Quelle conjoncture truffée de défis pour le nouveau Président ! Dans notre voisinage immédiat, couvent, surgissent puis se pérennisent des crises dont les ondes de choc ne rateront pas le Sénégal. Tellement, les trois pays de cet environnement chargé de périls potentiels et / ou réels (Guinée-Bissau, Mali et Mauritanie) sont proches voire soudés au Sénégal. A cet égard, un regard bien appuyé sur la carte, autrement dit, un parfait inventaire des servitudes de la géographie, renseigne autant que les notes diplomatiques les mieux élaborées et les articles de presse les plus fouillés.
Au sud du Sénégal, le vainqueur du scrutin du 25 mars prochain aura, à prémunir la Casamance déjà atteinte de vérole séparatiste, des laves déstabilisatrices du volcan tantôt en pause, tantôt en éruption que constitue la Guinée-Bissau où l’armée possède son Etat, et non l’inverse. Une équation bissau-guinéenne qui n’a cessé de booster le cancer politico militaire dont souffre interminablement la Casamance. Aujourd’hui, la météo politique chez ce voisin est plus près d’annoncer un avis de tempête que de prévoir une éclaircie de longue durée. Un cumul de signaux affolants en fait foi.
En effet, quelques heures après le déroulement impeccable du scrutin présidentiel, le Colonel Samba Djalo ex-directeur des renseignements militaires a été froidement abattu. Une élimination qui montre que les mœurs politiques ont la peau dure dans un pays où, depuis l’année 2000, les Présidents démocratiquement installés via des élections transparentes, ne terminent jamais leurs mandats. Elu en 2000, Kumba Yalla est renversé en 2003. Vainqueur de la présidentielle de 2005, Nino est tué en 2009. Successeur de Nino par les urnes, Malan Beccai Sanha est mort avant le terme de son mandat, après avoir surmonté, donc survécu à l’affrontement triangulaire entre les Généraux Zamora Induta, Antonio Njaie et l’Amiral Americo Gomez alias Bubo Na Tchuto.
Le chevauchement des échéances électorales en Guinée-Bissau et au Sénégal (mois de mars 2012) présage-t-il des lendemains de concertations stratégiques en vue d’une stabilité partagée, donc bénéfique à la Casamance ? Normalement, c’est la démarche que dicte le réalisme. A condition que Bissau domine ses vieux et coriaces démons. Parmi ceux-ci, figurent les fissures corrélées par des rivalités au sein du Paigc, le parti libérateur du pays et vainqueur (très probable) de la présidentielle, avec son insubmersible candidat et non moins inamovible Premier ministre, Carlos Gomes Junior. En clair, l’investiture de Gomes Junior favorise, de prime abord, le maintien du cap pris vis-à-vis du Sénégal, par feu Malan Beccai Sanha. Mais tout cela est tributaire du sentiment très peu « sénégalophile » qui prévaut dans les casernes, véritable et ultime siège du pouvoir à Bissau où le chef de l’Etat reste un président potiche par rapport aux officiers faiseurs de roi.
Mais, la donne nouvelle – qui brise la grille d’analyse habituelle et rassurante jusque-là – est que l’Angola parraine le prochain homme fort de Bissau. Quand on sait que l’Angola dispose d’un contingent militaire en Guinée (le seul corps expéditionnaire angolais en Afrique de l’Ouest) on appréhende les conséquences qu’un possible coup de barre à Bissau (changement d’orientation politique) pourrait imprimer aux enjeux sous-régionaux. Il s’y ajoute que Carlos Gomes Junior est catalogué comme le chef du clan anti-Nino qui n’a jamais pardonné au défunt Président, sa collusion militaire avec le Sénégal à travers l’opération Gabou déclenchée en 1998. Dans un pays où le nationalisme est à fleur de peau, cette escapade destructrice des Jambars nourrit encore les ressentiments. Avec les répercussions que l’on devine en Casamance. Dernière minute : le Chef d’Etat-major, le Général Antonio Njai aurait demandé à l’Angola, de rapatrier ses soldats.
