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Politique

INTERVIEW AVEC TALLA SYLLA, LEADER DE JËF JËL: " Retrouvailles ou pas, Wade sera battu "

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INTERVIEW AVEC TALLA SYLLA, LEADER DE JËF JËL: " Retrouvailles ou pas, Wade sera battu "

« Les préoccupations des Sénégalais n'intéressent pas les politiques »

Talla Sylla, avec sa verve habituelle, est sur le chemin de la prochaine présidentielle. Mais le leader du Jëf-Jël fait dans l'innovation, et prône une nouvelle forme d'opposition qui n'épargnera, bien évidemment, ni le parti au pouvoir, ni l'opposition dite classique. En effet, selon lui, le Pds comme l'opposition cautionnent ce système qu'il faut balayer. Pour y parvenir, il a élaboré une stratégie qu'il va mettre à exécution pendant la campagne électorale menant aux joutes de 2007.

Un premier jet d'une interview succulente.

 


L'Office : Qu'elle analyse faites-vous des retrouvailles Wade-Idy 

Talla Sylla : On est dans une période de grande manœuvre qui se structure autour de la lutte pour la conquête du pouvoir. Nous avons constaté qu'au sein du parti au pouvoir, depuis quelques années, les ambitions personnelles prennent le pas sur tout le reste. Étant convaincu qu'il n'y a plus de projet fédérateur au niveau du Pds et du régime dit de l'alternance, ça a été pratiquement le sauve-qui-peut. Chacun mettant en place un dispositif pour pouvoir rester au sommet de la vie politique au Sénégal. Mais la vérité est qu'il nous faut aller au-delà des querelles de ménage au sein de la famille libérale qui, nécessairement, n'intéressent pas le peuple Sénégalais. Nous avons combattu l'ancien régime, qui était beaucoup plus fort que le régime actuel. Et nous avons combattu ce régime dès 2001, alors qu'il était en état de grâce, uni. Après donc son éclatement, nous ne pouvons que constater que les débris de cette formation qui, certainement, poussés par des phénomènes physiques, essaient de se retrouver. Mais, ils ne pourront jamais être recollés de façon à représenter une force capable de faire face au peuple sénégalais. C'est à ce niveau que retrouvaille ou pas retrouvaille, notre conviction est que Me Wade et le Pds seront battus aux prochaines élections. Je considère aussi que chaque citoyen est libre de rencontrer qui il veut, d'opter pour la philosophie de son choix, mais en définitive, dans toutes les batailles, ce sont les peuples qui finissent par gagner.

C'est vrai que beaucoup de Sénégalais ont l'impression d'avoir été floués, mais, ils auront l'occasion de réagir au cours des élections, et de monter que nous avons besoin d'un peu plus d'éthique.

N'avez-vous pas l'impression de minimiser votre adversaire, qui est quand même assez fort, avec tous les partis et mouvements de soutien qui gravitent autour ?

Parfois, il y a des multiplications qui renforcent ; parfois, il y a des additions qui affaiblissent. Ce qui est en train de se passer en fait partie. Ma conviction est que toute la classe politique réunie est minoritaire dans ce pays, à fortiori le Pds. La démarche que j'ai depuis quelque temps le prouve. Toute la classe politique réunie autour d'une liste, serait battue si le peuple sénégalais se mobilise autour de ses propres préoccupations, qui n'intéressent personne à l'heure actuelle au niveau de la classe politique. On se rend compte que les hommes politiques, du pouvoir comme de l'opposition, se servent des difficultés des populations, pour dire qu'ils sont à leurs côtés…

Mais vous êtes un homme politique, non ?

