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Mamadou Mbaye «Garmi» communicateur traditionnel : « La lutte est en train de prendre un mauvais chemin »

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Mamadou Mbaye «Garmi» communicateur traditionnel : « La lutte est en train de prendre un mauvais chemin »

Communicateur traditionnel et animateur au groupe Futurs Médias et issu d’une grande famille griotte, Mamadou Mbaye «Garmi», 46 ans, est, aujourd’hui, l’un des plus célèbres de sa génération. Habillé d’un grand boubou traditionnel de couleur mauve, il a reçu notre Reporter au Café de Rome pour lui ouvrir son album-souvenirs et parler de ses activités quotidiennes.  


Présentez-vous à nos lecteurs.

Je m’appelle Mamadou Mbaye «Garmi». Je suis né en 1966 à Niarry Tally (quartier dakarois), près de la grande mosquée qui est l’un des plus  vieilles du Cap-Vert. Beaucoup d’hommes religieux et de politiques, comme Me Abdoulaye Wade, sont nés ou ont passé une partie de leur vie dans cette localité. C’est aussi le quartier de El Hadji Mansour Mbaye et de beaucoup d’artistes chanteurs ou danseurs de renom. Actuellement, beaucoup d’entre eux acquièrent des villas ailleurs et quittent la zone, mais nombreuses sont les célébrités qui ont vécu à Niarry Tally.

Avez-vous hérité du métier de communicateur traditionnel ?

Mon père et ma mère n’étaient pas connus dans ce milieu. Ils n’ont jamais été liés à des nobles. Par contre, ma grand-mère paternelle, Aram Ndao Guèye, était une grande griotte. Elle préparait les repas de certains baptêmes dans ce quartier. C’est elle qui m’a élevé et façonné dans ce milieu. Dans ma famille paternelle, il n’y a que des intellectuels de haut niveau. Certains étaient des enseignants ; d’autres, des directeurs d’écoles ou encore des directeurs  de sociétés. Ils ne sont pas connus dans le milieu griot. C’est ma grand-mère qui m’a élevé. Quand j’étais écolier, je ne prenais pas le petit-déjeuner comme le faisaient mes camarades de classe. Je profitais de la récréation pour aller la retrouver dans les cérémonies de baptêmes où elle préparait les repas afin de prendre mon petit-déjeuner. Mais je ne mangeais pas avec les amis qui m’accompagnaient. Elle me servait dans l’instrument avec lequel elle préparait la bouillie du baptême. Si c’était du riz, je me régalais dans le bol qui contenait les assaisonnements ou dans la couverture de la grande marmite.

Y avait-il une symbolique dans cette manière de vous servir ?

Si, il y a un secret, mais je ne peux pas le dévoiler.

Ce secret vous aurait-il rendu célèbre, actuellement?

Certainement, mais il y a aussi la grâce de Dieu. Cependant, quand j’habitais dans le même quartier qu’El Hadji Mansour Mbaye, je jouais souvent au football dans le terrain situé près de sa maison. Alors, je voyais souvent beaucoup de voitures 504 - le modèle préféré des griots - garées devant sa maison. Tous les grands griots passaient chez lui pour prendre le déjeuner. Quand ils sortaient, aux environs de 16 heures, je cessais tout pour les admirer. Ils étaient extraordinaires. C’était émouvant de voir leur façon de s’habiller et de se comporter, leur personnalité … Même si je suis issu de famille griotte, j’aimais beaucoup leurs conduites. Je ne ratais aucune émission que ces grands griots - comme Mansour Mbaye ou Abdoulaye Nar Samb - animaient à la radio. Il y avait « Bireulé », « Xew xew demb » ou encore « Yéwulen ». Parfois, je m’endormais, le poste-radio encore allumé ; c’est ma grand-mère qui l’éteignait. Ce sont les raisons qui m’ont poussé à devenir communicateur traditionnel. Je faisais aussi partie, avec feu Pape Babacar Mbaye, des jeunesses socialistes. En ce moment, on était 11 hommes et 11 femmes dans le département de Dakar. Quand Abdou Diouf (ex-président de la République du Sénégal) nous recevait, j’étais le seul présent à ne pas être président de coordination. C’était en 1996. En tant que leur griot, si quelqu’un devait prendre la parole, je faisais une petite harangue pour l’introduire. Lors du cinquantenaire du parti, on m’avait élu dans le bureau les communicateurs traditionnels. C’est lors de cette réunion-là que j’ai dit à Pape Babacar que je me sentais capable d’accomplir les fonctions de communicateur traditionnel. Immédiatement, il écrivit un message à Mansour Mbaye, que je lui transmis en pleine réunion. Ce dernier interrompit la séance pour dire aux autres griots que j’avais raison et qu’ils devaient m’associer à ce qu’ils faisaient. C’est comme ça que j’ai intégré le milieu et j’ai tout eu avec eux.

