Le fait que ce slogan ait bien fonctionné peut s’expliquer par sa particularité qui est d’être un mot wolof, court et facilement mémorisable et prononçable. Sopi, c’était aussi un mot qui avait du sens. Il signifiait plutôt « transformer » que « changer », cette idée de transformation était d’autant plus intéressante puisqu’on sentait cette notion d’action (on peut y voir une action de l’homme pour changer les choses) qui apportait une certaine force. Ce slogan avait aussi la chance ou plutôt l’opportunité d’être transporté par un courant fort, de masse, véhiculé par un leader charismatique de l’époque, « bête politique » de surcroît capable de drainer des foules, ce slogan ne pouvait donc que faire mouche, faire mouche surtout parce que les sénégalais étaient en attente profonde de changement. Ce besoin de changement était parfaitement en accord avec ce slogan, si puissant, rentré dans le quotidien des sénégalais, à tel point que combiné avec les deux doigts pointés en l’air, il en devenait un cri de guerre. Ce slogan était en fait l’un des éléments qui a permis au PDS, avec sa coalition composée de partis d’opposition de gagner les élections de 2000.
Aujourd’hui, cette époque est révolue, nous sommes à la veille de la campagne électorale relatives aux élections de février 2007 et plusieurs alliances se sont formées, chacune d’ elles, se préparant comme elle peut. Les différentes coalitions en face sont les suivantes : « Jaam Ji » regroupant la LD/MPT, Rewmi et le Parti socialiste ; « Sopi 2007 », le Parti démocratique sénégalais et ses différents alliés ; le bloc composé du PIT et de l’AFP, « Alternative 2007 » (qui est devenue AFP du fait d’un non-enregistrement préalable du slogan » ; et celui de Maître mame Adama Guèye dénommé "Seelal".
Quels sont les slogans qui peuvent émerger et s’imprimer dans la conscience populaire étant entendu que le paysage politique actuel est caractérisé par une très grande complexité ? C’est que la coalition du PDS et de ses alliés dénommée « Sopi 2007 » est semble t-il démodée parce qu’elle ne comporte plus les aspirations d’hier. Le Sopi était un peu le fruit d’un contexte et un contenu en phase avec un besoin de changement, de transformation, il ne l’est plus. Les sénégalais attendent plutôt le PDS sur un bilan et sur sa capacité à faire de nouvelles et de vraies propositions. Le mythe, cette part de rêve qui entourait le « Sopi » semble se gripper. Et le vaste mouvement d’ensemble avec des aspirations, une motivation, capable de soulever des montagnes, n’est plus qu’un vieux souvenir. Le PDS semble être aujourd’hui dans la position du PS en 2000. On se rappelle que le Parti socialiste avait essayé de parasiter le slogan du Parti démocratique sénégalais, en utilisant comme slogan le terme wolof « Sagnsé » qui était un peu le mot français « changer », mais « wolofisé », c’est à dire prononcé avec un accent wolof. Le PS qui n’a pas su faire ce que les sénégalais attendaient de lui pendant 40 ans, ne pouvait pas se rendre crédible en promettant un changement. C’était aussi avec ce slogan, une sorte d’aveu d’échec.
Le Parti démocratique est aussi dans cette même logique. « Sopi 2007 », c’est peut être nuancé, parce que cela peut vouloir dire changer, transformer certes ce qui n’ a pas bien fonctionné pendant le septennat, mais cela peut aussi être vu comme un aveu d’échec, encore que ce soit moins évident dans le cas du PDS et de ses alliés. Mais il y a toute de même règle qui demeure en communication et qui demande à ce que les identités fortes se renouvellent ou se dépoussièrent parce qu’elles s’essoufflent avec le temps, fruits qu’elles sont d’un contexte précis. Et puis ce qu’on constate, c’est que durant tout ce septennat, le « slogan » est aux oubliettes, il n’est plus tellement utilisé, il a perdu de son lustre et son allan. A suivre...
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