Un an après le coup d'État militaire en Birmanie, la communauté internationale a accru lundi la pression sur la junte au pouvoir. L'ONU a prévenu avoir collecté des informations relatives à de possibles "crimes contre l'humanité" tandis que Washington, Ottawa et Londres ont annoncé de nouvelles sanctions. L'opposition a pour sa part appelé à des grèves silencieuses mardi.
La communauté internationale a accru, lundi 31 janvier, la pression sur la junte birmane, à la veille de l'anniversaire du coup d'État du 1er février 2021 qui l'a vue prendre le pouvoir et renverser la dirigeante civile Aung San Suu Kyi.
Les opposants à la junte ont de leur côté appelé à des grèves silencieuses mardi. À l’aube, des villageois de la région de Sagaing, dans le centre du pays, sont descendus dans les rues et se sont immobilisés le point levé, d’après des images diffusées sur les réseaux sociaux. D’autres se sont assis, faisant le salut à trois doigts en signe de résistance.
À Rangoun, des étudiants ont déployé des banderoles contre la dictature tandis que des manifestants ont déversé de la peinture rouge sang. D'autres actions de plus grande ampleur sont attendues dans les prochaines heures et de nombreux appels à fermer les commerces sont relayés sur Internet.
Crimes "imprescriptibles"
"Tragiquement, les informations reçues au cours de l'année dernière suggèrent que bien plus de mille personnes ont été tuées dans des circonstances pouvant être qualifiées de crimes contre l'humanité ou de crimes de guerre", a déclaré Nicholas Koumjian, à la tête du Mécanisme onusien d'enquête indépendant pour la Birmanie, dans un communiqué.
Créé par le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU en septembre 2018, ce mécanisme d'enquête a constitué des dossiers en vue de faciliter des procédures pénales.
"Ceux qui envisagent de commettre des crimes doivent savoir que les crimes internationaux graves sont imprescriptibles", a souligné Nicholas Koumjian. "La justice internationale a la mémoire très longue et, un jour, les auteurs des crimes internationaux les plus graves commis en Birmanie devront rendre des comptes", a-t-il averti.
Les États-Unis ont de leur côté imposé des sanctions financières à sept personnes et deux entités "liées au régime militaire de Birmanie". Parmi les personnes visées par ces sanctions, prises en coordination avec le Royaume-Uni et le Canada, figurent les plus hauts responsables judiciaires du pays, le procureur général Thida Oo, le président de la Cour suprême Tun Tun Oo et le chef de la commission anticorruption Tin Oo, selon un communiqué du Trésor américain.
Quatre autres personnes et deux entités accusées de soutenir financièrement la junte, notamment par la fourniture d'armes et d'équipements, sont également visées.
"Nous continuerons à vous soutenir"
"Tant que le régime privera le peuple de Birmanie de sa voix démocratique, nous le ferons payer aux militaires et à leurs partisans", a mis en garde le président américain, Joe Biden, dans un communiqué. "Je dis au peuple birman : nous n'avons pas oublié votre combat et nous continuerons à soutenir votre courageuse détermination à apporter la démocratie et l'État de droit dans votre pays", a-t-il déclaré.
Londres "défendra toujours le droit à la liberté, la démocratie et l'État de droit. Comme d'autres nations qui partagent les mêmes valeurs, nous ferons rendre des comptes à ce régime brutal et oppressif", a promis de son côté, dans un communiqué, la ministre britannique des Affaires étrangères, Liz Truss.
Aung San Suu Kyi, 76 ans, est détenue depuis le coup d'État qui a mis fin à une décennie de transition démocratique. La prix Nobel de la paix vient d'être inculpée, accusée d'avoir fait pression sur la commission électorale lors des législatives de 2020, qui avait vu la victoire écrasante de son parti. Elle a déjà été récemment condamnée à six ans de détention et risque au total des décennies de prison au terme de son procès.
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