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Politique

Du décisif discours de De Gaulle au coup de poignard de Sarkozy !

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Du décisif discours de De Gaulle au coup de poignard de Sarkozy !

Ce samedi, troisième et dernier jour de la visite de Macron au Sénégal. Au programme du Président français : une visite à Saint-Louis, qui sera ponctuée par un discours à la Place Faidherbe. Avant l’actuel locataire de l’Élysée, sept de ses prédécesseurs ont respecté la tradition de l’adresse au pays hôte. Avec plus ou moins de tact et de succès.

Août 1958 : De Gaulle agacé

L’histoire des discours des Présidents français à Dakar a démarré le 26 aout 1958 avec Charles de Gaulle. Ce jour-là, alors que la France organisait un référendum sur l’indépendance dans ses colonies, le Général débarque à Dakar. Face à la débordante aspiration à la l’indépendance qui s’était emparée de la Place de Protêt (Place de l’indépendance), le Président français, agacé, amer, dit : «Je veux dire un mot aux porteurs de pancartes. S’ils veulent l’indépendance, qu’ils la prennent le 28 septembre.»

Une phrase qui donnera le ton de la marche irréversible vers l’indépendance.

Février 1971 : Pompidou, «l’avocat de l’Afrique»

Treize années après de Gaulle, Georges Pompidou arrive au Sénégal le 5 février 1971 pour une visite de trois jours. Il est accueilli dans la liesse, sous le rythme des tam-tams. C’était la veille de la fête de Tabaski. Pompidou se présente comme «l’avocat de l’Afrique». Il plaide : «Ma présence à vos côtés témoigne de la reconnaissance d’un passé dont nous pouvons être fiers, et de notre volonté, de marcher vers l’avenir par les chemins de la coopération.»

Avril 1977 : L’aveu de Giscard

Valéry Giscard d'Estaing, qui succède à Pompidou, effectue au Sénégal sa première comme Président de la France en avril 1977. Venu dans le cadre de la Conférence franco-africaine, Giscard d’Estaing est porteur d’un discours clair sur la responsabilité de la France dans le passé douloureux de son ancienne colonie.

Il dit : «Lorsque les français ont abordé, il y a 4 siècles, au voisinage de Saint-Louis, votre continent, ils ne l'ont pas fait dans un mouvement de philanthropie. Mais, dans un mouvement qui était celui du processus historique de leur époque, où la curiosité, pourtant forte, n'était pas le sentiment dominant et ou sans doute l'intérêt ou les intérêts jouaient aussi leur rôle. Et d'ailleurs, à cet égard, ils préfaçaient l'effort vers ce qu'il est convenu d'appeler aujourd'hui le commerce triangulaire.»

Giscard n’a pas manqué de saluer l’excellence des relations franco-sénégalaises : «Je ne crois pas qu'il y ait à l'heure actuelle dans le monde beaucoup d'exemples de simplicité, de réciprocité, d'intérêt et d’égalité dans les relations humaines et internationales qui puissent se comparer à celles du Sénégal et de la France.»

Mai 1982 : Mitterrand et la dette de la France

Après Giscard, Mitterrand. Le Président français, élu en 1981, arrive à Dakar un an après son élection. Le 25 mai 1982, il choisit Saint-Louis pour s’adresser au Sénégal. Macron en fera de même ce samedi.

Mitterrand dit : «Le Président français ne peut pas oublier l'immense contribution des populations africaines à l'édification de la France contemporaine. Le prix élevé que tous ces hommes ont payé pour leur attachement à la France donne droit à notre reconnaissance dans les mots et à notre reconnaissance dans les actes.»

Le Président socialiste reconnaît que la France a «une dette de reconnaissance envers les anciens combattants». Ce qui le pousse à rétablir le principe de la reversion des pensions des anciens combattants, qui a été supprimé : «Des dispositions seront prochainement adoptées pour augmenter les pensions. Nous nous attacherons également à poursuivre la politique d'harmonisation des taux.»

L’harmonisation n’interviendra qu’en 2011.