Oui, et je suis fier de l'être. Mais, j'ai toujours voulu être différent de ces gens. À la naissance du Jëf-Jël, nous avions clairement dit, après avoir analysé le contexte, que nous étions en présence d'une classe politique usée, périmée et dépassée. Nous avions dit qu'il fallait un parti de type nouveau, mais ce n'était pas suffisant. Car, tout parti qui naît s'autoproclame de type nouveau. Il fallait alors poser des actes, pour montrer aux uns et aux autres que nous étions un parti de type nouveau. Comme nous étions nés dans un contexte d'émergence du mouvement du « renouveau démocratique », à la veille d'élections législatives cruciales. Nous avions analysé la situation ; et nous nous sommes dit, quel pouvait être notre apport. Et notre conviction a été d'aider ce mouvement à aller aux élections… Qu'est-ce qui pouvait impacter sur l'évolution politique du Sénégal ? Notre choix a été vite fait. Aller dans le sens de porter le mouvement du renouveau, et casser l'électorat du Parti socialiste, et ainsi créer les conditions politiques de l'alternance. Cela a été la première étape. Et tout le monde avait constaté à l'époque que nous n'avions pas cherché à être député. Ce qui est rare dans la politique au Sénégal. Les gens se battent, à coups de sabre, de poignard et de gourdin pour simplement être sur une liste de parti politique, même à une place non éligible. Nous avions eu l'occasion de porter un grand mouvement à l'époque. Le deuxième acte a été qu'à la veille de la présidentielle, je ne pouvais pas être candidat, aux termes des dispositions de la Constitution , parce que je n'avais pas les 35 ans requis. Il me manquait quelques mois. Nous avons d'abord tenu à combattre cela. Parce que pour nous, s'il y a un âge en deçà duquel on ne peut pas être candidat, il doit y avoir un âge au-delà duquel, on ne peut plus être candidat, parce qu'il y a l'âge de la sénilité. Cela, nous l'avions dit en 1999. Alors, comme je ne pouvais pas être candidat, nous avions lancé un appel d'offres pour l'alternance. Seul Abdou Diouf était exclu. Des candidats de l'opposition ont répondu favorablement, et nous avions instauré un jury de la jeunesse ; nous avions rencontré les différents candidats qui nous avaient soumis leur programme. Et c'est au cinéma Liberté, le 15 janvier 2000, au terme d'un vote secret supervisé par les journalistes présents dans la salle que Moustapha Niasse a été choisi. Ça, c'est la marche d'un parti de type nouveau.

Un parti de type nouveau qui a des difficultés à nouer des alliances ?

On est dans une logique. Dans un premier temps, nous avions créé la « jeunesse pour l'alternance ». À partir d'un certain moment, il nous fallait chercher un récépissé pour fonctionner librement, sans l'aval d'un parti politique. Mais, nous étions restés une « jeunesse pour l'alternance ». Et jusqu'à l'alternance nous ne nous étions pas préoccupés de programme, de construction réellement du pays à tel ou tel niveau. Notre préoccupation fondamentale, c'était l'alternance. Parce que nous avions écrit dès 1992 dans le manifeste de la JPA , « l'alternance peut déboucher sur le chaos ou le pire ». Et si vous cherchez les numéros de Sopi de l'époque, vous le retrouverez. Seulement, elle est la première grande étape pour que des changements réels, profonds et salutaires puissent être envisagés sérieusement au Sénégal. Maintenant, nous étions organisés, parce qu'à partir d'un certain moment nous avions créé un parti politique, pour cause de divergences avec Wade. Mais personne ne nous a jamais vu, entendu ou lu quelque part, entre la naissance du Jëf-Jël, le 1 er janvier 1997, et l'avènement de l'alternance, critiquer Me Wade. Alors que je n'étais plus d'accord avec lui. C'est parce que je ne voulais pas affaiblir le mouvement de l'alternance. Je pouvais dire énormément de choses sur Wade, mais je ne l'ai jamais fait.

Pourtant, lorsqu'il s'est agi de choisir un candidat pour l'alternance, vous avez opté pour Moustapha Niasse ?

Cela s'est fait de façon démocratique ; ce que ne fait aucun parti politique au Sénégal. Aucun parti politique ne procède à des votes secrets.

Vous étiez donc en porte-à-faux avec la logique qui veut que Wade était le bon choix pour l'avènement de l'alternance ?

