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Politique

AHMED KHALIFA NIASSE, PRESIDENT DU FAP « Au Sénégal on se montre beaucoup moins tolérant »

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AHMED KHALIFA NIASSE, PRESIDENT DU FAP « Au Sénégal on se montre beaucoup moins tolérant »

Chef religieux, homme politique et d’affaires, Ahmed Khalifa Niasse, président du Fap, parti allié au Parti démocratique sénégalais (Pds) au pouvoir trouve « qu’au Sénégal, on se montre de moins en moins tolérant ». Selon lui, invitant à plus de tolérance, la question homosexuelle est aussi vieille que le monde et que certains souverains de pays musulmans de l’Afrique du Nord président même des loges maçonniques. Ahmed Khalifa Niasse déclare par ailleurs qu’il y aura un dialogue politique après les élections locales de mars.

Avec l’histoire des homosexuels condamnés lourdement et aujourd’hui le débat suscité par la sortie du président Wade sur son passé maçonnique, se développe-t-il dans notre pays un sentiment d’intolérance qu’on ne connaissait pas auparavant ? Qu’en pense le chef religieux, mais non moins homme politique que vous êtes ?

Disons que l’affaire des homosexuels est vielle comme le monde. Parce qu’on parle de Sodome et de Gomorrhe dans la Bible. Mais nous, en tant que musulmans, notre prophète nous enseigne que lorsque vous êtes devant épreuve morale, c’est-à-dire quand vous faites des choses interdites, vous devez vous cacher, ne pas le montrer ostensiblement. Sinon, même dans certains pays musulmans, il existe bien des cafés plus où moins réservés à une catégorie de personnes considérées comme étant en marge de la société. Dans beaucoup de pays, existent donc des cafés pour homo. Maintenant, il se raconte qu’il y a un fort lobbying des homos qui sont puissants dans beaucoup de secteurs, notamment bancaires, dans la presse et dans d’autres etc. Du temps du président Senghor, on disait que le gouvernement, tout comme la présidence étaient truffés d’homos. Ce qui fait peur c’est que ces « sataniques » comme on dit, se liguent et parviennent à influer la marche du monde et des choses au point de dégrader nos moeurs.

En ce qui concerne maintenant la fraternité maçonnique, que dire ?

Du temps de Blaise Diagne, les gens sortaient à peine de la pénétration coloniale et pensaient que trois personnes renforçaient le colonisateur : le « diouti » (le percepteur municipal), le douanier et le franc-maçon. Depuis une telle perception a bien évolué. Les douaniers sont maintenant des gens respectables qui peuvent prendre épouses dans n’importe quelle famille. Les percepteurs municipaux aussi, mais ce n’est pas encore le cas des franc maçons.

Est ce qu’ils doivent communiquer pour changer une telle perception ?

Je ne sais pas, je crois que cela les concerne. Disons simplement que dans les pays musulmans, les loges maçonniques ne posent pas a priori de problèmes. Certains souverains de pays musulmans de l’Afrique du Nord président même des loges maçonniques. Donc ça ne pose pas de problème. Au Sénégal on se montre de plus en plus beaucoup moins tolérant. Je n’en veux pour preuve que le scandale des crimes en réunion contre les soi-disant voleurs de sexe. La société sénégalaise doit certainement se revoir, mais les autorités devraient également appliquer la loi contre ces criminels. On doit appliquer la loi contre le crime public, gratuit et bête… Si une personne tue, on l’amène en cours d’assise, si ce sont mille personnes, on passe l’éponge. Je pense que des associations devraient se créer pour porter plainte contre les autorités policières, la gendarmerie dans le territoire desquels de tels crimes ont eu lieu.

Ne pensez vous pas par ailleurs, avec ce souci prêté au chef de l’Etat de passer le flambeau à son fils, l’intéressé ne fait rien pour démentir une telle perception bien au contraire, que l’on assiste à une « monarchisation » de notre République ?

