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Politique

[ V I D E O ] - DEMOLITION DU STADE ASSANE DIOUF: Reactions... Reactions..

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[ V I D E O ] - DEMOLITION DU STADE ASSANE DIOUF: Reactions... Reactions..

Les jeunes de Rebeuss, très remontés par la destruction du stade Assane Diouf, sont convaincus que l’Etat et la mairie de Dakar sont au cœur de ce scandale. L’audience avec le gouverneur de Dakar et Karim Wade a permis de lever les derniers coins du voile, et les jeunes restent plus que jamais attachés à leur patrimoine.

C’est le fiel de leurs discussions. Qui est à l’origine de la destruction du stade Assane Diouf, qui s’étire sur la Corniche Ouest de Dakar en surplomb de l’océan Atlantique et de la porte du Millénaire, entre des parois rocheux et le mausolée de la famille Omarienne ? Pourtant, c’est dans ce sanctuaire du foot que Lamine Diack, Souleymane Camara «Gaucher», Habib Thiam, Pape Gallo Thiam s’étaient extirpés pour s’offrir à la nation sénégalaise et à la planète sports. Cela fait, désormais, partie des vestiges. Car, le stade Assane Diouf est presque rayé de la carte des infrastructures, après le passage des bulldozers «tard dans la nuit (ce qui) est un acte de lâcheté». Il ne reste que des pylônes rouillés, que l’on aperçoit depuis la Corniche. Les populations, interloquées, dépitées et surprises par cet effondrement, se posent toujours des questions : pourquoi il est devenu un lieu hypothétique ? Un point de convergences de toutes les ambitions ? Des entrepreneurs ? De la folie foncière de l’Etat ?

En ce début de matinée le bidonville de Rebeuss, niché en plein cœur du centre-ville, reflet d’une zone oubliée et laissée-pour-compte, avec ses ruelles austères, ses occupations anarchiques, ses bâtiments glauques, est balayé par un vent frisquet. Sous l’ombre d’un arbre qui leur offre la générosité de son feuillage, les jeunes du quartier sont au centre de toutes les expectatives. Rebeuss est plus que anéanti et courroucé par la destruction de son «unique aire de jeu» et «son patrimoine sportif». Dans un ensemble blouson, corde noué autour des reins, Amadou Sèye Gaye dit «le Jeune», natif de ce quartier, tire les premières étincelles : «Vous croyez que c’est sérieux ce que les gens ont fait ? Ils ont attendu que les jeunes se rendent à Touba pour effondrer les tribunes du stade. C’est vraiment lâche et inadmissible.»

En tout cas, le mal est déjà fait depuis la semaine dernière. Aujourd’hui, l’implantation du projet Kawsara dans cette superficie de 24 mille m2 est sur toutes les lèvres des Rebeussois, «désespérés» par cette frénésie destructrice qui menace leur quartier. Est-ce un bradage des autorités municipales après les réactions de «surprise» de l’Etat et de l’Agence nationale de l’organisation de la conférence islamique ? C’est cette «cacophonie» au plus haut sommet de l’Etat qui intrigue les jeunes de Rebeuss et les pousse à persister dans leur position. Car, ils restent convaincus que l’Etat et la mairie de Dakar sont derrière cette destruction du stade.

LACHETE DE L’ETAT

Les faits sont têtus et les pièces à convictions pour «corroborer cette thèse de bradage» ne manquent pas. L’audience, accordée au Collectif des jeunes de Rebeuss pour la défense du stade Assane Diouf, par le gouverneur de Dakar (Amadou Sall) mardi (15h30), a permis davantage d’étayer la thèse que «la main de l’Etat est derrière cette destruction du stade». Car, le gouverneur Mamadou Sall a exhibé «en face de nous des documents en bonne et due forme et qui nous convainquent que l’Etat est mêlé dans cette affaire». Comme cette Autorisation de construire du 27 août 2007-2810 délivrée à African company for construction and investissment (Acci) pour la construction du Complexe immobilier de la Cité des affaires Kawsara et le Cabinet d’architecte Chendu Sichang et l’architecte associé Cauk (Abdoul Kader Keita). «Le gouverneur nous a montrés tous ses éléments pour nous prouver que tout est nickel. Il paraît qu’il y a des Chinois derrière ce projet. Avec tous ces éléments, on nous dit que l’Etat n’est pas au courant de cette affaire», se désole Amadou Traoré, par ailleurs Conseiller municipal à la mairie de Dakar-Plateau.

