C’est maintenant officiel ! Les partis qui composent Benno Siggil Senegaal ont déposé leurs documents dans lesquels ils affichent leur position sur la candidature unique de l’opposition à la Présidentielle et la période de transition exigée. Les approches sont différentes et les positions variées.
Il est prêté à Me Wade l’intention de surprendre l’opposition regroupée autour de la Coalition Benno Siggil Senegaal, en posant des actes qui créditent la thèse d’une élection présidentielle anticipée. Du côté de Benno aussi, on ne reste pas les bras croisés, car des stratégies sont mises en œuvre pour abréger le régime libéral. D’ailleurs, les choses vont vite dans ce sens, car 25 partis politiques membres de Benno ont remis leurs propositions sur la problématique des perspectives politiques de la coalition. Lesquelles intègrent la question de la candidature unique à la prochaine Présidentielle et la proposition d’une période de transition presque unanimement faite par les formations politiques.
La question de la candidature unique est posée avec délicatesse. Des préalables ont été posés et des positions se sont dégagées, selon des sources ayant pris connaissance du dossier.
Les positions subtiles du Ps et de l’Afp
Au Parti socialiste (Ps), l’on reste convaincu de la nécessité d’avoir un candidat consensuel «en dernière instance». Cela signifie, aux yeux des socialistes, qu’il faut «tenir compte du contexte et de la stratégie du camp adverse». En d’autres termes, «il ne faut ménager aucun effort pour avoir une candidature unique si la situation l’exige» et, le cas contraire, avoir «une pluralité limitée de candidatures avec un accord de soutien au candidat de Benno arrivé en tête au premier tour», indique une source proche de la Coalition. L’examen de la stratégie de la candidature unique, implique, selon le Ps, «une réflexion parallèlement aux critères et au mode de désignation du candidat unique». En effet, les camarades de Ousmane Tanor Dieng plaident pour la recherche de consensus autour de la candidature sur la base de «critères objectifs».
Du côté de l’Afp, c’est par un engagement renouvelé qu’on défend l’idée de la candidature unique. L’Afp exprime «haut et fort» la volonté commune d’aller ensemble aux prochaines élections présidentielles, «solidaire autour d’un capitaine, d’une équipe politique soudée…».
Plus contraignant, c’est par une série de conditions que le Parti de l’indépendance et du travail (Pit) aborde la question de la candidature unique. Selon les camarades de Amath Dansokho, le choix du futur candidat de Benno devrait être conditionné à «son engagement à respecter les critères de base dont le renoncement public aux prérogatives héritées du régime de Wade», mais aussi à «son acceptation à mettre en œuvre loyalement le programme de transition», à sa «démission à la fin de la période et son abstention à participer aux élections générales post transition». Cette idée est aussi ébauchée par l’Afp qui pose la question de savoir «si le candidat unique de Benno, élu Président, peut être candidat à l’élection suivante».
Profil du candidat unique et Président de transition
«Un mandat de transition», c’est la réponse apportée par l’Alliance Jëf-Jël à la question de l’Afp. Les partisans de Talla Sylla sont pour la participation de Benno à la prochaine présidentielle «envisagée sous le sceau de l’unité». En fait, le Jëf-Jël est convaincu que «la candidature unique constitue la bonne formule qui assure toutes les chances de sortir vainqueur de l’élection présidentielle et de pouvoir mettre en œuvre les résolutions prises au cours du long cheminement». Dressant le profil du candidat unique, le Jëf-Jël émet le souhait qu’il soit «porteur d’une plateforme politique consensuelle pour un mandat de transition». «Il doit aussi être un fédérateur, bénéficiant de la confiance des Sénégalais et engagé à conduire une équipe issue d’un consensus pour un mandat unique de transition», indiquent les camarades de Talla Sylla, dans leur position exprimée dans un document.
Consultation à la base et Assises nationales
Si le Ps, l’Afp, le Pit et le Jëf-Jël ont donné leur position, le Rassemblement national démocratique (Rnd) voudrait que l’on renvoie la décision à la base. En effet, les héritiers de Cheikh Anta Diop partent de la «logique de consultation de la base qui avait prévalu quand il s’était agi de participer ensemble aux élections locales» pour recommander le renouvellement de cette démarche. Par la base, le Rnd entend «les militants des partis politiques et les simples citoyens sans parti». Le Mouvement Tekki renvoie, lui aussi, aux conclusions des Assises nationales qui, à son avis, ont réglé tous les problèmes soulevés par le document de référence de Benno.
Les réserves et craintes de l’Apr
«La candidature unique de l’opposition est souhaitable et possible» pour diverses raisons évoquées dans le document de l’Alliance pour la République (Apr). Pour autant, Macky Sall et ses camarades émettent des réserves sur cette option. «La candidature unique serait un excellent choix, mais les inconvénients que nous lui trouvons ne plaident pas en sa faveur, pour ne pas dire qu’ils la rendent impossible», préviennent-ils. Des inconvénients listés par l’Apr, l’on note la «difficulté du choix». Car, «les critères de choix poseront problèmes, car ne pouvant être que subjectifs». En effet, l’Apr fait constater déjà «les candidatures annoncées par certains leaders et qu’une défection de dernière minute pourrait déstabiliser le bloc unitaire et perturber le corps électoral».
Autre facteur qui fait que l’Apr n’est pas charmée par la candidature unique, c’est «le risque d’usurpation individuelle ou partisane d’une victoire collective et le coup sévère qu’un échec à la Présidentielle porterait à l’opposition». Partant de ces éléments, l’Apr déduit que «la candidature unique n’est ni une condition nécessaire ni une condition suffisante» pour renverser démocratiquement le pouvoir. D’où son idée de défendre «l’acceptation de candidatures multiples».
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