A l’est du Sénégal, l’Etat voisin du Mali craque et s’installe dans l’antichambre de la désintégration, depuis la mi-janvier 2012. Le nord s’est militairement et politiquement détaché sous la houlette d’une rébellion armée, pour se constituer en Etat de l’Azawad, appellation ancestrale, en tamasheq ou langue touareg, de la région septentrionale. Cette république de l’Azawad non encore reconnue par la communauté internationale, a un Président qui s’appelle Hama Ag Mahmoud, ancien ministre du Général Moussa Traoré et ex-Conseiller Spécial du Président Alpha Oumar Konaré. La capitale provisoire du nouvel Etat est la ville conquise de Ménaka où flotte un drapeau différent de celui du Mali. En attendant la chute de Gao (encore contrôlée par l’armée de Bamako) le Président de l’Azawad vit en exil en Mauritanie. C’est kafkaïen mais malien, c’est-à-dire dangereusement observé aux portes orientales du Sénégal. Du coup, la crise malienne sera, par ses incidences sous-régionales, un dossier durablement en bonne place sur la table du Président Macky Sall. Sa genèse et son déroulement posent les jalons d’un chambardement géopolitique sans précédent. Et tout y passe et s’y révèle sous un jour inquiétant : vulnérabilité de la souveraineté nationale, faiblesse des outils de défense, déficit de solidarité sous-régionale et primauté des intérêts des grands pays sur ceux des petits, etc.
Au commencement des malheurs du Mali, il y a les débordements de la guerre civile en Algérie. Sans y être invités, les islamistes algériens du Groupe salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC) ont constitué des sanctuaires dans le nord du Mali, pour échapper au rouleau compresseur de la puissante armée algérienne. L’embryon d’Al Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) a ainsi pris forme, puis s’est développé en agrégeant des intégristes locaux (citoyens maliens, mauritaniens et nigériens) et des trafiquants de drogue. Plus récemment, Aqmi s’est « enrichie » de l’apport des radicaux nigérians du Boko Haram et de l’expertise de la filière pakistanaise des Talibans. Bref, une nébuleuse terroriste a violé et occupé une portion du territoire de l’Etat souverain du Mali qui, faute d’armée véritable, a baissé pavillon. Conséquence : la zone est devenue le pénitencier des otages occidentaux que les combattants d’Aqmi raflent des rives mauritaniennes de l’Atlantique jusqu’au désert nigérien du Ténéré.
Incapable de libérer ses otages sans l’implantation d’un chapelet de bases à Bamako, Mopti et Tessalit (requête repoussée par les Maliens, héritiers du nationalisme de Modibo Keita) la France a actionné la « cinquième colonne » touarègue pour atteindre ses objectifs. Une action favorisée par la victoire de l’Otan sur la Libye de Kadhafi. Le but de la manœuvre de Paris est la création d’un Etat (fantoche) des Touaregs, ces renards du désert, qui chasseront militairement Aqmi, libéreront les otages et offriront en guise de reconnaissance, la base stratégique de Tessalit. Laquelle ouvre et verrouille l’entrée du Hoggar, c’est-à-dire le sud de l’Algérie. Perspective peu enchanteresse pour Alger qui sûrement ne sera pas passive.
Pour l’heure, l’armée malienne en révolte contre l’impéritie et l’incurie d’un gouvernement incapable de faire la guerre, a creusé la tombe d’une fabuleuse expérience démocratique. Du coup, l’élection présidentielle du 29 avril, est hypothéquée. La leçon malienne que Macky et ses conseillers doivent tirer est la suivante : une guerre civile accélérée (Nord-Mali) et un conflit civil prolongé (Casamance) sont les meilleures machines de promotion politique des armées. Donc des sources de coups d’Etat militaires. Justement, le putsch du Sanogo à Bamako a eu une résonance affolante qui refroidi les ardeurs des faucons autour de Wade. Et, par ricochet, sauvé le Sénégal de toute velléité de confiscation du pouvoir.