Mais, le gouverneur n’a pas pu montrer une Autorisation de destruction préalable avant le passage des bulldozers. Une tierce personne a-t-elle l’audace et le courage de toucher à un bien public sans l’autorisation des autorités ?

Est-ce la première faille d’un projet savamment et nuitamment orchestré alors que tous les jeunes du quartier étaient au Magal de Touba ? Mieux cette question de la démolition et de la vente du stade ont été même traitée, en Conseil des ministres le 14 décembre 2007 en «présence du chef de l’Etat». «Le chef de l’Etat dit qu’il n’est pas au courant et l’Anoci dit la même chose. Nous avons discuté avec Karim Wade (Ndlr : avant-hier), qui affirme que l’Anoci n’est pas concernée et il nous a demandé d’attendre le retour de son père (Ndlr : hier) pour lui en parler. Il nous a dit que le Pakistanais n’a plus rien à voir avec cette histoire et qu’il avait dit à son père que le Pakistanais n’a pas les moyens de son projet qui est finalement tombé à l’eau», lâche Amadou Traoré. Le journal Le Populaire, dans sa livraison d’hier, a révélé d’autres pièces à conviction pour démontrer que l’Etat est bien au courant de cette opération. Il y a d’abord l’audience accordée, au Palais par le chef de l’Etat, à l’entrepreneur chinois Shu Benwen de l’entreprise Sichuan Jiahé en compagnie du maire Pape Diop, puis par le Premier ministre. En plus, il y a une présence de 45 ingénieurs chinois à Dakar, qui attendent le mois de mars et la fin des «protestations» des populations pour entrer en action. Et dire que l’Etat n’est pas au courant, alors que les Rebeussois ont été briefés sur le fait que le stade est déjà bradé. «C’est ce déficit de communication et de manque de coordination qui posent problèmes. Il y a une véritable cacophonie au sommet de l’Etat à propos de cette question et des informations contradictoires. Nous doutons de la sincérité des autorités», peste Cheikh Tidiane Coulibaly alias «Thiopy».

LES RESPONSABILITES DU MAIRE DE DAKAR

Et la mairie de Dakar dans toute cette histoire ? Les services de Pape Diop sont également indexés par les jeunes du quartier. On se remémore les faits en 2005, lors d’une séance houleuse de délibération ponctuée de violences, où le maire de Dakar, soutenu par Ahmed Diène, a fait voter la cession du stade à l’Etat. Aujourd’hui, cette thèse est plus que jamais «plausible» aux yeux des jeunes du quartier. Tout comme la construction d’une arène municipale sur ce site promise par l’édile de la capitale. «Nous sommes en train de nous agiter, mais on sait que ce stade a été bardé par le maire de Dakar (Pape Diop). Il nous l’a dit et répété à maintes reprises, il y a deux ans, que ce stade, il va le brader pour y construire une arène municipale», révèle le «Jeune» fort remonté par cette situation.

Les jeunes se souviennent aussi que l’Etat de l’Alternance avec toujours sa boulimie foncière, avait voulu exproprier le stade pour leur offrir un autre site aux Hlm. «On savait que cela n’allait pas se faire, parce qu’il n’y a plus de réserves foncières dans cette ville. Ils détruisent notre stade et ils achètent un terrain pour Niarry Tally», dénonce Amadou Traoré, qui reste plus que jamais attaché à ce stade qui «l’a vu naître». S’agit-il d’un relent d’orgueil ? «Nous exigeons, qu’on nous rende notre stade. C’est la seule aire de jeu de toute la commune d’arrondissement de Dakar-Plateau. Il y a eu tellement de joueurs et d’athlètes qui sont passés par là, ce serait inadmissible de céder ce stade. Il faut nous rendre notre stade», demande le vieux Lamine Faye (75 ans) qui a également testé ses aptitudes footballistiques sur le sable d’Assane Diouf.

En attendant c’est la saison des questionnements. L’affaire sera-t-elle réglée au dialogue ? Avec l’approche du 11e sommet de l’Organisation de la conférence islamique (Oci), Rebeuss, quartier stratégique, à quelques jets de la corniche va-t-il se rebeller pour barrer la route aux fortunes arabes ? Après avoir pris les précautions de démentir toutes implications, les autorités étatiques et de l’Anoci veulent se soustraire de la désolation des jeunes. «Nous n’allons pas casser. Nous n’allons pas détruire et nous ne menacerons personne. Mais, nous allons rester fermes jusqu’à la résolution de cette question», avertit Amadou Traoré. Pour l’instant, il s’agit tout simplement d’un jeu de ping-pong.



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