DOUDOU WADE ET ELHADJI Malick GUEYE s’insultent copieusement à l'Assemblée nationale

Après le spectacle désolant qu'avait offert en septembre dernier Babacar Gaye, ministre, Directeur de cabinet politique du président de la République, et Pape Samba Mboup, ministre, Chef de cabinet de Me Wade, c'est au tour des députés libéraux Doudou Wade et El Hadji Malick Guèye, qui s'étaient pourtant réconciliés dernièrement, d'entrer dans la danse. Et hier, n'eût été l'intervention de leurs collègues, ces deux députés en seraient venus aux mains; après qu'ils se sont copieusement insultés.

 

La semaine dernière, lors de la réunion du groupe parlementaire de la majorité, les députés Doudou Wade, président de cette structure, et El Hadji Malick Guèye, deux frères ennemis de parti, fumaient le calumet de la paix. Revirement spectaculaire, hier. En effet, cette nouvelle entente obligée par l'impérieuse nécessité d'une union sacrée pour se défaire de Macky Sall, le président de l'Assemblée nationale, a volé en éclats. Parce que le sort du maire de Fatick est déjà scellé ? On ne saurait l'affirmer. En tout cas, hier, à la Place Soweto, siège de l'Assemblée nationale, les deux députés se sont donnés en spectacle, d'une manière à ternir davantage la réputation de cette institution dont la crédibilité est déjà fortement entamée. Selon des sources concordantes, cette dispute ponctuée de propos singulièrement injurieux et qui a failli viré au combat de boxe, est partie d'un appel téléphonique de El Hadji Malick Guèye, vers les coups de 10 heures, à Doudou Wade. Le premier avait en tête de féliciter le président du groupe parlementaire auquel il appartient, suite au bouclage du processus de liquidation de Macky Sall, avec le vote par le Congrès, lundi, de la proposition de loi Sada Ndiaye. «Je tiens à ce que vous transmettiez mes félicitations à tous les députés du groupe de la majorité que vous présidez, maintenant que le Congrès a avalisé ce que notre leader,- Me Abdoulaye Wade voulait», dit El Hadji Malick Guèye. Seulement, à en croire nos interlocuteurs dont les propos ont été confirmés par le député de Kaolack que nous avons joint dans la soirée, en lieu et place de propos aimables auxquels il pouvait s'attendre du président de son groupe parlementaire, El Hadji Malick Guèye reçoit une volée de bois vert. Pour dire le moins. «Yeen nëp ay domu xaram ngeen» (ndlr : Vous êtes tous des batards) balance Doudou Wade à El Hadji Malick Guèye, selon ce dernier Puis le président du groupe parlementaire «Libéral et démocra­tique» raccroche son téléphone. Scié par ces mots qu'il vient d'entendre, El Hadji Malick Guèye s'interroge : «Est-ce que Doudou Wade ne parlait pas à une autre personne ?», avant de rappeler son interlocuteur, qui, à nouveau, le raccroche au nez. Alors, pour tirer cette histoire au clair, le député de Kaolack, qui se trouvait dans un hôtel de la place, déboule à l'Assemblée nationale, et s'engouffre dans le bureau du président du groupe «Libéral et démocratique». Là, il trouve Doudou Wade, qui était en compagnie d'une dizaine de députés libéraux, dont Fatou Aidara, Sada Ndiaye. Dans les minutés qui suivront Modou Diagne Fada rejoint le groupe. El Hadji Malick Guèye interpelle alors son président de groupe parlementaire : «Mais Doudou man ngay waxal» (ndlr : Doudou, vous vous adressiez à moi ?) Pour toute réponse à El Hadji Malick Guèye, Doudou Wade corse son propos : « Ay dul-kat ngeen la wax» (ndlr : vous êtes de fieffés menteurs). Et c'est parti pour des échanges dignes de charretiers. Puis, Doudou Wade se lève et demande à El Hadji Malick Guèye de vider les lieux. Le refus catégorique de ce dernier fait que les deux députés arment leur coup de poings. Fatou A'idara intervient et s'agrippe à El Hadji Malick Guèye qu'elle ne parvient pas à retenir. Mais Modou Diagne Fada vient à la rescousse et réussit à sortir le député de Kaolack du bureau de Doudou Wade au moment où les autres députés retiennent ce dernier. Hélas, l'éclat des voix des deux députés ameutera tous ceux qui étaient dans les couloirs de l'Assemblée, témoins passifs et médusés de la prolongation de cette dispute qui éclabousse le manteau de la troisième institution de la République du Sénégal. Toutes nos tentatives pour joindre Doudou Wade ont été vaines.