Vos activités de jeunesse ne vous ont pas empêché alors de fréquenter le milieu des griots et communicateurs traditionnels !   

Pas du tout. Je suis menuisier métallique de formation. Si je vous montre les œuvres que j’ai réalisées dans ce métier, vous ne me croirez pas. Cela ne m’empêchait pas d’exercer mon métier de communicateur traditionnel. Quand il y avait un baptême dans le quartier, les personnes âgées demandaient à ce que je sois présent. C’est moi qui dépeçais le mouton. Jusqu’à présent, quand quelqu’un de ma génération se marie, même si je ne suis pas présent, on me réserve ma part de griot, parce que ma grand-mère m’amenait, tout jeune, dans les cérémonies de leurs parents.

D’où vient votre pseudonyme Garmi?

Un griot a toujours un pseudonyme. Le mien, ce sont les grands griots qui ont observé mon comportement, lors d’une cérémonie, qui me l’ont donné. Quand je suis venu pour l’expliquer à ma grand-mère, elle m’a dit que Garmi c’est un titre de noblesse très difficile à préserver. Je lui ai fait savoir qu’elle m’a élevé dans ce sens. Elle a conclu qu’à partir de ce jour, je pouvais garder ce titre de noblesse. C’est ainsi que j’ai été ainsi rebaptisé.

Avez-vous fait des études ?

J’ai fait mes études à l’école Biscuiterie jusqu’en classe de Cm2. Après avoir échoué à deux reprises au concours d’entrée en sixième, j’ai quitté les bancs pour apprendre le métier de soudeur métallique et suivre mon penchant de communicateur traditionnel. Je ne me souviens plus de la date exacte, mais ce devait être vers les années 1979. Mon père était un grand tailleur. Il était, d’ailleurs, le tailleur de la famille de Ndiouga Kébé, mais il ne voulait pas que je fasse ce métier. C’est grâce à mon métier de soudeur que je me suis marié et que j’ai baptisé certains de mes enfants.

Qu’est-ce qui vous a poussé à enfiler, pour de bon, le boubou de communicateur traditionnel ?

Je vous ai dit, tout à l’heure, que j’étais dans la sixième coordination du Parti socialiste, dirigé par Doudou Issa Niasse, actuellement député à l’Assemblé nationale et maire de Biscuiterie, Aïda Ndiongue (Sénatrice), Boubacar Thioube et Doudou Wade. Ils faisaient un lobby pour une tendance dans la sixième coordination. J’assurais le micro central lors des manifestations. Je faisais l’animation des cérémonies de 16 heures jusqu’à 18 heures, avant de céder la place à El Hadji Mansour Mbaye. Un jour, quelqu’un qui me suivait m’a dit que je ferais l’affaire dans la presse. Mais je n’avais pas tenu ces paroles en considération. Lors d’un grand meeting qui se tenait à Ben Tally (quartier dakarois), après les élections de 1996, je gérais le micro central. Un monsieur qui s’appelle Lamine Nar Diop m’a proposé de me trouver une place dans une radio. Il m’a donné un rendez-vous que je n’avais pas respecté. Il a pris sa voiture pour aller à ma recherche à Ben Tally. Finalement, il a rencontré une femme, Siga Diouf, qui me connaissait et à qui il a laissé son numéro. Quand je l’ai appelé, il m’a demandé de venir le lendemain à 7Fm pour qu’il me présente au directeur. Le lendemain, on s’est retrouvé au bureau de Ousmane Ndao, directeur de 3A, qui faisait face au locaux de 7 Fm. Il a appelé le directeur de la radio qui a aussitôt accepté ma candidature, quand il a entendu ma voix. C’est comme ça que j’ai intégré le milieu des médias, en 2000. C’est ainsi que j’ai rejoint El Hadji Thierno Ndiaye et Ibou Ndiaye «Gnokhobaye», qui animaient l’émission Penc Lamb ji. Ce groupe appartenait à Bara Tall, Cheikh Tall Dioume et Youssou Ndour. Quand il y a eu rupture entre eux, Youssou Ndour m’a récupéré  pour créer la radio Sport Fm. Je suis resté avec lui jusqu’à la création du groupe Futurs Médias. Avant d’intégrer les médias, je fréquentais les Mbappats (séances de lutte traditionnelle). Certes je suivais la lutte, mais c’est quand j’ai commencé à travailler dans les médias que j’ai fait de la lutte ma spécialité. Parallèlement, je fais des émissions traditionnelles.

Quelle analyse faites-vous de la lutte sénégalaise ?

