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Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Politique

MAÎTRE MBAYE JACQUES DIOP : « Je n’ai jamais vécu au PS l’amitié et la considération que Wade m’a vouées au PDS… »

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MAÎTRE MBAYE JACQUES DIOP : « Je n’ai jamais vécu au PS l’amitié et la considération que Wade m’a vouées au PDS… »
* « Au parti socialiste, j’étais mis à l’étroit »

* « J’ai connu les pires privations, brimades et vexations avec le Ps »

*« …Pas un seul instant, je n’ai regretté ma proximité avec Wade »

* « Le bilan de Wade c’est un tout, difficile à détailler »

* « La réélection de Wade est un point de la plateforme sociale »
Le nom de Mbaye Jacques se confond à la ville de Rufisque, dont il a géré pendant dix neuf années la municipalité, avant de la quitter à la faveur d’une délégation spéciale. Très tôt engagé en politique, le président de l’association nationale des porteurs de pancartes, revient avec nostalgie sur les péripéties de notre indépendance. Devenu libéral entre les deux tours de l’élection présidentielle de 2000, il considère la fusion entre son parti le PPC et le PDS, comme un mariage de raison. Dans son nouvel engagement aux côtés du président de la République, Mbaye Jacques Diop se positionne à l’avant-garde du combat pour l’émergence du Sénégal. A cœur ouvert, l’actuel président honoraire du Conseil Economique et Social, s’est livré sans détours au questionnaire du Messager….


Le Messager : Vous êtes devenu membre de la mouvance présidentielle depuis la fusion entre le PPC et le PDS. Après dix années de gestion de l’Etat, comment appréciez-vous votre compagnonnage avec Wade ?

Me Mbaye Jacques Diop : Je voudrai tout d’abord, apporter une rectification qui me paraît importante sinon fondamentale. Je suis de ceux qui accompagnent le président Wade depuis la mise sur pied du Front pour l’Alternance (FAL). Autrement dit, j’ai commencé à cheminer avec lui entre le premier et le deuxième tour de l’élection présidentielle de 2000. J’aime également rappeler que je l’ai rejoint à un moment incertain, où personne ne savait qui allait remporter le scrutin entre Wade et Abdou Diouf. Une décennie après, je m’honore aujourd’hui plus qu’hier d’être parmi ceux qui ont voté et fait voter en sa faveur en 2000 et 2007.

Le Messager : En tant que président de l’Association Nationale des Porteurs de Pancartes, quelles sont les mutations qui vous ont marqué dans votre parcours politique ?

Me Mbaye Jacques Diop : Je suis un ancien responsable du mouvement des jeunes du BDS de Senghor, celui du BPS, de l’UPS et du PS. Ma carrière politique a donc commencé pour prendre un évènement daté, depuis le congrès des jeunes du BDS en 1954 à Louga, à l’issue duquel j’ai été élu secrétaire à l’organisation.

Le secrétaire général que nous avions élu à l’époque (paix à son âme), s’appelait Mamadou Alkali Diouf. Nous étions avec d’autres camarades dont la plupart ne sont plus de ce monde. C’est le cas de mon ami Mansour Bouna Ndiaye, qui faisait à l’époque office de trésorier général. Il y a encore Ababacar Mbaye Ndir, Gallo Nguer de Thiès, Lamine Sarr, un ancien député de Foundiougne, qui étaient tous, plus âgés que moi. Ce qui veut dire que je me suis très tôt engagé en politique. Après le congrès du BDS, il y eut entre temps la fusion entre le BDS de Senghor et l’UDS / RDA d’ Ablaye Guèye « cabri » et de Thierno Bâ. En 1956, Senghor avait réussi à fusionner sa formation politique avec l’Union Démocratique Sénégalaise section RDA de Houphouët Boigny qui était un parti plus ou moins communisant ou communiste. Bref un parti de gauche. Des camarades de grande envergure politique dont le mérite a été démontré au cours de l’histoire. Avec également l’absorption d’autres ténors tels

