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COP26 : la conférence climatique peut-elle être à la hauteur de l'urgence?

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COP26 : la conférence climatique peut-elle être à la hauteur de l'urgence?
Il y a six ans, la XXI? Conférence des Nations unies pour le climat se terminait sur l'Accord de Paris, et 191 pays plus l’Union européenne s'engageaient à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre pour limiter le réchauffement climatique à 2° et si possible 1,5° à la fin du siècle, par rapport aux niveaux pré-industriels. Les pays de l'accord s’étaient engagés à se revoir tous les cinq ans pour faire le point et rehausser leurs ambitions. Avec un an de retard pour cause de pandémie, alors que tous les signaux sont au rouge, ils se retrouvent pour la COP26 pendant deux semaines à Glasgow en Écosse.

En l’état actuel des engagements des pays de l'Accord de Paris, nous n’atteindrons pas l’objectif de zéro émission nette de carbone en 2050, point d’étape obligé pour limiter la hausse de la température globale.

Les calculs du GIEC (voir le rapport 2021 de l'organisation), comme ceux du Programme des Nations unies pour l'environnement le montrent : les engagements des pays du Nord, les gros émetteurs de gaz à effet de serre, responsables du réchauffement, sont très insuffisants : nous sommes d'ores et déjà à 1,1° d’augmentation de la température globale et pour atteindre zéro émission nette vers 2050, les émissions devraient avoir diminué de 45% en 2030 par rapport au niveau de 2010.

Or, on est loin du compte, les émissions mondiales ont explosé et la trajectoire actuelle nous amène à +2,7° en 2100.

Cette COP26 devra donc être la « COP du rattrapage », a déclaré Pierre Cannet, responsable du programme climat au WWF France.

Des ambitions déçues

Les trois quarts des pays ont soumis de nouveaux engagements de baisse de leurs émissions de gaz à effet de serre. La plupart sont en progression, sauf l’Australie, le Brésil et le Mexique, dont les ambitions sont aujourd’hui moins élevées qu’en 2015. La Chine et l'Inde, qui ensemble représentent 40% des émissions, n’ont pas annoncé leurs contributions.

Plusieurs pays ont néanmoins pris des engagements à la neutralité carbone vers 2050, comme la Corée du Sud et la Chine, « avant 2060 ».

Mais ça ne suffira pas. D’après les projections du WWF, « si l’on veut arriver à la neutralité carbone en 2050, il faut mettre en œuvre, d’ici à 2030, des engagements quatre à sept fois plus élevés que ceux qui ont été présentés », affirme Pierre Cannet.

D'ailleurs, la Chine, premier émetteur mondial de gaz à effet de serre – 10 175 mégatonnes de CO2 en 2019 –, annonçait le 18 octobre dernier l’ouverture de 123 nouvelles mines de charbon pour faire face à des pénuries d'électricité.

Mais la Chine n’est pas seule à refuser de s’engager : les pays du G20 (dont elle est membre) n’ont pas réussi à s’entendre ce week-end sur la sortie des énergies fossiles : « Je quitte Rome avec des espoirs déçus », a déclaré le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, sur Twitter.

Le marché du carbone, un enjeu qui divise

Les marchés carbone internationaux représentent un deuxième enjeu important de cette COP26, c’est un chapitre qui divise les pays depuis trois ans.

L'article 6 de l'Accord de Paris prévoit la mise en place d'un système d'échange de droits d’émissions de gaz à effet de serre, entre les pays qui en émettent trop par rapport à leurs engagements et ceux qui en émettent moins. C'est-à-dire que les pays du Nord, majoritairement responsables du réchauffement, pourront acheter des crédits carbone aux pays du Sud, qui possèdent les plus grandes forêts – des puits de carbone naturels –, au lieu de réduire leurs émissions.

Le principe peut être discuté, mais pour que ces crédits fonctionnent, il faut qu'ils soient robustes sur le plan comptable, on doit donc éviter tout double comptage, c'est-à-dire que la réduction ne doit pas être portée à la fois au bilan du pays où elle a lieu et à celui du pays qui achète ce crédit, et c’est tout l’enjeu de ces négociations techniques sur les marchés carbone internationaux à Glasgow.

Financements climat : des promesses non tenues

À la COP15, à Copenhague en 2009, les pays riches – les plus grands pollueurs – s’étaient engagés à mobiliser 100 milliards de dollars par an, à partir de 2020, pour aider les pays les plus vulnérables à s'adapter au changement climatique et financer leur développement bas carbone.

D'après l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), qui a fait les comptes, il manque plus de 20 milliards en 2019 – les chiffres de 2020 seront connus en 2022 – et les 100 milliards ne devraient être effectivement complétés qu'en 2023.

Pour Lola Vallejo, responsable du programme climat à l'Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI), « les pays développés n'ont pas tenu leurs promesses et ça crée un contexte difficile pour cette COP, qui peut être toxique pour les relations entre pays du Nord et pays du Sud ». Ajoutons à cela que 71% des 79,6 milliards provisionnés sont en réalité des prêts qui devraient donc être remboursés, une situation contestée par les pays vulnérables, pour lesquels l'impact du changement climatique est tous les ans plus important et nécessite des financements de plus en plus élevés pour s'y adapter.

La COP26, dernier espoir

Depuis 2015 et l'Accord de Paris, on constate que les politiques ne sont pas à la hauteur du défi climatique, mais en revanche, la prise de conscience a progressé partout, dans les sociétés civiles comme dans les entreprises.

Or, ces conférences climatiques des Nations unies représentent l'un des seuls forums où tous les pays sont représentés à égalité, les pays industriels comme les pays plus vulnérables, et où la société civile est également conviée.

Les COP sont le lieu où des pays comme les îles Kiribati et les autres petits États insulaires du Pacifique, qui ont déjà les pieds dans l'eau, les pays africains qui subissent de plein fouet les sécheresses et les inondations, les populations autochtones de l'Amazonie, les jeunes qui se mobilisent partout sur la planète, peuvent, avec le soutien des ONG, faire entendre leur voix et faire pression sur les représentants des pays riches pour que l'action contre le réchauffement climatique arrive enfin en tête de leurs priorités.
À Glasgow, les négociateurs des pays n'auront pas droit à l'erreur. Pour juguler le réchauffement, les pays industrialisés devront prendre des engagements de réduction d'émissions d'ici à 2030 et s'y tenir. Ainsi que le président britannique de la COP26, Alok Sharma, l'a déclaré dimanche en ouverture de la conférence : « C’est le dernier et meilleur espoir pour limiter le réchauffement de la planète. »


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