Marabout, politicien, plénipotentiaire itinérant auprès du président de la République,-il y tient,-homme d’affaires… Assurément, son Excellence Ahmed Khalifa Niasse a plusieurs casquettes qu’il porte allégrement au gré des circonstances. L’homme qui n’exclut pas de se présenter à la prochaine présidentielle si son projet « musulman » de société n’est pas pris en compte par le candidat de son choix, Me Abdoulaye Wade en l’occurrence à qui il prédit cependant un Nobel de la paix pour son engagement à ce niveau au sein du continent, trouve cependant que l’ex-Premier ministre, Idrissa Seck s’est fourvoyé sur « au moins trois choses… ». Il le met au défi de récolter 5% aux futures consultations populaires. De tout cela, Ahmed Khalifa Niasse en parle sans détour dans l’entretien accordé à Sud Quotidien.
Qu’elle est l’appréciation de la situation politique actuelle de votre parti, le Fap ? Où en sont vos activités ?
Le Fap est membre fondateur de la Cap 21. Notre représentante permanente, Mme Faye participe à toutes les rencontres. Le Parti fonctionne normalement même si dans la période des vacances, il s’est mis à l’heure du farniente ainsi que toutes les autres formations de ce pays. C’est la rentrée et il prêt. Nous allons être appréciés au résultat.
Peut-on s’attendre à voir Ahmet Khalifa Niass candidat à la présidentielle de 2007 ?
Même si, à cause de notre engagement sans faille auprès du président Wade, nous ne faisans de vagues, il n’est pas exclu de nous voir candidat à la magistrature suprême en 2007. Parce que nous avons constaté avec beaucoup d’amertume, que l’Islam a perdu énormément au Sénégal. Jusqu’aux années 1970, on avait une justice islamique qui était un legs du colonisateur français. A partir de cette date, cette juridiction a été purement et simplement abolie. Alors qu’elle concerne jusqu’à 98% de la population sur le plan matrimonial au moins. Ce que je veux donc, c’est que ces juridictions soient réactivées. Je ne soutiendrai que le candidat qui prendra en charge cette réactivation. Si aucun candidat n’en veut dans son programme, je serai le candidat qui demandera le retour de la charia dans les tribunaux.
J’ajoute que les nouvelles générations ne connaissent pas leur religion. Je voudrais donc soutenir le programme qui, dès demain, commencera l’enseigner dans nos écoles. Je précise que les chrétiens ne posent aucun problème. Car, ils ne sauraient s’offusquer du fait que l’on veuille apprendre à nos enfants, leur religion comme ils le font pour les leurs.
Un ministère du Culte n’aurait-il pas suffi à votre bonheur ?
L’essentiel pour nous est que dans chaque école primaire et secondaire du pays, il y ait un cours sur l’Islam. Pour que nos enfants apprennent la prière, la Zakat, le Ramadan, le Hadj, en un mot tout ce qui est afférent à leur religion.
Aujourd’hui, comme le dit un proverbe arabe quand la morale émigre, les personnes en font de même. Ceci est un peu lié à ce phénomène auquel nous assistons, l’émigration clandestine de nos enfants, frères, neveux et cousins…La morale est agressée de plus en plus. Nous sommes musulmans et des citoyens qui payons nos impôts. En retour, nous sommes en droit de réclamer l’enseignement de notre choix pour nos enfants, d’autant plus que nous le payons.
Etes-vous donc le candidat des musulmans ?
Si mes parents chrétiens faisaient l’objet d’une quelconque injustice, je serais au premier rang du combat contre ça. Je vais même vous dire pour l’histoire que j’ai personnellement invité le regretté Pape Jean Paul II à venir chez-nous, craignant que le gouvernement ne cédât à la forte pression d’alors, de lui refuser sa venue. Aujourd’hui, il s’agit de l’enseignement religieux officiel de nos enfants. Si le président Wade prend en charge cette position, nous le soutiendrons comme nous le faisons aujourd’hui. J’espère qu’il le fera. C’est notre vœu le plus cher. Il est le meilleur candidat pour le Sénégal.
Idrissa Seck est revenu avec un projet politique : « Rewmi ». Ne pensez-vous qu’il représente un véritable danger pour le Pds et pour vous ses alliés par conséquent, ou pensez-vous qu’il retournera au bercail tranquillement ?