qu’ Abdoulaye Ly, Amadou Makhtar Mbow, Doudou Thiam entre autres. Cette fusion qui s’est opérée en 1956, a dû donner naissance au Bloc Populaire Sénégalais (BPS). Donc nous autres jeunes du parti, avions aussi tenu notre congrès pour aller dans la mouvance de la fusion, ainsi que d’autres congénères engagés et qui étaient issus de l’ex UDS / RDA. C’est donc en 1957 à Thiès, que nous avons tenu le congrès des jeunes du PPS et durant la même année, j’ai été réélu secrétaire à l’organisation et à la propagande. Amadou Ndéné Ndaw de Kaolack en était le secrétaire général, Alioune Diop secrétaire général adjoint, Amadou Racine Ndiaye de Dakar, le trésorier général, Sanor Diouck de Thiès, le secrétaire administratif, Atoumane Ndiaye de Rufisque, secrétaire administratif adjoint. Je m’arrête là pour vous dire que les statuts du parti de l’époque disaient de manière claire que : « en congrès, les jeunes élisent trois membres qui devaient les représenter au bureau politique du PPS ». En Janvier 1958 à Dakar, une autre fusion s’opère entre le BPS de Senghor, Mamadou Dia, Ablaye Guèye, Ablaye Ly et le Parti Sénégalais d’Action Socialiste (PSAS) de Lamine Guèye, avec ce que l’on appelait à l’époque les socialistes unitaires incarnés par Abdoulaye Fofana et Obèye Diop entre autres. C’est cette fusion qui a été à l’origine de l’UPS. Alors, les jeunes ont à nouveau conduit leur délégation pour se faire représenter au sein du bureau politique de cette nouvelle formation. Nous avons ainsi été reconduits Ndéné Ndao, Racine Ndiaye et moi-même, plus maintenant la direction des jeunes issus du PSAS de Lamine Guèye, avec Amadou Makhtar Diop de Rufisque et du MSUS de Ousmane Socé Diop, avec Maguette Birama Sarr. Nous étions donc cinq à représenter les jeunes à la direction de l’UPS et le 13 Mai 1958, les évènements d’Alger ont éclaté, occasionnant le retour du Général De Gaulle au pouvoir. En Juin et Juillet de la même période, l’UPS en tant que parti politique majoritaire au Sénégal, unique et unifié avec d’autres formations politiques des territoires d’outre mer comme le Niger, la Guinée, le Soudan Français, le Tchad, le Dahomey etc, tiennent un congrès continental à Cotonou. C’était dans le cadre d’un courant supra national dénommé PRA, qui était quelque part une réplique du Rassemblement Démocratique Africain de Houphouët Boigny. C'est-à-dire que Senghor et ceux qui pensaient comme lui, ont créé le Parti du Regroupement Africain, avant de convoquer le congrès du PRA à Cotonou les 25, 26 et 27 Juillet 1958 et auquel j’ai eu la chance de prendre part, alors que j’avais vingt deux (22) ans, à côté de tous les grands leaders qui n’étaient pas de la mouvance de Houphouët. Je peux citer dans l’ordre Bacary Djibo du Niger ; Fily Dabo Cissokho du Soudan ; Barry 3 et Barry Diawandou de la Guinée ; Hubert Maga de l’ancien Dahomey devenu le Bénin ; Gabriel Lisette du Tchad etc. Tous ces grands noms dont la plupart étaient des députés et conseillers de l’Union Française, ont tenu ce congrès sous la houlette de Léopold Sédar Senghor.

