Jean Marie François Biagui, le Secrétaire général « retrouvé » du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc) s’insurge contre « la convocation de la casamancité des cadres originaires de la région méridionale du pays en butte avec quelques difficultés pour se maintenir en poste, notamment dans l’affaire dite des pots-de-vin dans les chantiers de l’Anoci ».Il trouve un tel alibi « injuste, inconvenant et dangereux ». Il avertit par conséquent, dans un communiqué rendu public, que « la Casamance ne veut plus de cagoules ni de cagoulards... »
Le Sénégal ne bruit « bizarrement » depuis quelques semaines quelques que de l’affaire dite des pots-de-vin octroyés dans le cadre des chantiers de l’Agence nationale de l’organisation pour la conférence islamique (Anoci). Abdoulaye Baldé, originaire de la Casamance, Secrétaire général de la présidence de la République et directeur exécutif de l’Anoci a été nommément désigné par « le corbeau » Malick Ndiaye, un garçon dont on dit résident à Strasbourg en France où il serait étudiant, parmi « ceux qui auraient reçu un bakchich consistant de la part d’entrepreneurs intéressés ». L’homme s’en est vigoureusement défendu et a porté l’affaire devant les tribunaux pour laver son honneur et certainement sa position et ses éminentes fonctions.
Cependant, il n’a pas manqué de faire preuve d’un certain agacement et surtout d’une impatience certaine face à ce qu’il a considéré comme une « lenteur injustifiée » de la justice. A cela s’ajoute, le fait que ses partisans et natifs de la Casamance, une région du pays meurtrie par 22 ans de conflit irrédentiste, sont entrés dans la danse et réclament justice. Pis, certains d’entre eux, n’ont pas hésité à convoquer la « casamancité du cadre », homme politique de surcroit pour justifier ce qu’ils considèrent comme une simple cabale à son encontre.
Par contre, pour Jean Marie François Biagui, Secrétaire général du Mfdc, « nous assistons à quelque jeu, peut-être amusant pour les acteurs concernés, mais en tous les cas inquiétant pour nous autres du Mfdc », écrit-il dans un communiqué rendu public et qui donne son sentiment dans cette affaire. Pour le dirigeant « retrouvé » du mouvement irrédentiste de l’Abbé Augustin Diamacoune Senghor, le prélat rebelle du Centre des œuvres de Ziguinchor, « si d’aucuns s’exerçaient à nous familiariser à l’idée que tous les cadres casamançais qui, ces derniers temps, ont eu à perdre leurs jobs ou à être recalés (…), l’auraient été du seul fait de leur casamancité : c’est-à-dire qu’ils l’auraient été non pas en tant que Sénégalais, pour des raisons exclusivement socioprofessionnelles, mais plutôt en tant que casamançais. En d’autres termes, quand ils sont limogés de leurs fonctions, ce ne seraient point des Sénégalais, mais des Casamançais limogés parce que coupables d’être Casamançais… » Cela n’est pas vrai. Cela est même dangereux, assure-t-il. D’autant plus que, estime-t-il, « qu’hier, ces mêmes personnes tentaient de nous convaincre de ce que le Mfdc se serait historiquement trompé dans sa lutte pour recouvrer l’identité du peuple casamançais. Ils nous en faisaient la démonstration avec une telle rigueur, notamment en dressant, à l’intention du Mfdc et de l’opinion nationale et internationale, une litanie comportant à dessein les noms des cadres Casamançais qui auraient bénéficié, au Sénégal, comme citoyens sénégalais, de telle ou telle promotion socioprofessionnelle, et même politique, du seul fait de leurs compétences. Autrement dit, malgré leur casamancité ou, pour les plus audacieux, à cause de leur casamancité ».
Aussi, selon Jean Marie Biagui, qui laisse fuser ainsi son dépit face à ce qu’il considère comme une farce de mauvais goût, « tous les cadres casamançais qui sont aujourd’hui sur des sièges « politiques », et donc éjectables par définition, risqueraient-ils de connaître le même sort sous peu, globalement pour les mêmes motifs. Il reviendrait, alors, aux plus avisés, parmi les acteurs de ce jeu, de tirer la sonnette d’alarme avant qu’il ne soit trop tard ».
En outre, le dirigeant « irrédentiste » qui semble être parmi les colombes du Mfdc insiste sur le fait qu’un tel exercice était dangereux. Mais, « que ses auteurs doivent assumer pleinement ». Car il pense qu’une telle manœuvre était d’autant plus dangereuse, qu’elle « constitue une occasion ou une opportunité de réactiver les frustrations et autres rancœurs tant accumulées par le peuple casamançais: c’est-à-dire, en définitive, toutes choses susceptibles de justifier ce qui paraissait injustifiable à leurs yeux, hier. Si c’était cela l’objectif de ce jeu, au moins que les acteurs concernés aient l’honnêteté intellectuelle de le revendiquer ouvertement, car nous ne voulons plus de cagoules ni de cagoulards en Casamance ».
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