Justement. Je vous ai dit qu'en portant le mouvement du « renouveau démocratique » en 1998, notre préoccupation principale était de casser le Parti socialiste ; et créer ainsi les conditions politiques de l'alternance. Ensuite Moustapha Niasse qui sort du Ps, qui fait face à son candidat ; et qui est porté par le Jëf-Jël à la suite d'une analyse à l'issue de laquelle, ils ont voté dans ce sens. Cela a renforcé le mouvement qui consistait à créer les conditions de l'alternance. La preuve, c'est justement notre mouvement avec Niasse qui a permis l'alternance. Donc, nous avons réussi ce que nous voulions. Mais, dès le soir du 19 mars 2000, j'ai été le seul leader à n'avoir pas été chez Abdoulaye Wade. Alors que ma conviction est que le sacrifice que les militants et responsables du Jëf-Jël ont fait pour l'avènement de l'alternance, très peu de responsables politiques l'ont fait. Je me suis enfermé pendant trois jours pour réfléchir sur la suite, parce que nous avions dit que cela peut déboucher sur le chaos ou sur le pire. Et nous n'avions pas le droit de laisser cette expérience virer vers du négatif. Et immédiatement après cette petite retraite, j'ai convoqué le Conseil national du Jëf-Jël qui était habilité à l'époque à se prononcer sur la question. C'était le 26 mars 2000, à l'hôtel Indépendance, avant la prestation de serment de Me Wade. Et c'était sur le thème, « quel Jëf-Jël dans un Sénégal sans Abdou Diouf ? » Puisque nous sommes restés une jeunesse pour l'alternance, alors il fallait réfléchir sur la nouvelle démarche du Jëf-Jël dans la nouvelle période. Nous avons échangé, et sur la base de nos convictions et principes, nous nous sommes dit que ne nous devions être ni dans le pouvoir ni dans l'opposition, mais des sentinelles de l'alternance, pendant cette période de transition. C'était pour rester fidèle à notre manifeste, et engager une réflexion pour passer progressivement du discours contestataire au discours programmation. Un processus, parce que nos militants avaient l'habitude depuis le mouvement élève, en passant par le mouvement étudiant, de critiquer le régime. Pour maintenant devenir un parti politique à même de proposer un projet de société. C'était au moment où tout le monde pensait au partage. Nous avions dit que le Sénégal n'est pas un gâteau. Nous nous étions à l'époque posé beaucoup de questions sur l'économie, la santé, la demande sociale, afin que des initiatives multiples puissent éclore.

Apparemment, vous n'avez pas réussi cette mission…

Justement, ce n'est pas notre faute. Ce qui s'est passé, c'est que même pendant cette phase, nous avions essayé autant que faire se peut d'aider ce nouveau régime dans certains domaines. Quand il y avait crise quelque part, nous travaillions dans le sens d'une médiation, pour essayer de régler un certain nombre de problèmes, parce que nous avions un certain nombre de relations avec certains milieux de la jeunesse, certains milieux syndicaux etc. Nous avions contribué à arrêter certaines grèves, nous avons travaillé quand il y avait les évènements de l'université avec l'assassinat de l'étudiant Balla Gaye. Nous avons aussi eu à ramener la sérénité au niveau de l'Ecole des cadres ruraux de Bambey etc. Je suis convaincu que les autorités de l'époque, notamment le général Niang, pourraient en témoigner.

Mais, à partir du référendum, les choses ont commencé à se gâter. Car, quand nous avions vu le projet de Constitution, nous nous sommes dit qu'il y a suffisamment d'éléments qui montrent des dérives liberticides et autocratiques inacceptables dans ce Sénégal post-alternance que le monde salue. À l'époque, toute la classe politique, à l'exception du Pit et du Msu du Président Dia, avait appelé à voter oui. Mais avec des variantes dans l'argumentaire. Alors, nous nous sommes dit qu'il y a un problème. Parce que c'est avec la proposition de charte fondamentale de Wade que nous nous sommes rendu compte qu'il tournait le dos aux promesses qu'il avait faites pendant la campagne. Poussé par la classe politique, le peuple a voté oui ; et nous avons cette Constitution. Et après, c'était la marche vers les législatives. Là également, les choses ont commencé davantage à se gâter, parce que Wade avait pris la décision de diriger la campagne du Pds. On se rappelle, Idrissa Seck qui était tête de liste disait que personne ne le connaît ; et que c'est la raison pour laquelle, ils allaient mettre l'effigie de Wade sur le bulletin. Ce que le Conseil constitutionnel a refusé. Wade est monté au créneau pour déclencher une querelle contre ce conseil ; et finalement, ils nous ont mis l'ombre. Alors, au cours de cette campagne, nous avons eu énormément de problèmes avec les éléments du Pds. C'est au terme de cette campagne que j'ai été élu vice-président de l'Assemblée nationale ; suivi de ma démission. C'est vous dire que ces actes ont été posés pour montrer aux Sénégalais que nous sommes différents. Dans le cadre de ce schéma pédagogique, il fallait dans un premier temps, comprendre ces Sénégalais qui sont déçus par la classe politique, qui ne date pas d'aujourd'hui. Et nous avons également compris que ce n'est pas seulement sur la base de notre simple parole que les Sénégalais tourneront le dos à ceux-là ; et se jeter sur nos bras. Il fallait travailler et investir dans la crédibilité, en étant patient, lucide, honnête ; et faire preuve de moralité. Même si les gens nous disent que nous n'allons jamais réussir en politique, parce que qu'il n'y a plus de morale en politique. Mais, nous ne voulons pas de politique sans morale.

