Cour d’assises de Dakar - Agressions en série a la Médina : Les anciens militaires écopent la prison à vie

La bande des anciens militaires (Pape Mamadou Diop, Assane Sène et Ismaïla Diop), coupables d’agressions en série, ont fermé le bal de la seconde session 2012 de la Cour d’assises de Dakar. Ils ont récolté la perpétuité, même si les agressions ne sont pas suivies de mort d’homme.

La Cour d’assises de Dakar a terminé sa dernière note par une affaire d’agressions en série ayant vu comparaître une bande composée d’anciens militaires. Ces derniers ont viré dans le milieu du banditisme, faute d’intégration dans l’Armée, après la durée légale. Ils ont pour noms Pape Mamadou Diop et Assane Sène. Le troisième élément du groupe, Ismaïla Diop, n’ayant pas effectué le service militaire est un mécanicien, orphelin de mère et célibataire sans enfant.

De quoi sont-ils coupables ? Assane Sy a reçu plusieurs coups de couteau de ces agresseurs. Les blessures qui l’ont plongé dans le coma ont été si violentes qu’il a fini par être hospitalisé. Serigne Mourtalla Thiam a également vécu la mésaventure de cette bande d’agresseurs. Il s’est réveillé à l’hôpital. Son médecin lui a délivré un certificat médical qui fait état d’une Incapacité temporaire de travail (Itt) de 150 jours. On lui a aussi volé 300 mille francs. Ndiaga Ndiaye a reçu un coup de pierre à la bouche, lui fendant les deux lèvres et lui arrachant deux dents. On lui a aussi donné des coups de couteau à la cuisse et au niveau des reins. Bien d’autres agressions sont inscrites sur le compte des accusés.

Face aux juges, ces derniers ont, tour à tour, nié les faits. Assane Sène déclare qu’il n’est, ni de près ni de loin, impliqué à l’affaire. Le même système de défense sera adopté par l’accusé Ismaïla Diop. Pape Amadou Diop reconnaît avoir porté le coup mortel à la victime. Mais, pour justifier les blessures occasionnées chez celle-ci, il avance la thèse de la légitime défense.

Enquête de personnalité

Le trait commun des trois accusés, c’est qu’ils sont tous décrits comme nerveux, qui s’emportent facilement et qui ont connu chacun un séjour carcéral. Ce sont des personnes qui, sous l’emprise de l’alcool, adoptent un comportement criminel redoutable. Après leur arrestation, les populations de la Médina faisaient état de ce que les membres de cette bande hantaient le sommeil des habitants. Leur lieu de regroupement, c’est une maison abandonnée située dans la zone. Leur principale activité, les agressions de jour comme de nuit. Ils n’hésitaient jamais à faire usage des armes dont ils étaient toujours porteurs.

Pape Mamadou Diop présente des facultés de réadaptation. 31 ans, fils de Lamine et de Aïssatou Guèye, cet artiste-peintre ne connaît pas son père. Célibataire sans enfant, il a déjà été condamné pour coups et blessures volontaires. Bien connu des services de police, il est un ancien militaire. Quant à Ismaïla Diop, une enquête de personnalité n’a pu être diligentée pour lui du fait qu’il a, depuis longtemps, perdu tout contact avec sa famille. Tout ce que l’on sait, c’est qu’il est orphelin de mère, célibataire sans enfant, fils de Makhtar et de Awa Diop, un Baye Fall adepte de la confrérie mouride.

Assane Sène a un comportement déviant qui n’est pas loin de la maladie mentale. 32 ans, fils de Mamadou et de Astou Seck, il est aussi artiste peintre, célibataire sans enfant né à la Médina, et vivait avec sa famille jusqu’à son arrestation. Orphelin de père, il était le fils préféré de sa maman. Ancien militaire bénéficiant d’un certificat de bonne conduite, il est un adepte du chanvre indien qu’il consomme pour soigner son asthme. L’accusé se réclame aussi des Baye Fall. Ses études arrêtées en classe de seconde ont été écourtées pour intégrer l’Armée. Décrit comme nerveux, bagarreur, il bénéficie, lui aussi, d’un certificat de bonne conduite militaire.