En ce qui concerne le deuxième volet de votre question, on peut ne pas insulter l’avenir. Seul Dieu sait. Ce que je puis dire cependant, c’est que Idrissa Seck s’est trompé sur au moins trois choses. La première : sur la personne de Wade. Parce que les réactions qu’il escomptait se font encore désirer. Ce qui signifie qu’il ne maîtrisait pas le président comme il le pensait. Deuxièmement : il s’est trompé sur la réaction des Sénégalais. Ces derniers savent distinguer le bon grain de l’ivraie. Et enfin, il s’est trompé sur sa propre personne. Le miroir s’imposera à lui, car je le mets au défi d’obtenir sur les 5 millions d’inscrits, 5%, soit 150.000 voix aux prochaines élections si d’aventure il se présentait.
Ambassadeur itinérant et plénipotentiaire auprès du président de la République, pourquoi et pourquoi faire ?
On a un peu hésité au début pour savoir sur quelle forme et dans quelle fonction spécifique, je pouvais être utile au président de la République, Me Abdoulaye Wade et au pays. On s’est rendu compte que si j’étais nommé ministre dans le gouvernement, je serais dans l’impossibilité de m’absenter pendant des mois et de ne pas me présenter aux conseils des ministres. On a certes un titre qui vous permet de voyager de temps en temps, mais pas tout le temps et cela enlevait à l’efficacité. Ministre-conseiller ne m’agréait pas non plus, car ce titre désigne simplement au niveau des ambassades, l’adjoint du plénipotentiaire. Le titre d’ambassadeur itinérant nous semblait plus conforme à ce que nous pouvions faire. Mais ce titre, tout court, nous mettrait sous les ordres du ministre des Affaires étrangères. C’est pourquoi, on a trouvé que celui d’ambassadeur plénipotentiaire itinérant auprès du président de la République, convenait mieux. Il rehaussait la fonction et lui donnait toute sa plénitude et son autonomie.
Vous avez été nommé quand, quelles sont les missions déjà réalisées et à combien se montent les retombées financières pour le Sénégal ?
J’ai été nommé par son Excellence, Monsieur le président de la République en 2004. En ce qui concerne le second volet de votre question, j’ai publié en avril dernier, un bilan annuel de mes activités à ce titre pour ma première année de fonction. Je compte le faire aussi longtemps que je serai aux affaires. Dans ce 1er bilan, j’ai énuméré les missions que j’ai effectuées pour le compte de l’Etat, soit seul, soit accompagné ou membre d’une délégation. L’impact financier de ces missions, il revient au gouvernement certainement d’en faire part s’il le juge nécessaire. En ce qui me concerne, j’ai un salaire de 500.000 Fcfa, qui est en dessous de ce que je paye à mes employés de maison. C’est un salaire que je dois justifier et je dois effectivement être rentable pour l’État. Je crois que c’est le cas et je me suis fixé également comme objectif de démissionner, dès lors que je ne me sens plus en mesure d’effectuer les missions qui me sont confiées ou si je me rends compte que d’autres personnes sont plus efficaces que moi.
Concrètement, qu’avez-vous fait pour le Sénégal ? Quelles sont les portes que vous avez ouvertes pour les Sénégalais ?
Rien que pour la Tour Khadafi, c’est plus de 100 milliards de nos francs qui sont ainsi engrangés. J’ai effectué des missions en Chine avec le président. Ce pays nous apporte désormais beaucoup de chose. En Iran, en Algérie, aux Usa, au siège de l’Onu, j’ai participé au sommet de l’Oci à La Mecque, etc. En vérité, j’ai eu des missions multiples à travers les cinq continents. Ces missions ont apporté souvent de l’argent, beaucoup d’argent au Sénégal, dès fois des retombées d’ordre diplomatique qui ne sont pas toujours calculées en francs constants.
Certaines rumeurs font état d’une certaine réticence qui s’est faite jour de la part du guide libyen à propos de cette fameuse tour à Dakar. Qu’en est-il, selon vous ?
Le projet est en bonne voie et c’est peut-être la raison pour laquelle, on en entend moins parler. Autrement, il ne s’agira pas de rumeurs comme vous dites, mais d’informations que l’on s’empresserait de diffuser. En réalité, le marché est adjugé, les architectes sénégalais chargés du projet, se rendent régulièrement en Libye et rencontrent des ingénieurs de la société AIKO, qui est une société libyenne d’investissements. Donc le projet marche et marche même très bien.
A quand le sommet de l’Oci finalement ?