Dans cette stratégie anti-ATT, la France a eu pour alliée la Mauritanie dont le Président, le Général Mohamed Abdelaziz est devenu le Gurkha des Occidentaux dans la lutte contre le péril islamiste. Rôle accepté avec d’autant plus d’enthousiasme par le Général putschiste de Nouakchott, qu’il lui offre un parfait exutoire par rapport à la crise politique et sociale sans issue qui sape les bases de son régime. Cependant, certains observateurs rattachent les agissements de Mauritanie dans la crise malienne (incursions armées et manipulations des élites touarègues) à une guerre cachée que le Général mène contre une opposition mauritanienne armée secrètement diluée dans Aqmi et téléguidée depuis le Qatar, par le Président déchu Ould Taya. Vrai ou faux, la Mauritanie tourne le dos à la solidarité minimale qu’induit la charte de l’Organisation de mise en valeur du Fleuve Sénégal (OMVS) à laquelle elle a souscrit. En tout état de cause, la collusion de la Mauritanie avec une puissance non africaine (La France) pour redessiner, par le feu, la carte du Mali, doit accentuer la vigilance des dirigeants sénégalais qui constatent ainsi que les organisations sous-régionales sont loin d’être de solides instruments de solidarité et de sécurité.
Les tâches d’auxiliaire assignées à la Mauritanie dans la région saharo sahélienne, viennent d’être mises en relief par l’arrestation du Colonel et beau frère de Kadhafi, Abdallah Senoussi. Quand on connaît l’efficacité des services secrets du Maroc forgés par le fameux Général Oufkir, comment admettre que ce pays n’ait pu déceler, à la police de l’Air de Casablanca, un passeport trafiqué avec le nez cassé de ce Senoussi (ex-chef des espions de Kadhafi) que toutes les barbouzes du monde connaissent bien ? D’autant que la sécurité nigérienne l’avait localisé, en octobre 2011, près de la ville malienne de Kidal. Wade (le télégraphiste de Benghazi) doit bien mesurer la menace que représente la promenade des derniers fidèles du Guide libyen, le long des frontières du Sénégal.
Au plan bilatéral, Nouakchott développe une vigilance permanente et quasi-guerrière vis-à-vis du débit et de la répartition des volumes d’eau du Fleuve Sénégal. La rigidité du gouvernement mauritanien sur la question n’est pas étrangère à l’abandon du projet du « Canal du Cayor » et l’évolution traînante de la revitalisation des vallées fossiles. . Elle a engendré aussi une furtive crise entre les deux pays au début de l’alternance. Enfin, la fermeté de la Mauritanie a entrainé le gel du programme (cher à Wade) de Réseau Hydrographique National. A propos du partage des eaux du Fleuve Sénégal, la Mauritanie est prête pour la guerre.
Voilà un faisceau de défis qui s’amoncellent dans la sous-région, et s’ajoutent par effraction aux volets prioritaires du programme de Macky Sall. A la différence des questions nationales autour desquelles on peut ruser pour différer ou amortir les chocs, les défis dans la sous-région, cadenassent le Sénégal dans un écheveau de périls ; notamment au nord et à l’est ; tandis qu’au sud, le chaudron de la Guinée-Bissau n’est pas fait pour refroidir la Casamance
49 Commentaires
Nicolassarkozy Elysee.fr
En Mars, 2012 (12:24 PM)L'Union européenne a salué lundi le second tour de l'élection présidentielle au Sénégal, qui a vu le succès du candidat d'opposition, comme "une grande victoire pour la démocratie au Sénégal et en Afrique". "Aujourd'hui, c'est une grande victoire pour la démocratie au Sénégal et en Afrique. Le Sénégal est un très bon exemple pour l'Afrique" a déclaré Michael Mann, le porte-parole de la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton.
"Nous rendons hommage aux citoyens sénégalais qui sont allés voter dans le calme. Nous les félicitons pour leur esprit démocratique" a-t-il ajouté. Le second tour a vu la victoire de l'opposant Macky Sall face au président sortant Abdoulaye Wade qui a reconnu sa défaite, à l'issue d'un processus électoral marqué avant le premier tour par des violences meurtrières. L'UE avait dépêché 90 observateurs pour superviser le processus électoral.
Ss
En Mars, 2012 (12:29 PM)Xeuss
En Mars, 2012 (12:31 PM)Kloity
En Mars, 2012 (12:32 PM)Pouye75
En Mars, 2012 (12:33 PM)Sacré baroudeur de plume ce gars,j'adore son style!
Dommage,la plume se meurt...
Zall
En Mars, 2012 (12:33 PM)Webster
En Mars, 2012 (12:33 PM)Depuismars
En Mars, 2012 (12:36 PM)Kiki
En Mars, 2012 (12:37 PM)Peuple
En Mars, 2012 (12:37 PM)Cet homme ne sait pas qu'en disant ce mensonge, il a alimenté une psycose au niveau du peuple qui ne demandait que de l'apaisement.