Elle est en train de prendre le mauvais chemin, que les promoteurs sont en train de revoir pour essayer de la réglementer. Cela n’est pas normal de payer 100 millions à un seul lutteur, alors  qu’il a, derrière lui, plus de mille personnes qui n’en bénéficieront pas. Mais quand on refuse de payer 100 millions pour un lutteur, il faut que le plus petit cachet ne soit pas en dessous de 1 million. Si on prend ces mesures, ça pour améliorer la lutte pour que le maximum de personnes puisse en tirer profit.

Qu’est-ce qui vous a le plus marqué dans votre parcours de communicateur traditionnel ?  

Lors d’un combat de lutte, qui se tenait au stade Demba Diop, j’ai reçu des propos encourageants de la part de Youssou Ndour.  En effet, ce jour-là, tous les communicateurs traditionnels étaient présents. Mais à la fin du combat, Youssou, dont j’ignorais la présence dans les tribunes, a envoyé un de ses proches collaborateurs pour me dire qu’il souhaitait me rencontrer. J’étais le plus jeune des communicateurs. Et pourtant, il voulait que je sois à ses côtés. C’est inoubliable et très fort pour moi. C’est aussi ce qui m’a ouvert les portes. Certes, je travaillais  à 7 Fm, mais on n’avait aucun lien. Cet acte et la rupture entre les actionnaires de 7 Fm sont presque simultanés.

 

Est-ce que l’argent qu’on vous donne n’est pas une manière de vous faire garder les secrets ?

Non, non. Ce n’est pas parce qu’on sait de mauvaises choses sur la personne. Parfois, il nous arrive d’arrondir les angles entre deux amis qui ont des divergences, sans qu’aucun d’eux ne le sache. Je ne fais pas du chantage. Je n’accepte pas les relations qu’on casse à tout le monde pour avoir de l’argent, encore moins les relations amicales qu’il faut garder secrètes : ça ne m’intéresse pas. Si tel est le cas, je  ne serais plus un Garmi.

Alors, vous offre-t-on des millions ?

Oui, bien sûr ! On m’a offert des millions et à plusieurs reprises. Mais, je garde ça pour moi.

Aujourd’hui, à quoi se résument vos activités 

Je suis embauché au groupe Futurs Médias. Donc tous les matins, je me rends à la radio jusqu’à l’heure du déjeuner. Parfois, je vais à télé, parce que j’ai des émissions que je présente aussi là-bas. Mon rôle ne se limite pas seulement à présenter mes émissions. Je participe au bon fonctionnement du groupe, parce que je fais partie des doyens de la maison.

Peut-on avoir une idée de votre situation matrimoniale ?

J’ai une seule épouse et six enfants, mais j’en veux une deuxième. Car, quand on a marié sa fille aînée, on  a droit à une seconde épouse.

Combien de maisons et de voitures avez-vous ?

(Il interrompt). Non, il ne faut pas parler de ça. Je n’ai encore rien de tout cela.

 

Propos recueillis par Ousmane Fall 



5 Commentaires

  1. Auteur

    Amzo

    En Août, 2012 (02:38 AM)
    La lutte n as jamais pri un bon chemin
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  2. Auteur

    Rara

    En Août, 2012 (04:23 AM)
    Shut up, stupid griot. Vous êtes tous des fumiers qui sèment la zizanie dans notre pays. Vous êtes vendez vos Pères, Mères à cause de l'argent. Va trouver un métier, pauvre con...   <img src="https://images.seneweb.com/content/seneweb/generic/images/smileys/jumpy.gif" alt=":jumpy:">    <img src="https://images.seneweb.com/content/seneweb/generic/images/smileys/jumpy.gif" alt=":jumpy:">    <img src="https://images.seneweb.com/content/seneweb/generic/images/smileys/jumpy.gif" alt=":jumpy:">   :dedet:  :dedet:  :dedet:  :down:  :down:  :tala-sylla:  :tala-sylla: 
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    Auteur

    Guér

    En Août, 2012 (08:31 AM)
    comminucateurs traditionnels , ça veut dire quoi ?

    des quémandeurs , des laudateurs ,des maquereaux , des entremetteurs , des maitre-chanteurs , des soulards



    les griots c'est la plaie du senegal
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    Auteur

    2ieme Femme

    En Août, 2012 (09:40 AM)
    ''J’ai une seule épouse et six enfants, mais j’en veux une deuxième. Car, quand on a marié sa fille aînée, on a droit à une seconde épouse.''  :tala-sylla:  :tala-sylla:  :tala-sylla: 



    Et j'imagine que tu vas te marier avec une autre qui a l'age de ta fille.



    Thieuy Sénégal
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    Auteur

    Thiass Mbaye

    En Août, 2012 (09:50 AM)
    vous qui insultes les griots vous etes des persones normal

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