Je crois plutôt que nous avons l’art d’exagérer les choses. La visite du président de la République à Touba n’est qu’un simple pèlerinage, un voyage de la foi pour un père et son fils comme cela se passe dans tous les pèlerinages et depuis la nuit des temps. La question de l’avènement de Karim n’est pas par ailleurs, taboue, ne devrait en tout cas pas l’être. Karim a parfaitement le droit de se soumettre au suffrage universel même contre son père si cela lui chante, même si cela n’est pas décent d’un point de vue social. Alors, s’il peut se présenter contre son père, ça voudrait dire qu’il peut se présenter contre quelqu’un d’autre. Dire maintenant que Karim va succéder à son père sans passer par les urnes, que le remplacement de Wade-père par Wade-fils se fasse par le biais d’un vote à l’Assemblée ou au Sénat ou les deux ensemble est proprement scandaleux. Mais personne ne devrait trouver à redire si ce sont les Sénégalais eux-mêmes qui l’auront choisi à l’issue d’élections libres, démocratiques et transparentes. Tout se passe comme si on voulait interdire aux Sénégalais d’élire un autre Sénégalais parce que auparavant ils ont élu son père.

Quelle est votre appréciation de la situation du pays ? Et que pensez-vous du dialogue politique prôné ?

Nous avons deux oppositions. L’une cache malheureusement l’autre. Il s’agit de l’opposition extra parlementaire qui agit comme s’elle était une opposition parlementaire, c’est-à-dire, elle vit dans les souvenirs de ce qu’elle fut. À ses côtés, il y a ce qu’on appelle du côté du pouvoir, la « presse opposition » qui grossit délibérément les choses.

Ah bon ?

Oui, je parle de cette presse-là qui elle parle à la place des concernées, qui est motivée la plupart du temps par des raisons économiques. Ces groupes de presse ou ces organes de presse ont les mêmes obligations que n’importe quelle société privée, n’importe quelle entreprise. Ils ont des fournisseurs, ils ont des dettes, ils ont une masse salariale, ils ont l’obligation de payer et ils n’arrivent pas souvent à être à jour. Et il s’y ajoute que certains organes de presse pensent que Wade leur est redevable d’avoir était au pouvoir. Ce qui n’est plus vrai depuis 2007. Lui-même a dit : j’ai gagné contre la presse.

La presse n’a pas créé la marche des Imams de Guédiawaye, encore moins celle des jeunes de Kédougou qui, toutes avec d’autres situations sociales tendues, découlent d’un management des libéraux et alliés au pouvoir qui est décrié.

Elle n’y est pas absente. La presse charge les yeux et les oreilles des gens et donc leurs raisons. Il n’y a jamais eu depuis l’existence du Sénégal le moindre mouvement d’humeur à Kédougou. Kédougou est l’une des zones les moins peuplées du Sénégal. Vous ne pouvez même pas rassembler 3000 bonhommes tellement les gens sont éparpillés et vous n’avez même pas les moyens de se déplacer. Quand il y a ça, il est évident que l’artifice est passé par là. La « presse opposition » a approuvé parce que pour elle, tout ce qui fait peur au pouvoir est bon à prendre.

La situation sociale, je suis désolé, ce n’est pas la presse qui l’a créée.

Soit. Cela dit, nous sommes dans une situation internationale qui fait qu’il y a turbulence économique et financière que nous ressentons. Le monde occidental n’est pas seulement touché, il est laminé. Les dégâts importants, voir catastrophiques et nous en subissons les contrecoups collatéraux. Sinon, tout va bien.

Si je vous entends bien, on est dans le meilleur des mondes ?

Non, non, on n’est pas dans le meilleur des mondes. Mais, faut dire, que si nous ne sommes pas au paradis, nous ne sommes pas en enfer pour autant.

Selon vous donc, il n’y a aucune urgence voire obligation à un quelconque dialogue politique ?

Je ne dis pas ça. Je pense qu’après les élections locales, il y aura un dialogue politique. Il aura à ce moment-là, une base politique et sociale sérieuse parce que si nous dialoguons maintenant, l’opinion y verra que nous aurions cédé à un chantage. Après les locales, on saura qui pèse quoi et sur cette base, le dialogue est non seulement permis ; mais il devient naturel.

L’Etat a-t-il les moyens d’organiser ces élections ?

Il faudra certainement poser la question à Abdoulaye Diop, le ministre d’Etat, ministre de l’Economie et des finances. Pour ma part, je suis dans la coalition Sopi 2009 et j’attends le 22 mars prochain pour voir mes listes triompher.

Parlons maintenant diplomatie si vous le voulez bien. Quels sont les intérêts en jeu pour le Sénégal au point que le président de la République prend le contre-pied de ses pairs de l’Union africaine et de la Cdeao en adoubant les putschistes en Guinée Conakry ? Quel rôle jouez-vous personnellement dans cette affaire et pour quels intérêts ?