Le Messager : Alors, quel rôle avez-vous joué dans l’avènement de notre indépendance ?
Me Mbaye Jacques Diop : Durant la même période de Juillet 1958, il y avait un bouillonnement intellectuel et politique intense et pour nous autres, le moment était venu d’aller vers l’indépendance. Déjà au congrès de 1957 à Thiès, notamment celui de l’Union des Jeunes du PPS, nous avions posé la question de l’indépendance et là j’ouvre une parenthèse pour vous signaler qu’en Juillet 1957, le Parti Africain de l’Indépendance (PAI), naissait aussi à Thiès avec le même mot d’ordre que nous : l’accession du Sénégal à la souveraineté internationale. Mais nous avions été freinés dans notre élan par nos anciens, dont Abdoulaye Ly et Ablaye Guèye, dépêchés à notre congrès pour nous demander d’attendre que la direction du parti se prononce pour adopter une telle position. Pour revenir au congrès de Cotonou, retenez que trois mots d’ordre avaient été lancés. Il s’agissait de : l’indépendance immédiate ; la formation d’une nation fédérale Africaine et une confédération multinationale avec les peuples libres et égaux. Au mois d’Août 1958, le Général De Gaulle, entame son périple Africain par Madagascar, puis au Congo Brazzaville, ensuite en Côte d’Ivoire et en Guinée Conakry, avant d’atterrir à Dakar le 26 du même mois. Je vous signale qu’auparavant, il avait été partout bien accueilli par les populations sauf en Guinée, où le président Sékou Touré s’était radicalisé. Un mois exactement après la tenue de notre congrès, comme j’étais le secrétaire à l’organisation des jeunes et à la propagande, j’étais également le maître d’œuvre de cet accueil à la fois historique et responsable, de De Gaulle à Dakar. Ceci, après deux réunions de bureau politique tenus à cet effet, pour affûter notre stratégie en faisant confectionner nos banderoles et pancartes, sur lesquelles étaient bien inscrits les mots d’ordre de Cotonou afin de lui souhaiter la « bienvenue » à notre manière. Valdiodio Ndiaye, qui devait prononcer son discours, est venu nous voir le 25 dans l’après midi, accompagné de Jean Collin et

d’ Abdoulaye Ly, pour nous donner la primeur de son discours. Voilà des faits vérifiables auprès des témoins vivants et c’est pourquoi il ne faudrait pas insulter l’histoire. Les jeunes de l’UPS étaient plus nombreux que tous les autres au niveau des sections. Nous avions quadrillé Dakar en quatre secteurs avec à leur tête des chefs tels que Nguirane Ndoye ; Serigne Babacar Diop ; Mame Ciré Thiam, pendant que je m’occupais du Plateau, précisément la place Protêt (actuelle place de l’indépendance). Là où devait se tenir la rencontre avec le Général De Gaulle, parce que j’étais le plus responsable. Nous avons fait ce que nous avions jugé normal de faire. De Gaulle s’en est allé avec l’ancien gouverneur de l’AOF, devenu ministre de la France d’outre mer, qui était de sa délégation, non sans lui intimer l’ordre de rester à Dakar le temps qu’il faudra pour régler le problème de notre pays. Parce qu’il n’était pas question pour lui que la colonie du Sénégal bascule vers le « Non ». A la place Protêt, il y avait certes quelques éléments du PAI, mais les photos et autres images d’archives montrent à 99 %, les pancartes des jeunes de l’UPS et quelques pancartes du Mouvement Populaire Sénégalais (MPS) de Doudou Guèye. Il y avait aussi quelques étudiants de l’Union Générale des Etudiants de l’Afrique Occidentale (UGEAO) et d’autres camarades rentrés de la France pour passer leurs vacances. Et il faut le dire, car à l’époque le PAI ne comptait pas trois cent (300) membres, même si on peut reconnaître le mérite de Majmouth Diop, qui a su au moment où le Sénégal n’était pas encore structuré, accompagner la dynamique d’indépendance avec son fameux « Moom Sa reew », là où nous autres scandions le slogan « Joot Sa reew ». Les 26 et 27 Août, tout ce que le Sénégal comptait comme forces féodales, notamment les chefs de canton, chefs coutumiers et religieux se sont mobilisés, manipulés qu’ils étaient pour faire voter « Oui ». Mieux, nos parents Lébous avaient même accepté que le Cap Vert devienne un département Français au cas où la majorité voterait en faveur de l’indépendance. En ce moment, il y eut une tension ambiante extrême dans notre pays du fait des positions divergentes que la convocation de tous les chefs de canton à Dakar à la veille du référendum, recouvre encore de tout son mystère. Mamadou Dia et Senghor qui s’étaient absentés, reviennent de leurs vacances et commencent à réunir les instances de l’UPS section Sénégalaise du PRA, pour leur demander est-ce qu’il faudrait se conformer au mot d’ordre de Cotonou ou non. Je dois signaler aussi que nous avions toutes les difficultés du monde à trouver un accord, malgré les multiples réunions du comité exécutif qui se tenaient à la salle des fêtes de Rufisque. Des réunions qui tiraient en longueur jusqu’au petit matin, sans que nous puissions réellement trouver un terrain d’entente. Mamadou Dia était donc à la tête d’une délégation envoyée à Conakry pour s’enquérir de l’état de la situation auprès du président Sékou Touré, tandis qu’une autre délégation conduite par feu Diaraf Diouf, était dépêchée chez Bacary Djibo du Niger. Après leur retour, la situation perdurait toujours dans le statu quo, alors que nous ne voulions pas que les partisans du « Non » soient systématiquement mis en minorité. C’est à ce moment là, que nous sommes allés chez Amadou Gabin Guèye à Rufisque, pour mettre sur pied le PRA / Sénégal et signer le manifeste du 20 Août 1958. Il s’agissait pour nous signataires de rester fidèles au mot d’ordre de Cotonou. Une semaine après, c'est-à-dire le 28 Septembre, c’était le vote et nous n’avions ni moyens, ni assez de temps pour battre campagne, alors que les forces féodales étaient déjà « préparées » pour le « Oui ». C’est pourquoi, nous n’avons pas pu faire comme la Guinée, qui a pratiquement arraché sa souveraineté. C’est ce qui a fait qu’ également, nous n’avons pas eu la même situation que Bacary Djibo au Niger qui, malgré le fait qu’il ait fait voter « Non », a été battu par les forces féodales de son pays. Lesquelles ont installé juste après Hamani Diori. C’est ce qui expliquait aussi l’hésitation de Senghor et Mamadou Dia, qui ont finalement pris la pleine mesure de la situation pour voter « Oui ». Toutefois, nos efforts n’ont pas été vains, car quelques temps après, le Général De Gaulle est revenu à Dakar et Saint Louis, où il fera face à une pression telle qu’il ne pouvait plus résister devant notre volonté ferme d’aller à l’indépendance. Je rappelle au passage que dès 1959, le Sénégal et le Soudan s’étaient déjà réunis dans la fédération du Mali grâce aux porteurs de pancartes.

