MAM : Royal dénonce «le mensonge érigé en méthode de gouvernement»

Empêtrée dans l'affaire du jet privé de son «ami tunisien» Aziz Miled, la ministre des Affaires étrangères Michèle Alliot-Marie a reconnu samedi soir avoir fait plusieurs voyages à bord de l'appareil, à une période où «il n’y avait pas d’émeutes généralisées» en Tunisie.

Elle a même fait valoir que «lorsqu'elle était en vacances, elle n'était plus ministre des Affaires étrangères». De nouvelles déclarations qui n'ont pas calmé la polémique, notamment au sein de la classe politique.

Ils soutiennent MAM :

Le patron des députés UMP, Christian Jacob, a estimé dimanche que Michèle Alliot-Marie n'avait pas "commis de faute" et qu'elle n'était "en aucun cas disqualifiée" pour mener la "politique étrangère" de la France. Invité du Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro, Christian Jacob a notamment estimé qu'il n'y avait pas eu un euro d'argent public détourné.

Le député UMP Patrick Devedjian a estimé dimanche sur Canal + que «la chasse à l'homme» menée contre Michèle Alliot-Marie était un «moyen de se donner bonne conscience» après «tant d'années de complaisance, gauche droite confondues, en faveur du régime de Ben Ali». «Michèle Alliot-Marie, comme Patrick Ollier, je les connais bien, ce sont des gens honnêtes, ce sont des gens intègres», a défendu le président du conseil général des Hauts-de-Seine.

Erci Woerth, mis en cause dans l'affaire Bettencourt, a lui préféré ne pas apporter son soutien à la ministre... pour mieux la défendre: "Je serai le dernier à soutenir Michèle Alliot-Marie parce que mon soutien, probablement, la desservirait et je ne veux pas la desservir. Je suis lucide sur ma situation aujourd’hui", a-t-il déclaré dimanche matin dans l'émission "Parlons-en" de LCP- Le Journal du Dimanche.

Jacques Myard, député UMP des Yvelines, a pris la défense de MAM avec vigueur sur RTL, en qualifiant cette polémique de «queues de cerises». «Est-ce que les socialistes ne sont pas allés dans les grands hôtels tunisiens ? Est-ce que les socialistes ne se sont pas prélassés sur les plages tunisiennes ?», s'est-il interrogé avant de conclure : «Au bal des faux culs, les socialistes ne font pas tapisserie !».

Samedi, le ministre de la Coopération, Henri de Raincourt, avait dénoncé sur Europe 1 une polémique «totalement misérable et indigne». Jeudi, sur Public Senat, le président PS de la région Ile-de-France, Jean-Paul Huchon, avait lui refusé d'accabler MAM, qui reste «une gaulliste avec de vraies convictions».

Ils prennent leurs distances :

Sur Europe 1, l'ancien Premier ministre UMP Dominique de Villepin a jugé que l'utilisation à deux reprises du jet était un élément «révélateur de l'humiliation de ne pas avoir une diplomatie à la hauteur».

Il a estimé aussi que cela créait un «sentiment d'injustice, d'un deux poids deux mesures». «Quand on voit le pouvoir en place pointer du doigt des policiers, des magistrats dans ce drame de Nantes - l'affaire Laëtitia - nous ne pouvons pas manquer de penser que l'impunité dont s'entourent les politiques est inacceptable», a-t-il affirmé.

Ségolène Royal a elle fustigé dimanche sur Europe 1 les "mensonges" de la ministre, estimant qu'il s'agit "d'un nouveau coup porté à la crédibilité de la diplomatie française". "Aujourd'hui, on a une ministre des Affaires étrangères qui imite le président de la République puisqu'il a érigé le mensonge en méthode de gouvernement", estime ainsi la candidate aux primaires socialistes à la présidentielle.

Le député PS Julien Dray a estimé dimanche sur Radio J qu'il ne se joindrait «pas à la meute journalistique qui fait la chasse à l'homme, et en l'occurrence à la femme», en précisant qu'il souhaitait tout de même «comprendre comment une ministre peut passer à côté de ce qui se passe dans un pays». Il s'est demandé pourquoi personne n'avait dit à Mme Alliot-Marie «attention». «Si j'avais à demander la démission d'Alliot-Marie, je ne la demanderais pas pour ses vacances mais pour la faute politique qui fait qu'elle est passée complètement à côté du processus».

Ils demandent sa démission :

Sans demander directement sa démission, l'ex numéro un du PS François Hollande a demandé dimanche sur I-Télé au président Sarkozy de prendre "des décisions" pour que la République soit "respectée". «Ou il défend, maintient et conserve Michèle Alliot-Marie, comme il l'a fait avec d'autres et il en portera lui-même la responsabilité dans l'élection présidentielle de 2012 ou bien il prend des décisions et il y a des choix à faire au niveau de l'équipe gouvernementale», a déclaré l'ancien numéro un du PS.

La démission de MAM est un voeu pieux pour Jean-Luc Mélenchon, interrogé sur BFMTV dimanche. Pour le président du Parti de gauche, "dans ce gouvernement personne ne part jamais, sauf quand on déplaît au chef de l'Etat pour des raisons personnelles".

Eva Joly, candidate à la primaire d’Europe Ecologie-les Verts, assure au Parisien-Aujourd'hui en France que «Michèle Alliot-Marie est partie en vacances en Tunisie quand les révoltes commençaient, acceptant un cadeau d’un proche du régime Ben Ali. Le discrédit français est total et devrait durer ! Alliot-Marie aurait déjà dû démissionner.».

Le chef de file des députés socialistes, Jean-Marc Ayrault, a fait valoir sur France Info qu'on était «toujours ministre de la République, qu'on soit en vacances ou en activité» et qu'elle aurait dû démissionner d'elle-même. «Ses arguments sont tellement lamentables. On est dans l'indécence. Il s'agit du ministre des Affaires étrangères de la France qui passe ses vacances dans un pays qui est en pleine révolte populaire et en plus qui se permet des comportements inacceptables», s'est écrié le maire de Nantes.

Le leader écologiste Daniel Cohn-Bendit a évoqué samedi une situation «complètement aberrante». «C'est extrêmement bête et moi ça m'embête de taper sur la bêtise», a-t-il commenté. En entendant ça «on se dit celle-là, elle doit faire n'importe quoi mais certainement pas ministre des Affaires étrangères, point à la ligne». En Allemagne «son parti l'aurait poussée à démissionner, j'en suis presque sûr», a souligné «Dany».