Bakhaw du groupe de rap Dabrains : « Des gens veulent que je me sépare de Djiby pour faire du Solo»

C’est dans les petites ruelles échafaudées propre au « Capsi » plus connu sous le nom de Sicap que nous avons eu les échos de leur 6ème album. Un prétexte de taille pour frapper à la porte des 2 frères du groupe Dabrains. Avec une grande simplicité, le petit frère, Bakhaw s’est prêté à notre jeux de questions réponses et sans détours, il parle de la sortie prochaine de leur 6èmealbum, évoque le retour de Fat et d’un prochain album avec les 5 membres fondateurs du groupe.

Apres les 20 ans du hip-hop, comment se porte Dabrains ?

Nous sommes sur la dernière ligne droite. Et bientôt notre 6^ème album sera sur le marché. Actuellement nous sommes en train de finir les derniers réglages. Car nous voulons que cet album soit l’empreinte de la musique sénégalaise sur le plan international. Nous ne disons pas que la musique sénégalaise n’est pas internationalisée. Cependant, il faut reconnaitre qu’elle n’est pas trop consommée à l’étranger. Et nous, nous avons trouvé le secret qui a fait des musiques nigérianes, ghanéenne, camerounaise entre autres des musiques très populaires sur le marché international. Nous avons compris et c’est pourquoi nous comptons faire un petit voyage en Europe et aux Etats-Unis pour l’enregistrement de cet album qui nous tient trop à cœur. Nous allons offrir au public un album qui colle avec la réalité africaine

Quel sera le titre de votre 6^ème album ?

Nous n’allons pas vous le dire maintenant car c’est une surprise que nous voulons faire à nos fans. Mais sachez que nous avons travaillé pendant 2 ans pour faire cet album. Nous avons fait des recherches ici, en Espagne en France et aux Etats Unis pour donner aux fans une bonne musique. Car nous respectons nos fans et nous n’avons plus le droit à l’erreur par rapport à ce public qui nous suit depuis très longtemps. Et c’est pour cette raison que nous allons retourner dans ces 3 pays cités en dessus pour  que cet album soit un produit très complet.

Quels sont les thèmes que vous abordez dans ce volume ?

Nous avons beaucoup parlé de l’unité africaine car la jeunesse africaine croit en cette unité. Mais malheureusement pour cette jeunesse les dirigeants semblent ne pas être intéressés par cette unité. Notre rêve est de voir un jour une Afrique unie avec un seul dirigeant à l’image des USA. Nous parlons aussi des thèmes consacrés aux problèmes de ménage. Comme par exemple dans la chanson intitulée height a clock (8h 00mn), nous sensibilisons sur le mariage d’intérêt  avec une femme qui a épousé un vieux  qu’elle n’aime pour des raisons financière. Et tous les jours à 8h 00, elle quitte le domicile conjugal pour se retrouver dans les bras de son amour. Il y a aussi un featuring qui se nomme «United africa » avec des artistes africains qui se sont imposés dans la scène musicale internationale et des artistes américains et aussi de grosses pointures de la musique sénégalaise. C’est pour les besoins de ce tube que nous allons bientôt faire le voyage à l’étranger.  Ce tube est très important et nous le voulons au plus vite.

Qui sont ces artistes qui prendront part à ce featuring ?

C’est une surprise. Et comme nous sommes encore dans la phase finale pour les accords de principe nous préférons garder le secret.

Vous allez enregistrer cet album à l’étranger est-ce que vous pensez que les albums faites à l’étranger rapportent beaucoup plus ?

Non ! Nous allons dépensez beaucoup d’argent, des millions pour sortir un album mais nous ne gagnerons même pas la moitié de cette somme. La piraterie nous tue et les autorités ne font rien pour éradiquer ce mal. A chaque coin de la ville les vendeurs de Cd pirates font tranquillement leur salle besogne devant les policiers. Le sénégalais aime le laisser aller. Regarde ce qui s’est passé la semaine dernière avec l’incendie de la médina qui a fait des morts. Et pourtant l’état pouvait prendre les devants depuis belles lurettes mais ici on attend toujours un malheur pour réagir. C’est ce qui s’était  arrivé avec le bateau le Joola. Les artistes travaillent nuit et jour et injectent des millions pour mettre un album sur le marché et des gens tapis dans l’ombre achètent 1 seul Cd pour le multiplier plusieurs fois selon leur convenance et se permettent de les vendre à des prix dérisoires. C’est un vol, un enrichissement illicite. Nous sommes très fatigués et à cause de la piraterie les artistes n’ont plus le courage de produire ou produisent du n’importe quoi parce qu’ils savent que les pirates seront les principaux bénéficiaires.

