M. Amath Dansokho, le président de la République semble dans les dispositions de rencontrer l’opposition dès son retour du Brésil. Etes-vous dans les mêmes dispositions que lui ?
En ce qui nous concerne, s’il (le chef de l’Etat, ndlr) est d’accord pour discuter, nous n’allons pas dire non. Qu’il nous envoie simplement les conditions. C’est nous qui avons demandé à le rencontrer. Wade a refusé. Si maintenant, comme à son habitude, il veut changer d’attitude, si Wade souhaite nous rencontrer, nous sommes fin prêts. De toute façon, il ne va pas nous manger.
Cette concertation autour du processus électoral pourrait dans le cas échéant, vous amener à renoncer à votre décision de boycott ?
Si les modifications que nous comptons apporter dans le fichier électoral sont acceptées, nous irons aux élections. N’oubliez pas qu’il a spolié et rendu impropre aux conditions de transparence ce fichier qui lui a permis de faire son hold-up électoral. Si donc, autant de choses sont extirpées, nous irons aux élections. Il faut que soient d’abord extirpées toutes les choses qui ont rendu possible le hold-up électoral.
Quelles modifications souhaitez-vous apporter dans le fichier électoral ?
Tout cela est contenu dans la déclaration que nous avons faite. Il y a le fichier, il y a l’intervention de l’administration territoriale qui a piloté la fraude, un ensemble de choses mises en œuvre pour ce hold-up électoral.
Et vous réitérez votre revendication : la suppression de la Commission électorale nationale autonome (Cena) ?
Absolument ! La Cena, telle qu’elle est, doit être dissoute. Ce sont les hommes favorables au Président qui sont dans la Cena. Il y a toujours la main de Ousmane Ngom.
Parlant du ministre de l’Intérieur, vous exigez aussi son départ ?
Nous voulons quelqu’un de neutre à son poste. En tout cas, si ce dernier doit jouer les fonctions de Ousmane Ngom, nous pensons qu’il faut alors aller vers une Ceni (Commission électorale nationale indépendante, ndlr). Aller vers une Ceni et, l’administration territoriale sera carrément exclue de la préparation des élections, à quelque niveau que ce soit.
Vous souhaitez avoir peut-être un militaire à la tête de ce département ministériel, comme c’était le cas sous Diouf ?
Non, pas nécessairement un militaire. Dans ce pays, il n’est pas dit que tous les militaires sont impartiaux. Parmi les onze millions de sénégalais que nous sommes, on peut trouver un civil qui soit vraiment neutre et qui pourrait avoir la confiance de tout le monde. Donc, le problème ne se pose pas à ce niveau.
On retient que pour la concertation autour du système électoral et votre participation aux prochaines joutes électorales, la balle est dans le camp du Président Wade ?
En tout cas, ce que nous pouvons dire, c’est que tout dépend de lui. Et vraiment, tout dépend de lui. Nous lui avons demandé une audience. Il n’a pas voulu répondre, par son ministre de l’Intérieur, il a exclu tout discussion. Aujourd’hui, le Président n’a qu’à régler le contentieux grave entre lui et nous, entre l’opposition et le pouvoir. Ce n’est pas la première fois qu’on a eu des contentieux électoraux dans ce pays. Mais sous Diouf, une règle avait été acquise. C’est ainsi que dès 1988, au lendemain des élections de la même année, il y a eu la table ronde et d’autres concertations qui ont permis d’assainir le fichier électoral, de nous retrouver tous autour du processus électoral. Mais lui, Abdoulaye Wade, se prend pour un empereur. Qu’il sache que nous ne sommes pas dans un empire. Nous sommes prêts à discuter avec lui pour trouver des solutions à ce grave contentieux. Mais, qu’il ne compte pas sur nous pour faire autre chose.
Le règlement de ce que vous appelez un contentieux grave pourrait amener l’opposition à mettre un terme au boycott actif ?
Si on est d’accord sur les règles du jeu, il n ‘y a pas de problème. Nous avons dit que nous n’irons pas aux élections aux conditions d’Abdoulaye Wade, c’est-à-dire des conditions de fraude. Mais pour les élections, nous sommes dans une République, les élections sont dans notre horizon en permanence. Ce que nous refusons, c’est la fraude et la mascarade électorales. Encore une fois, il faut que Wade accepte de discuter avec nous. Nous sommes dans une République et non dans un empire. Wade n’est donc pas un empereur.
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