Le Messager : Quelle comparaison faites-vous des trois chefs d’Etat Sénégalais que vous avez eu l’honneur de côtoyer ?

Me Mbaye Jacques Diop : Vous savez, le Sénégal a aujourd’hui cinquante ans. Cela veut dire qu’Abdoulaye Wade a fait dix ans à côté des quarante années que se partagent équitablement Senghor et Abdou Diouf, auxquels je rends hommage. A chacun d’entre eux, je crois que le Sénégal lui est redevable. Senghor a fait de sorte que nous ayons une nation rassemblée, vivant en parfaite harmonie, sans aucune considération de race, d’ethnie ou de religion. Il a aussi ouvert les voies de la démocratie. Une petite anecdote et clin d’œil au président Wade : en 1974, j’étais le secrétaire permanent de l’UPS, et directeur de l’école des cadres du parti socialiste. Quand en 1978, le PDS a fait sa percée électorale avec dix huit (18) députés élus à l’Assemblée Nationale, c’est moi qui avais rédigé le communiqué du bureau politique du parti socialiste. Ce jour là, nous avons chanté la maturité de notre démocratie parce qu’ayant accepté le pluralisme jusqu’au parlement. Je dois affirmer que les dix huit députés du PDS représentaient un symbole fort dans l’Afrique de l’époque, où aucun pays n’osait faire une telle aventure. Aujourd’hui, nous devons cette performance démocratique aussi bien à Senghor qu’à Me Wade. Abdou Diouf est venu après pour permettre au Sénégal d’instaurer une bonne administration, sans laquelle il ne peut y avoir un état républicain. Senghor et Abdoulaye Wade sont de grands hommes politiques et Abdou Diouf un haut fonctionnaire avec chacun son style.

