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Les mutins ivoiriens tiennent Bouaké, les habitants souffrent

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Les mutins ivoiriens tiennent Bouaké, les habitants souffrent

Une roquette dépasse de l'arrière d'un 4x4: à l'avant côté passager un mutin, lunettes de soleil argentées et bonnet sur la tête, assis sur la portière tire en l'air avec sa Kalachnikov.

A l'arrière, un autre mutin brandit une arme de poing tandis que le véhicule roule à faible allure dans les rus de Bouaké : deuxième ville de Côte d'Ivoire, ancienne capitale de la rébellion de 2002 à 2011, Bouaké est totalement sous le contrôle des mutins qui secouent le pays depuis vendredi. 

Les tirs en l'air sont incessants. D'autres soldats, armes en bandoulière sillonnent la ville en moto ou dans des voitures particulières, dont certaines sont volées.

Les entrées de la ville, "les corridors" sont aux mains des mutins depuis vendredi

La circulation se fait au compte-gouttes. Les mutins ne supportent pas longtemps la présence de journalistes. "Faut partir maintenant!", ordonne poliment mais fermement un d'entre eux. Selon des témoins, les mutins exercent un droit de péage: 10.000 Francs CFA(15 euros) pour les camions ou bus, 5000 F CFA ou moins pour les véhicules. 

Il est difficile d'évaluer leur nombre mais les mutins semblent être plusieurs centaines. 

Pas un coup d'État

Ce sont d'anciens rebelles qui ont occupé le nord de la Côte d'Ivoire à partir de 2002 lorsque le pays a été coupé en deux après un coup d'Etat manqué. En 2010-2011, ils avaient soutenu l'actuel président Alassane Ouattara pendant la crise post-électorale quand l'ancien président Laurent Gbagbo avait refusé de reconnaître sa défaite. En récompense, 8.500 d'entre eux avaient été intégrés dans l'armée.

Aujourd'hui, ils réclament des primes promises par ce même président Ouattara. En janvier, lors d'un premier mouvement qui avait ébranlé le pays, ils avaient obtenu une promesse de 12 millions de F CFA (18.000 euros) dont 5 millions avaient été payés en janvier, les 7 millions restants devant être versés ce mois de mai. 

Toutefois, une cérémonie au palais présidentiel, diffusée à la télévision jeudi après montage, a mis le feu aux poudres. Des délégués y annonçaient qu'ils renonçaient aux primes restantes. Censée faire rentrer tout le monde dans le rang, l'opération de communication a relancé la mutinerie et même les anciens +Com Zones+ (chefs de guerre pendant la rébellion) n'arrivent pas à calmer leurs troupes.

Au 3e bataillon d'infanterie de Bouaké, énorme camp militaire en partie désaffecté, des mutins sont assis sous des arbres ou discutent sur des murets. 

"Ce n'est pas un coup d'Etat. Nous voulons nos primes. Le président (Alassane Ouattara) a signé un papier pour dire qu'il était d'accord. Quand il paiera, on rentrera chez nous. On ira jusqu'au bout. Nous sommes les 8.500 qui avons porté Ouattara au pouvoir, on ne veut pas le faire partir mais il doit tenir sa parole", affirme un porte-parole, sous couvert de l'anonymat. 

Derrière lui, un homme encagoulé, en treillis, brandit son lance-roquette : "Ils ont dit qu'ils (l'armée loyaliste) venaient nous chercher. On attend. S'ils ne viennent pas, nous, on va aller les chercher. On connait ça, on a déjà fait", dit-il.

On a faim

Un autre, cartouchière autour des épaules, tempère: "Si on voulait faire un coup, on serait déjà descendu sur Abidjan".

Certains d'entre eux soulignent qu'ils sont en contact avec leurs "frères" mutins dans les autres villes du pays. "On est partout!".

En ville, les habitants commencent à s'exaspérer. Une manifestation d'une centaine de personnes a été dispersée manu militari dimanche. Des habitants se plaignent de vols ou des coups de feu qui"traumatisent",raconte Aya Kouamé, à l'hôpital.

"On n'en veut pas aux populations. Il n'y a pas de vol, pas de pillage", assure un mutin, enveloppé d'un drap rose. 

Si quelques hommes, dont certains avinés profitent de la situation, les magasins n'ont pas été attaqués. Des maisons de dirigeants ou établissements publics ont néanmoins été ciblés. 

Au marché, les mutins circulent dans l'indifférence. Les commerçants tirent la langue mais certains soutiennent les mutins.

"I n'y a plus de clients. Ca fait quatre jours que je ne vends plus rien. Pour manger, on se débrouille. On a faim", affirme Mamadou Kamaté qui vend des sacs. Il avoue avoir caché sa marchandise par peur des pillages. 

"Il (Ouattara) doit les payer. Ils (mutins) ont mérité. Donne leur l'argent, ils vont libérer la ville",clame Drissa Kouyaté.

Fatim Doumbia, commerçante, exprime la lassitude générale : "On ne veut pas palabre dans Bouaké. On est fatigués".



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