ACCUSÉ DE MEURTRE : Lamine Dione décède en prison

La Cour d’assises a brièvement statué, hier, sur la huitième affaire inscrite au rôle. L’accusé Lamine Dione qui devait répondre du chef de meurtre a perdu la vie en prison. La cour a ainsi déclaré l’action publique éteinte pour cause de décès.
 
Il a échappé à la justice des hommes. Lamine Dione avait été placé sous mandat de dépôt le 28 février 2003. Six années plus tard, soit le 05 février 2009, la grande faucheuse l’a traqué jusque dans sa cellule avant de l’emporter. Son procès prévu hier mardi a été très bref. L’avocat général a demandé l’application de l’article 6 du Code de procédure pénale (voir lexique). Il revenait ainsi à la cour de décider de la suite à donner à cette affaire. Mme le président de la cour, Abibatou Babou Wade, a alors déclaré  l’action publique éteinte pour cause de décès.

Les faits pour lesquels le parquet général, dans ses réquisitions, avait saisi la Chambre d’accusation aux fins de renvoi de l’inculpé Lamine Dione devant la Cour d’assises remontent au 28 février 2003. Ce jour-là, aux environs de 22 heures, la brigade de gendarmerie de Ouakam a été informée de la découverte d’un corps sans vie sur la plage de Ngor, à l’endroit communément appelé «Petit Ngor». Sur les lieux, les gendarmes ont découvert le cadavre d’un homme identifié sous le nom de Bassirou Khoulé, âgé d’une quarantaine d’années, couché sur le ventre avec une blessure ouverte sur le côté gauche de la poitrine.

L’enquête ouverte à cet effet a mené les gendarmes au domicile d’un individu du nom de Lamine Dione ; les enquêteurs ont alors découvert des traces de sang dans sa chambre. Interrogé, Lamine Dione informe que les traces de sang proviennent d’une blessure que lui ont occasionnée deux individus parmi lesquels Bassirou Khoulé au cours d’une bagarre qui a eu lieu à la plage de Ngor. Sur l’origine de cette bagarre, Lamine Dione explique qu’il a toujours fait l’objet de menaces et d’injures de la part de la victime qui lui reprochait l’affection inconditionnelle que lui vouait sa fille. Après cette première audition, Lamine Dione est déféré au parquet, puis placé sous mandat de dépôt.
Devant le magistrat instructeur, Lamine Dione a réitéré ses déclarations faites à l’enquête préliminaire. Seulement, l’audition des habitants de Ngor, un village où habitent l’accusé et la victime, va montrer à quel point Lamine Dione a occulté les faits. En effet, il ressort de cette audition que le soir du drame, la victime a surpris Lamine Dione dans la chambre de sa femme.

C’est donc là la véritable origine de la bagarre qui, contrairement à ce qu’a soutenu Lamine Dione devant les enquêteurs, s’est en réalité déroulée dans la chambre de la victime. Une bagarre au cours de laquelle Bassirou Khoulé a été tué. Pour maquiller le crime, Lamine Dione  a ensuite traîné le corps jusqu’à la plage pour éloigner de lui tout soupçon. Il s’y ajoute que l’individu évoqué par Lamine Dione et qui l’aurait agressé en compagnie de Bassirou Khoulé n’existe pas. Il serait en réalité le pur fruit de l’imagination de Lamine Dione. Aucune trace de cet individu n’a jamais pu être trouvée. De même, les personnes entendues à titre de témoins, en l’occurrence l’épouse de la victime Mame Diouma Fall et son frère Mbacké Khoulé, ont tous les deux soutenu que la victime était un homme solitaire, donc incapable de trouver un quelconque acolyte pour l’assister dans son expédition punitive.

L’origine de la bagarre ne faisant l’objet d’aucun doute l’arme utilisée - un couteau - et l’endroit visé, en l’occurrence la poitrine, démontrent à suffisance l’intention de donner la mort.
Autant de charges qui ont motivé le renvoi de l’inculpé devant la Cour d’assises où il n’a pu, hélas, répondre de ses actes, la mort l’ayant fauché en prison.