Vendredi 29 Mars, 2024 á Dakar
Vendredi 01 Juin, 2018 +33
People

Omar Sy: "La frustation m'a toujours fait avancer"

Single Post
Omar Sy: "La frustation m'a toujours fait avancer"

Un honneur et un piège. Être sélectionné au Festival de Toronto pour la première mondiale d'un film, qui plus est projeté au Roy Thomson Hall, témoigne de l'importance qu'on vous accorde. Mais le risque existe de se fracasser sur l'écran de cette salle de 2 600 places. Dimanche 7 septembre, Omar Sy débarque en fin d'après-midi pour l'entretien et la séance photo qu'il nous a accordés. Visiblement, la projection de la veille s'est bien passée. Samba a plu, ému et a fait rire cette salle réputée froide, avant d'être salué par une longue standing ovation. 

Sur le visage de l'acteur se lit un immense soulagement. Le stress était d'autant plus présent que cette nouvelle collaboration avec ses papas de cinéma, Olivier Nakache et Éric Toledano, n'est pas un film comme les autres. Parce que Samba fait suite au triomphe d'Intouchables. Parce qu'Omar, dans le rôle d'un sans-papiers menacé d'expulsion, y est plus grave. Et parce que son installation à Los Angeles a réveillé le choeur des vierges effarouchées sur l'air de "qu'est-ce qu'il a changé, on ne le reconnaît plus !"  

  

Or, l'Omar qui se présente aujourd'hui est tel qu'il était. Seuls changements : un physique plus affûté, une confiance en lui plus affirmée et un planning plus chargé ­ il repart dès le lendemain, à l'aube, pour Londres tourner le nouveau film du réalisateur d'Un été à Osage County. Ce qui n'est finalement pas si anodin. Son rire inimitable, lui, est toujours là. Si vous tendez bien l'oreille entre les mots, vous pourrez l'entendre. 

Samba marque votre cinquième collaboration avec Olivier Nakache et Éric Toledano. Avez-vous eu peur qu'Intouchables ait clos un chapitre et que vous ne vous retrouviez qu'après une parenthèse de plusieurs films?

Omar Sy: Oui, j'ai eu cette crainte. C'est d'ailleurs pour cette raison que je leur ai si souvent répété que j'espérais que notre aventure n'en était qu'à ses débuts. Avec eux, il m'est beaucoup plus facile de me lancer des défis. Je me sens en confiance. D'ailleurs, si quelqu'un d'autre m'avait proposé un film comme Samba, j'aurais réfléchi avant d'accepter...  

Leur dire non à eux ne vous a jamais traversé l'esprit?

C'est difficile de leur dire non. En raison de notre passé commun bien sûr. Et parce qu'à chaque fois, ils m'ont fait jouer quelque chose de différent. Samba en apporte encore la preuve. 

C'est aussi un rôle qui vous permet de proposer une large palette d'émotions. Comment vous êtes-vous préparé?

En me plongeant dans le livre de Muriel Coulin, dont Éric et Olivier se sont inspirés, mais aussi en regardant des reportages et des films...  

Quels films?

Un, particulièrement : La pirogue, de Moussa Touré, qui m'a aidé à comprendre la motivation de Samba, ce moment où un homme décide de quitter son pays pour aller ailleurs, malgré les risques auxquels il se confronte : le voyage puis l'arrivée en terre étrangère où la mort rôde. Mais je me suis aussi nourri de rencontres. Quand j'interroge mes oncles ou mon père, ils me racontent un autre temps ; l'immigration d'hier n'a plus rien à voir avec celle d'aujourd'hui. Je suis donc allé dans des foyers Sonacotra pour discuter avec ceux qui y vivent : des jeunes mecs venus d'Afrique de l'Ouest qui font ce qu'ils peuvent pour vivre dans la France actuelle. 

Les situations devaient être étranges car, forcément, ils vous reconnaissaient...

Oui, mais c'est justement parce qu'ils savaient qui j'étais et d'où je venais que la discussion était possible et qu'ils allaient pouvoir m'apprendre des choses. Je ne connaissais pas leur quotidien. En les écoutant me raconter en détail la dureté de leur vie, ils m'exprimaient, par ricochet, la chance qui est la mienne.  

