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Politique

COMMENTAIRE DU JOUR: Le Sénégal tombe bien bas !

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COMMENTAIRE DU JOUR: Le Sénégal tombe bien bas !

 

L’article 34 de la Constitution, telle que celle-ci est reproduite dans le site du gouvernement du Sénégal, en date d’hier, mercredi 31 janvier 2007 se présente ainsi qu’il suit :
« En cas de décès, d'empêchement définitif, ou de retrait d'un des deux candidats entre l'arrêt de publication de la liste des candidats et le premier tour, l'organisation de l'élection est entièrement reprise avec une nouvelle liste de candidats.
En cas de décès, d'empêchement définitif, ou de retrait d'un des deux candidats entre le scrutin du premier tour et la proclamation provisoire des résultats, ou entre cette proclamation provisoire et la proclamation définitive des résultats du premier tour par le Conseil constitutionnel, le candidat suivant dans l'ordre des suffrages est admis à se présenter au second tour.

En cas de décès, d'empêchement définitif ou de retrait d'un des deux candidats entre la proclamation des résultats définitifs du premier tour et le scrutin du deuxième tour, le candidat suivant sur la liste des résultats du premier tour est admis au deuxième tour.
Dans les deux cas précédents, le Conseil constitutionnel constate le décès, l'empêchement définitif ou le retrait et fixe une nouvelle date du scrutin.
En cas de décès, d'empêchement définitif, ou de retrait d'un des deux candidats arrivés en tête selon les résultats provisoires du deuxième tour, et avant la proclamation des résultats définitifs du deuxième tour par le Conseil constitutionnel, le seul candidat restant est déclaré élu. »

Cette version disponible sur Internet a été publiée dans le journal officiel du 22 janvier 2001 à la page 34 (voir fac-similé). En clair, il suffit, par exemple, que Me Wade ou Idrissa Seck décide de ne plus se présenter au prochain scrutin pour que l’élection du 25 février soit reportée.
Cette disposition n’aurait certainement retenu l’attention de personne, si la majorité des citoyens de ce pays ne se mettaient pas aujourd’hui à douter sérieusement de la tenue effective de l’élection présidentielle en date du 25 février 2007. En dépit des assurances données ça et là, depuis fort longtemps, par les plus hautes autorités de l’Etat, au rang desquels le président de la République lui-même, quant à l’organisation de ce scrutin, beaucoup de Sénégalais demeurent même convaincus du contraire. La parole des responsables de l’Etat est si peu crédible que même certains enfants de ce pays s’amusent aujourd’hui entre eux, en parodiant en cela une phrase devenue célèbre et en lançant à la face de certains de leurs camarades pris pour de fieffés menteurs, une expression insolite et pleine de sens: « [la bouche, encore la bouche, toujours la bouche].

Les dispositions de l’article 34 qui est en cause sont une supercherie, une escroquerie intellectuelle et politique, dans la formulation de son alinéa premier. Elle est le symbole même du vice et de la mauvaise foi. Sa présence dans le corps du texte constitutionnel n’est ni fortuite ni gratuite. Elle est, au contraire, le résultat d’une démarche construite, anticipant depuis le 7 janvier 2001, date d’adoption de la loi fondamentale par loi référendaire, d’une situation politique que seuls des esprits retors et pervers étaient en mesure de prévoir. Avec tout ce bruit fait autour de ce fameux article 34, la démocratie sénégalaise vit ainsi des moments d’angoisse et de terribles incertitudes.

Incertitudes et angoisses qui prouvent, si besoin en est encore, la fragilité globale du projet démocratique national. Une fragilité qui procède surtout de la mauvaise foi des principaux acteurs et animateurs de ce projet. Il s’agit surtout ici de la mauvaise foi de l’élite politique qui a en charge la conduite de l’Etat depuis sept ans. Une mauvaise foi, qui plus est, doublée d’une incompétence affligeante. Tout compte fait, une telle fragilité et la mauvaise foi qui en est la cause sont susceptibles d’installer notre pays dans un chaos politique aux conséquences imprévisibles, du point de vue de sa stabilité. L’Etat est pris comme un jouet, la loi comme un machin n’ayant aucune valeur. Elle est plutôt considérée comme un instrument destiné à conforter ceux qui sont aux commandes dans leur dessein encore inavoué de dévoyer totalement la démocratie et son esprit.