Février 2005 : Chirac «l’Africain»

Après Mitterrand, Jacques Chirac. Surnommé « Chirac l’Africain », tant il revendiquait un attachement sa faille au continent. Arrivé à Dakar en février 2005, il sera chaleureusement accueilli. Jacques Chirac promettra la réfection du Pont de Faidherbe. Qui ne se matérialisera qu’en 2011.

Juillet 2007 : Et Sarkozy entra dans l’histoire !

Le 26 juillet 2007, Nicolas Sarkozy, en visite à Dakar deux mois après sa brillante élection à la tête de la France, prononce un discours à l’Ucad. «Le drame de l'Afrique, c'est que l'homme africain n'est pas assez entré dans l'histoire, ose le Président français dans une salle bondée. Le paysan africain qui, depuis des millénaires, vit avec les saisons, dont l'idéal de vie est d'être en harmonie avec la nature, ne connaît que l'éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles.»

Très en verve, Sarkozy poursuit : «Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n'y a de place ni pour l'aventure humaine, ni pour l'idée de progrès. Dans cet univers où la nature commande tout, l'homme échappe à l'angoisse de l'histoire qui tenaille l'homme moderne mais l'homme reste immobile au milieu d'un ordre immuable où tout semble être écrit d'avance (…) Le défi de l'Afrique, c'est d'entrer davantage dans l'histoire.»

Tollé ! Indignation ! Condamnations ! Et une série de répliques…

Octobre 2012 : Le rattrapage de Hollande

Cinq ans après le Discours de Dakar, signé Sarkozy, et le tollé qu’il a suscité, il fallait éteindre le feu, se rabibocher avec un continent blessé. La tache incombera à François Hollande, premier Président français socialiste depuis Mitterrand. Il ne se fera pas prier : «C’est ici, en Afrique, que vont se produire les plus grandes évolutions : évolution démographique, qu’il va falloir maîtriser, évolution économique parce que c’est un continent plein de richesses et donc de potentialité de croissance. L’Afrique est non seulement dans l’Histoire, mais l’Afrique est aussi une partie de notre avenir.»

Lequel de ces discours, dans le ton comme dans le fond, inspirera Macron ce samedi à Saint-Louis ?

Réponse dans quelques heures. 



10 Commentaires

  1. Auteur

    Anonyme

    En Février, 2018 (07:26 AM)
    Macron fait du Macron... On ne peut le comparer.

    Je le crois sincère et attaché au continent et particulièrement au Sénégal.
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  2. Auteur

    Senenmut

    En Février, 2018 (07:26 AM)
    Quand est-ce qu' un sénégalais lambda va t-il devenir un héro continental et laver l'affront , en osant interrompant ou en insultant publiquement un officiel européen qui tient un discours désobligeant à un public africain, négro africain ?
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    Auteur

    Anonyme

    En Février, 2018 (07:39 AM)
    thanks for the quality of the article
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    Auteur

    Anonyme

    En Février, 2018 (08:13 AM)
    Sur la photo, Macky adopte une posture d'un soumis ecoutant son maitre.





     :joyy:  :joyy:  :joyy:  :joyy:  :joyy: 
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    Auteur

    Anonyme

    En Février, 2018 (08:33 AM)
    Si les Africains avaient fait l'effort de comprendre Sarkosy plutot que de se draper dans leur "dignité outragée" ils auraient compris que Sarkosy avaient raison! ....à quel moment l'Afrique est entrée dans l'histoire politique du monde? à quel moment l'Afrique a influencée la vie politique du monde?.....l'Afrique n'a fait que subir !
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    Auteur

    Asma Bint Marwan

    En Février, 2018 (09:47 AM)
    Faut vraiment arrêter avec cette histoire de Chirac L'africain : Le bruits et l'odeur, c'était nous!
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    Auteur

    Tataevadioptrav

    En Février, 2018 (10:25 AM)
    L’exploitation des ressources africaines de la part des pays les plus riches sont amplement justifiées et aucun Africain ne peut le désapprouver sur ce point.



    Toutefois il ne faut pas que le président oublie, comme d’ailleurs tous les autres chefs d’état africains, qu’il a une grande part de responsabilité dans l’approche des pays riches envers les pays africains. En effet, la persistance de la corruption dans nos pays, le népotisme et les nombreuses atteintes aux règles de la démocratie et aux droits de l’homme n’ont rien à voir avec l’injustice des occidentaux, elles sont nos vices et c’est à nous de les combattre. Faute de quoi comment paraître crédibles face aux démocraties bien établies ?