Ne faites-vous pas partie des responsables de la situation que vous décrivez, d'autant plus que vous faites partie des acteurs de l'alternance ?

Pas du tout. J'ai une fois dit à un responsable de l'époque, de ne pas reprocher pas au peuple sénégalais d'avoir voté pour l'avènement de l'alternance, simplement au vu de la déception que vit chacun. Parce que justement, l'ancien régime est le premier responsable de l'avènement de l'alternance, et il a créé une situation dans ce pays tel que les gens étaient prêts à voter pour n'importe qui, parce qu'ils n'étaient plus prêts à supporter l'arrogance du régime Ps.

L'autre chose était que notre option fondamentale était l'alternance. Parce que notre conviction est que les changements majeurs qui étaient attendus, et qui étaient essentiels pour ce pays, ne pouvaient pas venir du régime d'alors. Aujourd'hui, puisque c'est devenu pire, il est facile de dire ; tout compte fait, avec l'ancien régime, on pouvait s'en sortir. Mais dans le contexte de l'époque, ce n'était pas évident. Je ne regrette pas de les avoir combattus. L'essentiel de ce système que nous combattons aujourd'hui émane de l'ancien régime. L'Assemblée nationale, telle qu'elle est configurée actuellement, vient de l'ancien régime.

Pour revenir sur la situation actuelle, ne pensez-vous pas que la classe politique a montré sa faiblesse, car les Sénégalais sont suspendus aux atermoiements de Wade et Idrissa Seck ?

Je ne suis pas dans la logique d'une classe politique qui est suspendue à la déclaration de tel ou tel autre homme politique. Vous ne m'avez jamais entendu ou lu réagir à chaud à une situation. Parce que j'estime que je dois avoir ma propre démarche. Je lis la situation et les actions que je pose, ne le sont pas en fonction de l'opinion du président de la République ou de ce qui se passe à l'intérieur de nos partis. Maintenant, je suis un homme politique, et j'observe.

Ne pensez-vous pas que l'éducation des populations va de pair avec la réaction des leaders d'opinion durant les grands événements ?

Mais, pour moi, ce n'est pas un grand événement. Même pour les populations. Ce qui est en train de se passer, c'est qu'on a construit artificiellement un conflit, et qu'on en a fait le conflit essentiel de la république du Sénégal. Alors que les conflits essentiels dans ce pays, c'est la pauvreté, la misère, les difficultés en matière de santé, l'éducation qui connaît de nombreux problèmes depuis des années, alors qu'on nous dit que 40% du budget y est investi, alors que chaque année, nous avons les plus grands problèmes dans ce secteur. C'est cela les grands conflits dans ce pays qui doivent nous conduire à mener des réformes dans tous les domaines. Mais, parce que c'est le spectaculaire… Et c'est en cela que j'ai un problème avec mes compatriotes, parce que nous aimons trop le spectacle, de façon à oublier l'essentiel. J'ai une fois entendu Cheikh Ahmeth Tidiane Sy citer un penseur arabe, qui disait que la formule qui fera exploser le monde sera moins militaire qu'on ne le croit. Ce sera rendre nécessaire ce qui n'est qu'accessoire. Et c'est exactement la situation qu'on est en train de vivre au Sénégal.