Ils croient avoir jusqu’ici assez bien joué leur coup, en tripatouillant les textes, en manipulant, en dehors de tout esprit républicain et d’élégance démocratique, tout ce qui pouvait l’être sur ce chemin conduisant au report de tous les scrutins prévus depuis l’année passée et ceux arrêtés pour cette année 2007.

Les élections législatives ont été reportées à la faveur de l’arrêt du Conseil d’Etat invalidant le système de répartition des sièges des députés sur l’ensemble du territoire national. Un report qui s’impose au regard des dispositions légales en cours. Le gouvernement aurait pu agir autrement pour éviter le report. Certes ! En vérité, le ministre de l’intérieur souhaitait ce report et a agi en utilisant ses prérogatives à des fins de conservation de son régime. Ce dernier ne pouvait pas donc agir autrement, car ses intentions ont toujours été de se donner des moyens légaux pour décider du report des ces élections.

Toutes les considérations politiques mettant en cause la légitimité pour condamner son acte, Ousmane Ngom, ministre de l’Intérieur n’en a jamais eu cure. Il était déjà entré dans l’histoire. Pas de la meilleure des façons. Préoccupé par son avenir personnel, soucieux de se faire pardonner son attitude de 2000, tenu de donner des gages pour prouver la sincérité de son repentir, il semble prêt à tout.

Personne, ne devra s’étonner demain que le ministre se présente de nouveau devant la nation pour annoncer le report de l’élection présidentielle, en utilisant le prétexte fallacieux d’un désistement dont l’un des candidats figurant sur la liste dressée par l’arrêt du Conseil Constitutionnel se serait rendu «coupable». Le mot coupable est bien choisi. Il n’est nullement exagéré. Les rédacteurs de l’article 34 de la Constitution qui dispose qu’en cas de désistement d’un candidat, toute la procédure de constitution des candidatures à la présidentielle est reprise, ont créé une norme juridique anachronique qui déstabilise la démocratie et la réduit à une discussion spectaculaire ou la volonté d’un citoyen peut prévaloir sur celle de toute une nation.

Il y a là une faute grave, indigne de notre pays et de notre démocratie. La formulation de cet article 34 est le résultat d’une démarche minutieusement construite, pour anticiper sur la situation actuelle, celle-ci partait sûrement de la conviction acquise par ses auteurs que le Chef de l’Etat actuel ne pouvait pas aller au-delà de son mandat de sept ans, à moins qu’il ne bénéficie d’une prolongation administrative ou politique niant la volonté des électeurs. Il y a aujourd’hui toutes les raisons de croire à cette funeste hypothèse.

Tous les candidats en lice qui sont soucieux de sauver notre démocratie devraient s’engager à faire diligenter demain une enquête pénale pour s’assurer qu’un candidat qui serait amené à désister n’est pas le complice ou l’un des acteurs d’un complot ourdi contre les intérêts de la nation.

Il est aujourd’hui établi que l’un des candidats, en l’occurrence « Petit » Mbaye sur qui pèsent de fortes suspicions quant à sa volonté de se désister au cours des prochaines heures est un ami du ministre Ousmane Ngom. Ce candidat revendique l’amitié du ministre et le fréquente assidûment au ministère. Si un complot était effectivement avéré, le Sénégal et sa démocratie seraient encore tombés bien bas , car notre pays est déjà à terre, du seul fait de l’alinéa premier de cet article 34 qui considère que le désistement voulu par un candidat est un motif valable pour justifier le report d’une élection présidentielle.

 



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