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En classe avec Daara J Family.

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En classe avec Daara J Family.

Nous nous sommes rendus à l’Institut Français de Dakar le 1er Décembre dans le but d’interviewer deux rockstars juste avant leur concert. Naturellement, nous étions psychologiquement prêts à subir tous les comportements erratiques typiques des célébrités. A notre grande surprise, Ndongo D et Faada Freddy étaient humbles, ouverts et ont répondu à toutes nos questions tant que le temps le leur permettait.

Ndongo D et Faada Freddy sont les membres originaux de Daara J, qui était auparavant composé de Ndongo, Faada, et Aladji Man avant de devenir Daara J Family. De « Daara J » (L’école) à « School of Life » (L’ecole de la Vie), ces deux artistes encore jeunes ont tout de même connu une carrière couronnée d’albums a succès. Aujourd’hui, leurs fans viennent des quatre coins du monde, la plupart d’entre eux résidant en Afrique.

Quel est leur secret ?

C’est pourtant simple ; un concept, un message, un engagement qui devrait servir de référence à tout musicien-artiste

A vous de lire pour le découvrir!

Vous êtes passé de Daara J (l’école) à Daara J Family ? Quel est le message que vous voulez faire passer à travers l’ajout de « Family » ?

NDONGO : C’est toujours un message éducatif. Le passage de Daara J à Daara J Family s’est passé il y a quelques années. Tout le monde sait qu’on évoluait plutôt avec une formule d’idées mais maintenant avec Daara J Family, disons que la famille s’est agrandie. On peut par exemple constater qu’on joue avec des musiciens, donc que c’est plutôt du live. Cela dit, Daara J veut dire l’école, et philosophiquement on parle d’école de la vie. Lorsqu’on a ajouté le terme « family », c’était pour mettre l’accent sur l’éducation en famille, parce que tout le monde sait que quand on va à l’école, que ce soit l’école traditionnelle ou l’école occidentale, on sort de chez soi, on part.

Cependant la première des écoles, c’est la maison, c’est la famille et en effet, c’est là-bas ou tout se passe. C’est pour ça qu’on a ajouté le terme « family » pour marquer vraiment l’empreinte éducative, ce qui pour nous commence à la maison pour ensuite aller dehors.

Quelle votre définition de la musique rap au Sénégal ? C’est-à-dire, qu’est-ce qu’elle a de particulier que ce même genre n’a pas dans les autres pays ?

NDONGO D: Les rappeurs sénégalais ont plusieurs langues tu sais. C’est les langues, il y a les dialectes bien sur…un Faada Freddy peut écrire en français, en anglais, en wolof ; un rappeur américain ne peut pas forcement écrire en français, et vice-versa donc voilà quoi ; je veux dire qu’aujourd’hui la particularité du rap au Sénégal c’est ça, sans oublier le contenu parce qu’au niveau du fond, ça parle beaucoup de social, beaucoup de politique, ce qu’on ne remarque pas trop en France ou des fois les gars parlent de leurs ghettos et de leur cités. Bon, aux Etats-Unis c’est un rap très industriel, c’est le business, c’est le « swag ». Alors qu’ici, la majeure partie des rappeurs dans leurs textes, dénonce, parle du social living (par exemple des inondations).

On voit que le rap américain a une grande influence chez les jeunes africains qui imitent surtout les vidéos, le style de vie et la mentalité des rappeurs « bling » aux Etats-Unis. Vous sembliez critiquer cette tendance  avec les deux tubes « Baayi Yoon » et « Waccal sa Griffe », pourquoi ?

FAADA FREDDY : On essaie de faire comprendre à la jeunesse africaine qui elle, n’a surtout pas la même culture que celle des Etats-Unis, qu’on est certes pour le « bling-bling », mais un bling-bling différent ; on fait part du bling-bling de l’esprit, du bling-bling de l’âme. Parce que pour nous, il s’agit de la brillance intérieure. Il faut qu’intellectuellement et spirituellement, les rappeurs et ceux qui kiffent le hip-hop puissent s’élever. En tout cas, de notre côté le hip-hop nous a conduit à une élévation intellectuelle et spirituelle. C’est donc ce que nous essayons de partager avec le monde entier. Au départ, le premier morceau de rap que j’ai entendu était de Grandmaster Flash, The Message. Pour moi c’était le morceau qui définissait ce qui était le hip-hop. Le hip-hop est un message qui existe pour l’élévation et la compréhension entre les peuples. Tant que ce message arrive à faire tomber des barrières, je pense que le hip-hop tiendra toujours la route et restera fidèle à son rôle.

Par contre, lorsque l’Entertainment domine l’Edu-tainment, c’est autre chose. L’edutainment c’est de l’éducation tout en faisant de l’entertainment. La musique est certes sensée mettre les gens dans une bonne humeur, les faire bouger, leur donner une bonne vibration. Avant le rap était ghettoïsé, maintenant le rap a trouvé sa place dans le mainstream et tout, mais il reste un combat qui ne s’est toujours achevé, avec des dominants et des dominés, et ce qu’on essaie de faire c’est de réduire le gap entre ceux qui sont la minorité qui domine et la majorité qui sont ceux qui cherchent leur place et qui cherchent une libération spirituelle.

Vous parlez souvent des us et coutumes que notre génération a abandonné, élaborez un peu selon vous ce que notre culture a délaissé mais devrait se réapproprier, ce qu’elle s’est approprié et devrait délaisser.

