Une sortie au vitriol du Parti socialiste (Ps) sur les « pratiques d’aliénation spéculative du patrimoine foncier national ». Dans une déclaration en date du 28 février dernier, les camarades de Ousmane Tanor Dieng ont pris prétexte de la destruction du stade Assane Diouf pour décrier la boulimie foncière de l’actuel régime. « Malgré une première tentative avortée, grâce à la mobilisation et l’opposition citoyennes des populations des quartiers environnants, la seule infrastructure sportive située dans le Plateau a été déclassée et affectée à des intérêts privés occultes, sans considération des préoccupations des jeunes de la Médina, de Rebeuss, de Niayes Tioker et du Plateau désormais privés d’espaces de pratiques sportives », lit-on.
Hôpital Dantec, Prison Reubeuss, Bloc des Madeleines, Camp Dial Diop, Lamine Guèye, prochains sur la liste
Mais pour les socialistes, le pire est à venir. La cession du stade « Assane DIOUF » constitue, disent-ils, la dernière série, en attendant de faire subir le même sort à la Maison d’Arrêt et de Correction de Rebeuss et à l’Immeuble du Bloc des Madeleines abritant l’actuel Palais de Justice, d’une entreprise d’aliénation spoliatrice et spéculative du patrimoine foncier et immobilier national, perpétrée, sous le couvert de l’Etat, par un régime affairiste, uniquement soucieux de satisfaire ses intérêts particuliers et ceux de son clan, fait remarquer le Ps. En attendant que suivent la zone du Lac Rose et la bande Nord-Ouest résidentielle de la Côte des Almadies mais aussi les sites convoités de longue date de l’Hôpital Aristide Le Dantec, du Camp militaire Dial Diop et du Lycée Lamine Gueye.
La boulimie foncière dévore tout sur son passage
En effet, cette boulimie foncière, de l’avis des socialistes, n’a pas épargné les réserves foncières stratégiques de plusieurs centaines d’hectares, constituées des emprises de la Pyrotechnie sur la VDN, du stade Léopold Sédar SENGHOR, du Camp militaire de Thiaroye, du Centre émetteur de Yeumbeul, du Champ de tir de Ouakam et du camp militaire attenant à ce site stratégique, ont été octroyées à des promoteurs étrangers ou dépecées et morcelées pour être revendues, le tout sans faire droit aux équipements structurants et aux services de proximité qui y étaient programmés. Même les servitudes aéronautiques définies autour l’aéroport Léopold Sédar SENGHOR, constituées de cônes d’envol des différentes pistes ainsi que la bande verte entre la principale piste de l’aéroport et la VDN, ont toutes été déclassées pour faire place à des lotissements à usage d’habitation sans considération de la sécurité aéroportuaire et de la vie des riverains exposés à un danger permanent. Dans le même temps, poursuivent les socialistes, la zone de captage des eaux de ruissellement, située entre l’autoroute et la route du Front de terre, a été déclassée et aliénée pour accueillir des habitations faisant ainsi le lit des inondations dans les cités environnantes, à l’image de la cité Bellevue et privant notre capitale d’une source de reconstitution durable des ressources en eau et d’aménagement d’un poumon écologique viable dans une zone naturelle d’accueil.