Il n'est pas analyste, il est juste non patriote.
Justin
En Mars, 2012 (12:38 PM)Espèce de manipulateur.con!!!!!
Xuly
En Mars, 2012 (12:39 PM)et d'autres declarations du genre, Wade n'organise pas des elections pour les perdre.
Et "big Dansk" (Dansoko) de rencherir si Wade participe a 'l'election il va l'emporter!!!
Vivemenmt qu'il aille tous a la retraite avec WaDE.
Al Gore
En Mars, 2012 (12:40 PM)Cxivir
En Mars, 2012 (12:40 PM)Macky Sall a fêté sa victoire avec les annonces typiques d'un président qui ne tiendra pas ses promesses : "Le grand vainqueur reste le peuple sénégalais"... "Ce soir une ère nouvelle commence pour le Sénégal"... ou encore "Je serai le président de tous les Sénégalais".
_kikina
En Mars, 2012 (12:41 PM)Liou
En Mars, 2012 (12:41 PM)Ert
En Mars, 2012 (12:42 PM)je suis content pour le Sénégal mais inquiet pour nos parents maliens
Ab34222
En Mars, 2012 (12:44 PM)Wade part ou pas? repon vieux menteur usurpateur
Doul kat diakhasekat. il faut un nouveau type d'analyste ,
Pa tu ferme ta bouche ça va nous faire du bien laisse nous
Savouré svp ,.:::@(()€
Babuche
En Mars, 2012 (12:46 PM)Un Patriote
En Mars, 2012 (12:50 PM)toi tu aimes trop la guerre, et sa se voit sur tes ecrits, tu aimes trop les mots commando, guerilla, contingeant, wade en genral de guerre,
tu est allé juska dire que wade ne bougera pas,
justin soit plus sénégalais quand meme, ta façon de faire des analyses est comme celle de nos voisins de la sous region, ki ne connaissent que, coup d'etat, confiscation du pouvoir, dictature etc..;
le Sénégal a depassé cela
Revois ta maniere d'analyser STP
God Bless All
En Mars, 2012 (12:52 PM)Toi ce ne sont pas les ethnies senegalaises que tu détestes, en réalité tu n'aimes pas ton prochain.
Hi
En Mars, 2012 (12:53 PM)Modou Amerik
En Mars, 2012 (13:02 PM)Mkrb
En Mars, 2012 (13:05 PM)L Oeil
En Mars, 2012 (13:11 PM)Lol
En Mars, 2012 (13:12 PM)c 'est lui qui disait que "wade ne bougeras pas "
Baye Fall Diop
En Mars, 2012 (13:18 PM)Mack
En Mars, 2012 (13:18 PM)Bul Falle
En Mars, 2012 (13:26 PM)AU REVOIR MONSIEUR LE DÉMAGOGUE CAR TU NE PEUT TROMPER PERSONNE.
Yagg All
En Mars, 2012 (13:42 PM)Indigné
En Mars, 2012 (13:43 PM)Xxll
En Mars, 2012 (14:05 PM)Petasss
En Mars, 2012 (14:13 PM)Sunu
En Mars, 2012 (14:32 PM)C'est regrettable.
Papy1
En Mars, 2012 (14:52 PM)Diop
En Mars, 2012 (14:54 PM)Liban esclavagisme: une Ethiopienne qui se fait battre par son maitre
Ugb
En Mars, 2012 (15:07 PM)Moourid
En Mars, 2012 (15:24 PM)911
En Mars, 2012 (16:26 PM)Libyens
En Mars, 2012 (16:27 PM)Au moins Khadafi avait un bon coté, il obligeait ces barbares à bien se tenir.
Herma
En Mars, 2012 (16:53 PM)Niang
En Mars, 2012 (16:56 PM)Diya
En Mars, 2012 (16:57 PM)Samba Gueladio
En Mars, 2012 (17:21 PM)Bravo M Ndiaye.
Zoé
En Mars, 2012 (20:40 PM)Thug-life
En Mars, 2012 (21:03 PM)Oracio221
En Mars, 2012 (00:10 AM)Grand Pa
En Mars, 2012 (02:17 AM)Amilcar Cabral
En Mars, 2012 (03:11 AM)Participer à la Discussion