forcé par les évènements et par la vision qu'il se sera faite des conditions dans lesquelles il se soumettrait au suffrage des Sénégalais’

Wal fadjri : Dans quel cadre envisagez-vous d'aller aux élections ? Ce sera dans un cadre unitaire ou pluriel ?

Moustapha NIASSE : Nous n'en avons pas encore discuté. Jamais Benno n'a consacré une seule de ses réunions à la question de savoir s’il faut une candidature unique ou plurielle. Moi, personnellement - je ne pense pas à moi - je pense qu'il faut aller à l'unité. Je ne veux pas parler de candidature. Mais nous devons aller aux élections prochaines anticipées ou à date fixe en l'an 2012, ensemble, en nous tenant la main. C'est ça que le peuple sénégalais attend de nous, en nous oubliant, en oubliant nos ambitions. Et que le moment venu, au nom de cette exigence d'unité, de solidarité et d'une exigence de respect au peuple sénégalais, que nous allions ensemble aux élections. Je ne veux pas parler de candidature. J'ai dit que 2012, ce n'est pas maintenant. Il est prématuré d'aller dans un débat sur la candidature unique ou plurielle. C'est un piège que Wade nous a tendu en déclarant depuis Washington, une déclaration qui n'a rien, peut-être, à avoir avec les élections. Moi, je m'interdis de parler de candidature unique ou plurielle parce que ce n'est pas le moment et ce n’est pas la priorité à mon avis.

Wal fadjri : Mais, il faudra en parler un jour. Et ce sera quand ?

Moustapha NIASSE : Il faut y réfléchir maintenant et en parler seulement quand le moment sera venu. Nous aurons ensemble instauré un débat en notre sein, un débat sur la question pour aller au fond des choses. Aujourd'hui, les uns et les autres en parlent alors que jamais on n'en a parlé au cours d'une réunion formelle des instances de Benno Siggil Senegaal.

Wal fadjri : De toute façon, il faudra une date limite

Moustapha NIASSE : Il faut nécessairement, à mon avis si les élections, comme il se doit, ne devaient avoir lieu qu'en 2012, donc à un an des élections, que la question soit réglée à la fin de 2010. Si nous nous mettons d'accord sur le principe de l'unité, je ne vois pas parmi les leaders de Benno, des gens assez audacieux, assez téméraires pour tourner le dos à l'unité. Sinon, ce serait tourner le dos à l'idéal qui a fondé, dès le départ, Benno Siggil Senegaal. Cela fait en notre sein, et une fois que nous aurons discuté de la candidature unique ou plurielle en fonction des avantages que le peuple peut en tirer, et surtout au-delà de faire partir Abdoulaye Wade, nous allons mettre un programme qui aura été élaboré au préalable, qui aura été porté à l'attention du peuple, qui aura été discuté dans les 14 régions du Sénégal. Une fois que cela est fait, on règlera le problème de la candidature. Moi, je refuse d'en parler maintenant. Franchement, je considère que c'est prématuré. (…).

Wal fadjri : Vous aurez, en face, un coalition que le président de la République a présenté hier (mardi 18 novembre). En avez-vous peur ?

Moustapha NIASSE : Cette alliance n'a fait l'objet que d'une annonce. Je n'ai pas peur de cette alliance si elle devait exister. Vous savez, les planètes Saturne, Mars, Venus, Uranus, sont en alliance depuis cinq milliards d'années. Mais, l'ordre dans lequel Dieu les a placés n'a jamais varié. N'est-ce pas que tout part de la planète Mars et tourne autour, y compris la Terre. Si c'est une alliance comme celle-là que Wade veut, qu'il aille parce qu'il prétend que cette alliance va être dirigée par une coordination nationale dont la présidence sera tournante tous les trois mois. Ce sont des annonces et les annonces, je crois que les Sénégalais les connaissent suffisamment. Attendons de voir ce que cela va donner. De toute manière, il y a une alliance avec la Cap 21. (…).

‘L’éventualité de la suppression du second tour avait été commanditée par Abdoulaye Wade lui-même’

Wal fadjri : Le président Wade a dit qu'il pense qu'il ne faille pas supprimer le deuxième tour des élections présidentielles après que l’idée a été agitée par certains de ses partisans. Etes-vous rassuré ?

Moustapha NIASSE : J'espère que cette annonce est définitive parce que ceux qui ont promu ou essayé de promouvoir l’éventualité de la suppression avaient été commandités par Abdoulaye Wade lui-même. Je suis sûr que c'est lui qui leur a demandé de lancer cette bombe pour voir quelle serait la réaction populaire et la réaction des acteurs politiques, de l'opinion interne et de l'opinion internationale. Une levée de bouliers a répondu à cette annonce. Plusieurs fois, des alliés de Wade, qui sont proches de lui, ont agité cette idée. J'ai vu hier (mardi 17 novembre, Ndlr), un sénateur, membre de son parti, dire qu'il est favorable à la suppression du deuxième tour. Sans doute n'avait-il pas encore pris connaissance de l'annonce faite par son président. Mais encore une fois, c'est du Wade. J'espère vivement que cette annonce soit définitive parce que ce serait grave qu'Abdoulaye Wade qui est arrivé au pouvoir par la faveur de ce deuxième tour, veuille, une fois qu'il est devenu président de la République, démonter la passerelle qui lui permet de traverser le gué et la jeter à l'eau pour que personne ne traverse plus. Ce serait malheureux. Mais attendons de voir ce que cela va donner.

(…)

Wal fadjri : Le directeur de cabinet du président Wade, Habib Sy, dit qu'on doit oublier le dialogue politique entre l'opposition et le pouvoir. Quelle est votre réaction ?

Moustapha NIASSE : L'idée du dialogue politique est partie du cabinet de Wade et de Wade lui-même. Donc ils avaient ouvert le ban, comme on dit chez les militaires. Si donc, le cabinet de Wade dit qu'il faut oublier le dialogue politique, c'est que Wade a fermé le ban. Ouvrez le ban, fermez le ban, mais le ban est toujours entre ses mains. De toute manière, nous, nous n'avons pas voulu d'un dialogue politique qui soit une sorte de scène théâtrale où l'on agite des faussetés, des illusions, des traquenards, et des obstacles, où des pièges se multiplient du jour au lendemain, où un homme en perte de crédibilité sur le plan interne et sur le plan international, voulait redorer son blason en se donnant l'image de quelqu'un de démocrate qui s’ouvrait à son opposition et qui essayait de parler avec elle des mécanismes pour que le pays se réhabilite et se remette à marcher. Nous n'avons pas voulu de ce dialogue de sourds, de ce dialogue bidon. Nous avons posé des conditions inacceptables au regard de Me Wade. Si donc, devant cette situation, il décide de fermer la voie à tout dialogue, il en prend la décision et l'entière responsabilité. Nous restons, quant à nous, ouverts à un dialogue national, le moment venu, lorsque les conditions seront créées.

(A suivre dans notre édition de demain)



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