Le Messager : L’an 10 de l’alternance a été récemment célébré, comment jugez-vous le bilan à mi-parcours du président Wade ?

Me Mbaye Jacques Diop : Le président Wade a beaucoup fait, même si la réalité objective est qu’un pays ne peut se construire en dix ans. J’avoue également que son bilan est un tout. Car aussi bien dans le secteur de l’agriculture avec la GOANA, cet ambitieux programme qui est parti pour régler la question de la souveraineté alimentaire et du monde paysan ; Il y a les infrastructures, la pêche, le tourisme, la santé, toute comme l’éducation, qui a connu des avancées significatives depuis le début de l’alternance. Vous savez, les actes ont plus d’écho que les discours. C’est pourquoi, nous voulons le réélire en 2012, afin qu’il continue dans cette voie pour pouvoir réaliser ses nobles ambitions pour notre pays. Néanmoins, il y a deux secteurs clés qui continuent d’être des préoccupations pour les Sénégalais et auxquels je voudrai qu’il mette davantage l’accent. C’est le cas de l’énergie, dont la distribution devrait être permanente partout au Sénégal, dans les centres urbains, comme dans les campagnes. Il faut ensuite trouver des solutions adéquates au chômage des jeunes. Cet aspect de la demande sociale me paraît fondamental à bien des égards, car dans mon quartier natal de Rufisque, le phénomène a atteint des proportions inquiétantes et laissé la place aux femmes, qui entretiennent aujourd’hui les ménages. Je pense que ce sont ces grands défis que nous devons aujourd’hui relever avec le président Wade, en termes de formation et de qualification professionnelle des jeunes, pour leur compétitivité sur le marché du travail et ensuite la souveraineté totale en matière alimentaire.

Le Messager : Pourquoi vous ne ratez jamais l’occasion de rappeler que l’on vous qualifie à tort de transhumant ?

Me Mbaye Jacques Diop : Vous savez en 2000, j’avais activement contribué à l’élection du président Wade qui m’avait demandé par la suite d’intégrer le PDS. C’était au mois d’Avril 2000 à l’hôtel Méridien. Avec le soutien d’Awa Diop, la présidente nationale des femmes libérales, j’ai demandé au président de me laisser d’abord créer mon parti. Au vu de mon parcours, il était nécessaire pour moi que je sache comment les Sénégalais me regardaient et Awa Diop a dû appuyer cette requête auprès du président Wade. En vérité, le secrétaire général national du PDS voulait me mettre dans la direction du parti, d’autant plus que l’on s’acheminait vers des élections législatives. Alors il m’avait promis deux postes en situation éligible et deux autres postes en situation plus ou moins éligible. Des positions assez généreuses, mais grâce à Dieu, j’ai pu le convaincre pour mettre d’abord sur pied ma propre formation politique : le Parti pour le Progrès et la Citoyenneté (PPC), qui avait participé aux législatives avec vingt quatre (24) autres partis et coalitions de partis qui étaient en lice. A l’issue du scrutin, c’est la coalition sopi qui est arrivée en tête, suivie du parti socialiste et de l’Afp de Niasse, ensuite est venue l’Urd de Djibo Kâ et Aj / Pads, au moment où le Ppc occupait la sixième position. Un parti qui n’avait même pas un an d’existence venait de damer le pion à des formations qui étaient là depuis plus de vingt ans, dont le Pit d’ Amath Dansokho, avec qui d’ailleurs je ne boxe pas dans le même ring. Mais le président de la République, ne s’est pas découragé, car après avoir créé le PPC et jaugé mon poids politique, Wade est revenu à la charge pour m’exprimer son souhait de voir mon parti fusionner en premier avec le PDS. Idrissa Seck qui était le numéro 2, Macky Sall et Modou Diagne Fada étaient présents en tant que plénipotentiaires du parti libéral pour rencontrer mon collaborateur Seydou Diouf dans le cadre de ces négociations. Un protocole de fusion a été donc conclu et je signale que c’est la seule fusion qui, jusque là a fait l’objet d’un congrès tenu au CICES le 20 Avril 2002. Dans ledit protocole, il était question qu’une bonne portion des anciens membres du bureau politique du PPC intègre le comité directeur du PDS. Que les anciens membres du comité exécutif entrent également dans cette instance ainsi que l’intégration des militants à la base. Ce qui n’a pas été fait mais pour autant, nous poursuivons le compagnonnage en toute discipline. De 2000 à 2004 donc, je suis resté député de mon parti et maire de ma ville de Rufisque, avant que le président de la République ne se décide à me nommer président du Conseil de la République pour les Affaires Economiques et Sociales (CRAES). Comme dans la vie des hommes, quelquefois il peut y avoir des incompréhensions, mais le dépassement a permis de tourner cette page.

