Sept ans après le début des négociations initiées par Macky Sall, des éléments du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC) menacent de reprendre les armes. Mais, selon Jean-Claude Marut, spécialiste du conflit casamançais, "la rébellion a considérablement perdu de sa force, mais est toujours suffisamment armée pour mener des opérations symboliques".
En janvier 2018, Salif Sadio menaçait déjà de reprendre les armes, après les opérations militaires lancées par l'armée suite au massacre de 14 hommes partis chercher du bois dans la forêt de Bayotte, près de Ziguinchor. Le MFDC pourrait-il, cette fois-ci, mettre sa menace à exécution ?
Le rapport de force entre l'État et le MFDC a évolué de telle manière que toute action militaire de la rébellion ne peut pas aller très loin. D'autant plus que le front de Salif Sadio, isolé du reste du groupe rebelle, a perdu, avec la chute de l'ancien dictateur Yahya Jammeh, les possibilités de repli et de ravitaillement que lui offrait la Gambie voisine. Mais les rebelles sont tout de même assez armés pour pouvoir mener des opérations symboliques.
Le jeu en vaudrait-il la chandelle, si le rapport de force leur est défavorable ?
Il existe une concurrence entre le groupe de Salif Sadio et le reste du MFDC, une lutte de positionnement au sein du mouvement qui explique ces menaces. Salif Sadio a besoin de montrer qu'il existe encore, de prouver ses capacités militaires. Il a sans doute voulu aussi dénoncer le fait que le processus de paix n'avance guère depuis plusieurs années.
Des négociations officielles sous l'égide de la communauté catholique de Sant'Egidio ont été initiées par Macky Sall en 2012, à son arrivée au pouvoir. Où en sont-elles aujourd'hui ?
Les dernières discussions officielles se sont tenues à Rome, en 2017. À ma connaissance, ce sont les seules discussions officielles auxquelles participe l'État.
L'État a-t-il vraiment intérêt à négocier avec les indépendantistes ?
Au contraire, au vu de l'évolution du rapport de force, il a tout intérêt à chercher à affaiblir la rébellion par tous les moyens. Accepter aujourd'hui de négocier avec une rébellion aussi affaiblie reviendrait à la relancer, à lui redonner une importance qu'elle n'a plus. L'État est en train de gagner la partie. Des soubresauts sont encore possibles, mais la rébellion est plus affaiblie que jamais.
Le gouvernement semble également mettre beaucoup de moyens au service du désenclavement de la région : grands projets d'infrastructures, programmes de développement… On peut également citer l'inauguration du pont de Farafenni en janvier dernier, et la promesse de 300 milliards de francs CFA d'ici à 2022 pour la région. Est-ce un moyen efficace de mettre un terme au conflit ?
L'État dit que la paix et le développement vont de pair. Des efforts ont été faits dès le début des années 2000, surtout en termes d'infrastructures. Mais sur le plan économique, cela reste difficile, faute d'investisseurs. En revanche, les programmes de réinsertion et de développement attirent à la fois les populations réfugiées en Gambie ou en Guinée-Bissau et certains anciens combattants, qui peuvent être séduits par le retour à la vie civile. Mais en cas de besoin, ces anciens combattants sont tout à fait à même de reprendre les armes.
Est-ce la seule menace qui pèse sur la stabilité de la région ?
L'exploitation et la lutte pour les ressources naturelles peuvent également dégénérer en conflits. Dans le village de Niafrang, dans la région de Ziguinchor, le projet national d'exploitation de zircon, un minerai lourd présent dans le sable, se heurte à la résistance de certains rebelles, soutenus par la population. Si le gouvernement essaie de passer en force et de lancer l'exploitation, il y a un risque réel d'affrontements.
20 Commentaires
matar 2024
Anonyme
En Mai, 2019 (07:00 AM)Imaginez un peu des Corses interviewer un Senegalais en Corse pour parler du probleme Corse...
Vraiment du n'importe quoi au Senegal.
Nous sommes en 2019 pas en 1939...
Wake UP !!!
Patriote
En Mai, 2019 (07:30 AM)Fg
En Mai, 2019 (07:59 AM)Egnab
En Mai, 2019 (09:04 AM)amnesty international doit aussi faire ce travail car des violations graves des droits de l homme se sont produit en casamance. parcourez les villages et vous recueillirez d importants recits. les escadrons de la mort de l armee senegalaise ont ete une realite. executions extra judiciaires incroyables
Robert sagna doit personnellement simpliquer pour qu une commission international d enquete soit mise sur pieds . sinon l histoire le jugera.
Anonyme
En Mai, 2019 (09:39 AM)Citoyen
En Mai, 2019 (09:46 AM)Ano
En Mai, 2019 (09:52 AM)Harut Ou Marut
En Mai, 2019 (09:54 AM)Tout français n’est certes pas sioniste mais il yen a comme les mimran et marut lol
Thieuy les pyromanes internationaux. ! Laissez le Sénégal en paix deh. Wala lol
Hams
En Mai, 2019 (09:56 AM)Boom
En Mai, 2019 (12:48 PM)Participer à la Discussion