    Or notre président commence à donner des signes préoccupants qui ne risquent pas de faire bonne impression dans les chancelleries d’Europe, d’Asie ou d’Amérique : petit à petit, de nombreux membres de sa famille se voient confier des responsabilités publiques du simple fait que leur parent est le chef de l’état. Ainsi, son frère cadet, Aliou Sall, semble de plus en plus jouer le rôle de vice-président : il est à la tête de l'Association des maires du Sénégal (Ams) et de l'Union des Associations des Elus locaux (Uael), sans véritable titre il négocie les affaires du pays avec les hommes d’affaires étrangers dans les grands hôtels de Dakar, et plus troublant encore, il crée sa propre société pétrolière (Petro-Tim Sénégal SAU) 4 mois à peine après l’élection de son frère. Pour autant que nous le sachions, Aliou Sall n’était pas un homme d’affaires avant cette élection, mais journaliste. Une reconversion opportuniste pour le moins … douteuse !



    On pourrait multiplier les exemples de népotisme qu’on peut reprocher à Macky Sall, mais à quoi bon ? Si le président veut être pris au sérieux dans ses beaux discours internationaux, il va falloir qu’il fasse un peu de ménage dans ses affaires publiques et privées, et qu’il n’oublie pas que si le Sénégal l’a élu personnellement président de la république, il n’en va pas de même de toute sa famille. Il y a des gens très diplômés et très compétents au Sénégal qui ne trouvent pas de travail et sont souvent obligés de s’exiler à l’étranger quand ils le peuvent parce que tous les postes intéressants, y compris les emplois publics, sont monopolisés par le clan au pouvoir, comme du temps de M. Wade. L’histoire se répète de façon désespérante.



    Macky Sall évoque, dans son intervention sur les médias, les problèmes de corruption et de démocratie : « indépendamment des questions de corruption et de démocratie, il y a, fondamentalement, une question d’injustice que l’Afrique pose aujourd’hui sur la table ». Certes, l’Afrique mérite une meilleure place dans les échanges internationaux. Mais le président se trompe en disant que c’est « indépendant » des questions de corruption et de démocratie, car tout est lié. C’est parce que les pays riches ne nous considèrent ni honnêtes ni démocrates qu’ils ne nous prennent pas au sérieux et qu’ils se permettent de nous traiter comme des subalternes. Quant à nous ressortir les vieux poncifs sur la traite négrière, notre président fait mine d’oublier que déjà à l’époque les Africains vendaient et achetaient des Africains, les Européens n’ont été que les receleurs de cette ignoble pratique ! Et quant à la colonisation, des pays comme l’Inde ou le Brésil ont eux aussi été colonisés, certains ont même connu eux aussi l’esclavage, mais cette histoire similaire ne les a pas empêchés d’être aujourd’hui à la tête des pays émergents.



    Le discours de notre président n’aura aucune influence sur le plan international tant que les élites africaines continueront de reproduire les mêmes pratiques tribales qui sont en réalité la cause première de l’exclusion de la grande majorité de la population des avantages du développement. Car comment éviter alors que les dirigeants européens ou américains, après les applaudissements polis aux discours de Macky Sall, se retrouvent entre eux pour en rire !



    J’en appelle donc notre président à donner leur chance aux individus de valeur même s’ils ne sont pas de sa famille, à réduire le train de vie de l’appareil d’état, à favoriser les bonnes pratiques démocratiques, la transparence et l’équité dans les achats publics et les concours de la fonction publique, et à mieux partager la richesse nationale en évitant les appropriations massives claniques.

    Tata Eva Diop

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    Auteur

    Merci Hollande

    En Février, 2018 (11:21 AM)
    en tout François était généreux avec le Mali ,le Sénégal et avec les anciens combattants :
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    Auteur

    Anonyme

    En Février, 2018 (11:35 AM)
    le petit sous prefet d afrique , comme l eleve , écoute poliment le grand maitre gaulois
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    Auteur

    Anonyme

    En Février, 2018 (18:02 PM)
    je.suis.content.de.larrivee.du.president.maceron
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