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Politique

Khalifa DIOUF, ancien membre de la garde rapprochée de WADE : ‘ Avec tous les secrets que je détiens, j'aurais pu exercer un chantage sur Wade’

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Khalifa DIOUF, ancien membre de la garde rapprochée de WADE : ‘ Avec tous les secrets que je détiens, j'aurais pu exercer un chantage sur Wade’
Il se présente comme étant l’homme qui a sauvé la vie à l’opposant Wade. Lui, c’est Khalifa Diouf ancien chef de la garde rapprochée de l’opposant historique à l’ancien régime socialiste. Et pendant 25 ans, Khalifa Diouf dit avoir déjoué plusieurs tentatives d’assassinat qui visaient le pape du Sopi. Devenu secrétaire général du Parti de l’unité et du rassemblement depuis 1998, Khalifa Diouf ne décolère pas contre Me Wade qui l’a oublié en faveur des militants de la 25e heure. Et la 47e place qui lui était réservée sur la liste nationale de la Coalition Sopi lors des dernières législatives est loin de convenir à celui qui dit avoir passé 25 ans à dormir à la belle étoile dans des fleurs, chez Me Wade au Point E. Rien que pour sauver la vie de l’actuel chef de l’Etat.

Wal Fadjri : Pouvez-vous nous dire en quelques mots qui est Khalifa Diouf ?

Khalifa Diouf : Je suis le secrétaire général du Parti de l’unité et du rassemblement (Pur) que j’ai créé en février 1998 pour apporter ma contribution à la construction de ce pays qui nous appartient à tous.

Wal Fadjri : Dans une déclaration qui nous est parvenue, vous vous présentez comme l’homme qui a sauvé la vie à Me Wade. En quoi consistait votre travail auprès de l’opposant et actuel chef de l’Etat ?

Khalifa Diouf : La situation est confuse aujourd’hui que Me Wade est arrivé au pouvoir. Mais malgré la confusion, j’estime que certaines vérités doivent être dites. D’abord, Me Wade est un compagnon de lutte dont j’ai sauvé la vie à plusieurs reprises. J’ai été pendant 25 ans le chef de sa sécurité quand il était dans l’opposition. Nous avons traversé des moments très difficiles. Ce que les Sénégalais ignorent, c’est que j’ai protégé cet homme devant des situations extrêmement graves où j’avais toujours risqué ma vie, parce que le pouvoir d’alors avec feu Jean Collin, avait pris la ferme initiative de se débarrasser de Me Wade qui était devenu un opposant gênant. Et pour liquider Me Abdoulaye Wade, il fallait trouver quelqu’un qui lui soit proche pour faciliter les choses. C’est ainsi qu’on m’a choisi parce qu’ils savaient que je jouais un rôle extrêmement important dans la sécurité de Me Wade. A chaque fois, on dépêchait des lieutenants qui venaient me contacter pour concocter des plans contre Wade. Ce dernier en était même conscient, et m’a dit un jour : ‘Diouf, si vous baissez les bras, ils vont me liquider et ce sera la fin du Sopi.’ Je lui ai dit que je ferai tout pour tenir en échec leurs plans de liquidation. Donc, chaque fois que j’étais au courant d’un complot, je le déjouais parce que l’exécution devait passer par moi. Je vais par exemple vous citer quelques exemples où la vie de Me Abdoulaye Wade était en danger. En février 1988, on est en pleine campagne électorale. Arrivé à Marssassoum, sa voiture personnelle, une Mercedes bleue immatriculée 4855 S 1 P heurte un rocher et la cartière à huile est brisée. Il me dit : ’Diouf, je te fais confiance pour que tu passes la nuit dans ma voiture afin de la sécuriser jusqu’à demain, je dois continuer la campagne pour ne pas désorganiser mon programme’. Avant la clôture de la campagne présidentielle de la même année, Jean Collin donne des instructions aux autorités administratives de Thiès pour que Wade ne tienne pas de meeting sur la place de France. Quand il m’en parle dans le salon de feu Boubacar Sall, j’ai pris sur moi la responsabilité de tout faire pour que le meeting ait lieu. Toujours au cours de la même année 1988, au cours d’une tournée à Ziguinchor, Wade m’appelle dans sa chambre et me dit ceci. ‘J’ai un problème. Il faut des munitions pour mon arme type spécial 38, parce que Jean Collin a interdit la vente d’armes et de munitions sur toute l’étendue du territoire national. Puis il demande à Marcel Bassène de me remettre l’argent nécessaire pour ces munitions’. Je suis parvenu à régler le problème. Je me rappelle encore de ce dimanche en 1988, quand des militants socialistes de Mbacké organisés en comités d’action avaient tendu un guet-apens à Wade et à son cortège. Tenu informé par Me Wade, je me suis rendu à Mbacké avec feu Ismaïla Mbaye pour rencontrer le préfet et régler le problème. C’est ainsi que Me Wade a pu finalement tenir son meeting qui avait eu un succès fou. Un autre exemple : le dimanche 28 février 2008 à 11 h 30, Me Wade revenait de Kébémer après avoir accompli son devoir civique pour l’élection présidentielle. Nous sommes tombés sur une trentaine d’hommes armés jusqu’aux dents à Diamniadio. Ils étaient tous encagoulés et nous criaient dessus afin de nous amener à réagir. Quand j’ai compris ce qu’ils voulaient, en tant que chef de la sécurité, j’ai déjoué leur piège. Le 26 juillet 1989, un plan de liquidation était prévu dans sa chambre d’hôtel à Tunis alors qu’il était invité par le président Yasser Arafat. J’aurai pu multiplier les exemples pour vous prouver comment j’ai sauvé Me Wade. Et lui-même le sait. Si Wade a échappé à toutes ces tentatives d’assassinat, c’est qu’il y avait un dispositif sécuritaire très efficace autour de lui. Ce que je dis là ne représente rien par rapport à ce que j’ai fait pour sauver Wade. Il ne sortait jamais de chez lui quand je ne suis pas là. Il envoyait toujours son chauffeur Diané pour venir me chercher chez moi à Liberté 6.