Le Messager : Comment se fait-il que certains chefs de parti de la mouvance présidentielle qui n’ont même pas fusionné avec le PDS soient mieux lotis ?

Me Mbaye Jacques Diop : Ces partis qui n’ont pas fusionné et qui sont des alliés tout en conservant leur autonomie d’action, leurs organes et leurs instances, leurs hommes, leurs femmes et leurs jeunes sont malheureusement mieux lotis que nous. Là, où les autres partis qui n’ont pas accepté la fusion sont présents dans le gouvernement avec au moins un ministre, ou ministre d’Etat à côté de députés et sénateurs qu’ils ont au parlement ou bien encore des directeurs généraux, Pca et ambassadeurs sur le quota du PDS. A part moi-même, il n’y a que Seydou Diouf, qui a été promu député avant qu’il ne devienne le rapporteur général de l’Assemble Nationale, ainsi que Yatma Fall, nommé conseiller économique et social en sa qualité de président des handicapés, mais pas en tant que responsable de l’ex PPC et enfin Ngoné Ndoye. Vous savez, avoir son propre parti et être autonome en inondant les médias de communiqués n’est pas comparable au fait de se fondre dans un parti et se conformer à sa ligne de conduite. Il me paraît qu’il y a là un questionnement on ne peut plus préoccupant. C’est pourquoi le président de la République devrait revoir tout cela. Il s’agit de chercher à savoir est-ce qu’il faut mieux traiter les partis qui ont eu une représentativité à l’Assemblée, moins que les partis qui sont des alliés et qui ont refusé de fusionner avec la majorité. Hormis l’URD de Djibo Kâ, qui a participé à des élections, nul ne peut dire avec exactitude, ce que représentent les autres partis qui gravitent autour du chef de l’Etat. Néanmoins, pas un seul instant je n’ai regretté d’avoir rejoint la mouvance présidentielle et je vais révéler pour la première fois, que je n’avais pas eu la considération et l’amitié que Wade m’a témoignées comme on dit en basket, dans mon deuxième quart temps politique. Avec le parti socialiste, véritablement j’étais mis à l’étroit, j’y ai connu en même temps que mes amis les pires privations, brimades et vexations. C’est pourquoi aussi, je n’ai pas de prix pour les marques d’affection que le président a manifestées à mon endroit. C’est la raison qui fait que, nonobstant les difficultés, je continuerai toujours à le soutenir et œuvrer pour sa réélection en 2012.

Le Messager : Vous aviez présidé les assises de Foundiougne 1 dans le cadre du règlement de la crise Casamançaise, avant que Foundiougne 2 ne soit hypothéqué par le décès du prélat Abbé Diamacoune Senghor. Avec la diversité des interlocuteurs actuellement, pensez-vous que les acquis seront maintenus ?