Mais pourquoi vous les rappeurs vous ne dénoncez pas ce fléau avec la même énergie comme vous l’aviez fait pendant les élections de 2012 ?

La piraterie ne concerne pas seulement les rappeurs. Toutes les personnes qui font de la musique sont concernées. Nous ne pensons pas que l’état du Sénégal doit attendre un soulèvement des rappeurs pour commencer à régler définitivement ce problème. Il y a des structures adéquates pour résoudre ce problème et pour l’instant nous nous rangeons derrière ces structures. Nous avons respectés  notre part du marché en achetant les hologrammes. C’est à eux de faire le reste du travail. Mais nous sommes désolés de constater que les autorités compétentes ne font pas le nécessaire. La musique sénégalaise se meurt sous leurs yeux. Certains artistes préfèrent rester en  Europe parce qu’ils ne peuvent plus vivre de leur art ici. Et pourquoi Akon n’a pas encore produit un groupe sénégalais comme il l’a fait avec P-square ? Pourquoi ? Parce que les autorités sénégalaises ne respectent pas la musique sénégalaise.

 Vous aviez invité publiquement Fat à rejoindre le groupe la nuit des 20 ans du hip-hop. Est-ce qu’il a rejoint le groupe ?

Nous discutons toujours avec lui. Au moment où nous lui avions demandé de rejoindre le groupe, il préparait la sortie de son single et nous pensons qu’il est toujours dans cette logique. Maintenant après la sortie de ce single nous espérons qu’il sera des nôtres. Dans tous les cas nous avons prévu de faire un album à 5 avec tous les membres de Dabrains (Fat, Tapha, Beatsheup, Djiby, Bakhaw) comme aux bons vieux temps. Nous avions prévu de le faire mais il se trouve qu’on est un peu éloigné les uns des autres par nos emplois du temps. Mais que les fans se tiennent prêts car cet album sera bientôt dans les bacs incha Allah.

Est-ce qu’il fera partie de votre 6^ème album ?

Non. Mais comme je viens de vous le dire nous préparons un album à 5 avec tous les anciens membres du groupe Fat y compris. Seulement cet album sortira après la sortie et la promotion de notre 6^ème c'est-à-dire l’album que nous (Djiby et Bakhaw) sommes en train de finaliser pour bientôt.

Beaucoup de groupe se disloquent après le succès qu’est ce qui fait la stabilité de Dabrains ?

Djiby est mon grand frère. Nous avons le même père et la même mère. Et c’est grâce à lui que je fais de la musique. Donc, je serais toujours son élève et son garde du corps car c’est la seule personne qui me parle de mes défauts sans sourcilier. Il me connait et il sait de quoi je suis capable. Il me critique toujours dans le bon sens et m’oriente dans la bonne direction. Il me parle rarement de mes qualités parce qu’il veut que je me perfectionne. Il me dit toujours la vérité et quelque soit la dureté de celle-ci. Des personnes m’approchent souvent pour que je fasse un album solo mais j’ai toujours refusé car Djiby est mon seul guide dans ce monde de la musique. Et je le redis encore je ne ferais jamais un album solo sans l’autorisation de mon grand frère et si ce n’est pas lui qui produit cet album je ne ferais jamais un album solo. Quand il est là je garde toujours un espoir dans la musique.

Si vous aviez une baguette magique que changerez-vous dans le quotidien de la femme pour la journée de la femme ?

Nous allons enlever tous les types de fardeaux qu’elles portent difficilement mais avec dignité.

 BOUBACAR BADJI

Le Pays au Quotidien