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Politique

Entretien avec… Fatou Binetou TAYA NDIAYE (Ministre de la solidarité nationale) : ‘ La demande sociale est très pressante au Sénégal ’

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Entretien avec… Fatou Binetou TAYA NDIAYE (Ministre de la solidarité nationale) : ‘ La demande sociale est très pressante au Sénégal ’

Chaque jour, ils sont quelque trois cents Sénégalais à taper à la porte du ministère de la Solidarité nationale à la recherche d’un soutien ou d’une assistance. Un nombre impressionnant qui fait dire au ministre de la Solidarité nationale que ‘la demande sociale au Sénégal reste pressante’. A travers l’entretien qu’elle nous a accordé, Fatou Binetou Taya Ndiaye, revient sur le débat soulevé sur la légèreté des mœurs de certains ministres, au lendemain de leur nomination. Un débat qu’elle a déploré tout soutenant n’avoir jamais été mannequin, contrairement à la rumeur qui a couru. Elle est, par ailleurs, revenue sur le programme ‘Ndogou sur le fil’ que son département avait initié, pendant le mois de ramadan, pour permettre aux usagers de la route de couper leur jeûn en pleine circulation. Entretien.

Wal Fadjri : Durant le mois de Ramadan, votre département a initié une opération appelée ‘Ndogou sur le fil’. D’où vous est venue l’idée d’une telle opération ?

Fatou Binetou Taya Ndiaye : Nous avons développé ‘Ndogou sur le fil’ simplement parce que nous avions pensé qu’avec le ramadan, la population, surtout celle active travaillant à Dakar, sera confrontée aux problèmes d’embouteillage. Du fait qu’à cette période, dès 16 h, les gens commencent à se presser pour rentrer chez eux afin d’arriver avant l’heure de la coupure. Une précipitation qui causait souvent des accidents et autres accrochages. Il s’agissait alors, pour nous, d’œuvrer pour remédier à ces précipitations et éviter les accidents. Ainsi, pendant la première semaine, nous avons, pour un test, essayé de faire quelques stands et nous avions vu que la population appréciait. C’est ainsi qu’ensuite, nous avons essayé de l’étendre partout sur Dakar, jusqu’à sa périphérie. Nous sommes même allés jusqu’à Rufisque.

Wal Fadjri : Sur quelle base avez-vous choisi les lieux d’implantation des stands ?

Fatou Binetou Taya Ndiaye : Les critères, c’était là où il y avait une forte concentration de voitures. Nous avons essayé de prendre les endroits les plus stratégiques où l’embouteillage reste dense à l’approche de l’heure de coupure. Il fallait avoir le maximum de cibles et ne pas se limiter à une catégorie de personnes. ‘Ndogou sur le fil’ était ouvert à toute catégorie de personnes : cadres, ceux qui étaient dans des bus, les cars rapides, en 4X4, à vélo, les piétons…

Wal Fadjri : Et quel en est le bilan ?

Fatou Binetou Taya Ndiaye : Satisfaisant. Les populations ont salué cette initiative. Evidement, les régions de l’intérieur se sont plaintes en disant que nous nous sommes limités à Dakar. Mais notre idée de départ, c’est un problème d’agglomération - circulation et embouteillage. Une chose que l’on ne trouve qu’à Dakar. Mais il reste qu’après, nous avons étendu l’opération jusqu’à Rufisque. Seulement, c’est un programme qui arrange les gens et que les populations apprécient. Faisant que nous allons essayer de le pérenniser et de l’étendre aux autres régions. Et comme nous avons le programme Némékou derrière cela, les actions qui se feront dans les régions seront orientées suivant les besoins de chaque région. Surtout que Némékou est un autre programme qui est beaucoup plus dynamique et de grande envergure. Avec Némékou, ce sera la proximité auprès des populations. Nous ferons un état des lieux, voir quels sont les besoins des populations pour essayer d’y apporter les réponses adéquates. Nous disons que c’est très bien d’assister les gens, mais faudrait-il que l’assistance à leur apporter réponde à leurs besoins sociaux.

Wal Fadjri : Et au-delà de cela, quel autre contenu allez-vous donner à votre ministère pour mieux prendre en charge la question du développement ?

Fatou Binetou Taya Ndiaye : Par rapport à ma mission, nous sommes là pour les populations, pour les onze millions de Sénégalais. Peu importe leur situation ou catégorie sociale, nous sommes là pour leur apporter soutien et assistance. Par ailleurs, quand nous faisons de la proximité, les populations ne parlent que de leurs problèmes ponctuels. Mais, pour éradiquer ces questions, il convient de s’appuyer sur les programmes de développement durable pour éliminer complément la pauvreté. C’est l’objectif, entre autres, du Document stratégique pour la réduction de la pauvreté 2 (Dsrp 2). Ainsi, au niveau de mon département, nous essayons de mettre en place des infrastructures socio-communautaires de base, étant entendu que tout développement commence par les infrastructures, notamment par l’accès à l’eau potable, à l’électricité, aux soins, l’éducation… C’est le fondement que les gens ne voient pas souvent.