Le Pds, au faîte de sa puissance, plafonnait à 31%. En 2001, année de l'Etat de grâce, il a conduit la campagne des législatives, et a obtenu 49,52%. C'est-à-dire que le contexte d'une élection présidentielle, le Pds perdrait. Heureusement pour lui, et malheureusement pour le pays, c'était des élections législatives, et le mode de scrutin construit par l'ancien régime lui permettait d'avoir l'écrasante majorité au Parlement, alors qu'il était minoritaire. Entre temps, ce parti s'est cassé, et est parti en lambeaux. On ne peut reconstruire comme ça quelque chose qui s'est cassé, surtout lorsque l'opinion pense cela s'est fait sur leur dos, sans y laisser des plumes. Mais, aujourd'hui, l'écrasante majorité des Sénégalais, a tourné le dos à la classe politique, parce qu'elle pense que ces politiques ne s'occupent pas de ses problèmes. Alors, à partir de là, si nous nous rendons compte que ce fichier électoral qui, a-t-on dit, est allé jusqu'à 5 millions d'électeurs, révèle des choses. Il y a plus de 2,5 à 3,5 millions de Sénégalais qui se sont inscrits, et dont on ne connaît pas l'origine. Ceux qui sont au pouvoir s'interrogent, de même que ceux qui sont dans l'opposition…

Les cartes d'électeurs seront distribuées aux gros parleurs

Alors, qui contrôle ces nouveaux électeurs ? Ils inquiètent tout le monde. Et le pouvoir, justement, nous a donné des indications qui montrent que nous avons raison à ce niveau, en supprimant le 1/4 bloquant. Comment peut-on dire qu'on est majoritaire, avoir des mouvements de soutien qui comptent en leur sein plus de 4 millions d'électeurs, comment peut-on organiser, il y a quelques années un meeting qui, avait-on dit, avait rassemblé plus de 2 millions d'électeurs, et dire qu'il est difficile de réunir le 1/4 bloquant qui fait au plus 1.250.000 électeurs. De mon point de vue, c'est une information capitale. Également, le pouvoir va procéder autant que faire se peut à la rétention des cartes d'électeurs de ces gens qui ne sont pas connus, qui ne sont pas contrôlés. Ils ont leur base de données. Ils savent qui est avec eux et qui est dans leur base de données. Ils vont s'organiser pour leur distribuer leurs cartes. Ils vont distribuer les cartes aux gros parleurs de mon genre. Il paraît que ma carte est arrivée aujourd'hui au niveau de ma commission d'inscriptions (ndlr : l'entretien s'est déroulé jeudi dernier), alors que je m'étais inscrit le 18 octobre 2005. Tous ceux qui peuvent faire du bruit recevront leurs cartes. Mais, les autres seront disséminées sur le terroir national, et cela va impacter sur la marche et le résultat des élections. C'est pour vous dire que quels que soient les configurations, les reconfigurations, les formatages et les reformatages au Pds, les redistributions de stations au sein de ce parti politique, ma conviction est que même si ce parti, au-delà de ça, parvenait à rassembler d'autres formations de l'opposition, si les Sénégalais inscrits se mobilisaient et décidaient de les faire partir, ils partiraient. C'est pourquoi, je refuse de faire de ce qui se passe au sein du Pds un élément essentiel et fondamental de ce qui va se passer le 25 février. Parce que cela va concerner essentiellement ceux qui étaient autour de Me Wade, et qui veulent se positionner pour l'après Wade.

Donc, vous êtes convaincu que l'élection présidentielle aura lieu le 25 février prochain ?

