Les CRS chargés du maintien de l’ordre sur la place de la Contrescarpe à Paris le 1er mai pensaient qu’Alexandre Benalla était un policier, et non un observateur, quand ils lui ont remis deux manifestants qu’il a malmenés, a déclaré vendredi le commandant divisionnaire Pierre Leleu de la CRS 15 de Béthune. La commission des Lois de l’Assemblée composée en commission d’enquête a auditionné ce gradé devant les seuls députés de la majorité, les parlementaires de l’opposition ayant décidé de boycotter ce qu’ils qualifient de “parodie” en raison du refus de réinterroger des responsables politiques.
Pierre Leleu, qui a participé au maintien de l’ordre lors des violentes manifestations du 1er-Mai, a dit n’avoir “pas été informé qu’il y avait des observateurs présents dans le dispositif”, rôle qu’Alexandre Benalla avait endossé. “On découvre jeudi dernier (lors de la diffusion par Le Monde d’une vidéo identifiant le chargé de mission à l’Elysée qui malmène un homme et une femme-NDLR) que les personnes civiles mises à notre disposition n’appartenaient pas aux forces de l’ordre”, a-t-il déclaré devant la commission.
Pour lui, Alexandre Benalla et Vincent Crase, un gendarme réserviste qui se trouvait à ses côtés, “avaient toute l’apparence de fonctionnaires de police, l’un avait un casque, un poste de radio; l’autre portait une arme de poing”. “Ils étaient présents sur le dispositif en présence d’autres fonctionnaires de la police parisienne que je connais, à vrai dire on ne s’est même pas posé la question, pour nous naturellement il s’agissait de fonctionnaires de police.” Pierre Leleu a décrit les événements du 1er mai avec la constitution d’un groupe de “black blocs” très violent Boulevard de l’hôpital, qui a nécessité un emploi “prononcé” de la force.
JETS DE PROJECTILES
Une partie des manifestants se sont retrouvés place de la Contrescarpe et deux personnes ont jeté des “cendriers, carafes, objets en verre et bouteilles” contre les CRS chargés du maintien de l’ordre. “Mes effectifs avaient plus particulièrement ciblé deux personnes qui avaient usé longuement de jets de projectiles sur la place de la Contrescarpe”, a dit le commandant. L’homme et la femme visibles sur la vidéo ont été “extraits” et remis à des “personnels civils” qui s’avèrent ne pas être des fonctionnaires de police. Ils sont les seuls à avoir été interpellés, a précisé Pierre Leleu.
Une enquête préliminaire n’a été ouverte que cette semaine sur des violences commises à l’encontre de représentants des forces de l’ordre sur la place de la Contrescarpe, a annoncé jeudi le parquet de Paris. Pour Pierre Leleu, “il n’y a absolument rien à dire sur le comportement de mes effectifs”. Dans une interview publiée jeudi dans Le Monde, Alexandre Benalla a déclaré qu’en effet “les CRS ne savent pas qui on est, personne n’est au courant”.
Il affirme que l’homme et la femme interpellés se comportaient de manière “hystérique” et a estimé devoir agir pour “donner un coup de main” aux CRS. L’audition de Pierre Leleu était la dernière prévue à l’Assemblée. La commission d’enquête du Sénat poursuivra ses travaux la semaine prochaine. Les Républicains ont déposé jeudi une motion de censure pour forcer le gouvernement à s’expliquer lors d’un débat qui aura lieu mardi prochain. La gauche espère pouvoir réunir les 58 députés nécessaires au dépôt de sa propre motion.
Yann Le Guernigou, édité par Yves Clarisse
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Anonyme
En Juillet, 2018 (12:46 PM)Participer à la Discussion