Wal Fadjri : Avec tout cela, êtes-vous sûr que l’on réussira à éliminer la pauvreté d’ici à 2015 ?

Fatou Binetou Taya Ndiaye : C’est cela l’objectif. Il s’agira, pour nous, de tout faire pour que, d’ici là, chaque Sénégalais puisse avoir le minimum vital.

Wal Fadjri : Votre mission est d’assister et de soutenir les populations. Mais qu’avez-vous fait pour les sinistrés des inondations ?

Fatou Binetou Taya Ndiaye : D’aller les visiter, faire l’état des lieux, en nous s’appuyant sur les agents du ministère de l’Intérieur pour la limitation des dégâts… Après cela, nous leur apportons une assistance en vivres et leur donnons certains matériels. Nous les écoutons et intervenons, pour eux, auprès des autres ministères puisque nous sommes le ministère transversal. Et puis, nous saisissons le ministère de l’Habitat et de la Construction pour voir dans quelle mesure des sinistrés peuvent intégrer le plan Jaxaay.

Wal Fadjri : Quel est votre rôle dans le plan Jaxaay ?

Fatou Binetou Taya Ndiaye : C’est vrai qu’à un moment donné, il dépendait du ministère de la Solidarité nationale mais, maintenant, il dépend directement du ministère de la Construction, compte tenu du fait que le ministère de la Solidarité ne construit pas. En fait, cela a été très bien pensé de le laisser au ministère de la Construction qui reste, quand même, en contact avec nous pour le recensement des populations et autres.

Wal Fadjri : Mais les sinistrés, ce ne sont pas que les gens de Dakar, les populations des régions en ont aussi souffert, notamment les habitants de l’Ile-à-Morphil, d’Ourossogui…

Fatou Binetou Taya Ndiaye : Absolument ! Et pour eux, nous avons fait les mêmes choses. Même si pour cause d’absence, je ne m’y suis pas rendue, des gens de mon département et les collègues ont fait la même chose. Il y a eu d’abord le secours du ministère de l’Intérieur et une assistance très pointue a été déployée du fait du sérieux de la situation. Nous avons fait une assistance en vivres aussi et éventuellement un programme Jaxaay sera établi sur place. Nous sommes toujours en contact avec eux et jusqu’à présent, nous faisons l’état des lieux avec les autorités administratives qui nous envoient, chaque semaine, un fax détaillé de la situation.

Wal Fadjri : Lors de votre visite au Centre Talibou Dabo, vous avez émis l’idée de la création d’un grand centre de réadaptation sociale pour enfant à besoins spécifiques. Où en êtes-vous avec ce projet ?

Fatou Binetou Taya Ndiaye : Ce projet est pratiquement terminé. Il ne reste plus qu’à aménager ces locaux. On est presque à la fin. Profitant de l’occasion, je vais vous dire qu’au niveau de Talibou Dabo, un état des lieux a été fait et la réfection du centre est prévue. Ce qui permettra de résoudre le problème de l’état des murs qui étaient délabrés et il y avait aussi un problème d’étanchéité qui va aussi être résolu. Le centre sera complètement réfectionné. Et il continuera à récupérer les enfants qui y passent les journées et les centres que l’on fera, développeront la possibilité d’interner certains qui ont un degré de handicap tel que leurs familles ont du mal à les gérer. Ils seront scolarisés et l’on développera aussi, entre autres, la formation pour eux. Il s’agira surtout de multiplier les disciplines.

‘Nous ne pouvons pas résoudre les problèmes de tout le monde en un seul jour. Nous essayons de trouver des solutions selon les circonstances et les besoins. Mais les priorités restent les personnes âgées, les handicapés, les orphelins et les urgences d’accès aux soins’

Wal Fadjri : En dehors des soutiens et assistances organisées, vous arrive-t-il de mener des actions à l’endroit des individuels ?

Fatou Binetou Taya Ndiaye : Ah oui ! C’est en permanence et sans arrêt. Au Sénégal, la demande sociale est très importante, très pressante. Nous recevons, à longueur de journée, des cas de personnes qui ont des problèmes d’accès aux soins. Sans arrêt, nous recevons toutes sortes de demandes sociales.

Wal Fadjri : Et par mois, combien de demandes recevez-vous à peu près ?

Fatou Binetou Taya Ndiaye : Pas moins de trois cents par jour. Il reste qu’il a parfois des abus. Certains écrivent parce que le besoin est là. Comme l’on dit, dès que c’est gratuit, tout le monde devient nécessiteux. Et je tiens à dire que les gens qui sont sûrs qu’avec le minimum, ils arrivent à vivre, doivent laisser la chance aux autres qui en ont vraiment besoin. A notre niveau, nous essayons de faire une sélection, de répondre à tout le monde, si nous le pouvons. Pour ce qui me concerne, j’essaye de recevoir le maximum de personnes et d’intervenir à chaque fois que nous le pouvons. Seulement, nous ne pouvons pas résoudre les problèmes de tout le monde en un seul jour. Au fil du temps, nous essayons de trouver les solutions selon les circonstances et les besoins. Mais, les priorités restent les personnes âgées, les handicapés, les orphelins et les urgences d’accès aux soins. Dans ces cas, quelle que soit la situation, nous essayons de trouver des compromis avec les hôpitaux.

