Contrairement aux dires des autorités, aucun Arabe n'est dans l'actionnariat de Dubaï Ports World Dakar (Dpwd), la société qui gère le terminal à conteneurs du port de Dakar, en réalité contrôlée par un Britannique et un Américain : à eux deux, ils détiennent 89,6% des actions. Des révélations fracassantes du député et présidente des femmes de l'Alliance Jëf-Jël, Mously Diakhaté, qui ont manifestement pris au dépourvu Karim Wade, le chef d'orchestre de l'implantation, l'année dernière, de cette société.
Le député Mously Diakhaté a étalé, hier, sur la table de l'Assemblée nationale une affaire qui occupe les causeries dans certains salons feutrès de Dakar: l'actionnariat de Dubaï Ports Wortd Dakar (Dpwd), la société qui a chassé, l'année dernière, du Port autonome de Dakar (Pad) le Groupe Bolloré, en s'adjugeant le terminal à conteneurs. Ce fut au terme d'une féroce empoignade qui avait fait apparaître le rôle clé joué dans ce dossier par Karim Wade, alors président du Conseil de surveillance de l'Agence nationale de l'organisation de la conférence islamique (Anoci). En effet, profitant du passage de ce dernier - aujourd'hui ministre d'État ministre des Infrastructures, des Transports aériens, de l'Aménagement du Territoire, de la Coopération internationale - devant la Représentation populaire, la présidente des femmes de l'Alliance Jëf-Jël a révélé une somme de faits qui donnent une configuration de l'actionnariat autre que celle qu'avaient annoncé les autorités. «On nous avait dit que ce sont les Arabes qui sont dans l'actionnariat de Dubaï Port World Dakar, mais il n'y a aucun Arabe dans cet actionnariat», révèle le député. La preuve ? Poursuivant son propos, Mously Diakhaté renseigne que ce sont un Britannique, un Américain et le Pad qui détiennent 99,6% des actions de Dpwd : «Sur les mille actions, 896 sont détenues par deux personnes. Il s'agit de Matthew Lunch, un Britannique qui habite à Tortola, dans l'île de Virginie, en Angleterre, l'autre actionnaire, c'est un Américain qui s'appelle Patrick Walter, mais qui habite à Dubaï. D'ailleurs, la première réunion du Conseil d'administration tenue le 06 novembre dernier, à 12h, c'est seulement ces deux personnes qui y ont assisté. Même le Port autonome de Dakar qui a cent actions dans le capital, c'est-à-dire 10%, n'était pas présent à cette réunion».
Par ailleurs, s'agissant de la qualité des prestations fournies par Dpwd, Mously Diakhaté dresse un tableau peu reluisant. «On nous avait dit que Dubaï Port World Dakar allait être un bon investissement, rentable pour le Sénégal, mais il aura été finalement source de malheurs», dénonce le député, chiffres à l'appui. «La Sdv avait plus de huit cents employés, aujourd'hui, elle n'en a que cinquante-six. La Sdv employait un millier de temporaires, elle n'en utilise plus», révèle la camarade de Talla Sylla. Itou en ce qui concerne Delmas et d'autres sociétés du secteur portuaire, qui ont drastiquement diminué le nombre de leurs emplois, dit-elle.
…Karim Wade, couvert par Mamadou Seck, se dérobe
Une dérobade. C'est ce à quoi s'est livré Karim Wade interpellé par le député Mously Diakhaté sur le caractère étrange de la configuration de l'actionnariat de Dubaï Ports World Dakar. Dans ses réponses aux interpellations des députés, Karim Wade - ne sachant quoi dire ? -a escamoté les questions de la responsable de l'Alliance Jëf-Jël. Une attitude pour le moins étrange qui a poussé Mously Diakhaté à interpeller le président de l'Assemblée nationale. Mais, Mamadou Seck, se faisant le bouclier du ministre d'État ministre des Infrastructures, des Transports aériens, de l'Aménagement du Territoire, de la Coopération internationale; a rétorqué : «Nous sommes obligés de passer au vote des titres du projet de loi. Il vous répondra par écrit». Karim Wade sauvé des griffes de Mously Diakhaté tombe, à sa sortie, après le vote du budget de son ministère, sur les journalistes. Cette fois-ci, privé de bouclier, il balance la patate chaude au ministre de l'Économie maritime et de la Pêche, Khoureychi Thiam. «Je ne suis pas ministre en charge des Ports. Donc Dubaï Port World, ce n'est pas ma responsabilité», a-t-il lâché, au bout de trois minutes d'échanges avec les journalistes, alors que son service de, presse en avait prévu cinq.
Bachir Fofana
Source Le Populaire
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