De mon point de vue, elle aura lieu. Seul Dieu Le Tout Puissant peut en décider autrement. Les partis d'opposition ont commis des erreurs en se laissant utiliser par le pouvoir. Depuis des mois, ils distillent parcimonieusement des informations qui tendent à montrer qu'il n'y aura pas d'élections. Et ceux qui sont leurs porte-voix, c'est l'opposition, alors que nous devons parler de ce qui est conforme aux dispositions prévues par la Constitution et le Code électoral. Déjà pour ce qui concerne le report des élections législatives d'avril-mai 2006, c'était totalement anormal et inacceptable C'était un coup d'Etat, mais les opposants n'étaient pas conséquents. Nous nous sommes retrouvés au cours d'un meeting le 17 décembre 2006 à Dakar qui suscitait l'enthousiasme et l'optimisme quant au déclenchement d'une nouvelle phase dans l'opposition face à ce régime. Mais, quelques jours après, le 31 décembre, Wade a lancé un appel, et ils ont décidé de répondre, mais nous avons décidé de ne pas y aller. Par la suite, il a réussi à casser cette dynamique unitaire. La seule réaction qu'il y a eu face à la prorogation des mandats des députés, a été la campagne de pétition que nous avons déclenchée le 16 juillet à Louga, et qui s'est terminée le 12 novembre à Thiès ; et qui a mobilisé 120 volontaires pendant 120 jours. Et nous avons fait 15 départements, et rassemblé 200 mille signatures, sans moyens. Imaginez, si nous étions plusieurs partis, et si nous avions réussi à couvrir l'ensemble du territoire avec un peu plus de moyens, on aurait réuni au minimum 4 millions de signatures. Et nous allions adresser ces signatures à la Cdeao et à l'Ua pour les interpeller. Parce que ces instances sont compétentes. Notamment la Cdeao qui, dans son protocole additionnel, interdit toute manipulation du dispositif électoral dans les 10 derniers mois précédant une élection.

Depuis le meeting de l'Idewa, vous avez tourné le dos à l'opposition en la qualifiant d'opposition de façade. Ce qui a poussé certains à vous qualifier de nihiliste. Ou se situe Talla Sylla ?

Talla Sylla est au Sénégal. À la naissance du Jëf-Jël, on nous avait demandé si nous sommes à gauche ou à droite. J'avais répondu que nous ne sommes ni à gauche, ni à droite, ni au centre, nous sommes au Sénégal. Dans cette affaire aussi, c'est ni..ni. Nous faisons face à toute cette classe politique. Parce qu'on se réveille pour dire qu'on est dans l'opposition. Mais on ne dit jamais pourquoi on s'oppose, et à quoi on est opposé. À quoi ces gens sont opposés au pouvoir, qui est en roue libre depuis des années, et dans tous les domaines. Personne ne peut manifester dans ce pays. Il n'y a pas eu pas plus de trois manifestations de l'opposition sénégalaise au Sénégal depuis que Wade est au pouvoir. En dehors de l'affaire des délégations spéciales, quand j'ai été agressé, et la troisième est celle du Cpc du 12 avril 2005. Pourtant, il s'est passé tellement de choses que ceux qui veulent prétendre diriger ce pays ont la responsabilité, les leaders surtout, de donner l'orientation. C'est la raison pour laquelle nous nous posons des questions. Nous avions déclenché le processus pour amener les Sénégalais à mettre la pression sur Wade, pour qu'il démissionne. Mais au dernier moment, les partis d'opposition ont décidé de reporter le meeting, sans raison valable. Mais le Jëf-Jël est parvenu sans meeting à organiser le meeting à Thiès, en remplissant le stade.

Le deuxième problème, c'est qu'à la suite de la prorogation des mandats des députés, nous avions invité l'opposition à aller dans le sens de la pétition. C'est seulement à partir du mois d'août que Moustapha Niasse qui avait quitté l'Assemblée nationale sans son parti, a signé la pétition et a organisé un meeting à Keur Madiabel. Ce qui n'était pas le cas, pour les autres.

C'est également en présence de l'opposition, à l'exception de Moussa Tine, Moustapha Niasse, Madior Diouf et Abdoulaye Bathily que le 1/4 bloquant a été voté, que le mandat des députés a été augmenté, que le nouveau code électoral a été voté, que d'autres initiatives ont été prises pour détruire les libertés, la démocratie et la république dans ce pays. On ne peut avoir accepté toutes ces violations des règles démocratiques pour, après, s'offusquer. Les mêmes raisons qui ont amené l'opposition à se taire, et même à se terrer à l'Assemblée nationale, en attendant les élections, devaient les pousser à se taire par rapport à ce décret. Si elle ne le savait pas, c'est parce que l'opposition est composée de « Thiouné » (ndlr : nullards)

