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BINETA, AMOUREUSE LUCIDE OU MALADE MENTALE : Accusé de viol sur sa copine “déficiente”, Antoine risque 10 ans

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BINETA, AMOUREUSE LUCIDE OU MALADE MENTALE : Accusé de viol sur sa copine “déficiente”, Antoine risque 10 ans

Antoine Diédhiou a-t-il couché avec une fille majeure, mais déficiente mentale ? Le mis en cause et ses avocats répondent par la négative, estimant que Bineta Diallo sait apprécier les conséquences de ses actes. N’empêche, le procureur a requis dix ans ferme. A son avis, le prévenu savait que les capacités mentales de la fille sont sérieusement atteintes.

C’est pourtant une fille au discours convaincant, clair, voilé de pudeur, qui a raconté son idylle avec le tisserand Antoine Diédhiou, accusé aujourd’hui de l’avoir violée. Bineta est majeure et soufflera cette semaine ses trente et une bougies, mais c’est sa mère qui s’est constituée partie civile à sa place. Tout simplement parce que Bineta est présentée comme une femme ne jouissant pas de toutes ses facultés mentales. Et dans ce cas de figure, tout acte sexuel avec une personne diminuée expose gravement l’auteur à de lourdes sanctions. Mais, la question au cœur de cette affaire est : la fille jouit-elle de toutes ses facultés mentales ? Tout le sort d’Antoine pourrait dépendre de la réponse à cette question. Evidemment, le bonhomme a laissé entendre que sa copine n’a jamais présenté des signes de problèmes mentaux, tout le long de leur relation amoureuse dont les débuts remontent à trois ans.

Antoine, 33 ans, avait-il des intentions sérieuses comme tout tourtereau amoureux ? En tout cas, il ne tarda pas à proposer le mariage à Bineta Diallo qui lui promit de s’en ouvrir seulement à son père. Elle n’osait pas en parler à sa mère, avait-elle dit à Antoine. Voyant que rien n’avançait, le jeune homme pensa à aller voir lui-même le père de la fille, mais celle-ci l’en dissuada. A la barre, la fille a donné les raisons de son mutisme à ce sujet : « je craignais que ma famille, en apprenant la relation, m’empêche de continuer à le fréquenter ». Ainsi, Bineta et Antoine continuèrent leur liaison, ponctuée de « plusieurs relations sexuelles », comme ils ont eu à le dire, tous les deux, à la barre. Un jour, la famille de la fille constata qu’elle saignait. Pensant une première fois à des règles, la mère, selon ses déclarations, s’inquiéta en constatant que les saignements continuaient. Bineta perdit ensuite connaissance, raconte la mère. De structure sanitaire en structure sanitaire, la fille finit à l’Institut polyclinique où elle fut retenue. L’affaire atterrit à la police qui arrêta Antoine Diédhiou pour viol.

Devant le juge du tribunal de flagrant délit, Bineta et le prévenu ont eu presque la même version des faits. Tout le contraire de Françoise Mendy, mère de la fille. Celle-ci a voulu démontrer au tribunal que sa fille ne dispose pas de toutes ses facultés. « Bineta a été à l’école, elle a quitté en classe de Ci (cour d’initiation). Elle souffrait de pleurésie (une maladie pulmonaire) », ajoute la dame. A bas âge, elle avait des problèmes d’élocution là où ses camarades s’exprimaient clairement. Le fond du problème étant l’état mental de sa fille, Me Martin Diatta est passé à l’offensive en demandant à la mère si on considère Bineta comme une « folle ». « On ne la considère pas comme une folle dans le quartier, mais elle a juste des problèmes d’intelligence. Nous veillons donc sur elle », répond Françoise Mendy. « Et si quelqu’un la demandait en mariage, seriez-vous d’accord », renchérit l’avocat. « Oui, si c’est une personne vertueuse, qui peut bien s’occuper d’elle », répond la mère qui ne manque pas d’égratigner le prévenu. « Antoine nous a trahis. Nous lui offrions de l’eau, il nous paraissait si gentil », se désole-t-elle. Là où la mère s’indigne, la fille préfère donner sa part de vérité, lucidement.

« C’était avec mon consentement »

« Nous sortons à l’insu de ma famille et nous avons eu souvent des relations sexuelles dont je ne me souviens plus du nombre. Mais c’était avec mon consentement », rétorque Bineta. « Savais-tu ce que tu faisais », lui demande le procureur. « Oui. Je l’aime et je me suis donné à lui », renchérit-elle. Antoine, qui minimise les saignements, ne dit pas mieux. « Nous sortons. Des fois, c’est elle-même qui me proposait des rapports sexuels en procédant par des gestes comme les baisers. Elle venait de son propre gré dans ma chambre puisque nos maisons se font face », dit le bonhomme. Sur l’état de santé mentale de la fille, Antoine déclare : « je peux savoir si une personne est lucide. Elle paraît normal, on discutait toujours ». Les déclarations de sa fille n’ont jamais fait démordre la mère qui n’a pas cessé d’invoquer la justice divine à chaque fois qu’elle se sentait déstabilisée. Françoise a persisté à dire qu’il s’agissait du premier rapport sexuel de Bineta puisque, estime-t-elle, « une fille saigne une fois, au premier rapport sexuel ». Pour preuve, elle évoque les saignements qui auraient été causées, à son avis, par la violence.

Pour le procureur, « la question est de savoir si la victime a consenti, si son consentement est considéré comme valable aux yeux de la loi ». Bineta Diallo, révèle le parquet, a été une fois internée à Fann et est incapable d’apprécier pleinement ses responsabilités comme le ferait une fille normale. « Elle est atteinte d’insanité d’esprit. Le prévenu savait qu’elle avait des facultés mentales sérieusement atteintes », ajoute le ministère public tout en rappelant qu’Antoine Diédhiou l’avait reconnue à la police. le procureur n’a pas hésité à brandir l’article 320 du code pénal prévoyant une peine de dix ans pour ce genre d’infraction sur une personne particulièrement vulnérable. Ne se faisant plus de doute sur l’état de santé mentale de la fille, le procureur a donc requis dix ans de prison pour Antoine Diédhiou.

A la grande indignation des avocats de la défense. Estimant que la fille est « consciente de ses faits et gestes », la défense s’en est prise à la mère, coupable de croire que « sa fille ne doit avoir de rapports sexuels avec personne ». « Sa fille est différente, mais pas folle. Le certificat médical ne dit pas « folle », mais parle de déficience intellectuelle moyenne. Donc elle peut mesurer les conséquences de ses actes. Elle a le droit d’aimer. S’aviserait-on de donner en mariage une folle ? », se demande Me Diatta. A l’instar de ses deux autres confrères, il a sollicité la relaxe pure et simple du prévenu. Le délibéré sera connu après-demain.



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