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Politique

COMMENTAIRE DU JOUR : La peur et le chaos

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COMMENTAIRE DU JOUR : La peur et le chaos
Va-t-on franchir un cran supérieur dans l’intimidation ? Un degré de plus dans l’intolérance ? Passer de la menace verbale à des actes de sabotages, visant à incommoder, apeurer et certainement punir des hommes et des femmes qui n’ont que le tort de voir autrement la marche et le devenir de notre Nation ? Ce creuset de notre commun vouloir de vie commune dans cet Etat, espace que nous avons en commun et en partage. Ne pas partager les solutions mêmes légales, mais assurément insuffisantes de ceux-là qui gouvernent et de vouloir en proposer d’autres, qui, aux yeux des initiateurs, sont meilleures, est-il constitutif d’un crime abominable ? La démocratie est un assemblage de libertés et de justices sociales. Sa logique est celle du dire, du faire dire, du pouvoir dire, non seulement des convictions des citoyens mais aussi de la raison. L’espace public en démocratie, est celui de la liberté, de l’expression libre par essence.

Même si les informations fournies hier mardi par certaines stations FM et faisant état du « délestage » forcé, pour rependre les mots de notre confrère en ligne Nettali.net, du président du Bureau des Assises nationales, le doyen Amadou Makhtar Mbow qui aurait vu son domicile privé de courant délibérément sont à relativiser. Si en effet, selon les stations FM, des témoins ont attesté que des quidams ont coupé les fils des poteaux électriques sans raisons connues et utiles, privant du coup tout le secteur où il réside d’électricité en ces périodes pourtant de délestages intempestifs revenus au galop, la Senelec s’est inscrite en faux et a argué d’une simple défectuosité sur l’éclairage public dans le secteur. Rien d’autre. En ce qui concerne la combative « société civile », Penda Mbow qui aurait elle, été sevrée de compteur électrique. Des individus sont venus lui reprendre sans crier gare le compteur électrique, alors que, déclare-t-elle, elle ne comptabilise aucun arriéré de paiement dû à la compagnie.

La Senelec parle d’une facture arrivée à échéance depuis le 15 mai dernier qui l’aurait obligé à procéder au retrait du compteur du mauvais payeur, conformément aux clauses contractuelles. Soit, mais il n’en demeure pas moins que la coïncidence ne rassure pas du tout.

La sortie même musclée et « exclusiviste » du président de la République qui le plus souvent s’oublie dans son camp tout au long de ce magistère libéral, du samedi 31 mai, veille du démarrage des Assises, avait pourtant redimensionné les choses en coupant la poire en deux, donnant raison aussi bien à ses faucons, qu’à ses colombes. « Je ne suis pas d’accord avec la thématique ainsi qu’avec la méthode.

C’est anti-constitutionnel, mais je ne ferais rien pour les empêcher de se réunir, parce que je suis un démocrate et je demande à tous ceux de mon bord de ne rien tenter contre les Assises… », avait-il déclaré en substance. Et le lendemain, dimanche 1er juin, aux Assises donc de l’autre bord, le président de séance de déclarer que la rencontre n’était nullement un complot à l’encontre de qui que ce soit et qu’elle ne visait aucunement à remettre en cause une quelconque légitimité et/ou légalité sortie des urnes. L’on pouvait penser que la démocratie était sauve et que la tolérance, cette vertu de notre peuple prenait comme d’habitude le dessus sur les velléités conflictuelles politiciennes.

C’était sans compter indubitablement avec la peur qui habite certains, les étreint et qui les fait ainsi déjuger. Cette peur viscérale de perdre des avantages et des sinécures. Cette peur qui fait voir dans une initiative politique, même politicienne, à certains aspects il vrai,-on peut en effet se demander comment appliquer les conclusions des Assises pour bonnes qu’elles seraient si les tenants actuels du pouvoir ne sont pas partis prenante ?,-une dangereuse conspiration d’une « main extérieure ». En vérité la peur de devoir simplement revoir à la baisse un statut que l’on a artificiellement gonflé, trop tôt et trop rapidement sur le dos d’un peuple confiant, si d’aventure les Assises nationales arrivent à « (re)normer » tout ça ; souhait partagé par bon nombre de démocrates du pays.

Parce qu’on a donc peur, on apeure, intimide, menace et acte dans la violence. On invective, effarouche les autres qui ont le tort d’avoir dit oui aux Assises. En oubliant ou en feignant d’oublier que la violence appelle la violence. Que le chaos ne distingue pas les bons des mauvais. Tel un typhon, il balaie tout sur son passage, chamboule et déstructure. Que les privilèges ne s’expliquent pas dans le désordre et l’on n’en jouit que dans la paix et la stabilité. Toute chose impossible dans le chaos que l’on semble ainsi vouloir convoquer. La politique du pire ou de la terre brûlée ?

De l’opportunité des Assises.

Si ces Assises, initiative éminemment politique, visent à réfléchir sur les problèmes de notre société, à proposer des orientations claires, à définir un cadre normatif rénové et adapté, alors elles sont opportunes. Si elles ne sont qu’une copie des Conférences nationales issues du discours de La Baule, alors elles sont dangereusement inopportunes. Les initiateurs ont clairement affirmé qu’ils ne s’inscrivaient nullement dans le sillage de La Baule et suivant. On peut les en faire crédit et les juger sur pièce.

On ne peut plus cependant faire l’économie des questionnements arrivés à maturité ainsi que des réponses endogènes à y apporter. Pourquoi notre économie est-elle si inefficiente ? Quels sont les secteurs de développement à valoriser le plus ? Prioritairement à quels autres ? Comment se situer dans la mondialisation ? Que faire pour que les populations réinvestissent la dimension éthique et morale indispensable en société humaine. Dans tous les rapports en communauté et dans les actions de tous les jours ? Quelle place pour la jeune pousse politique ? Que faire des anciens ? Quelle réponse à la quête du retour sur investissement d’une caste d’hommes et de femmes qui ont donné de leur temps, de leur sueur à la chose politique des années durant au détriment de leur famille souvent ? Comment réarmer la jeunesse ? Comment la mobiliser ? Au tour de quoi ? Il est à espérer que les Assises nationales procèdent à un examen approfondi de toutes ces questions et d’autres.

Du mal de la République. Et qu’elles en fournissent ébauches de solutions. A charge à la citoyenneté d’en faire usage, bon usage, usage conscient pour le bien de la société tout entière. Sans exclusive. Du côté du pouvoir, on ne peut ignorer indéfiniment l’autre moitié de ses mandants, ses pensées, ses vouloirs.



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