Emmanuel Macron a rendu vendredi hommage à Charles Aznavour, chanteur français d’origine arménienne décédé lundi, “conteur fraternel” dont les chansons furent un “réconfort” et qui donna une voix à un peuple arménien “meurtri”. Quatre jours après sa disparition à l’âge de 94 ans, un hommage national au patriarche de la chanson française s’est tenu dans la matinée aux Invalides, à Paris, en présence de quelque 200 personnalités du monde du spectacle et de la classe politique, dont les anciens présidents Nicolas Sarkozy et François Hollande.
“Charles Aznavour aurait voulu vivre un siècle, il se l’était promis, il nous l’avait promis (...) mais à quelques encablures du seuil, la mort est venue le cueillir”, a dit le chef de l’Etat français dans son éloge funèbre. “Ses chansons ne furent jamais ces rengaines d’un été qui amusent et qu’on oublie, elles furent pour des millions de personnes un baume, un remède, un réconfort.
C’est ce compagnon de route qui nous quitte, ce conteur fraternel qui chantait à hauteur d’hommes la vérité de nos existences”, a-t-il ajouté. Pour l’Arménie, “ce peuple meurtri, exilé et parfois méprisé”, il “fut l’enfant du pays qui se dresse droit comme un ‘i’” et qui “donna une voix à ce qu’on avait voulu faire taire”, a poursuivi Emmanuel Macron, attendu à Erevan la semaine prochaine pour le sommet de la francophonie.
S’exprimant quelques minutes plus tôt, le Premier ministre arménien Nikol Pachinian avait rendu un vibrant hommage au “maître de la chanson française”, qui avait été fait “héros national” en 2004 en Arménie - la plus haute décoration du pays. Le nom de Charles Aznavour a “dessiné un sourire sur des millions de visages, a accéléré, a fait briller les yeux de centaines de millions de personnes”, a dit le chef du gouvernement arménien.
Tout Arménien le perçoit comme un proche parent. Charles Aznavour est celui qui a porté le nom des Arméniens sur le toit du monde, qui a donné un nouvel élan à la fierté arménienne”, a-t-il ajouté. “Ici, devant le monde entier, je tiens à vous promettre solennellement que je ferai tout pour mettre en oeuvre votre message et qu’on puisse réaliser votre rêve : (...) une Arménie libre et heureuse, ce sera la réponse au travail que vous avez effectué pour le peuple arménien”.
Surnommé le “Sinatra Français” à l’étranger, l’interprète de “La Bohême” et de “Comme ils disent” s’est éteint dans la nuit de dimanche à lundi. De retour d’une tournée au Japon, il devait se produire à la fin du mois à Bruxelles, puis en novembre en région parisienne avant d’entamer une série de concerts en région.
L’hommage rendu vendredi aux Invalides a suscité des réserves cette semaine chez certains artistes, notamment Michel Fugain et Hugues Aufray, qui ont regretté une cérémonie trop “élitiste”. “La poésie de Charles Aznavour appartient au peuple, et les Invalides, ce n’est pas le peuple”, a dit Hugues Aufray jeudi sur France Info. “Je suis sûr et certain (...) qu’entre l’hommage aux Invalides et l’hommage du peuple français, comme cela a été le cas pour Victor Hugo, je crois qu’il aurait préféré ça.”
Marine Pennetier et Jean-Baptiste Vey, édité par Yves Clarisse
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