L’Oci est une réunion politique des chefs d’Etat de la Umma islamique. Elle se tient régulièrement à moins qu’une réunion extraordinaire ne vienne perturber la périodicité. Car s’il y a une réunion extraordinaire en intercallaire, la rencontre ordinaire est généralement décalée. Ainsi comme il y a eu une réunion extraordinaire de l’Oci à La Mecque en décembre 2005, il était difficile de convoquer celle, ordinaire de Dakar en 2006. Il s’y ajoute également que qui parle du Sommet de l’Oci, parle des questions de sécurité qu’il entraîne. Et qui parle des questions de sécurité, parle de celles de la mobilité. Celle-ci pose problème à cause des grands chantiers qui sont d’ailleurs liés à l’Oci, la corniche, l’autoroute, la Vdn etc. Ces travaux n’étant pas encore achevés, vous comprenez qu’il soit difficile d’organiser le sommet en moment là. Ce qui est en définitive à retenir, c’est que le Sommet se tiendra à Dakar et au plus tard dans les quinze prochains mois.
L’Iran a reçu un ultimatum de la part du monde occidental pour arrêter son programme nucléaire. Il en a cure. Le Sénégal cherche à concilier les positions antagonistes. En a-t-il les moyens et quel rôle jouez-vous dans ce dossier ?
Le président de la République, Me Abdoulaye Wade travaille sur le dossier et s’évertue à rapprocher les positions. Nous nous sommes rendu le 27 juin dernier en Iran pour nous entretenir avec nos amis iraniens du dossier. Maintenant, vous comprendrez aisément qu’on ne puisse étaler sur la place publique des actions de ce genre. Ce n’est pas un hasard si le président iranien en route sur New York, a fait escale récemment dans notre pays. Tout comme il n’y a aucune malice si Me Wade s’est rendu aussi aux Usa et y a rencontré son homologue américain dans la foulée. Sachez simplement que qui dit Iran, parle de l’Eurasie, un point de convergence entre trois continents que sont l’Europe, l’Asie et l’Afrique aux confins de la Russie et de la Chine. L’Iran est le troisième pays exportateur de pétrole qui a ses terminaux sur le golfe arabo-persique dans la zone qui exporte plus de 60% de l’énergie liquide consommée dans le monde. Tout cela sur fond de culture ancestrale séculaire
La médiation sénégalaise semble également requise dans la question du Darfour, ou du moins c’est ce qui a été avancé. On vous dit cependant, proche du Soudan ou votre famille compterait plusieurs talibés. Qu’en est-il ?
80% des habitants du Darfour, sont Tijanes et Niassènes. Je dis bien 80% qui dépendent en majorité de Cheikh Aboul Khassim de Djinina, du Cheikh niassène qui est Al Bachère. On le voit donc la majorité des habitants du Darfour sont des « Niassènes ». Ce que beaucoup ignorent car nous ne le crions pas sur les toits. Mais cela nous donne, nous les Niassène, une certaine ascendance dans cette partie du globe. Il s’y ajoute que le président Wade s’est positionné depuis bien avant son accession à la magistrature suprême dans son pays, quand il était un opposant irréductible comme l’homme de paix en Afrique. Arrivé au pouvoir, il a continué à s’investir plus que par le passé dans cette voie. Je ne dis pas qu’il soit intéressé par un quelconque prix Nobel, mais je puis affirmer que les services qu’il a rendus et qu’il rend actuellement à l’Afrique et au monde pour la paix et la stabilité, non seulement son combat au quotidien dans le continent africain mais aussi au niveau de toute la planète pour la concorde et le développement mériteraient d’être couronnés par un Nobel. Il est incontestablement l’un des sapeurs pompiers du continent les plus en vue et l’un des plus efficaces.
Donc le président Wade s’est impliqué personnellement dans le dossier du Darfour. L’homme qui est d’une grande discrétion en matière diplomatique est allé au Tchad et au Darfour. Il a même effectué un second voyage au Tchad. Les chefs d’Etat du Soudan et du Tchad devraient se rencontrer au Sénégal.
Je dois cependant dire qu’en mon absence à Djaména, s’est posé une question de coordination avec nos frères et amis libyens. Chacun a un peu joué sa partition en solo. La remise à niveau a été faite entre temps. Je pense que désormais tout se fera de manière concertée avec nos frères libyens sur ce dossier. Je voudrais préciser qu’en dehors de Mandela pour les raisons que l’on sait, Me Abdoulaye Wade est le géant de la paix en Afrique. Il a également l’avantage d’avoir des enfants qui font sa fierté et celle de son pays. Je ne puis pas en dire autant pour beaucoup de chefs d’Etat en Afrique.
Propos recueillis par Madior FALL
EXERGUES :
1/ Je serai le candidat qui demandera le retour de la charia dans les tribunaux.
2/ Idrissa Seck s’est trompé sur au moins trois choses
3/ Les services rendus par Me Wade et son combat au quotidien dans le continent africain mais aussi au niveau de toute la planète pour la concorde et le développement mériteraient d’être couronnés par un Nobel
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