Gouvernance politique : « Les femmes font plus confiance aux élus que les hommes »

Selon une enquête de Afrobaromètre sur la gouvernance politique, la citoyenneté et la gouvernance économique au Sénégal, les femmes ont plus confiance aux élus locaux que les hommes. Un atelier de dissémination de cette étude a eu lieu hier en présence d’acteurs du développement local, de la société civile, etc.

Ce sont les femmes qui manifestent le plus de confiance aux élus que les hommes. C’est ce que révèle l’étude réalisée par Afrobaromètre au Sénégal à travers une enquête effectuée sur l’ensemble du territoire national. Ces travaux ont été restitués hier par les membres de cette organisation au cours d’un atelier. L’équipe de Afrobaromètre Sénégal a organisé cette enquête en septembre-octobre 2006. Le groupe cible est composé de citoyens qui ont au minimum 18 ans ; ce qui correspond à l’âge légal pour la participation politique. Le Pr. Babaly Sall, coordonnateur de Afrobaromètre au Sénégal et ses collègues expliquent que les femmes investissent moins la scène publique que les hommes. C’est pourquoi il souligne que cette grande confiance serait en rapport avec leur grande réserve et un grand retrait par rapport à la sphère publique.

L’étude montre qu’il y a un niveau acceptable de la confiance en l’élu local. Sur 100 personnes interrogées, 50 ont fortement confiance en l’élu local, 28 personnes ont une confiance faible à moyenne en lui et 22 n’ont aucune confiance en lui. Il apparaît aussi que la confiance en l’élu local est influencée par les variables socio-démographiques. Selon l’étude, à mesure que l’âge de l’individu augmente, sa confiance en l’élu augmente : les jeunes sont donc ceux qui croient le moins aux élus locaux. Les variables résidentielles et cognitives ont aussi un impact sur la confiance aux élus locaux. Pour la première, l’étude révèle que les personnes vivant en milieu rural ont plus confiance aux élus locaux que celles vivant en milieu urbain, les personnes vivant dans les vieilles régions héritières d’une longue tradition politique-administrative comme Dakar et Saint-Louis ont moins confiance en leurs élus que celles vivant dans les régions de l’intérieur ou celles vivant dans les entités tardivement régionalisées : Kolda, Fatick, Matam. S’agissant de la seconde, Afrobaromètre fait remarquer qu’à mesure que le niveau d’instruction augmente, la confiance en l’élu local diminue. Pour les variables liées à la participation politique, l’étude souligne que les personnes qui sont proches des partis politiques ont tendance à avoir plus de confiance aux élus que celles qui n’en sont pas proches. Selon Pr. Sall et ses collègues, les analyses de corrélation ont démontré que la confiance en l’élu ne serait pas très liée à la fréquence des contacts avec l’élu, mais qu’elle restait fortement influencée par le niveau de satisfaction de travail de l’élu mesuré à travers la variable performance.

Niveau de satisfaction

Cependant, ils soulignent que même si le niveau de confiance en l’élu est relativement important et laisse par conséquent entrevoir la possibilité d’un développement local, il reste qu’un important travail reste à faire au niveau de certaines catégories comme les jeunes, les plus instruits et les citadins surtout ceux de Dakar et de Saint-Louis, pour les amener à avoir davantage confiance en leurs élus. L’étude précise également que cet exercice reste d’autant plus difficile que les résultats ont montré une rationalisation de la confiance que les populations portent en leurs élus. Elle reste en effet déterminée par le niveau d’instruction du répondant ainsi que son niveau de satisfaction par rapport au travail de l’élu.

Afrobaromètre est une série d’enquêtes comparatives sur les attitudes des populations, menées dans 18 pays africains. Basées sur des échantillons à représentation nationale, ces études évaluent, entre autres domaines d’investigations, les attitudes des citoyens envers la démocratie, le marché et la société civile.