Jeudi 28 Mars, 2024 á Dakar
Vendredi 01 Juin, 2018 +33
International

Qu’est-ce que l’affaire «Stormy Daniels» dans laquelle Donald Trump serait sur le point d’être inculpé ?

Single Post
Qu’est-ce que l’affaire «Stormy Daniels» dans laquelle Donald Trump serait sur le point d’être inculpé ?
L’ancien président a annoncé samedi son «arrestation» imminente à cause d’un accord financier passé avec une ex-actrice porno pour qu’elle ne révèle pas leur liaison, dont il conteste l’existence.

 
Par une salve de publications sur son réseau Truth Social, samedi matin, Donald Trump a annoncé son «arrestation» prochaine («mardi», selon lui) par le parquet de New York et appelé ses partisans à manifester pour le soutenir et «reprendre le pays». S’il ne risque pas de se retrouver derrière les barreaux de sitôt, l’ex-président pourrait en effet devenir très prochainement le premier ex-chef d’Etat à faire l’objet de poursuites pénales, dans le cadre de l’affaire «Stormy Daniels».

Qu’est-ce que l’affaire Stormy Daniels ?

L’affaire est rendue publique en 2018 par des révélations du Wall Street Journal sur un possible accord de non-divulgation à 130 000 dollars entre Donald Trump et Stephanie Clifford, actrice et réalisatrice de films pornographiques connue sous le nom de scène de Stormy Daniels. Celle-ci aurait eu une relation sexuelle avec lui en 2006, en marge d’un tournoi de golf auquel ils ont tous deux assisté. Trump était alors marié depuis un an à sa troisième épouse, Melania.


L’actrice a évoqué cette liaison pour la première fois en 2011 dans une interview au magazine In Touch, qui en annulera la publication après des menaces de poursuites de Michael Cohen, l’avocat de Trump. L’entretien ne sera rendu public que sept ans plus tard, au lendemain des révélations du Wall Street Journal. Entre-temps, en pleine campagne présidentielle 2016, l’actrice aurait cherché à monnayer son histoire à des médias. Alerté par un responsable du tabloïd le National Enquirer – qui avait acheté peu avant le récit d’une aventure similaire à la mannequin Karen McDougal, pour mieux l’enterrer –, Michael Cohen prend contact avec Stephanie Clifford et conclut alors un accord avec elle, à seulement dix jours de l’Election Day.

De quoi Trump peut-il être accusé ?

Si un tel accord n’est pas illicite en soi, Trump et son entreprise (la Trump Organization) sont soupçonnés d’avoir falsifié la documentation du remboursement des sommes engagées à son avocat, afin de les faire passer pour de simples frais juridiques. Une manœuvre qui relèverait alors d’un don déguisé à une campagne électorale – très supérieur au plafond légal autorisé –, puisque l’enjeu était alors d’empêcher le prévisible scandale de porter atteinte aux chances du candidat Trump.

La teneur des poursuites engagées contre l’ex-président, ainsi que leur qualification comme délit ou crime, ne peut cependant être précisément déterminée tant qu’elles n’auront pas été formalisées par le procureur de Manhattan, Alvin Bragg. C’est ce dernier qui a réactivé ce dossier au début de cette année en convoquant un grand jury, alors que les investigations de la justice new-yorkaise étaient longtemps restées dans les limbes. Si l’inculpation devait aboutir à un procès – sans doute pas avant plusieurs mois, voire un an –, Donald Trump pourrait encourir jusqu’à quatre ans de prison pour financement illégal de campagne.

L’ex-chef d’Etat nie toute aventure avec Stephanie Clifford et son implication dans la transaction conclue pour étouffer ce qu’il qualifie de campagne d’«extorsion». Des dénégations contredites depuis des années par Michael Cohen, qui a rompu avec son ancien patron en 2018 pour devenir l’un de ses critiques les plus virulents. Lui-même a plaidé coupable de violations de la loi électorale, de fraudes bancaires et fiscales, et de parjure, ce qui lui valut une condamnation à trois ans de prison fin 2018. Il avait alors notamment révélé un enregistrement d’une conversation avec Trump en pleine campagne 2016, attestant de l’implication de celui-ci dans le paiement de Karen McDougal pour acheter son silence.

Quelles ont été les réactions à l’annonce de Trump ?