NDONGO D: C’est vrai qu’il faut faire la part des choses ; aujourd’hui notre message est entendu par certains alors qu’une grosse partie de la nouvelle génération ne le comprend pas nécessairement. Puisqu’aujourd’hui on vit à l’aube de la mondialisation et que les jeunes sont tellement influençables, c’est pas non plus gagné. C’est vrai que dans le morceau Bayi Yoon, lorsque Fadaa dit « Ana soutoureu bi fi gnom maam bayiwone ?», on s’adresse aux jeunes qui perdent leurs valeurs en adoptant celles qui ne sont pas faites pour eux. Je veux dire qu’aujourd’hui, les jeunes veulent ressembler à Rihanna, à Beyoncé,  et que les modèles sont Jay-Z  et Lil Wayne, tu vois ? Et ça, on a un problème avec.

FAADA FREDDY: Et même Illuminati. J’ecoutais récemment un jeune sénégalais qui était en train de faire les éloges d’Illuminati parce qu’il avait juste entendu parler d’Illuminati et avez regardé ou lu des rumeurs sur Jay-Z,  Rihanna et tout ça. Je lui ai demandé s’il savait c’était quoi et lui-même ne savait pas vraiment, donc il fallait que je lui explique un peu qu’il s’agissait d’une secte et tout ce qui en suit pour qu’il dise enfin « Ah je savais pas ! ». Pour lui, illuminati voulait dire la lumière.

Hélas, comme on dit, « monkey see, monkey do ». Les gens regardent et si ce qu’ils voient correspond a ce qu’ils ont envie de faire, ils copient sans pour autant savoir ce qu’ils sont entrain de copier. C’est pour ça qu’il est dans leur intérêt d’avoir de la valeur, d’essayer de se connaitre soi-même, avant d’emprunter le comportement des autres. Tout n’est pas mauvais aux Etats-Unis, tout comme tout n’est pas mauvais en Afrique, mais c’est que lorsqu’on est intéressé par la culture d’autrui, il faut surtout adopter ce qu’il y a de positif et qui peut éventuellement amener un épanouissement et un équilibre social.

On essaie également de rappeler aux jeunes qu’il n’est pas interdit de s’ouvrir.  Il ne faut pas par exemple refuser la technologie qui est un outil de développement mais il faut savoir que dans la technologie, il y a des parties positives et négatives. L’internet, par exemple, est un portail d’informations tout en demeurant un portail pouvant nous amener à la perversion, et justement, à croire aux mauvaises informations qu’on ne filtre pas au moment où nous les recevons. Donc ce qu’on essaie de faire, surtout avec le rap, c’est un peu d’être comme le journal télévisé : on essaie de prendre la réalité un peu partout, de faire un petit résumé, pour enfin livrer un texte qui leur informe qu’aujourd’hui le monde est un petit village ou vous devez être conscient des choses que vous adoptez, que tout ce qui vient de l’extérieur n’est pas automatiquement mauvais mais qu’il faut savoir filtrer les bonnes informations.

Si on vous disait que demain, Daara J, c’est fini, plus de musique, plus rien, quel serait le message que vous souhaiteriez que vos fans gardent de vous ?

NDONGO D: Je dirais, en Wolof, « yoonou njoup », c’est-à-dire le droit chemin, le chemin de la vertu. Avec tout ce qu’on a fait pour la musique jusqu’à présent, on aurait quand-même pu aller s’installer aux States ou en France et devenir autre chose, changer n’est-ce pas, ne pas résister. Mais nous continuons à porter les valeurs d’une Afrique qui veut s’en sortir, qui veut être debout, qui veut aussi participer à l’effort universel. On voit ce que les américains font, on est témoin du développement des asiatiques, il serait temps que l’Afrique se démarque aussi à sa façon. On ne doit plus être là à tendre la main. Prenons-nous en main.  Le moment est venu pour montrer qu’on a des richesses. Et je pense que c’est en somme ce que les gens doivent retenir de nous en tant qu’artistes-musiciens. Enfin, on ne va pas se comparer à qui que ce soit, mais je pense qu’a l’échelle de l’Afrique on a vraiment marqué des générations. Si jusqu’à présent je vois des gens qui suivent ce qu’on fait depuis 20 ans, c’est que notre musique contient en elle-même un élément indélébile.

Pour plus d’interviews avec des personnalités et innovateurs d’Afrique, suivez nos activités sur Tamaji Magazine.

 



5 Commentaires

  1. Auteur

    Ceo

    En Janvier, 2013 (03:33 AM)
    The best senegalese rap group of all times, whether you accept it or not. Period!!!



    Comment faire pour avoir le contact de leur management a Dakar. il serait interessant d'entreprendre certaines activites avec Daara J et Ndongo specialement puisque je suis interesse par sa demarche rethorique.



    Merci
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  2. Auteur

    Nouma

    En Janvier, 2013 (06:09 AM)
    this way of thinking is why i ve been listening to dara j family since my teenage years. edu-tainement!! Man, you guys think out the box. peace love and harmony Darra j family

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    Auteur

    Bin Ladine

    En Janvier, 2013 (10:35 AM)
    I love them guys. Surtout Ndongo
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    Auteur

    Marseillaise

    En Janvier, 2013 (11:00 AM)
    Vraiment chouette le message de DaaraJ parle à la trentenaire que je suis, j'espère qu'il en est de même pour les jeunes générations, continuez longtemps!
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    Auteur

    Alfayda

    En Janvier, 2013 (13:11 PM)
    fi nguene teke sene tanke fofou la bonne continuation et tawfekh ak taysire yalla na lene ko yalla defale defale ke pou kou lene sopou parceque sopou lene moye sopou kena ki wa la lena li
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