Le Cices dépecé
Aussi, dans leur quasi-totalité, soutiennent les camarades de Ousmane Tanor Dieng, les réserves d’extension du CICES ont été déclassées et affectées à des lotissements à usage d’habitation sans tenir compte de la destination initiale de ces réserves qui étaient programmées pour accueillir une Foire de dimension mondiale, ni des contraintes d’urbanisme et de protection civile qui proscrivent absolument une mitoyenneté extrêmement nuisible avec un établissement, hier classé dangereux, aujourd‘hui totalement encerclé. « Dans l’affaire des réserves du CICES, ce qui heurte par ailleurs, outre la violation par l’Etat des dispositions de la loi sur l’expropriation, c’est le fait de n’avoir pas fait droit à la préemption dont bénéficient les anciens propriétaires sur ces propriétés foncières en cas d’abandon, par l’Etat, du projet d’extension du CICES dans son enceinte historique, dûment matérialisée, qui avait justifié leur expropriation », lit-on dans la déclaration. Dans le Plateau, des biens immobiliers consistant en villas et appartements et relevant du patrimoine bâti de l’Etat pour la plupart classé, sont vendus indûment au moment où l’Etat ne cesse d’accroître ses baux de location d’immeubles privés pour loger ses services et agents et au moment où le même pouvoir tente de s’approprier les réserves du cimetière catholique de Saint Lazare de Béthany et le site de l’école élémentaire « Manguiers 3 » pour l’édification de bâtiments administratifs, font remarquer les socialistes.
Même le front de mer n’est épargné
Le front de mer n’est pas non plus épargné, selon la même source, par la boulimie foncière du pouvoir d’Abdoulaye Wade qui « est en train de priver le domaine public maritime de sa vocation naturelle d’espace d’accès direct à la mer avec une occupation intempestive de la Corniche de Dakar et de la Petite Côte par des complexes hôteliers, des lotissements d’habitation et des équipements privés de toutes sortes ». Mieux, les « parcs nationaux autour desquels rodent des projets fumeux aux montages juridico financiers tout aussi nébuleux, sont également les cibles de la boulimie foncière d’Abdoulaye Wade avec des conséquences fâcheuses pour les écosystèmes du pays ». Le plus scandaleux, disent les socialistes, c’est la violation délibérée des dispositions contraignantes qui régissent les modes d’appropriation et d’aliénation du domaine de l’Etat, au mépris de l’usage présent ou futur que les plans d’urbanismes en ont prescrit. Il n’est pas inutile de préciser que toutes ces opérations,de l’avis du Ps, inspirées par les lobbies affairistes qui gangrènent le sommet de l’Etat, ont été réalisées dans une totale opacité révélatrice du système de corruption et de concussion qui caractérise la mal gouvernance du pouvoir libéral et qui a favorisé des pratiques spéculatives à une échelle insoupçonnée, laquelle ne sera connue qu’après son départ de la gestion des affaires publiques.
Prendre des mesures conservatoires….
En effet, de l’avis du Ps, depuis 2000, le Gouvernement « procède, d’abord de manière subreptice et ponctuelle, et ensuite de façon précipitée et massive, à une coupe réglée des dernières assiettes foncières de la capitale, avec une boulimie qui ne manque pas d’inquiéter des cercles de plus en plus larges de citoyens ainsi que de larges couches sociales de notre pays ». Ainsi, selon eux, « d’inquiétude, cette réaction est devenue indignation et est susceptible, si l’on n’y prend garde, de se muer en révolte compte tenu des impacts qui commencent à se faire sentir sur les pauvres et les classes moyennes », renseigne la même source. Les socialistes engagent le pouvoir d’Abdoulaye Wade à prendre, dès à présent, les mesures conservatoires (suspension des transferts de baux et des actes de vente, arrêt des constructions en leur état, indemnisation des adjudicataires de bonne foi) et prendra toutes ses responsabilités, à côté des forces politiques et sociales porteuses de l’espoir national de changement pour procéder aux rectifications nécessaires qu’appellent les violations avérées et répétées de la loi ainsi que les détournements d’objectifs et de procédures. Enfin, le Parti socialiste qui rappelle la nécessité de revenir à une planification foncière méthodique et réaliste qui intègre les prévisions des plans d’urbanisme et des divers plans sectoriels d’infrastructures, invite le pouvoir d’Abdoulaye Wade à faire preuve, d’une manière générale, de plus de responsabilité en s’acquittant de sa mission à durée déterminée avec intelligence et anticipation mais aussi avec retenue et tempérance, dans le sens de l’intérêt général et des intérêts nationaux bien compris du pays que nous avons en partage : le SENEGAL !
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