‘Aujourd’hui, avec tous les secrets que je détiens, j’aurais pu faire du chantage sur Wade comme le font certains’

Wal Fadjri : Etes-vous allé un jour rappeler à Me Wade ce que vous avez fait pour lui ?

Khalifa Diouf : Ai-je besoin de rappeler à cet homme ce que j’ai fait pour lui ? Je crois que non. Car il le sait mieux que moi. Les gens qui sont aujourd’hui avec lui, qui crient partout qu’ils sont avec lui depuis 1974 - ou que sais-je encore - n’ont rien fait pour lui. Je ne les ai jamais vus quand Me Wade était dans ces situations critiques. Aujourd’hui, avec tous les secrets que je détiens, j’aurais pu faire du chantage comme le font certains. Mais je ne le ferai pas. Je parle rarement à la presse d’ailleurs. Pourtant mon parti le Pur fait partie des mieux organisés au Sénégal. Je défie n’importe quel leader politique pour me prouver le contraire. Si je me tais, c’est parce que j’estime que la politique ne signifie pas déballage ou anarchie. La politique, ce sont les idées pour servir le pays. Mais je le dis et je le répète, il n’y a pas quelqu’un dans son entourage qui a défendu Wade comme l’a fait Khalifa Diouf. Personne. Et s’il en existe, je demande à cette personne de dire publiquement ce qu’elle a fait pour Wade et que je n’ai pas fait.

Wal Fadjri : La création de votre parti n’a-t-il pas été à l’origine de votre séparation avec Me Wade ? Même si vous dites l’avoir soutenu en mars 2000 ?

Khalifa Diouf : Je crois que la création de ce parti ne peut pas être un motif de séparation. Ce parti ne fait que le renforcer, car comme vous venez de le rappeler, j’ai appelé à voter Me Wade à l’entre-deux tours alors que Abdou Diouf me faisait les yeux doux. Car ma proximité avec Serigne Moustapha Sy était pour certains, synonyme d’un vote des Moustarchidines en faveur de Me Wade. (Il montre une interview réalisée par Walf Quotidien où Abdou Diouf dit ceci : ‘je n’ai pas eu de contact ave M. Khalifa Diouf que je ne connais d’ailleurs pas personnellement, mais j’ai eu des contacts avec Serigne Cheikh Tidiane Sy qui est un ami de longue date. Et je crois que je peux compter sur son soutien’.) Depuis la création de ce parti, j’ai voté à chaque élection pour Me Wade. Je me suis toujours battu pour qu’il soit élu. J’arrivais toujours à convaincre mes partenaires même si cela n’était pas souvent chose aisée. Créer un parti politique, c’est une ambition. Il n’était pas dit que je devais rester éternellement chef de la garde rapprochée de Wade. Non. Je n’étais même pas fait pour cela. J’ai fait des études et je connais la politique.

‘J’ai dit à des amis que ce Sénégal, soit on le construit soit on le détruit pour le reconstruire’

Wal Fadjri : A vous entendre parler, on conclut vite que vous êtes déçu par celui dont vous dites avoir protégé la vie pendant 25 ans.