Au sein de son parti, de nombreux républicains et parfois potentiels rivaux dans le cadre des futures primaires pour l’élection 2024 ont affiché leur soutien à Donald Trump. L’ex-vice président Mike Pence a estimé les poursuites «motivées politiquement», ajoutant que «les Américains ont un droit constitutionnel à se rassembler pacifiquement», tandis que le speaker de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, dénonçait un «abus de pouvoir» de la part du procureur de Manhattan – membre du Parti démocrate –, «qui laisse courir des criminels violents tout en voulant assouvir une vengeance politique contre le président Trump», avant de préciser qu’il ne pensait pas que les citoyens devraient manifester en cas d’inculpation.

Principal challenger présumé de Trump dans la course à l’investiture républicaine, le gouverneur de Floride, Ron DeSantis, a tardé à réagir. Mais, mis sous pression par l’entourage de Trump, il a fini lundi par qualifier Alvin Bragg de «procureur financé par [George] Soros qui, comme d’autres procureurs financés par Soros, instrumentalise leur fonction pour imposer un programme politique à la société au détriment de l’application de la loi et de la sécurité publique». Mais son entrée en matière ironique («Je n’ai pas idée de ce qui se joue dans le versement d’une somme d’argent à une star du porno pour obtenir son silence sur une liaison présumée. Je ne peux donc pas en parler…») a été perçue comme un coup de griffes à son concurrent.

Dans les rangs démocrates, on s’est alarmé de ce soutien aveugle. Notamment l’élu de la Chambre Adam Schiff (Californie), ancien membre de la commission parlementaire sur l’assaut du Capitole, pour qui Mike Pence place «son ambition au-dessus de l’intérêt général» en «attaquant les poursuites potentielles contre Trump et en défendant un appel à manifester». La sénatrice du Massachusetts Elizabeth Warren a quant à elle défendu le fonctionnement de la justice, «sans crainte ou privilège pour quiconque», quand le sénateur démocrate de l’Arizona Mark Kelly se dit inquiet de l’appel à manifester de Donald Trump, en écho aux événements du 6 janvier 2021. L’ex-leader des démocrates à la Chambre Nancy Pelosi a aussi dénoncé une annonce «dangereuse».


Quel impact sur la campagne ?

La campagne présidentielle de Donald Trump ne devrait pas être inquiétée, puisque ni les poursuites ni une éventuelle condamnation, même à une peine d’emprisonnement, ne lui interdiraient légalement de demeurer candidat.

Certains, dont le principal intéressé, veulent même croire que les conséquences d’une telle inculpation pourraient avoir des effets favorables, notamment celui de galvaniser sa base électorale. Figure d’une minorité hostile à l’ex-président à l’intérieur du Parti républicain, le gouverneur du New Hampshire, Chris Sununu, estime que ces ennuis judiciaires créeront «beaucoup de sympathie pour l’ancien président». C’est également l’avis du sénateur pro-Trump de Caroline du Sud, Lindsey Graham, qui affirme que «le procureur à New York a fait davantage pour aider Donald Trump à être élu président que n’importe quelle personne aux Etats-Unis aujourd’hui».

De nombreuses autres enquêtes judiciaires menacent l’actuel favori des sondages de la primaire républicaine 2024, parmi lesquelles plusieurs pourraient accoucher de poursuites d’une tout autre gravité, notamment celle sur ses tentatives de renverser sa défaite dans l’Etat de Géorgie en 2020 ou les enquêtes fédérales portant sur son implication dans la tentative de coup d’Etat le 6 janvier 2021, et la rétention de documents classés confidentiels conservés à son domicile de Mar-a-Lago après son départ de la Maison Blanche.


0 Commentaires

Participer à la Discussion

  • Nous vous prions d'etre courtois.
  • N'envoyez pas de message ayant un ton agressif ou insultant.
  • N'envoyez pas de message inutile.
  • Pas de messages répétitifs, ou de hors sujéts.
  • Attaques personnelles. Vous pouvez critiquer une idée, mais pas d'attaques personnelles SVP. Ceci inclut tout message à contenu diffamatoire, vulgaire, violent, ne respectant pas la vie privée, sexuel ou en violation avec la loi. Ces messages seront supprimés.
  • Pas de publicité. Ce forum n'est pas un espace publicitaire gratuit.
  • Pas de majuscules. Tout message inscrit entièrement en majuscule sera supprimé.
Auteur: Commentaire : Poster mon commentaire

Repondre á un commentaire...

Auteur Commentaire : Poster ma reponse

ON EN PARLE

Banner 01

Seneweb Radio

  • RFM Radio
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • SUD FM
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • Zik-FM
    Ecoutez le meilleur de la radio

Newsletter Subscribe

Get the Latest Posts & Articles in Your Email