Me Mbaye Jacques Diop : Je reste convaincu que la paix définitive est toujours dans l’ordre du possible au niveau de la région sud du Sénégal. Je trouve qu’il vaut mieux négocier avec plusieurs pôles, que de le faire avec un seul pôle, pour s’éviter un dénouement de crise plus ou moins fragile. Lorsque je gérais ce dossier, j’ai eu à échanger avec les différents animateurs des ailes du MFDC. J’avoue que je les connais tous, à part Salif Sadio, que j’étais à deux doigts de rencontrer. Toutefois, il reste un de mes proches collaborateurs avec son cousin Kaoussou Sadio. Comme aimait à le dire Senghor, on ne négocie pas sur la place publique, mais je crois qu’il faut faire confiance au président de la République. C’est vrai que le processus entamé depuis 2000 a été long, mais il ne faut jamais perdre de vue que ce problème ne connaîtra pas son épilogue en quelques jours, ni en quelques mois. Aujourd’hui beaucoup de paramètres me confortent dans mes convictions que la paix est à portée de main. En tout cas, je tiens à réitérer ma confiance au président Wade et lui dire que je suis à sa disposition pour continuer à lui apporter ma disponibilité et mon expérience. Je sais bien ce qu’il fait et la bonne manière avec laquelle il le fait. Comme personne n’est de trop pour rechercher des solutions de sortie de crise, je serai toujours prêt à lui apporter mon concours dans ce sens. Encore qu’il m’arrive jusqu’à présent, de prendre langue ou de recevoir chez moi quelques protagonistes dans le plus grand secret, pour soutenir le président de la République dans cette mission hautement importante. Mais sachez que l’on ne peut pas tout dire…

Le Messager : En tant que président du comité ad hoc de la célébration de la décennie de l’alternance, qu’aviez-vous fait pour réussir le pari de la mobilisation ?

Me Mbaye Jacques Diop : N’oubliez pas mon parcours politique en ma qualité de secrétaire à l’organisation et à la propagande des jeunes du BPS et de l’UPS. J’ai été également maire de ville pendant dix neuf ans. Donc toutes ces stations politiques m’ont permis de savoir comment on gère les gens, comment aussi on peut mobiliser. Mais je dois souligner que j’ai été aidé dans cette tâche par le ministre Farba Senghor, qui est un meneur, par Mamadou Diop Decroix et surtout

le Pr. Iba Der Thiam, qui sont tous des hommes de valeur, déterminés à apporter leur soutien au président Wade. Chacun d’entre nous y est allé à fond. C’est peut-être cette foi qui m’a animé avec d’autres responsables de l’alliance « sopi pour toujours », que je ne peux pas citer tous. Lesquels m’ont aidé et bien encouragé dans le relèvement du défi de la mobilisation à l’occasion de la célébration de l’an 10 de l’alternance.

Le Messager : Pensez-vous que le démarrage des opérations de placement des cartes au PDS peut régler les querelles internes de leadership ?

Me Mbaye Jacques Diop : Pour moi PDSL ou PDS, c’est toujours la formation libérale du secrétaire général national Me Abdoulaye Wade. Je me rappelle d’une contribution que j’avais faite dans la presse pour dire qu’avant de changer de sigle ou d’appellation, ne faudrait-il pas aller en congrès. Le président Wade m’avait fait l’honneur et l’amitié de me recevoir dans son bureau pour discuter sur des sujets concernant le PDS. Notamment sur, comment il voyait ses contours, son avenir et sur les hommes et les femmes qui doivent l’animer. Moi qui étais habitué à discuter avec Senghor, Mamadou Dia, Abdoulaye Ly entre autres grandes figures politiques de notre pays, j’ai été intellectuellement séduit par la façon dont le président Wade veut manager son parti. Mais encore une fois, le PDS c’est son parti et dans les partis où j’ai milité et celui que j’ai moi-même crée, il faut passer par de longues discussions pour pouvoir arriver à un consensus. Au contraire, le PDS a la particularité d’avoir son chef et j’ai eu l’occasion de lui dire amicalement que : « le PDS n’est pas tellement démocratique ». En guise de réponse, il m’avait rétorqué que si dans les statuts, on n’avait pas inscrit que son secrétaire général national est le seul à être élu par le congrès, il y a longtemps qu’on l’aurait débarqué. Je pense donc qu’il faut avoir cette approche pour mieux comprendre Abdoulaye Wade et le fonctionnement du PDS qui, certes a un secrétaire général national, mais qui est un chef. C’est bizarre, mais cela n’empêche guère à cette formation de s’adapter, alors que par son leadership, il parvient à faire fonctionner tout cela dans un bouillonnement extraordinaire.


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