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Afghanistan : Biden et son administration très critiqués après la débâcle

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Afghanistan : Biden et son administration très critiqués après la débâcle
"La honte", "un acte final humiliant", "un désastre prévisible"… Tant dans la presse que sur la scène politique, le président des États-Unis se voit reprocher son action et la chute de Kaboul.

AFGHANISTAN - "Kaboul n'est pas, à l'heure actuelle, face à une menace imminente." 36 heures après cette déclaration de John Kirby, le porte-parole du ministère de la Défense américain, les talibans pénétraient dans la capitale afghane sans rencontrer la moindre résistance, prêts à reprendre le pouvoir, vingt ans après les attentats du 11 septembre 2001. 

Une sortie symptomatique de la communication de Joe Biden et de son administration à propos de la stratégie des États-Unis en Afghanistan. Résultat : depuis quelques jours, et plus encore ce lundi 16 août, les critiques pleuvent contre le président, alors que les 2.500 soldats américains tués et les 2.000 milliards de dollars américains dépensés en 20 ans pour soutenir les autorités afghanes aujourd'hui en déroute ressemblent à un immense gâchis.

Même la presse lâche Biden

Tout au long du week-end ont fusé les comparaisons avec l'évacuation désastreuse de Saïgon durant la guerre du Vietnam, alors que beaucoup notent que le départ de l'armée américaine aurait pu être mieux préparé. Le sentiment de débâcle est aussi alimenté par des images de talibans posant avec des armes et des véhicules américains donnés à l'armée afghane.

Et ce lundi, c'est toute la presse qui fustige la stratégie de Joe Biden, comme le rapportent nos confrères de Courrier international. "Le fardeau de la honte incombe au président Joe Biden", enrage notamment The Atlantic, fustigeant une absence de réaction alors que la situation sur place devenait explosive. "Notre abandon des Afghans, qui nous ont aidés, qui ont compté sur nous, misé leur vie sur nous, est une honte que nous aurions pu éviter."  

Le New York Times quant à lui note que Joe Biden restera dans l'Histoire comme "le président qui a dirigé un acte final humiliant au sein d'un chapitre américain en Afghanistan long et tourmenté". Le Washington Post déplore qu'un homme élu sur son empathie et son humanité -au contraire notamment de Donald Trump- ait paru si "froid" et obtus alors que la situation dégénérait, s'entêtant dans son projet sans admettre la catastrophe qui approchait. 

"Suggérer que le peuple afghan n'a pas fait sa part est une manière de rejeter toute la faute sur lui, ce qui, à mon avis, est non seulement injustifiable mais scandaleux", ajoute, encore plus remonté, un éditorialiste du New Yorker. Et de rappeler en effet que sans les interventions internationales passées (par l'Union soviétique dans les années 1980, mais aussi bien sûr celle menée par les États-Unis en 2001), il n'y aurait pas eu de guerre civile ouverte dans le pays. 

Autant d'éléments qui, conclut le Time, risquent en plus de se retourner contre les Américains, l'Afghanistan sous domination des talibans risquant désormais de devenir un foyer djihadiste international, et de contaminer la région, les libérations de prisonniers et de terroristes commençant déjà à avoir lieu à mesure que les prisons afghanes sont conquises par les insurgés. 

Trump l'invite à démissionner

À l'heure actuelle, les États-Unis sont contraints d'envoyer toujours plus de soldats dans une région qu'ils étaient censés avoir quittée: des 3.000 annoncés vendredi, le chiffre a déjà doublé, et des troupes sont massées à distance raisonnable dans le cas où la poudrière s'enflammerait avant que l'évacuation des Occidentaux soit terminée. 

Politiquement, ce moment risque de laisser des traces aux Etats-Unis, une semaine seulement après la réussite "historique" de Joe Biden, qui avait réussi à faire voter y compris par les Républicains un ambitieux plan d'infrastructures.

Car la presse est loin d'être la seule à déplorer les actions de Joe Biden dans le dossier afghan. Les républicains n'ont pas manqué l'occasion de reprocher le manque de préparation des États-Unis dans le dossier. Avant la chute de Kaboul, Mitch McConnell, le leader du parti républicain au Sénat, a notamment parlé d'un "désastre prévisible", tout en demandant à Joe Biden de fournir a minima un soutien aérien à l'armée afghane. 

Chez son homologue à la chambre des représentants, Kevin McCarthy, on a parlé d'un retrait "bâclé", qui livre "comme c'était prévisible, un pays entier aux terroristes". Du côté de l'ancien président Trump, qui enchaîne les sorties médiatiques pour capitaliser sur l'échec de son successeur, c'est même un appel à la démission de Joe Biden qui a été publié, après avoir déjà affirmé que l'Afghanistan serait en bien meilleure posture avec le milliardaire aux commandes des États-Unis et en dialogue avec les talibans. 

Des conséquences politiques durables? 

Et cela sans même évoquer les élus qui reprennent et diffusent à l'envi une déclaration de Joe Biden datant d'il y a un mois environ, dans laquelle le locataire de la Maison Blanche l'assurait: "La probabilité que les talibans prennent complètement le contrôle et dirigent le pays en entier est très improbable". 
Alors certes, et c'est bien l'un des rares arguments qui reste au camp démocrate (et qui a d'ailleurs été martelé depuis trois jours), c'est Donald Trump qui a enclenché le retrait des troupes d'Afghanistan. Mais c'est bien Joe Biden qui est actuellement en charge du sujet depuis des mois, et c'est notamment lui qui a officialisé le 31 août comme date de départ du dernier soldat américain d'Afghanistan.

Une décision qui était d'ailleurs populaire dans les sondages, raison pour laquelle ce dimanche encore, Anthony Blinken, le secrétaire d'État américain (l'équivalent du ministre des Affaires étrangères) affirmait que les États-Unis avaient "rempli leurs objectifs en Afghanistan". Sans ce retrait des troupes, ajoutait-il, le pays se serait à nouveau retrouvé en guerre contre les talibans, préférant donc sortir du conflit le plus long de l'Histoire américaine. Pas sûr toutefois que le chaos sur place et les conséquences qu'il pourrait avoir sur la vie politique américaine donne raison à l'administration Biden.


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