Wal Fadjri : Jusqu’ici, votre ministère n’a pas de budget. Alors, comment faites-vous pour exécuter tous ces programmes et développer toutes ces actions ?

Fatou Binetou Taya Ndiaye : Le problème qui se pose n’est pas spécialement un problème d’argent. Et puis, quand on a la volonté, les solutions sont toujours là. Je ne peux pas trop parler de cela maintenant parce que nous préparons, en ce moment, les plénières pour les budgets. Mais ceci dit, nous avons la volonté et nous essayons de trouver les solutions. Nous jonglons avec le ministère des Finances et à chaque fois qu’il y a un problème, il y a toujours une solution qui est là. Pour ce qui est du programme ‘Ndogou sur le fil’ qui pouvait être coûteux, j’ai eu un partenariat avec des sociétés, notamment les agro-alimentaires qui nous ont beaucoup soutenu. L’Etat ne peut pas tout faire. Il faut développer des partenariats et faire en sorte que l’effort de solidarité soit accepté par les Sénégalais. C’est seulement avec cela que l’on arrivera à résoudre beaucoup de problèmes. Je suis arrivée à réussir des opérations seulement parce que j’ai eu des partenariats.

Wal Fadjri : Lors de la formation du gouvernement, on a eu à dénoncer la légèreté des mœurs de certains ministres. Vous étiez-vous sentie visée par ces dénonciations ?

Fatou Binetou Taya Ndiaye : Personnellement non ! Mais je pense que ce n’est pas décent ne serait-ce que par respect à l’institution. C’est très grave de raconter des choses qui ne sont pas justifiées sur qui que ce soit au niveau du gouvernement, surtout des femmes. Ce n’est pas correct. L’essentiel est qu’elles soient à la hauteur de la mission qu’on leur a confiée. Nous sommes dirigés par un Premier ministre technocrate compétent qui ne croit qu’au travail et le président de la République est connu pour son ambition pour le Sénégal. Par conséquent, je crois que l’on ne doit pas spéculer au-delà de la manière dont les ministres exécutent leur travail. J’ai trouvé ces considérations lamentables.

‘Après mon Bac au Sénégal, je suis allée en France faire mes études supérieures. J’ai fait au moins l’université et je suis sortie avec mes diplômes. j’ai été recrutée par les Français pendant dix ans. J’étais cadre de banque, classée VI et c’est moi qui ai décidé de rentrer chez moi. Je n’ai jamais eu le temps d’être mannequin’.

Wal Fadjri : Mais n’étiez-vous pas mannequin ainsi que l’a soutenu une certaine rumeur… ?

Fatou Binetou Taya Ndiaye : Ça, c’est leur vision. Je veux dire que l’apparence est souvent trompeuse, mais je n’ai jamais été mannequin de ma vie. Après mon Bac au Sénégal, je suis allée en France faire mes études supérieures et j’ai travaillé dix ans dans la Banque. J’ai fait au moins cinq ans d’université et je suis sortie avec mes diplômes. J’étais cadre de banque, classée VI. Ce qui n’est pas donné à n’importe qui. J’ai eu cette chance. Et j’ai eu mes diplômes sans difficultés, j’ai été recrutée par les Français pendant dix ans et c’est moi qui ai décidé de rentrer chez moi. Je n’ai jamais eu le temps d’être mannequin.

Wal Fadjri : Vous gérez un ministère, considéré comme un levier politique et vous n’en faites pas. Alors comment faites-vous pour gérer ce paradoxe ?

Fatou Binetou Taya Ndiaye : Ce qui m’intéresse le plus, c’est de passer à l’acte, faire des actions. On ne me connaissait pas sur la scène politique, c’est certain. Mais ce poste me convient, du fait que j’aime faire la proximité, discuter avec la population, me rapprocher d’elle et trouver des solutions. Je ne fais pas de politique politicienne, mais je fais de la politique dans le sens de résoudre les problèmes des populations. Faisant que la Solidarité nationale, ce n’est pas seulement de la politique. C’est d’abord une assistance des personnes qui sont dans le besoin. Et la meilleure façon de faire de la politique, ce sont les actions.

Wal Fadjri : Et pensez-vous vous engager politiquement dans un parti ?

Fatou Binetou Taya Ndiaye : Je ne peux pas répondre pour l’instant à cette question. En tout cas, je suis dans le gouvernement. J’essaie de mener à bien ma mission, en trouvant le maximum de solutions. Ceci dit, nous ne sommes ni en année de campagne ni en élection, je n’ai pas d’ambition et je ne peux pas, sincèrement, dire ce qui se passera à l’avenir. En tout cas, j’aimerais bien satisfaire les personnes qui ont confiance en mes compétences, en accomplissant la mission qu’ils m’ont confiée.



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