«Convocation de Karim Wade à l’Assemblée nationale». Voilà une phrase qui, depuis plusieurs jours, fait les choux gras de la presse. Président du Conseil de surveillance de l’Agence nationale de l’organisation de la conférence islamique (Anoci), Karim Wade a-t-il été convoqué nommément par la Commission de l’Economie générale, des Finances, du Plan et de la Coopération économique ? L’Assemblée a-t-elle envoyé directement une lettre en ce sens à l’Anoci ? Non, deux fois, non comme en témoigne la lettre qui a soulevé cette affaire sujette à une guerre de positionnement au sein du Parti démocratique Sénégalais (Pds). La missive qui fait l’actualité dit : «Monsieur le ministre, la commission de l’Economie générale, des Finances, du Plan et de la Coopération économique souhaite auditionner : l’Agence de régulation des télécommunications et des Postes (Artp) ; l’Agence nationale pour l’organisation de la conférence islamique (Anoci). Je vous saurais gré de demander aux différents responsables de ces structures de bien vouloir se présenter devant ladite commission, pour une séance d’audition. La date et l’heure de ces rencontres pourront êtres fixés d’accord parties. Je vous prie de croire, monsieur le ministre, à l’assurance de ma considération distinguée». En bas de page, la signature de Macky Sall à droite et à gauche le destinataire de la lettre : «Monsieur Bacar Dia, ministre de l’Information, des Relations avec les Institutions et porte-parole du gouvernement». En effet, c’est à ce dernier que l’Assemblée nationale a adressé la missive. Bacar Dia n’est-il pas le tampon entre le législatif et l’Exécutif, en tant que «chargé des relations avec les institutions» ? Qui devait saisir le Président de la République, l’Assemblée ou le «tampon» avec le législatif ? Le débat se pose à ce niveau. En effet, les textes abordent largement les cas de directions ou agences se trouvant sous la tutelle de ministères, mais ne disent rien sur les agences se trouvant sous la tutelle directe du président de la République qui, dans le premier cas, peut jouer un rôle d’arbitre lorsque le ministre refuse, par exemple, de «livrer» son directeur.
L’autre remarque qui se dégage de la lettre, c’est que nulle part on ne lit le nom de Karim Wade, président du Conseil de surveillance de l’Anoci. Anoci signifie-t-elle Karim Wade ? Jusqu’à preuve du contraire non. Parce que si pour le cas de l’Artp, on pense tout de suite à Daniel Seck, pour l’Anoci, le vrai patron, sur les textes, est le directeur exécutif, Abdoulaye Baldé. Une source proche de la commission des Finances : «On affirme que la convocation de Karim obéit à un règlement de comptes politiques. Mais le problème, c’est que personne n’a convoqué Karim. Mais l’Anoci».
Macky : «Pourquoi la procédure est close»
Soit. Mais un fait demeure : l’Anoci ne sera pas auditionnée par l’Assemblée nationale. Lors de la rencontre du bureau de l’Assemblée nationale Macky Sall a affirmé : «les textes ne sont pas trop clairs. Pour qu’on puisse auditionner une agence de l’Etat, il faut un avis favorable de son autorité de tutelle. Pour le cas de l’Anoci, son autorité est le président de la République qui m’a dit qu’il n’autorisait pas son audition. Donc la procédure est close». Il faut préciser qu’un refus présidentiel n’offre aucune possibilité de recours, contrairement à celui d’un ministre. Effectivement, le Président Wade avait dénoncé par lettre, retirée après explications, du circuit officiel, ces convocations de l’Anoci et de l’Artp. «Il y a eu vice de forme. Si c’est corrigé, je ne vois aucun mal à ce que l’Anoci vienne répondre à l’Assemblée», a-t-il dit lors d’une audience avec son ancien Premier ministre, de retour de la Oumrah.
La commission des Finances, c’est qui ?
A l’origine de la décision d’auditionner l’Anoci, la commission des Finances de l’Assemblée. Si son président, Mamadou Seck, a eu le courage d’écrire au président de la République pour lui expliquer leur motivation (donner une tribune à l’Anoci), ce n’est pas le cas pour les autres membres qui semblent vouloir mettre tout sur le dos de l’ancien ministre des Transports et du Président de l’Assemblée qui a approuvé la mesure la nuit même où il devait partir en Oumrah. En effet, la commission des Finances compte 40 membres plus les 10 présidents des autres commissions. Aussi, le professeur Iba Der Thiam, Doudou Wade, Salif Bâ et même Khoureichi Thiam sont membres de cette commission. Etaient-ils présents à la rencontre durant laquelle il a été décidé d’auditionner l’Anoci ? Dans tous les cas, c’est à la suite d’une rencontre de la commission des Finances que le secrétaire général de l’Assemblée nationale, qui y occupe la position de secrétaire, a dégagé toutes les correspondances à écrire, après décision de la commission. Absent de la rencontre, c’est à 22 heures que Macky Sall, en partance pour La Mecque, a reçu la lettre pour la signer. Pourquoi en ce moment, parmi les 40 membres de la commission des Finances, personne n’avait rué dans les brancards? C’est la grande question…
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