Et pour l'interprétation à proprement parler?

J'ai fait appel à Julie Vilmont, une coach avec qui je travaille depuis toujours. Éric et Olivier me connaissant par coeur, ils savaient où ils voulaient m'emmener. Ici, le vrai défi pour moi consistait à ne jamais vivre des moments déjà connus et auxquels j'aurais pu me raccrocher. Une scène de danse, par exemple, puisque, contrairement à Tahar Rahim, je n'en ai aucune. 

Le rôle étant différent de ceux que vous avez interprétés, pensez-vous qu'il y aura un avant et un après Samba? 

Vous savez, je ne me sens acteur que depuis Intouchables. Et, plus précisément, depuis le soir où j'ai reçu mon César. En m'acceptant dans sa famille, le cinéma français m'a totalement décomplexé. C'est drôle, car quand Éric et Olivier m'ont proposé Intouchables, ils avaient justement exprimé leur envie de me voir enfin me considérer comme un acteur. Avant, j'en étais incapable. Ils ont réussi leur coup ! 

Vous avez reçu beaucoup de propositions après le César...

Oui. ... Mais vous avez peu tourné, du moins en France, à part un film choral, Les seigneurs, et un second rôle dans L'écume des jours... 

À partir du moment où acteur était devenu un vrai métier pour moi, je l'ai pris très au sérieux. Je n'avais pas envie de faire n'importe quoi. Tous les rôles qu'on me proposait se ressemblaient. Je ne voulais pas me répéter mais affronter de nouveaux défis. 

Partir s'installer aux États-Unis en était-il un?

Au départ, je suis parti pour y vivre une année sabbatique. Après tout ce qui s'était passé, j'avais envie de me retrouver avec les miens, de me reconnecter à la vie, dans la foulée de la campagne d'Intouchables pour les Golden Globes. Mais cette année sabbatique n'a pas eu lieu. J'ai commencé à prendre des cours d'anglais, à travailler avec un agent et un publiciste, puis je me suis à tourner : X-MenGood People, avec James FrancoJurassic World et, en ce moment, Adam Jones, avec Bradley Cooper et Uma Thurman... 

Que ressentez-vous quand vous vous trouvez sur ces plateaux hollywoodiens?

J'ai grandi avec ces films. Me retrouver sur ces tournages me confirme que je suis bien à ma place et que je n'usurpe rien. Là-bas, personne ne me connaît. Je décroche les rôles sur auditions. Je recommence à zéro. Et ce challenge ne pouvait pas mieux tomber après Intouchables. Ces expériences me permettent de constater tout ce qu'il me reste à apprendre. Moi qui ai l'habitude de beaucoup réagir au jeu de mes partenaires, je me suis retrouvé, dans X-Men, à jouer avec... une balle de tennis. Il a donc fallu que j'apprenne à travailler différemment, à acquérir plus de techniques. À m'améliorer, tout simplement. 

La maîtrise aléatoire de la langue anglaise est souvent un frein à une carrière américaine. Le ressentez-vous?

À partir du moment où j'ai décidé de tenter cette aventure, j'ai la sensation qu'il n'y a plus de limite. Mais la langue représente indéniablement un obstacle ; il me manque un tas de nuances. Je me concentre donc sur des petits rôles pour tenter de progresser. Je prends mon temps. Je sais que je ne peux pas tout jouer. C'est forcément frustrant, mais la frustration, j'ai grandi avec. C'est même elle qui m'a toujours fait avancer ! C'est l'histoire de ma vie. 

Recevez-vous des propositions différentes venues du cinéma français?

Ça commence... Je crois qu'à force d'avoir refusé pleins de rôles, les gens ont compris que je n'étais pas prêt à tourner pour tourner. 

De quoi avez-vous envie?

Je n'ai pas d'envie précise et c'est bien là tout le problème. 

Des rôles plus dramatiques?