Nul ne peut être indifférent sur ce qui se passe chez ses voisins. S’il y a des problèmes en Guinée, il y en a forcément au Sénégal. Tout comme il faut se convaincre que tout ce qui se passe en Guinée, au Mali, en Mauritanie et en Guinée-Bissau, touche le Sénégal. On a assisté à quoi en Guinée à la mort du président Conté ? À un vide institutionnel simplement. Si en effet, aux termes de la constitution guinéenne, le président de l’Assemblée nationale assume et assure la transition en cas de vacances du pouvoir, le problème a été qu’il n’y avait plus d’Assemblée nationale depuis deux ans en Guinée, ce qui faisait que l’on ne pouvait pas appliquer une telle disposition. Il s’y ajoute la disposition de la transition induit des délais irrespectables. C’est même le cas chez nous au Sénégal. En cas de vacances du pouvoir, il sera impossible d’organiser des élections générales en l’espace de deux mois. Cela est matériellement impossible et même si c’est bien inscrit dans notre constitution, c’est matériellement irréalisable, techniquement aberrant. Je pense qu’il nous faut revoir cette disposition. Pour revenir au cas de la Guinée qui nous occupe, imaginez un seul instant que le capitaine Dadis Camaras n’ait pas réagi comme il l’a fait, il se serait passé certainement ce que personne n’aurait souhaité. Peut-être que des centaines de milliers de Sénégalais en Guinée seraient là ainsi que des centaines de milliers de réfugiés Guinéens aussi. Vous avez vu les problèmes que l’on a eus avec le cas des réfugiés mauritaniens qui sont certes en train de rentrer chez eux. On comprend dès lors l’utilité et l’efficacité de la diplomatie du président Wade. Elle a stabilisé une situation qui était incendiaire, en tout cas potentiellement incendiaire. Tout ce qui aurait pu remplacer la situation actuelle et quelque chose qui n’est pas souhaitable.

Cela n’explique pas pour autant pourquoi, vous avez approuvé le putsch militaire ?

Je récuse tout d’abord la caractérisation de la situation guinéenne que vous faites. Non, il n’y a pas un putsch en Guinée. Pour qu’il est un putsch, il faut évincer quelqu’un pour le remplacer par un autre. Ores en Guinée, il n’y avait plus d’Assemblée nationale. Pendant deux ans, ces gens-là n’ont pas pu organiser des élections législatives.

Quelles sont vos motivations économiques ou d’affaires ? Est-ce que le Sénégal avait aussi des intérêts économiques ?

Le seul intérêt pour le Sénégal est qu’il désire fortement que ses voisins soient et restent stables. Personne ne doit des ennuis chez le voisin. Quant à moi, je n’ai aucun intérêt en Guinée Conakry encore moins une relation d’affaire. Le président de la République m’a chargé d’une mission que j’ai cherchée à accomplir le plus normalement du monde. C’est tout.

Ahmed Khalifa Niasse est un Sénégalais, mais qui a beaucoup de liens avec la Mauritanie où il compte nombre de parents et de talibés. Pourquoi dès lors on ne l’a pas vu s’activer plus Mauritanie où le président déchu, Sidi Ould Abdallahi est membre de sa confrérie et même un talibé de la famille ?

En ce qui concerne les affaires de l’Etat, c’est Me Wade qui est le grand Khalife, moi je n’en suis qu’un petit talibé. Par conséquent, je m’aligne quand il prend position. Dans le cas mauritanien, je crois savoir que le président Wade s’est montré sage. Il a tempéré M. Sarkozy, l’ancien président américain, George Bush, que Dieu ai pitié de son âme politique (rires). En vérité, le président de la République a, je crois, pour le voisinage, une politique bien définie qu’il déroule au grand bonheur de notre diplomatie. En ce qui me concerne, je cherche à accomplir les missions qu’il veut bien me confier.

Où en est la ville nouvelle ? Etouffée dans l’œuf ?

Disons que les études étaient terminées. Mon amie, Aminata Niane m’a fait savoir qu’on avait un séminaire à Paris parce que c’est elle qui gère le côté technique de ce dossier. Ce séminaire a été renvoyé par deux fois pour des raisons techniques, m’a-t-on dit. J’espère que la troisième fois sera la bonne.



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