Pour ce qui me concerne, par rapport à l'élection présidentielle, j'avais dit que je ne serais pas candidat aux élections législatives, parce que j'avais dit que les actes posés par cette assemblée depuis le 30 juin 2006, sont nuls et non avenus. Même la date de l'organisation des élections législatives, fixée par cette Assemblée nationale, est illégitime. Le seul niveau où un acte posé par cette assemblée peut affecter l'élection présidentielle, c'est la suppression du 1/4 bloquant. Et je n'accepterai jamais qu'un candidat soit élu au premier tour, s'il ne réussit pas le 1/4 bloquant

Comment comptez-vous vous y opposer ?

On n'en est pas encore là. Parce que je compte gagner les élections, sachant au départ que je ne suis pas le favori.

Dans les conditions actuelles ?

Dans n'importe quelle condition. C'est parce que l'opposition a boycotté les élections que Gbagbo a gagné les élections en Côte d'Ivoire. Je participerais à ces élections, avec la jeunesse, face à tous ceux qui veulent maintenir ce système dans ce pays. Je ne dis plus « na deem » ; maintenant je dis « na deeñ », parce que nous avons constaté, depuis de longues années, que c'est le système qui a été conçu par l'ancien régime qui est aujourd'hui utilisé jusqu'à l'abus par Me Wade et son régime, qui nous a mis dans cette situation. N'eût été ce système, dès 2001, Wade aurait perdu le pouvoir à l'Assemblée nationale. C'est parce qu'il y a ce système qu'un parti politique avec 30% de l'électorat de Dakar rafle tous les députés comme s'il avait 100 %. C'est pourquoi, je dis que c'est un problème de système d'abord, je ne me focalise pas sur les personnes. C'est la raison pour laquelle, j‘ai proposé un projet de charte fondamentale pour qu'on parle de ce système.

Contrairement aux dispositions qui régissent le mandat des députés, ils ont pu profiter du fait que dans la Constitution , on n'a pas clairement interdit, ou l'on n'a pas clairement explicité les conditions d'une éventuelle prorogation du mandat des députés, qu'ils en ont profité pour nous griffonner une sorte de loi qui, du point de vue d'un constitutionnaliste, n'a même pas la dignité constitutionnelle. Mais, ils l'ont fait. Et ces gens-là, parce qu'ils ont voulu régler un problème, parce que du point de vue des renseignements qui étaient à leur disposition, ils allaient perdre les législatives, ils se sont arrangés pour les coupler. Et aujourd'hui, ce sont les mêmes qui tiennent coûte que coûte à les découpler, alors qu'ils ont parlé d'économie et de cohérence institutionnelle, il faut que les deux élections aient lieu en même temps. Le fond du problème, est que nous devons aller à l'élection présidentielle, parce qu'ils n'y peuvent rien. La Constitution , en son article 27, alinéas 2 dit très clairement que cette disposition relative au mandat du président « ne peut être révisée que par une loi référendaire ».  Tout ce qu'ils peuvent faire est un coup d'Etat. Mais un coup d'Etat ne sera jamais accepté dans ce pays. Le président ne peut pas proroger d'une seule journée son mandat, sans passer par une voie référendaire. C'est la raison pour laquelle, je ne me soucie pas de cela. Je suis en en train de m'organiser, peut-être à mains nues, avec notre équipe, pour aller à la rencontre du peuple sénégalais, et lui proposer une nouvelle perspective.

Vous pensez que les mains nues peuvent faire tomber un régime assis sur les milliards ?

Oui. On a vécu l'expérience avec Wade en 2000. Il est allé à l'élection les mains nues.

Mais, il était dans le cadre d'une coalition ?

Même dans le cadre d‘une coalition. Mais, vous savez, au Sénégal, nous avons un fétichisme pour l'unité des partis politiques. Mais l'objectif d'une alliance est le regroupement de partis politiques, pour espérer rassembler le maximum d'électeurs. Moi, j'ai adopté une alliance de type nouveau. Je m'adresse aux Sénégalais. Je préfère rassembler 5000 Sénégalais de l'extérieur, qu'être avec des partis « cabine téléphonique ».

 

A suivre




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