Khalifa Diouf : Déçu, oui. On est au Sénégal et la reconnaissance fait partie de notre culture. Quelqu’un qui vous fait du bien, la morale voudrait que vous lui rendiez la pièce de sa monnaie. Cela ne signifie pas que je réclame de l’argent à Me Wade. Pas du tout. J’ai mes idées et je travaille pour mon pays. Cela étant dit, je suis convaincu que Me Wade est abusé tout le temps par son entourage. On lui amène toujours des gens qui, en fin de compte se révèlent être des va-nu-pieds (sic) dont il est obligé de se séparer. C’est pourquoi, je ne le condamne pas pour ses multiples remaniements ministériels. Il change souvent de gouvernement parce qu’on le trompe et il sera toujours trompé. Une chose est sûre : si j’avais sauvé la vie à Mme Viviane Wade, je ne serais pas là en train de me plaindre. Elle, au moins, connaît ce que signifie assurer la garde rapprochée. Je suis donc déçu par ce que je vois. Des gens qui ont passé toute leur vie à le combattre, ce sont ceux-là qui sont aujourd’hui aux commandes. Pendant que nous autres qui faisions face au danger pour protéger sa vie, on est laissé en rade. Mais j’ai récemment adressé une lettre au chef de l’Etat par le biais de son directeur de cabinet pour attirer son attention sur un certain nombre de choses que je ne peux pas dévoiler. Si le contenu de cette lettre est compris, c’est tant mieux. Parce que pour moi, il est temps de tourner la page de cette vieille garde-là. On a dit que Diouf n’était pas bon et on l’a fait partir. Aujourd’hui, on dit que Wade n’est pas le bon choix et certains cherchent à le faire partir. En 2003, j’avais dit au chef de l’Etat à Paris qu’il faut qu’il prépare l’après-Wade sinon cela peut se passer mal. On n’acceptera plus ces combinaisons peu claires qui se font sur le dos des Sénégalais. C’est pourquoi j’ai dit à des amis que ce Sénégal, soit on le construit soit on le détruit pour le reconstruire.

Wal Fadjri : Vous pensez à qui quand vous parlez de combines sur le dos des Sénégalais.

Khalifa Diouf : Je ne citerai personne. C’est juste un avertissement que je donne.

Wal Fadjri : Vous vous plaignez d’être oublié par Me Wade, pourtant vous étiez investi sur la liste nationale de la Coalition Sopi à la 47e place.

Khalifa Diouf : Vous croyez que je méritais cette position après tout ce que j’ai fait pour cet homme. Et puis, cela n’est qu’un dernier acte pour moi. Je me dis qu’on s’est rappelé de moi parce qu’il y avait les élections législatives qui pointaient à l’horizon. Alors, les gens se sont rappelés qu’il y avait un certain Khalifa Diouf et qu’on peut mettre à la 47e place pour remplir la liste. Quelqu’un était même venu me faire croire que je pouvais passer à cette position. Je savais qu’il racontait des histoires. D’ailleurs je lui ai dit que cette probabilité ne m’intéressait pas. Soit Wade me met à une bonne position et je comprends qu’il m’est reconnaissant, ou il me place à la fin de la liste et je conclus qu’il veut juste boucher un trou. En effet, ce qui me fait le plus mal, c’est que quand je regarde cette liste nationale, je retrouve des gens bien placés qui n’ont jamais rien fait pour Wade. Certains n’ont jamais eu de carte d’électeur et n’ont jamais été militants du Pds. Ils n’ont donc que leur grande gu…. Pendant que Khalifa Diouf qui a passé un quart de siècle autour de Me Wade, dormant sous les fleurs à la devanture de sa maison avec des barres de fer, se retrouve à la queue de la liste.

Wal Fadjri : Vous dites dans une de vos déclarations que Wade ne vous a jamais donné de l’argent, des billets pour la Mecque encore moins une voiture. Par contre vous ajoutez qu’il vous a fait une promesse que vous attendez depuis des années…

Khalifa Diouf : Absolument. Et la promesse vous surprendra peut-être. Il m’a dit un jour : ‘Khalifa, je ne t’ai pas oublié, je te verrai’. Voilà. Et depuis 2000, j’attends. Si je dis qu’il ne m’a pas donné de terrain, de voitures ou des billets à la Mecque, c’est parce que ce sont là les choses qui sont à la mode. Aujourd’hui des centaines et des centaines de billets pour la Mecque sont distribués à tour de bras.

Wal Fadjri : Peut-on s’attendre à ce que le Pur soit fondu dans le Pds pour sceller les retrouvailles entre Me Wade et son ancien chef de garde rapprochée ?

Khalifa Diouf : Je ne le crois pas. Le Pur est trop puissant pour fondre dans le Pds. Le diluer comme ça dans le Pds ne peut pas être chose aisée. C’est un parti très organisé et qui a une grande expérience. Un parti qui maîtrise la lutte politique, les stratégies et autres. Mais on ne sait jamais.

Wal Fadjri : Qu’est-ce qui vous lie aux Moustarchidines ?

Khalifa Diouf : Je suis né dans ce mouvement. Mon père Soré Diouf fut le premier bras droit de Serigne Babacar Sy qui a créé les Moustarchidines. Le mouvement a été ensuite confié à Moustapha Sy qui en est devenu le guide moral sous la supervision de Serigne Cheikh Tidiane Sy son père. Donc je suis membre à part entière de ce mouvement religieux. Ce sont les fondateurs de ce mouvement qui m’ont baptisé.



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