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Haïti : trois questions sur l'enlèvement d'une quinzaine de missionnaires américains

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Haïti : trois questions sur l'enlèvement d'une quinzaine de missionnaires américains
Les contours de cette affaire restent flous. Une quinzaine de missionnaires américains ont été enlevés samedi à la mi-journée par un gang dans une zone péri-urbaine à l'est de Port-au-Prince. Les religieux sont entre les mains d'une bande armée qui, depuis des mois, multiplie rapts crapuleux et vols dans la zone située entre la capitale haïtienne et la frontière avec la République dominicaine. Le Centre d'analyse et de recherche en droits humains relève dans un rapport une augmentation alarmante des cas d'enlèvements dans le pays : plus de 600 cas ont été recensés sur les trois premiers trimestres de 2021 contre 231 à la même période en 2020. Un phénomène qui s'est accentué après l'assassinat du président Jovenel Moïse qui a plongé le pays dans l'incertitude.

    Que s'est-il passé ?

Dans la matinée de samedi, le gang appelé "400 mawozo" a détourné plusieurs véhicules des axes routiers qu'ils contrôlent, enlevant les citoyens américains ainsi qu'un nombre encore indéterminé de citoyens haïtiens. Les missionnaires et leurs familles revenaient d'une visite dans un orphelinat situé à une trentaine de kilomètres à l'est de la capitale haïtienne, a rapporté à l'AFP une source sécuritaire. Il s'agit, pour certains de ces membres de l'organisation religieuse basée dans l'Ohio, de leur premier voyage en Haïti.  

Pour l'instant, il n'a pas été précisé si une demande de rançon avait été émise. "Le bien-être et la sécurité des citoyens américains à l'étranger est une de nos plus grandes priorités au département d'Etat. Nous sommes au courant de ces informations et n'avons rien à ajouter pour le moment", a commenté auprès de l'AFP un porte-parole du gouvernement américain.  

    Dans quel contexte sécuritaire surviennent ces enlèvements ?

En avril, dix personnes - dont deux religieux français - avaient été enlevées par ce gang dans la même région. Libéré après 20 jours de captivité, le père Michel Briand avait expliqué à l'AFP qu'ils s'étaient "trouvés au mauvais endroit au mauvais moment", estimant que les membres du gang n'avaient à l'époque pas prévu leur rapt. Longtemps cantonnées aux bidonvilles, les bandes armées, qui contrôlent depuis des années les quartiers les plus pauvres de la capitale haïtienne, ont étendu leur pouvoir sur Port-au-Prince et ses environs où ils multiplient les enlèvements crapuleux. Exigeant des rançons dépassant parfois le million de dollars, les gangs n'hésitent pas à réclamer des décennies de salaires aux familles de leurs victimes vivant sous le seuil de pauvreté.  

"De nombreux Haïtiens se déplacent la peur au ventre, à cause de la violence des groupes armés et des enlèvements à répétition", expliquait Frédéric Thomas, spécialiste d'Haïti, et chargé d'étude au Centre tricontinental (Cetri), basé à Louvain en Belgique dans L'Express en juillet dernier. En mars, le pouvoir exécutif haïtien avait décrété l'état d'urgence pour un mois dans certains quartiers de la capitale et une région de province afin de "restaurer l'autorité de l'Etat" dans des zones contrôlées par des gangs. Avant que les enlèvements n'aient été commis samedi, des associations professionnelles et des entreprises de Port-au-Prince avaient déjà appelé à une grève illimitée à compter de lundi, pour protester contre le climat d'insécurité grandissante. Depuis des années, une profonde crise politique paralyse le développement socio-économique d'Haïti.

    Qui sont ces gangs qui terrorisent Haïti ?

Le nom du gang 400 Mowozo, responsable de l'enlèvement des missionnaires américains, est tristement célèbre en Haïti. A l'instar de Nan Chabon à l'ouest ou bien encore 5 secondes, basé à Village-de-Dieu au sud de la capitale. Parmi les figures connues du grand banditisme en Haïti, il y a Jimmy Chérizier, dit 'Barbecue', un ancien policier devenu chef du puissant "G9 fanmi et alliés", une fédération criminelle de neuf des bandes les plus importantes de la capitale Port-au-Prince. Jimmy Chérizier profite du vide du pouvoir laissé par l'assassinat du président Jovenel Moïse.  

"Les gangs aujourd'hui règnent en maîtres et seigneurs sur le pays", déplore Gédéon Jean, directeur du Centre d'analyse et de recherche en droits humains, basé dans la capitale haïtienne. Selon les Nations unies, environ un tiers de la ville est touché par les activités criminelles et la violence, propagées par quelque 95 gangs armés. Des groupes qui multiplient les enlèvements et assassinats, et se livrent aujourd'hui à une sanglante guerre de territoire. Le kidnapping est "la principale source de revenus des gangs, devant les trafics de drogue, d'armes ou bien encore les vols", explique Widlore Mérancourt, journaliste haïtien, rédacteur en chef du média indépendant Ayibopost, contacté par France 24. 


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