Si l’on s’attendait à ce que le Premier ministre se prononçât sur son avenir politique, c’est peine perdue. Idrissa Seck n’a prononcé aucun mot sur les relations avec Me Wade, encore moins sur son éventuel retour dans son ancienne formation. Il a plutôt laissé un flou dans son expression qui laisse une grande place aux interprétations et supputations. L’ancien n°2 du Pds a déclaré qu’il ne se prononcera qu’au Sénégal, malgré l’insistance de la presse. Et ses plus proches collaborateurs, Awa Guèye Kébé et Omar Sarr, présents à la manifestation, n’ont pas permis de se faire une idée.
Après son adresse aux 500 personnes invitées à la manifestation, parmi lesquelles les militants du Cpc, l’ancien Premier ministre de Wade a refusé de parler à la presse, préférant le faire au Sénégal. «Je ne parlerai qu’au Sénégal», a-t-il répondu aux journalistes qui l’interpellaient pour clarifier certains de ses propos tenus devant une foule de sympathisants. Devant l’insistance de votre serviteur, l’ancien pensionnaire de Rebeuss restera catégorique : «Vous ne pourrez pas me faire parler. Il vaut mieux attendre lorsque je serai au Sénégal».
Ainsi, la presse reste-t-elle sur sa faim. Car Idrissa Seck n'a pipé mot sur ses relations avec le président de la République. L’a-t-il rencontré ? Au cas échéant, que se sont-ils dits ? Sur toutes ces questions d’importance majeure, la foule est rentrée sans être éclairée. Chacun restera campé sur ses informations sur la rencontre entre l’édile de Thiès et le secrétaire général du Pds.
L’autre grande question à laquelle ses invités s’attendaient à une réponse, c'est celle portant sur son avenir politique, après sept mois passés à Rebeuss. Là encore, il a usé de nuance. Conséquence : les spéculations vont continuer sur son attitude vis-à-vis de son ancien parti politique. Pourtant ce n’est pas faute d’être interpellé sur la question par toutes les personnes qui se sont succédé au micro. Pour Pape Omar Ndoye, président du Cacvp qui a rappelé toutes les péripéties des combats que les associations ont menés, «Idrissa Seck est incontournable à l’état actuel des choses dans la vie publique sénégalaise». De son côté, Aliou Ndiaye, coordonnateur des Initiatives diaspora pour la libération de Idrissa Seck (Idi), a indiqué que le Sénégal est en panne : «Panne d’idées novatrices en mesure de nous mettre sur les rails du développement, panne de repères moraux et éthiques, panne de consensus, d’esprit consensuel capable de nous mobiliser les forces autour du même objectif, panne de programme ambitieux et populaire afin de pouvoir soulager le peuple et remobiliser les ressources humaines disponibles». Pour le coordonnateur de Idi, il est «impératif de trouver un homme ou une femme qui incarne la vertu du travail, un modèle d’éthique et d’intégrité, un Sénégalais ou une Sénégalaise capable de rassembler toutes les forces disponibles au service du Sénégal. Le défi actuel, c’est de trouver cet homme et cette femme qui sera en mesure de transcender cette différence, de mobiliser les Sénégalais autour du même objectif au service exclusif du pays et du peuple». Il poursuivra pour avertir que pour «arriver à remettre en marche notre pays, il faudra poser des actes courageux qui ne se feront pas sans douleur».
Ces actes, selon Aliou Ndiaye, viseront à «moraliser la politique en bannissant le clientélisme, moraliser les affaires et le fonctionnement de l’Etat en mettant en place les mécanismes efficaces pour la promotion de la bonne gouvernance, réformer les institutions pour les rendre aptes à répondre aux principes d’Etat de droit et de justice, renforcer les acquis démocratiques, mettre en place des programmes ambitieux pour relancer l’attractivité des études au Sénégal (…)». Tout un programme politique ! Avant de lancer à l’endroit du maire de Thiès : «Les travaux que vous avez initiés à Thiès, en si peu de temps, nous rassurent». Un clin d’œil pour inviter Idrissa Seck dans le champ politique. Aliou Ndiaye sera beaucoup plus précis : «Nous ne sommes pas les seuls à croire, Monsieur le Premier ministre (Idrissa Seck, Ndlr), que vous incarnez cet espoir pour des millions de Sénégalais». Ce qui conforte le leader d'Idi dans sa position, «l’exceptionnelle mobilisation dans le monde entier pour votre libération en est la preuve. C’est la raison pour laquelle notre organisation est prête à s’engager à vos côtés pour un Sénégal meilleur». Et Aliou Ndiaye de promettre à l’ancien célèbre prisonnier de Rebeuss de mettre à sa disposition «toutes les ressources de son organisation en matière de mobilisation de suffrage, de valorisation de compétences et de réseaux pour vous épauler dans votre ambition pour notre pays».
Le secrétaire général du Msis des Sénégalais de l’extérieur, Daouda Fall, dira que son mouvement «demande à Idrissa Seck un projet pour le Sénégal. C’est une proposition à laquelle, il doit se déterminer». Toutes ces interventions n’ont pas amené le maire de Thiès à se déterminer clairement. Il entretient encore le doute sur sa volonté de créer un parti politique, de s’allier avec d’autres forces, ou de retourner simplement dans son ancienne formation politique.
Malgré tout, l’ambiance a été bon enfant durant tout le cocktail. Le tube de Pape et Cheikh, Yengeule Galgui, a été le morceau phare.
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