Pour moi, Samba en est un. Les moments de comédie ne sont jamais portés par mon personnage. Aujourd'hui, je recherche plutôt des aventures qui vont me forcer à aller au-delà de ce que je sais faire. 

Dans quel domaine du jeu avez-vous le sentiment d'avoir le plus progressé?

Je n'en ai aucune idée et je ne me pose pas la question. Je n'ai pas envie de me foutre la trouille inutilement. En fait, si progression il y a, je peux la mesurer à l'aune des propositions que je reçois et des rôles qu'on m'estime capable d'interpréter. Comme avec Chocolat, le film de Roschdy Zem

Pourquoi avoir accepté ce film?

Déjà, vu mon physique, je ne peux pas faire des tonnes de biopics en France ! Plus sérieusement, ce personnage, Rafael Padilla, célèbre clown de la fin du XIXe siècle dans une France où des Noirs étaient encore enfermés en cage, est un rôle d'une complexité incroyable. Ça ne se refuse pas. 

Avez-vous eu peur de changer après Intouchables?

On ne sait jamais à quel point un tel succès peut vous affecter. On est des êtres humains, pas des machines. Je ne vais pas mentir : je suis honoré de m'être retrouvé en tête du classement des Français préférés du JDD. Car on fait aussi ce métier pour avoir cette reconnaissance, même si elle peut faire peur. Vivre loin de la France me permet d'en avoir que les avantages. D'éviter de me sentir étouffé et de rejeter le bonheur qu'on vous envoie... 

Vous sentez-vous une responsabilité par rapport à votre popularité?

Je ne me sens pas responsable de ce que les gens peuvent projeter sur moi. Car ça ne m'appartient pas. Mais si mon parcours peut servir à certains, de la même façon que d'autres ont été importants pour moi, tant mieux...  

Qui étaient-ils?

Il y en a eu beaucoup. Aussi bien des professeurs que Mohamed Ali pour la force dont il a fait preuve dans les combats, personnels et sportifs, qu'il a dû affronter. Mais aussi, je vais vous surprendre : Jean-Jacques Goldman et la chanson "C'est ta chance". J'avais l'impression qu'il avait écrit tout un couplet spécialement pour moi.  

Aviez-vous rêvé d'être là où vous en êtes aujourd'hui?

Jamais je n'aurais osé imaginer une chose pareille. Sans doute pour ne pas prendre le risque que ce rêve ne devienne jamais réalité et d'en être aigri. 

Vous ne rêviez de rien alors?

Si, je rêvais d'ailleurs. Et, sur ce plan-là, je suis bien servi. 


En savoir plus sur www.lexpress.fr/culture/cinema/omar-sy-la-frustation-m-a-toujours-fait-avancer_1608248.html#7DJttjYwdHle320K.99



1 Commentaires

  1. Auteur

    Fall

    En Octobre, 2014 (13:19 PM)
    J'adore Omar Sy, je l'aime, je l'estime, je suis fier de lui..Mon réve à moi serai de le rencontré un jour.Bonne continuation Mr Sy.... :sn:  :love: 

Participer à la Discussion

  • Nous vous prions d'etre courtois.
  • N'envoyez pas de message ayant un ton agressif ou insultant.
  • N'envoyez pas de message inutile.
  • Pas de messages répétitifs, ou de hors sujéts.
  • Attaques personnelles. Vous pouvez critiquer une idée, mais pas d'attaques personnelles SVP. Ceci inclut tout message à contenu diffamatoire, vulgaire, violent, ne respectant pas la vie privée, sexuel ou en violation avec la loi. Ces messages seront supprimés.
  • Pas de publicité. Ce forum n'est pas un espace publicitaire gratuit.
  • Pas de majuscules. Tout message inscrit entièrement en majuscule sera supprimé.
Auteur: Commentaire : Poster mon commentaire

Repondre á un commentaire...

Auteur Commentaire : Poster ma reponse

ON EN PARLE

Banner 01

Seneweb Radio

  • RFM Radio
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • SUD FM
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • Zik-FM
    Ecoutez le meilleur de la radio

Newsletter Subscribe

Get the Latest Posts & Articles in Your Email