LES DEUX COEPOUSES SE CRÊPENT LE CHIGNON : L’époux prend fait et cause pour sa « awo »

Dans cette affaire de coups et blessures ayant opposé tout récemment deux coépouses habitant le village de Keur Mousseu, c’est surtout le maître des céans qui a ravi la vedette en clamant haut et fort que Ami Ndiaye sa « awo » (première femme) est l’illustration même de l’épouse modèle parce que soumise, tolérante et généreuse.

En tout cas, cette déclaration on ne peut pus partiale a fait tiquer toute l’assistance et même le président du tribunal, Elhadj Ndiaye, qui dira tout de suite que Mamadou Faye est un mari irresponsable. A entendre parler les deux prévenues, qui venaient de passer quelques jours à la Maison d’arrêt et de correction de Thiès, on peut déduire facilement qu’une jalousie aveugle est à la base de cette animosité qui n’aura que trop duré pour faire place à une bagarre au cours de laquelle on a failli frôler le pire.

Ami Ndiaye dit que c’est Seynabou Faye, la plus jeune, qui a déclenché les hostilités en l’abreuvant d’injures. Ensuite, qu’elle a été prise à partie par les enfants de celle-ci armés, qui de gourdin qui de pelles avant se jeter sur elle à bras raccourcis. Elle parle d’un coup de pilon que lui aurait asséné le jeune Cheikh Faye. D’ailleurs, c’est ce qui lui a valu cette incapacité temporaire de 18 jours contrairement à la « niarel » (seconde épouse) qui n’en a eu que 15 jours. Seulement elle déclare avoir reçu une raclée de sa coépouse qui l’a, selon elle, terrassée. Et que sa fille Bigué est venue lui prêter main-forte.

Face à ces deux versions, il était un peu difficile pour le tribunal de situer les responsabilités. Ce que le représentant du ministère public a toujours cherché, c’est la réconciliation entre Ami et Seynabou qui ont refusé de croquer la cola de la paix. En effet, une tentative de médiation avait avorté dès son entame. Pour ne pas troubler l’ordre public, le procureur Seck les avait placées toutes les deux sous mandat dépôt. Mais surtout, il y a le fait que leur mari semble être un personnage inconscient qui ne mesure pas la gravité de son acte en traitant sa seconde épouse de femme provocatrice, belliqueuse et d’humeur acariâtre, alors que sa « awo » a eu droit à tous les éloges. Toutes choses qui ont fait dire au représentant du ministère public qu’il se rapporte à la sagesse du tribunal. La relaxe sans peine, ni dépens, c’est ce qu’a demandé le conseil de Ami Ndiaye.

Me Mbodj, pour rejoindre sa cliente dans sa constitution de partie civile, a demandé des dommages et intérêts d’un montant de 500.000 francs, ensuite. Le tribunal a condamné Seynabou Faye à un mois assorti de sursis, en plus des 75.000 francs qu’elle devra verser à Ami Ndiaye pour panser ses blessures. En retour, cette dernière a été sommée de faire le même geste mais seulement avec 50.000 francs. Elle a écopé aussi de 15 jours de sursis. A l’annonce du verdict, certains parents des deux prévenues ont poussé un ouf de soulagement.