Une constante dans la démarche du Président Wade est que dans chaque secteur où on parle de milliards, il lui faut avoir un proche, très proche –Karim Wade-le-financier de préférence) pour le contrôle dudit secteur. A défaut, en dehors du membre direct de sa famille biologique, il est très difficile de trouver plus proches de Wade que Farba Senghor et Pape Samba Mboup.
Un secteur qui engrange beaucoup de milliards est assurément, les transports aériens. Sur la base d’informations fragmentaires, faisant état d’un pactole de 20 milliards de FCfa générés par la Fir, Farba Senghor, « fils ainé » de Madame Viviane Wade a été nommé à la surprise de beaucoup d’observateurs, à la tête du ministère des transports aériens.
La Fir (Fly information region (ou Région d’information en vol) est un service de contrôle de la navigation aérienne. Elle se compose de deux secteurs : un secteur terrestre et un autre océanographique qui est de loin le plus important. L’étendue de la couverture océanique va du Brésil en Europe en passant par l’Amérique du Nord. En survolant cette zone, tout avion qui y reçoit une information doit payer une redevance. Annuellement, la Fir « produit » un montant de 20 milliards de Fcfa. En étant informé d’une façon fragmentaire de cela, tous les « radars » détecteurs de gros sous ont émis des signaux réverbérants. D’où la nomination de Farba Senghor. En occupant le département des transports terrestres, Farba Senghor, mal informé a fait croire en haut lieu que cet argent pouvait être entièrement récupéré. Et il en a perdu le sommeil.
En effet, la compréhension que les dirigeants ont de cette Fir est grégaire. L’Organisation internationale de l’aviation civile avait confié, avec l’appui de l’Asecna, la gestion de la Fir au Sénégal. C’est la raison pour laquelle Farba Senghor a cru que la manne des 20 milliards de FCfa reviendrait automatiquement et seulement au Sénégal, s’il décidait de sortir de l’Asecna. Ainsi, notre pays ne partagerait plus rien avec aucun pays.
Dés lors, tous les arguments sont évoqués pour rompre avec l’Asecna. Les raisons avancées (voir Note d’information du 15novembre 2007 du Bureau du collectif des représentants des travailleurs de l’Asecna à tout le personnel de l’agence et déclaration du collectif) tel que le contrôle de nos aéroports et aérodromes, « l’absence » d’investissements par l’Asecna dans les infrastructures de navigation aérienne du Sénégal, le fait que des pays comme le Madagascar (Lire l’interview sur défection de Madagascar : on ne quitte pas l’Asecna sur un simple coup de tête)se soient retirés, que le Tchad, le Niger, le Gabon sont mieux équipés que nous le sommes, ne sont que des alibis pour rompre avec l’organisme de coopération continentale.
Mais attention, le Sénégal « bu moytu wul, ñakk buubu, ñakk ceen ga » (perdra singe et la chaîne qui l’attachait à l’arbre.) Ce qu’on n’a certainement pas bien expliqué au président de la République est que la Fir est confiée au Sénégal grâce à la volonté des pays membres de l’Asecna. Le Sénégal est loin d’être le meilleur candidat techniquement parlant pour prendre en charge cette gestion.
C’est plutôt pour des raisons historiques que le pays est désigné pour la gérer. A l’origine, c’était le Portugal qui s’en occupait. Puis, l’aéroport de Sal (Iles du Cap Vert), qui est depuis longtemps le mieux équipé de la sous-région, l’avait hérité de l’ancienne puissance coloniale des pays lusophones de l’Afrique. Ce n’est pas un hasard si aujourd’hui l’aéroport de Sal menace de se substituer à Léopold Sédar Senghor dans la course pour la récupération de la Fir, qui d’ailleurs s’appelait la Fir-Sal.
L’aéroport de Sal a une avance technologique, technique et des méthodes de gestion nées de la période du boycott de l’Afrique de Sud pour cause de politique d’apartheid. L’Oua, avait décidé, à l’époque, du fait des difficultés économiques du Cap Vert, de l’exempter de ce boycott pour lui permettre de recevoir les royalties de la South African Airways qui utilisait l’aéroport de Sal comme escale technique en direction de New York.
Avec cet avantage certain, le Cap-Vert est bien positionné pour récupérer la Fir si le Sénégal perd le soutien des pays membres de l’Asecna. Mais plus grave encore, les Etats Unis, par le biais de l’aéroport John Fitzgerald Kennedy de New York, de même que le Brésil, qui se trouve à moins de 5h de vol d’oiseau, de Dakar, se positionnent tous, pour rafler cette mise. Et on nous sort comme raison principale l’absence de solidarité des pays africains. Exemple brandi : les Africains producteurs de pétrole ne nous le vendent pas à des prix préférentiels. Cet argument est basé sur l’ignorance. Tous les pays producteurs de pétrole sont liés par des accords qui veulent qu’aucun d’entre eux n’ait le droit ni de donner l’or noir à des prix négociés, encore moins le fournir à titre gracieux. Par conséquent, si le Sénégal rompt avec l’Asecna, le premier résultat pourrait être la perte de la gestion de la Fir. Wolof neena bëgge bu la wañul bëgge gu loo” (Les wolof disent que si la cupidité ne t’a pas encore ruiné, tu n’es pas vraiment cupide.)
0 Commentaires
Participer à la Discussion