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Politique

LEÇONS D’UN ACCORD PRE-ELECTORAL : Quels réajustements au sein de la coalition Jamm-Ji ? Quel avenir politique pour Idrissa Seck ?

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LEÇONS D’UN ACCORD PRE-ELECTORAL : Quels réajustements au sein de la coalition Jamm-Ji ? Quel avenir politique pour Idrissa Seck ?

Le président Wade l’avait dit : « en politique, il ne faut jamais dire jamais ». Ses retrouvailles annoncées avec son ancien numéro deux prouvent à suffisance que la politique est une matière qui se dérobe aux certitudes et aux professions de foi. Mais, le retour d’Idrissa Seck au Pds est porteur de changements politiques si importants que tout, ou presque, pourrait être à refaire aussi bien dans les rangs de la majorité que de l’opposition.

Surprenant ! Hier matin, la presse écrite et parlée ne bruissait que d’un événement fondateur dans la trajectoire politique de l’ancien Premier ministre Idrissa Seck : le dépôt de sa déclaration de candidature à la présidentielle du 25 février prochain par Awa Guèye Kébé. Pour la première, pensions-nous, Idrissa Seck allait se présenter à des élections sans la bénédiction de son « père », le président Wade. Mieux, la perspective de son affrontement programmé avec son mentor ajoutait un zeste de sel à la situation. Les journaux parlés de la mi-journée devaient, pour l’essentiel, faire leur focus sur cet événement. Éditoriaux et analyses concoctés par les services politiques des différentes rédactions devront pourtant passer à la trappe.

Le rendez-vous de l’avenue Senghor, hier, entre le président Wade et son ancien Premier ministre, s’est faufilé hors des lignes des agendas de nombre d’observateurs politiques. Même l’entourage des deux concernés en est resté coi, si l’on en juge par les commentaires emportés de certains responsables des deux camps. A un peu moins de deux semaines de la présidentielle, alors que les coalitions ont pris forme et que les candidatures commencent à s’empiler au Conseil constitutionnel, la nouvelle de l’audience d’Idrissa Seck au palais présidentiel en a surpris plus d’un. Interrogé par une radio de la place, le porte-parole de l’hôte du Palais, Oumar Sarr, s’offusquait de l’impatience des journalistes et déclarait la candidature du maire de Thiès « irréversible » : « Il faut au moins attendre qu’il sorte de son audience. Il en a pour quelques instants seulement avec le président », s’énervait-il.

Pds : un retour à problèmes

Ces « quelques instants » dureront pourtant plus de quatre heures. Et déboucheront sur un accord entre les deux hommes annoncé à la presse par le président Wade en personne. Idrissa Seck est retourné à ses amours bleues, laissant sa révolution orange à quai. Ces retrouvailles, on s’en doute, introduiront forcément des bouleversements profonds aussi bien dans les rangs de la majorité que de l’opposition.

Au Parti démocratique sénégalais, la décision du secrétaire général national de faire revenir Idrissa Seck « à ses côtés » est un pari risqué tant le parti et ses responsables ont appris à vivre sans lui. De nouvelles voies s’y sont tracées, de nouvelles destinées élaborées, de nouveaux responsables installés. Comment l’ancien Pm, riche de sa fraîche expérience de chef de parti et du poids de ses alliés, pourra-t-il s’y greffer et y trouver une place suffisante pour contenir toute son ambition politique ? « Oui, je veux succéder à Wade. Le premier jour après Wade, je veux que ce soit Idy », avait-il laissé entendre lors de sa conférence de presse, le 14 juillet 2004, chez lui au Point E. Et de marteler avec force que pour lui, il n’y a que la position de « numéro un » qui l’intéressait. Ce qui justifiait son ambition de diriger la liste du Pds aux prochaines législatives.

Que de péripéties depuis ! Prison, exclusion des rangs de la formation libérale, création de son parti « Rewmi » non encore reconnu, etc. Depuis le 14 juillet 2004, la vie de l’ancien Premier ministre se déroule sous le mode du « fast and furious ». En accéléré. En face de lui, la vie s’est organisée avec ceux qui sont restés autour du président Wade, des responsables pour l’essentiel rétifs à toute idée de retour en grâce de l’ancien secrétaire général adjoint du Pds. Désormais, l’Opa lancée par Idrissa Seck sur la formation libérale devra escalader bien des écueils. La répartition actuelle des rôles au Pds n’est pas pour lui faciliter la tâche. Tous ses adversaires ont pris du grade depuis son départ. Abdou Fall est renforcé, tout comme Souleymane Ndéné Ndiaye, Farba Senghor, Assane Diagne et Lamine Bâ. Macky Sall garde ses prérogatives dans le parti et dans le gouvernement, tandis que Djibo Kâ gagne en assurance. Que dire aussi de la présence d’Ousmane Ngom et de Cheikh Tidiane Sy, respectivement à l’Intérieur et à la Justice !

Il reste pourtant évident que les deux acteurs de la rencontre d’hier connaissent mieux que quiconque la distribution des rôles au sein du Pds. Le président Wade a été jusqu’ici le seul ordonnateur de ce parti qui a toujours exécuté ses décisions sans élever la voix. Qu’a-t-il mis sur la table pour que Idrissa Seck accepte de revenir à ses côtés ? Quelle sera la place de ce dernier dans le Pds ? Quel rôle jouera-t-il lors des prochaines élections ? Et comment Wade compte-t-il le faire accepter par le staff dirigeant de son parti ? Une chose est sûre, Idrissa Seck qui s’est toujours considéré comme « l’actionnaire majoritaire » du Pds n’est certainement pas revenu pour faire de la figuration. Mais quel sera le prix de sa « reddition » ?

Opposition : l’inévitable recomposition

Quid de la coalition « Jamm Ji » constituée de « Rewmi », du Ps, de la Ld/Mpt, du Bcg et du G10 ? La défection du maire de Thiès bouleverse toutes les certitudes. Annoncée comme la principale rivale de la coalition « sopi 2007 », elle devra certainement revoir ses ambitions à la baisse, avec le Parti socialiste comme locomotive. Mais, face à une majorité qui se renforce de jour en jour, l’opposition - les partis de la Cpa notamment - pourrait être conduite à se retrouver pour faire front commun. La recomposition sera inéluctable.



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